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Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MURAT (Napoléon-Lucien-Charles, prince), homme politique français, frère du précédent

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 2p. 698).

MURAT (Napoléon-Lucien-Charles, prince), homme politique français, frère du précédent, né à Milan en 1803. Il passa sa première jeunesse à la cour de son père, devenu roi de Naples, puis suivit sa mère en Autriche en 1815, habita ensuite Venise et s’embarqua, en 1824, pour rejoindre aux États-Unis son frère Achille et son oncle Joseph Bonaparte. Mais, assailli par une tempête sur les côtes d’Espagne, il fut retenu prisonnier et n’obtint qu’avec peine sa liberté.-En 1827, il épousa Miss Carolina-Georgina Fraser. Peu après son mariage, il perdit dans des faillites tout ce qu’il possédait, et sa femme fut réduite, pour faire vivre le jeune ménage, à ouvrir une pension de jeunes filles. En 1839 et en 1844, le prince Murat se rendit en France, où, traqué par la police, il ne resta que fort peu de temps. À la nouvelle de la révolution de 1848, il quitta les États-Unis, reprit la route de l’Europe et fut, peu après son arrivée en France, nommé membre de la Constituante par les électeurs du département du Lot. M. Lucien Murat fit partie du comité des affaires étrangères, vota presque constamment avec la droite, appuya de tout son pouvoir la politique du président de la république, devint, en mars 1849, colonel de la 3e légion de la garde nationale de Paris et fut réélu à l’Assemblée législative à la fois par les électeurs de la Seine et par ceux du Lot. Envoyé, en octobre 1849, à Turin, en qualité de ministre plénipotentiaire, il fut remplacé dans ces fonctions par M. Ferdinand Barrot en 1850. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, le prince Murat reçut un siège au Sénat, et un décret postérieur lui conféra le titre de prince de la famille impériale, en vertu duquel il reçut les qualifications d’altesse et de monseigneur. Après la chute des Bourbons de Naples en 1860, le prince Murat écrivit qu’il déclinait toute initiative dans la revendication du trôné occupé par son père et qu’il laissait aux Italiens toute liberté d’action en leur recommandant la prudence. Néanmoins, au mois de mars 1861, il déclara ouvertement, dans une sorte de manifeste, ses prétentions au trône dé Naples, prétentions que, de son côté, le gouvernement français, dans une note officielle insérée au Moniteur, déclara ne vouloir encourager en rien. M. Lucien Murat était grand maître du Grand Orient de France, lorsque, s’étant prononcé au Sénat pour le maintien du pouvoir temporel du pape, il s’aliéna les loges maçonniques, excita des orages au sein de l’ordre et dut donner sa démission. Il fut remplacé au commencement de 1862, comme grand maître, par le maréchal Magnan, désigné non par le libre choix des loges, mais par un décret impérial. Depuis la révolution de 1870, il a complètement disparu de la scène politique. Le prince Murat a eu cinq enfants de son mariage avec miss Fraser : Caroline-Laetïtia, née en 1832 et mariée au baron de Chassiron ; Joseph-Joachim-Napolêon, né en 1834 ; Achille-Napoléon, né en 1847 et qui a épousé la princesse Dudiani de Mingrélie en 1868 ; Anna, née en 1841 et mariée avec le duc de Mouchy en 1865 ; enfin, Louis-Napoléon, né en 1851. — Le fils aîné de M. Lucien Murat, le prince Joseph-Joachim-Napoléon Murat, né en 1834, entra dans la cavalerie, devint officier d’ordonnance du chef de l’État, lieutenant-colonel (1863), puis colonel des guides de la garde (1866). Il a épousé la fille du prince de Wagram. Ayant eu, en 1869, un démêlé avec M. Comté, entrepreneur, il le fit appréhender par les valets de son beau-père et l’accabla de coups de pied et de coups de poing. Cette façon princière de traiter les gens ne fut pas du goût de M. Comté, qui voulut poursuivre M. Joachim Murat devant le tribunal de Corbeil ; mais ce tribunal se déclara incompétent pour ce motif que l’inculpé appartenait à la famille impériale. Toutefois, après le meurtre de Victor Noir par M. Pierre Bonaparte, une haute cour ayant été convoquée, M. Ollivier, pour donner satisfaction à l’opinion publique, justement irritée, crut devoir traduire M. Murat devant cette cour, à raison de sa conduite envers l’entrepreneur (11 janvier 1870). Ce dernier retira peu après sa plainte et l’affaire en resta là.