Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/NUREMBERG, en allemand Nürnberg, ville du royaume de Bavière

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 3p. 1166-1167).

NUREMBERG, en allemand Nurnberg, ville du royaume de Bavière, ch.-lieu du landgerichtbezirk de son nom, à 351 mètres d’altitude, sur la Pegnitz, à 56 kilom. S. de Bamberg, à 77 kilom. S.-O. de Wurzbourg, par 49° 27’ 30" de latit. N. et 8° 44’ 26" de longit. E. ; 63,000 hab. Tribunaux, école polytechnique, gymnase, écoles de commerce et de beaux-arts ; sociétés savantes ; sociétés d’agriculture, d’industrie, etc.

La Pegnitz divise Nuremberg en deux parties à peu près d’égale grandeur, appelées Saint-Laurent et Saint-Sébald. ■ Les deux villes, groupées autour des deux paroisses principales, dit l’auteur de VArt en Allemagne, sur deux collines opposées, durent avoir deux enceintes particulières, dont on reconnaît encore la place en jetant les yeux sur une carte de la cité actuelle, et que le rempart du xvie siècle a toutes deux enfermées dans ses vastes flancs. Dans la première enceinte, au nord de la Pegnitz, était la ville du xiio siècle ; dans la seconde, au midi de la rivière, était la ville du xme siècle. La ville a une physionomie curieuse et peut-être unique ; elle semble avoir été construite au hasard ; les maisons n’observent aucun alignement, et, outre les saillies que chacune d’elles projette sur la rue, elles font toutes des saillies les unes sur les autres, de manière à se dégager entre elles et à se rendre indépendantes autant qu’il est possible. La pente continuelle du terrain, 1 embranchement incessant des rues qui se coupent sous les angles les plus variés, les bras divers de la Pegnitz, qui vont sans cesse en se séparant et eu se rejoignant d’une manière inattendue, les avances originales que les maisons font dans l’eau, les pignons bizarres qu’elles élèvent à la rencontre des rues, les encoignures qui pendent sur les façades, les immenses toits rouges, percés de plusieurs étages de lucarnes, offrent, sans doute, un aspect original et imprévu, qui contraste fortement avec toutes les capitales de l’Allemagne, tirées au cordeau par les princes du dernier siècle ; mais, dans tout ce désordre piquant, on ne rencontre pas une seule maison qui date du xive siècle, et à peine en trouve-t-on quelques-unes qui ont gardé la façade du xve. Sur tous les pignons qui la décorent, je n’ai pas rencontré une seule ogive ; les plus anciennes habitations ont des fenêtres carrées et encadrées de filets... Si les lignes caractéristiques de l’art du moyen âge ont été effacées à Nuremberg, il faut reconnaître que les habitudes générales de cette grande et curieuse époque y sont clairement indiquées dans les édifices. La maison du peuple s’y montre, comme dans le vieux temps, faite de bois et portant devant chaque étage, sous la vaste protection du toit commun, ses grands balcons couverts, espèce d’avant-scène du foyer domestique. Ce sont ces commodes balcons que le riche a remplacés par les encoignures saillantes, dans lesquelles les femmes accomplissent agréablement leurs travaux, tout à la fois suspendues en dehors de la maison et enfermées cependant en son sein. L’appareil de l’existence privée se traduit avec cette naïveté dans toutes les parties de la façade et fournit à l’art les motifs les plus variés et les plus charmants : au rez-de-chaussée, la porte d’entrée, une fenêtre haute qui éclaire le vestibule sans le trahir, une porte basse pour le service des parties inférieures ; au premier étage, l’appartement commun, qu’on reconnaît à sou encoignure saillante, ayant trois points de vue différents ; aux étages supérieurs, les pièces destinées à l’usage de chacun ; dans le toit, la lucarne maîtresse, avec la grue, curieusement sculptée, qui est le signe de la propriété agricole dont elle attend les produits. On peut juger de l’ancienne prospérité de la viile par le grand nombre des étages et des fenêtres ; on rêve qu’il y a eu la autrefois, comme aujourd’hui dans nos capitales, un énorme entassement d’individus. Cependant, nulle part de palais. Les plus importantes habitations ne sont encore que des maisons de marchands ; mais ces marchands du moyen âge ne devaient point ressembler a ceux de notre époque. L’absence de boutique qu’on observe ordinairement dans leurs demeures ferait croire qu’ils n’exposaient point leurs marchandises aux regards ; artistes, artisans, négociants travaillaient dans leurs encoignures, et les enseignes, dont la sculpture décorait leurs portes, étaient toute la montre qu’ils faisaient, »

Nuremberg possède un grand nombre de monuments et de curiosités, dont voici la description :

Sanot-Lorénzkirche, ia plus grands et la

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plus belle des églises de Nuremberg, commencée en 1274 par ordre de l’empereur Adolphe de Nassau, a été construite à diverses époques. Le beau portail ogival offre deux portes séparées par un pilier central orné d’une statue de la Vierge et de l’Enfant Jésus. Les sculptures entassées avec profusion au-dessous de la grande ogive représentent divers sujets, notamment : la Naissance du Christ, l’Adoration des Mages, la Présentation au temple, la Fuite en Égypte, les Prophètes, Y Ensevelissement et la Résurrection du Christ, le Jugement dernier, les Douze apôtres, Adam et Eoe. Le portail s’ouvre entre deux tours commencées en 1280 et achevées vers le milieu du xve siècle. Le portail septentrional, remarquable par son élégance, offre une sculpture très-ancienne, représentant Jésus-Chvist au jardin des Oliviers. Les fenêtres du chœur sont ornées de magnifiques vitraux ; mais la principale curiosité de Saint-Laurent est le tabernacle adossé à un pilier. > Ce tabernacle, dit l’auteur de l’Art en Allemagne, ressemble moins aune œuvre d’art qu’à un^ plante grimpante qui aurait sa racine dans le parvis et qui, rencontrant un appui, s’élancerait jusqu’à la voûte en dessinant dans son essor les figures les plus capricieuses. Cependant, en y regardant fort attentivement, on finit par découvrir un plan fixe à travers le luxe de cette parure désordonnée ; alors on distingue d’abord une galerie à jour supportée par trois grosses figures agenouillées, dont l’une passe pour être le portrait de l’auteur lui-même ; au dessus de la galerie, le tabernacle carré avec quatre saints aux angles ; au-dessus du tabernacle, qui forme comme le rez-de-chaussée, une espèce d’entre-sol composé de petites sculptures disposées en trois tableaux de façon à représenter des scènes de la Passion ; puis un premier étage composé de plantes végétales, recourbées, embrouillées, entortillées de toutes les manières, qui supportent ia foule des Juifs assemblés devant Jésus-Christ, au pied du tribunal de Pilate ; puis un second étage plus simple, où Jésus crucifié est entouré de la Vierge, de Madeleine et de saint Jean ; enfin un troisième étage, portant une figure seule, couverte par une pointe qui s’enroule en forme de crosse sous la nervure de la voûte. Tout ce monument est comme une grande pièce d’orfèvrerie allemande, façonnée avec un goût splendide et équivoque, et traduite en pierre avec une admirable souplesse. Le tabernacle de Saint-Laurent a coûté cinq années de travail, avec deux aides apprentis, à Adam Krafft. L’artiste reçut du bourgeois qui le lui avait commandé la somme de 770 florins. » Nous signalerons en outre h l’intérieur de l’édifice une sculpture en bois de Veit Stoss, représentant la Salutation angélique ; le Crucifix du maître-autel, en bois doré, par ie même artiste ; le monument du jurisconsulte Kress ; une vieille peinture, la Vierge et l’Enfant Jésus ; le tombeau de la margrave Sophie de Brandebourg ; un tableau curieux, le Couronnement de la Vierge ; les volets de l’autel de Saint-Nicolas, peints par Hans Culmbach ; ceux de l’autel Sainte-Anne, etc. Devant l’église s’étend la place de Saint-Laurent, dont le centre est occupé par la fontaine des Vierges, construite en 1589. Cette fontaine est ornée de douze figures de fonte, représentant six enfants nus supportant les armes de la ville et six vierges qui sont des emblèmes de vertus. Au sommet est la Justice avec sa balance.

L’église de Saint-Sébald, affectée au cuite protestant, offre un mélange de tous les styles. La nef date du xiie siècle, le choeur du xivo, les tours du xive et du xve. Les principales curiosités de l’extérieur sont : le portail du Nord ; la porte des Fiancés, dont les sculptures représentent les Vierges sages et les vierges folles ; des bas-reliefs exécutés par Adam Krafft et figurant le Jugement dernier et la Passion du Christ ; un Crucifix colossal en bronze, un des plds anciens ouvrages en métal qui aient été fabriqués à Nuremberg ; la statue de Saint Christophe avec l’Enfant Jésus, du sculpteur Hans Decker, et de nombreuses sculptures représentant des sujets variés. On remarque surtout à l’intérieur de l’édifice le tombeau de saint Sébald, chef-d’œuvre de Pierre Vischer, qui y consacra treize ans de travail et dépensa 2,042 florins. Ce tombeau, qui a 5 mètres do haut, 2U1.S5 de long et 1^,55 de large, est une sorte de cage aux minces colonnettes enfermant la châsse de saint Sébald, toute couverte de lames d’or et d’argent. Des enfants jouant avec des chiens ornent la console de la châsse ; autour du socle, des bas-reliefs représentent les miracles attribués à saint Sébald. «Les douze statues d’apôtres qui sont adossées aux colonnes, à la hauteur de l’entablement de la chasse, ont des têtes et des draperies qu’on peut comparer aux plus beaux morceaux que l’imitation des anciens ait inspirés au génie moderne. Les sirènes qui soutiennent les candélabres aux quatre angles affectent les formes allongées et fuyantes que, quelques années après, le Primatice naturalisa en France ; les figures nues qui sont assises au pied des colonnes semblent posées par Michel-Ange, et celles qui en couronnent le faîte ont le costume et la tournure des œuvres les plus élégantes que Florence ait produites à la fin du xive siècle. » (De l’art en Allemagne.) L’attention est, en outre, attirée h l’intérieur de

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Saint - Sébald par des sculptures d’Adam Krafft, le Christ portant sa croix, Judas trahissant son maître, le Christ à la montagne des Oliviers, la Cène ; la fenêtre des Margraves, représentant le Margrave Frédéric d’Auspach et Bayreuth acec sa femme et ses huit enfants, peints sur verre, en 1515, par Veit Hirschvogel ; plusieurs tableaux d’autel ; un crucifix et des statues en bois de la sainte Vierge et de saint Jean, par Veit Stoss ; des fonts baptismaux en cuivre, dans lesquels l’empereur Wenceslas fut baptisé en 1361 ; une petite statue de la Vierge, en bronze, ’ par un des fils de Pierre Vischer ; le tabernacle orné de sculptures ; des tableaux de Michel Wohlgemuth (Crucifixion), Creuzfelder (Adam et Eve), Erinel (Descente de croix), Merian (le Christ couronné d’épines), Hans Culmbach (des Saints et des Saintes) ; plusieurs vitraux de couleur, etc.

La chapelle de Saint-Maurice, fondée en 1313, rebâtie en 1354 et restaurée en 1829, renferme aujourd’hui une collection de tableaux de l’ancienne école allemande. Cette collection se compose de plus de 140 tableaux, parmi lesquels nous désignerons : une Sainte Catherine, école byzantine de la basse Allemagne ; la Naissance de la Vierge, de Mekenen ; la Vierge et l’Enfant Jésus, de Meister Wilhelm ; Saint Étienne conduit au martyre, d’AUdorfer ; la Résurrection de Jésus-Christ, par un élève de Van Dyck ; la Présentation au temple, par un élève de Mékenen ; l’Annonciation, par Mekenen ; la Sainte Vierge et l’Enfant Jésus, par Heemskerk ; le Portrait du cardinal de Bourbon, par Jean van Eyck ; la Résurrection de Jésus-Christ, par Hemling j ('Adoration des Mages, par Goltzius ; JésusChrist en croix, par-Quentin Messis ; ia Couronne d’épines, par Heemskerk ; Saint Georges et saint Sébald, par Wohlgeinuth ; Saint Joachim et sainte Anne, par Culmbach ; Sainte Marguerite, par Zeitlomb ; Zébédée et Marie Satomé, par Schœngauer ; Joseph et Marie avec l’Enfant Jésus, du même ; Helmerie avec son mari et son enfant, du même ; Sainte Ursule, par Zeitlomb ; Portrait de Christian II, roi de Danemark, par Lucas Cranach ; Saint Benoit et saint Wilibald, par Culmbach ; Sainte Marie et sainty Marguerite, par Michel Wohlgemuth ; Saint Jérôme, par G. Penz ; Saint Jean et saint Nicolas, par Wohlgo.muth ; Deux hommes et deux femmes tirant de l’eau le corps de saint Quirin, par Altdorfer ; ta Sagesse sur l’abime, par Griln Baidung ; un Ecce horno, d’Albert Durer ; Marie Cléophas et Alp hé e avec quatre enfants, par Schœngauer ; un Vieillard et une jeune fille, par Lucas Cranach ; la Vierge et l’Enfant Jésus, par Baidung Grùn ; la Vierge et l’Enfant Jésus, par Hans Holbein ; Sainte Onuphre, par Schauffelein ; le Portrait du peintre Lautensak, par un inconnu ; Saint Jean et les suintes Marie pleurant sur le corps de Jésus-Christ, par Lucas Cranach ; la Vierge et l’Enfant Jésus, par Hans Burgkinair ; Jésus-Christ en croix, par Schauffelehi ; une Mère avec ses six filles, par un inconnu ; un Portrait d’homme, par Grimmer ; le Mariage de la Vierge, par Burgkmair ; un Portrait de femme, par Grimmer, etc.

L’/Égidienkirche (église de Saint-Gilles), bâtie au commencement du xvme siècle, dans le style italien, renferme : un tableau de Van Dyck, le Christ mort entouré de deux martyrs et de saint Jean ; deux gigantesques bas-reliefs en bronze, par Pierre Vischer ; deux vieux tableaux de 1462, une sculpture de Hans Decker, le Christ au tombeau, et des sculptures d’Adam Krafft.

Le château de Nuremberg, bâti sur le point le plus élevé de la ville, couronne un groupe de rochers. Fondé au xie siècle par Conrad II( embelli surtout par Frédéric Barberousse, qui se plut a l’habiter, il servit plus tard de résidence aux burgraves de Nuremberg et fut reconstruit entièrement dans la premièremoitié du xvre siècle. Les parties les plus anciennes du château sont : la tour pentagone, d’où l’on découvre une belle vue sur la viile et ses environs, et la tour des Païens, ainsi nommée parce qu’elle est ornée de vieilles sculptures qui passent pour des anciennes idoles du paganisme, et enfin les deux chapelles, situées l’une au-dessus de l’autre. Ces deux chapelles datent probablement du xio siècle ; elles sont du style byzantin. Ou y remarque, entre autres bas-reliefs en pierre ou en marbre, ceux qui représentent : Pharaon dans la mer Rouge, la Cène, la Résurrection du Christ, le Couronnement de la Vierge et deux bas-reliefs en bois, un Groupe de saints et le Jugement dernier, attribués à Veit Stoss. La cour principale du château renferme un vieux tilleul qui, selon la tradition, aurait été planté par l’impératrice Cunégonde. On dit cet arbre âgé de plus de 700 ans ; il a 5 mètres de circonférence. Les appartements du château sont ornés de vitraux de couleur, de tableaux des maîtres allemands et de sculptures sur bois de Veit Stoss. Les bastions ont été construits d’après le système de fortification proposé par Albert Durer à son retour d’Italie ; ils ont été transformés en jardins publics.

L’hôtel de ville, construit dans la première moitié du xrve siècle, rebâti presque entièrement au commencement du xvne siècle,

dans le style italien, par l’architecte (Jari Hulzscberer, offre une façade de 93 mètres de long. La guerre de Trente uns ayant épuisé les ressources de la ville, l’édifice n’a pas été achevé. Au milieu de la cour s’élève une fontaine fondue en 1556 par Lawen-Wolf. La salle du conseil offre un beau plafond en bois, œuvre de Hans Guillaume Vehaim, des vitraux de Veit Hirsehvogel et des fresques d’Albert Durer et de G. Weyer. La petite salle du conseil renferme aussi plusieurs curiosités, notamment un plafond richement

orné. Les souterrains de l’hôtel de ville, en partie taillés dans le roc, sont aujourd’hui à moitié détruits ou obstrués. Les prisons méritent aussi une mention. Au N. de l’hôtel de ville se trouve la bibliothèque de la ville, fondée au commencement du xve siècle et enrichie par de nombreuses donations. Elle possède, entre autres curiosités, des manuscrits du xne, du xinc, du Xive et du xve siècle ; le Graduel de Marguerite Cartnauserin, orné de plus de 200 vignettes peintes ; des autographes de Luther et de Mélanchthon ; un exemplaire en hébreu de l’Ancien Testament ; plus du 2,000 incunables, parmi lesquels on remarque le Décaméron de Boccace (1472), l’Homère publié à Florence en 1488, la plus ancienne Bible et quarante autres Bibles en diverses langues ; des gravures et des dessins à la main ; un bonnet de soie noire de Luther, etc.

La collection de tableaux, fondée en 1811 par le roi Maximilien-Joseph, occupe un bâtiment construit en 1838 par la ville de Nuremberg. Elle se compose de plus de 300 tableaux répartis en deux salles et six cabinets. Nous nous bornerons à signaler ici ceux qui sont les plus dignes d’attention : un Sanglier poursuivi par des chiens, de Sneyders ; Vieille femme tenant une bourse à la main, de Bega ; Soleil couchant, de Daniel Hien ; Sainte Catherine et l’Enfant Jésus, de Rubens ; Jeune homme dessinant auprès aune lampe, de Manulich ; Vieillard lisant, de Benluin ; Portrait de l’empereur Chavlemagne, d’Albert Durer ; la Mer au soleil couchant, de Joseph Vernet ; Portrait d’un guerrier, de Kupetzki ; Repas donné par le comte palatin Charles-Gustave à l’hôtel de ville de Nuremberg, de Joachim von Sandrart ; Portrait de Sébald Scldrmers, général autrichien, de Georges Penz ; Portrait d’un vieillard, par un inconnu ; Saint Jean et saint Pierre, Saint Paul et saint Marc, d’Albert Durer ; Intérieur d’une ferme, de Tilborgh ; une Auberge, de David Teniers ; Vue de la place Saint-Marc, à Venise, de Canaletto ; Vue du palais des doges, à Venise, de Canaletto ; un Fumeur, de Kupetzki ; Portrait du peintre Muller, du même ; Paysage, de Gaspard Poussin : des Fruits et un verre de vin, par Max Pfeiler ; Paysage, de Nicolas Berghem ; un Intérieur, do Pierre de Hooghe ; Portrait du peintre Gérard Dovo, par un inconnu ; des Fruits, ■ par Tamm ; Portrait d’homme, par Christophe Pauditz ; Bouquet de fleurs, par Gaspard-Pierre Verbruggen ; Adoration des’ bergers, de Dietrich ; Portrait d’homme, par un inconnu ; Portrait d’homme, par Dietrich ; Flagellation de Jésus-Christ, par Kupetzki ; une Femme au Ut près d’une lampe, par Schulken ; une Foire, de Pierre Breughel ; un Soldat et une jeune fille, de Gérard ; une Femme malade, du même ; Portrait d’homme, par Kymli ; un Supplice, d’Aldegrever ; Portrait de Catherine de Bora, la femme de Luther, par Hans Holbein le jeune ; Marie-Madeleine et Lucie, par Michel Wohlgemuth ; Saint Damien et saint Came, du même ; Hercule, d’Albert Durer ; Saint Jean, de Hans Holbein l’ainé ; Saint Came et saint Damien, de Hans Culmbach ; Vénus et l’Amour, de Lucas Cranach ; la Mort de saint Mathieu, de Hans Holbein l’aîné ; Jean Ier, Frédéric III et Frédéric IV, princes de Saxe, de Lucas Cranach ; Saint Vit chassant le diable d’un malade, par Michel Wohlgemuth ; l’Adoration des bergers, de Hans Burgkmair ; Prêtres païens excitant saint Vit à l’idolâtrie, par Michel Wohlgemuth ; Portraits de Luther et de Mélanchthon, par Lucas Cranach ; Couronnement de la Vierge, par Holbein l’aîné ; Portrait de femme, par Hans Holbein lejeune ; Naissance de Jésus-Christ, par Culmbach ; les Déesses de la Victoire et de la Paix tenant tes anciennes armes de la ville, par Christophe Maurer ; la Justice et la Paix tenant les armes actuelles de la ville, la Justice, la Politique, du même.

La Frauenkirche, bâtie dans la deuxième moitié du xivo siècle, sous l’empereur Charles IV, sur l’emplacement de la vieille synagogue, est surmontée par une petite tour qui Se terminait autrefois par un clocher à. jour. Au-dessus du porche se trouve une chapelle construite par Adam Kraffi et renfermant une curieuse horloge mécanique, fabriquée en 1509 par Georges Heuss et appelée Mxnnlcialaufen, parce que, quand les heures sonnaient, les sept électeurs passaient devant i’empereur. Ce porche est orné des statues de la Vierge, des patriarches, des prophètes, des apôtres et de plusieurs saints. De curieuses sculptures décorent aussi le portail principal et les deux portails latéraux. Parmi les statues du portail principal, on remarque celles d’Adam et d’Eve, de la Vierge et de l’Enfant Jésus. L’attention est attirée à l’intérieur de l’édifice par deux bas-reliefs d’Adam Krafft et un Saint Grégoire célébrant la messe, de Michel Wohlgemuth.

La maison d’Albert Durer, désignée à l’attention publique par le médaillon du peintre, a subi des transformations telles que-sa visite n’offre plus aucun intérêt. Sur la place d’Albert-Diirer a été élevée, en 1840, une statue en bronze représentant le grand pein NURE

trè avec le costume qu’il s’est presque toujours donné dans ses portraits ; il porte une robe fourrée de riches pelleteries ; ses cheveux pendent sur ses épaules en long*ues boucles fines.

Parmi les. autres curiosités de Nuremberg, nous signalerons : la maison de Jean Palm, sur laquelle est incrustée une plaque de marbre portant l’inscription suivante, placée par ordre du roi Louis : « C’est dans cette maison que demeurait Jean Palm, libraire, qui périt en 1806, victime de la tyrannie de Napoléon ; > Le gymnase royal, fondé en 1526, par Mélanchthon, dont la statue a été placée en 182C devant la façade ; la maison de Fuchs, dont la riche façade, construite dans le style italien de la Renaissance, a conservé la forme des maisons allemandes de cette époque ; l’École de dessin (Kunstgewerbschule), qui possède une riche collection de plâtres ; une statue en bronze par Pierre Vischer, une Madone en bois d’un artiste inconnu ; une belle fontaine, pyramide de 80 mètres de haut, divisée en quatre parties et décorée de seize figures colossales représentant, avec les sept princes électeurs de l’empire germanique, Godefroy de Bouillon, Clovis et Charlemagne, Judas Macchabée, Josuéet David, Jules César, Alexandre et Hector ; le marché aux Oiseaux, orné d’une fontaine que surmonte un bronze délicieux, représentant un jeune paysan avec des oies qui jettent de l’eau par leur bec ; l’hôpital du Saint-Esprit, dont l’église renferme quelques tableaux de l’ancienne école allemande, un maître-autel moderne avec des ornements gothiques, des monuments sculptés et le tombeau de Conrad Gross, le fondateur de l’hôpital ; la Boucherie (Fleischbank), avec un bœuf en pierre remarquablement sculptéj la fontaine de la place Maximilien, construite en 1687, par le sculpteur Bromig ; la maison de Hans Sachs, le poète le plus fécond de l’Allemagne ; la Grundherrische Haus, où l’empereur Charles IV rédigea les premiers articles de la bulle d’Or en 1356 ; la maison de Baumgaertner, sur la façade de laquelle se voit un beau bas-relief d’Adam Krafft, Saint Georges terrassant un démon ; la Scheurische Haus, habitée par l’empereur Maximilien Ier et le cardinal de Granvelle, avec une petite salle ornée de curieuses boiseries ; la maison Tucher, dont l’architecture est un mélange des styles gothique, byzantin et oriental ; le théâtre, bâti en 1833 ; la banque royale ; la halle, qui offre un beau portail gothique, des caves curieuses et des tours rondes ; l’École de commerce, bâtie dans le style gothique ; la maison de Pierre Vischer ; la statue de Mélanchthon, érigée devant le Gymnase royal en 1826, etc. La Pegnitz, qui partage la ville en deux parties presque égales, y forme plusieurs lies réunies aux quais par des ponts. La promenade favorite des habitants de Nuremberg est le tour de ville, en dehors de ses fortifications pittoresques, dont les fossés sont cultivés et dont les tours servent aujourd’hui à divers usages. Onze portes donnent accès dans l’enceinte de la ville. Les cimetières de Saint-Jean et dé Saint-Roch méritent aussi une visite.

La principale branche de l’industrie à Nuremberg est celle des jouets, que les paysans fabriquent à des prix extrêmement bas, et qui s’exportent jusqu’en Amérique et en Chine. La quincaillerie de cette ville, ses ouvrages en (il et en laiton et ses instruments de mathématiques sont également recherchés. Nuremberg fabrique aussi de la bijouterie, des télescopes, des miroirs, des crayons, de la brosserie, du papier, des tapis, de la faïence, de la porcelaine, etc.

L’origine de Nuremberg, anciennement Norica et, Norimberga, n’est pas connue d’une manière précise ; ce qui est hors de doute, c’est qu’elle existait au xi» siècle. Une chronique de cette époque la mentionne comme un castrum et un oppidum. Elle devint ville libre en 1112, fut prise par Catherine II en 1130, et une diète y fut tenue en 1142. Henri III et Henri V lui accordèrent de nombreux privilèges. Plus tard, elle devint la résidence des empereurs do la maison de Hohenstaufen, qui augmentèrent ses immunités.

Après son alliance à la confédération du Rhin, elle s’agrandit et s’enrichit sans cesse et devint bientôt une des villes impériales les plus importantes. C’est à Nuremberg que Charles IV tint la fameuse diète où fut décrétée la constitution de l’empire germanique connue sous le nom de Bulle d’Or (1356). En 1380, on y fabriqua les premières cartes iv jouer et, en 1390, on y établit la première papeterie qu’ait eue l’Allemagne. Au xvr» siècle, parvenue à l’apogée de sa prospérité, elle possédait une forteresse, une université et des revenus énormes. Elle pouvait fournir jusqu’à 6,000 hommes de contingentàl’arméede l’empereur Maximilien. C’était le centre du commerce entre l’Orient et l’Occident, et l’entrepôt de toutes les productions de 1 Italie et du Levant. Elle possédait à cette époque une brillante pléiade d’artistes et de savants, tels que : Albert Durer, Pierre Vischer, Adam Krafft, Veit Stoss, Michel Wohlgemuth, Hans Folz, Hans Sachs, Melchior Pfintzing, Celtes, Osiander, Peurbach, Eobanus Hessus, Behaim, Wilibald Pirkheimer. L’a première montre, appelée œuf de Nuremberg, à cause do sa forme ovale, y fut fabriquée en 1500 par Pierre Hele. La gravure sur bois y fut aussi découverte vers la même époque par Veit Stoss. En 1517, on y fabriqua la pre NUS

mière batterie de fusil. En 1550, Érasme Eb* ner y découvrit cet alliage de métaux qui a reçu le nom de bronze. La découverte du cap de Bonne-Espérance, qui bouleversa les relations commerciales de l’Europe avec le Levant, le gouvernement arbitraire et inintelligent des patriciens, l’expulsion des juifs et surtout la guerre de Trente ans, telles sont les causes principales de la décadence de Nuremberg. La Réforme y fut adoptée avec enthousiasme. En 1532, un traité de paix y fut signé entre les catholiques et les luthériens. Menacée par Walienstein et Maximilien de Bavière, la ville appela à son secours Gustave-Adolphe, roi de Suèdo, qui s’y fortifia de façon à défier les assauts de l’ennemi. Les deux armées passèrent plus de deux mois en présence l’une de l’autre sans se livrer de combats réguliers et, pendant ce temps, la famine et les maladies contagieuses exercèrent de cruels ravages dans leurs rangs. Gustave-Adolphe quitta les lignes de Nuremberg après y avoir laissé 500 nommes de garnison, que 1 armée de Walienstein n’osa attaquer. Augereau y battit les Autrichiens en 1800. L’acte de la confédération du Rhin (1806) a donné Nuremberg à la Bavière, qui a fait tous ses efforts pour lui rendre un peu de son ancienne splendeur et qui a réussi en partie. Nuremberg est la patrie d’Albert Durer, de Hans Sachs, de Martin Behaim, etc.