Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/MURRAY (Jacques, comte DE), régent d’Écosse, fils naturel de Jacques V

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 2p. 706).
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MURRAY (Jacques, comte de), régent d’Écosse, fils naturel de Jacques V, né vers 1531, assassiné en 1569. Il fut le plus cruel ennemi de Marie Stuart, sa sœur consanguine, et fit tous ses efforts pour la perdre. Il devint l’agent d’Édouard VI et plus tard d’Élisabeth, le chef du parti protestant en Écosse, l’appui des mécontents. Quand Marie eut épousé le comte de Bothwell, Murray la réduisit à fuir en Angleterre et se fit nommer régent du royaume (1567). Pendant la captivité de cette reine aussi coupable qu’infortunée, il dénonça à Élisabeth le duc de Norfolk, qui avait formé le projet de délivrer Marie et qui fut envoyé à l’échafaud. Norfolk fut bientôt vengé. En 1569, Murray fut tué d’un coup d’arquebuse, dans une rue de Linlithgow, par un gentilhomme qu’il avait outragé. « Pour les amis de Marie Stuart, dit M. Mignet, Murray avait été un sujet ingrat, un frère inhumain, un rebelle odieux ; pour les rois, un adversaire triomphant de l’autorité légitime. En lui succombait le chef habile du protestantisme écossais, le conducteur résolu du gouvernement du jeune roi, l’allié utile d’Élisabeth. Il avait de fortes qualités, le cœur vaillant, l’esprit haut et ferme, le caractère énergique, les mœurs honnêtes et rigides : et cependant il avait été quelquefois violent, souvent fourbe et tour à tour altier ou humble, selon les besoins de sa cause et les intérêts de sa grandeur. Il avait agi en sectaire et en ambitieux. Pour soutenir sa croyance, il s’était rendu maître de l’État. Dans l’exercice du pouvoir suprême, il avait déployé la vigilance la plus soutenue, fait observer la règle la plus inflexible, et le peuple, qui voyait sous son administration s’introduire dans le royaume une justice sûre et un ordre inconnu, lui décerna et lui conserva le titre de Bon régent. L’intérêt de la religion l’avait emporté chez lui sur le sentiment de la nationalité, et, dans ses rapports avec Élisabeth, il s’était montré plus protestant qu’Écossais. Formé dans les troubles, il s’était accoutumé aux. violences. Il avait adhéré au meurtre de Rizzio, et l’attentat contre Darnley ne l’avait pas trouvé sévère envers tous ceux qui y avaient trempé. Auteur de la guerre civile, il finit par en être victime ; complice d’un premier meurtre et en ayant toléré un second, il périt victime d’un assassinat. ! Les procédés par lesquels on s’élève sont bien souvent ceux par lesquels on tombe. »