Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MONT-MÉNIL (Louis-André LE SAGE), comédien français

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 2p. 518).

MONT-MÉNIL (Louis-André Le Sage), comédien français, né en 1703, mort à La Villette, près de Paris, en 1743. Il était fils de l’auteur de Turcaret ; il se fit comédien et débuta à la Comédie-Française, en 1726, par le rôle de Mascarille dans l’Étourdi ; après quoi, il alla jouer en province. Fortifié par deux années de travail, il reparut à Paris en 1728, dans le rôle d’Hector du Joueur puis il joua Dave de l’Andrienne et Labranche dans Crispin rival de son maître, comédie de Le Sage. Il obtint, cette fois, un succès complet et devint bientôt un des meilleurs acteurs de la Comédie-Française. Mont-Ménil jouait admirablement l’Avocat Patelin, Turcaret, le Valet dans les Bourgeois à la mode, etc., et il excellait dans le rôle de Léandre du Distrait. Moins bon dans quelques rôles du haut comique, il était, néanmoins, toujours vrai et naturel. Le fils de l’auteur de Gil Blas avait vu pratiquer à un grand maître l’art de peindre les ridicules des hommes ; mais, de toutes les manières de l’exercer, celle qu’il choisit eut le malheur de déplaire à Le Sage, son père. Il avait cessé de voir celui-ci à dater de son entrée au théâtre. Lorsque Mont-Ménil eut acquis de la réputation, des amis communs entraînèrent Le Sage à la Comédie-Française ; il vit Mont-Ménil dans Turcaret, fut charmé de son talent, embrassa son fils et lui rendit toute sa tendresse. Mont-Ménil possédait au suprême degré l’art de s’incarner dans un personnage ; l’acteur disparaissait alors pour ne laisser voir que le type créé par l’auteur. Il joignait à ce mérite une diction incisive, un jeu intelligent et cette verve si rare qui se tient à égale distance de la charge et de l’exagération.