Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MONTMORENCY (Jeanne-Marguerite DE), surnommée la Solitaire des Rochers

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 2p. 521).

MONTMORENCY (Jeanne-Marguerite DE), surnommée la Solitaire des Rochers, née vers 1649, morte en 1700. On ne sait rien de positif sur sa famille. Ce qui a fait croire qu’elle appartenait aux Montmorency, c’est qu’une demoiselle de cette illustre maison, qui disparut vers ce temps, avait le même âge qu’elle. Quoi qu’il en soit, elle profita d’un pèlerinage au Mont-Valérien pour s’échapper, entra successivement au service d’une noble dame, d’un sculpteur, d’un cordelier, le Père de Bray, avec qui elle entretint une longue correspondance, puis se retira dans les Pyrénées et y vécut de fruits sauvages dans un ermitage qu’elle appela la Solitude des Rochers, puis dans un autre ermitage, situé plus près de l’Espagne, et auquel elle donna le nom de Solitude de l’abîme des ruisseaux. S’étant rendue à Rome pour le jubilé de 1700, elle mourut, croit-on, pendant son voyage.

Montmorency (JEANNE DE) ou la Solitaire des Pyrénées, épisode historique par M. Sabatier de Castres (1802). Ce livre n’est point une œuvre d’imagination, un roman ; c’est l’histoire véridique, agrémentée de quelques pieuses enluminures, d’un personnage réel, Jeanne-Marguerite de Montmorency. Cette jeune fille, âgée d’environ seize ans, s’échappa de la maison paternelle vers 1643, pour éviter une union avec le comte de Saverny, un beau jeune homme auquel elle avait avoué « que, si elle se sentait appelée au mariage, elle le préférerait à tout autre, en ajoutant, il est vrai, qu’elle souhaitait mourir vierge. Je désirerais, disait-elle, me donner à Dieu tout entière, corps et âme ; je ne serai vraiment heureuse que si je suis à lui sans partage. » Après sa fuite, elle vécut pauvrement, tantôt comme servante, tantôt en solitaire dans les montagnes, donnant tout ce qu’elle possédait aux pauvres et ne connaissant de plaisirs que la prière. Les ouvrages, fort rares aujourd’hui, qui parlent d’elle la représentent comme le véritable modèle de la vierge chrétienne.

« Intéresser et édifier à l’aide de la seule vérité, » tel est le but que s’était proposé l’auteur, M. Sabatier de Castres, et il pensait de bonne foi l’avoir atteint. Pour se rendre compte de l’édification que peut causer cette lecture, il est bon de savoir que l’abandon du foyer paternel par les jeunes filles est classé au nombre des vertus chrétiennes dans certains livres prétendus pieux. Les Annales de la propagation de la Foi offrent un grand nombre d’histoires, semblables à celle de Jeanne de Montmorency, proposées comme exemples à suivre.