Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Orne (département)

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Administration du grand dictionnaire universel (11, part. 4p. 1489-1490).

ORNE, département de la région O. de la France, par 48° 12’et 48° 58^ de latit. et îo 20’et 3° 8’de longit. O. Il est formé de l’ancien duché d’Alençon et du Perche, et doit son iiom à la rivière de l’Orne qui y prend sa source et le traverse de l’E. au N.-O. Ses limites sont : au N., le département du Calvados ; à l’E., les départements de l’Eure et d’Eure-et-Loir ; au S., ceux de la Sarthe et de la Mayenne ; à l’O., le département de la Manche. Sa plus grande longueur, du S.-E. au N.-O., est de 140 kilom. ; sa plus grande largeur, du S.-E. au N.-O., de 100 kilom. Le département de l’Orne comprend 4 arrondissements (Alençon, Argentan, Doinfront, Mortagne), 36 cantons, 511 communes, 398, 250 habitants ; évêché à Séez. Le département fait partie de la Ve division militaire.

Le département de l’Orne a une superficie d’environ 609, 728 hectares. On n’y trouve pas d’élévations considérables, mais seulement une chaîne de gros mamelons et de coteaux fortement accentués, qui le traverse dans toute sa longueur, de l’est à l’ouest. Cette chaîne, qui forme la ligne de partage des eaux des bassins de la Manche et de l’Atlantique, a une altitude variable de 250 à 400 mètres au-dessus du niveau de la mer. On remarque, en outre, deux monticules isolés, la butte de Chaumont, — au nord-ouest d’Alençon, et le mont Margantin, non loin de Doinfront, Le premier de ces mamelons a 378 mètres et le second 370. Malgré le manque de parties vraiment montagneuses, le département de l’Orne n’en a pas moins une surface très-accidentée, et il offre des points de vue très-variés. Un grand nombre d’élévations supportent des plateaux très-étendus ; d’autres bordent de riches vallées où s’étala une végétation magnifique. Au pointde vue géologique, le sol contient toute la série des terrains, depuis le granit et le porphyre jusqu’aux derniers dépôts d’alluvion. Parmi les terrains de formation ancienne, qui sont principalement situés dans la partie occidentale du département, le granit est la roche que l’on rencontre le plus souvent. Il n’y présente pas des masses très-étendues, mais fort nombreuses. Cette roche est exploitée en beaucoup d’endroits, notamment aux environs d’Alençon, d’Athis et de La Ferté-Macé ; les produits, d’une belle teinte bleuâtre, sont exportés au loin sous le nom de granit de SainteHonorine. Outre les granits, on trouve encore, parmi les terrains primitifs, de petits massifs amphiboliques, quelques roches porphyriques au nord-ouest d’Alençon, le gneiss sur un petit espace, entre Alençon et le département de la Mayenne ; des schistes micacés etmaclifères, des schistes argileux et des grès quartzeux ou schisteux. On remarque surtout les massifs d’Ecouves et d’Andaine, dont le sol formé de grès quartzeux a produit ioc deux vastes forêts du même nom. Vers le Calvados, le grès quartzeux contient fré-


quemment une couche de fer oxydé, qu’on exploite à la Ferrière-aux-Etangs et à Saint--Cluîi’-de-llalouze. Le terrain jurassique inférieur

formo un vaste massif irréguljer, au pied des terrains primitifs. Les dépôts jurassiques moyen et supérieur se présentent duns les mêmes cas, et souvent parallèlement au terrain jurassique inférieur. La craie de l’étage inférieur se montre dans l’arromlissement, d’Argentan, et surtout dans la partie méridionale de l’arrondissement de Mortagne. Les dépôts tertiaires qui constituent, en majeure partie, la surface du sol sont formés par des sables, des grès siliceux et des argiles ocreuses. Sur quelques points, les argiles ocreuses renferment soit du silex, soit du fer hydroxydé. À l’ouest de Domfront se trouve un banc d’argile plastique, qui alimente plusieurs fabriques de poterie commune. La tourbe existe sur une étendue de 240 hectares, dans les marais de Briouze et de Bellon. Les principales productions minéralogiques sont le fer, la magnésie, le kaolin, le schiste ampéliteux, les pyrites sulfureuses, le granit, le porphyre, le béryl, le quartz enfumé, des marbres, des grès, des pierres à chaux, des marnes. Les principaux cours d’eau qui arrosent ce département sont, outre ceux que nous venons de citer : l’Eure, la Rille, 1Avre, l’Iton, la Thouanne, la Senevière, le Don, l’Ure, la Baise, la Cance, l’Udom, la Laise, le Noireau, le charenton, le Guiel, la Sarthe, la Guesne, l’Hoène, la Tanche, la Vessonue, la Briaiite, le Sarthon, l’Huisne, lu Cûrbionne et la Mayenne, le Cessé, la Vée, la Varenne et l’Egrèue. On trouve aussi dans le département de nombreux étangs, dont la superficie est évaluée à 1, 300 hectares ; les plus importants sont ceux de Briouze, de Saint-Gille et de Saint-Marc-sur-l’Egrène. Les marais, qui occupent

une étendue d’environ 500 hectares, contiennent presque tous de ia tourbe. Parmi les sources minérales, nous signalerons celles do la Herse, dans la forêt de Bellême ; de l’Epine, de Curé, de Saint-Santin, d’Irai, de Dubreuil, dans l’arrondissement de Mortagne ; de Gauville ou de La Ferté-Fresnel, de Saint-Evroult-en-Ouche, de Râne, de Saint-Barlhôlemy, de la Béchetière, et surtout celles de Bagnoles (v. ce mot), dans l’arrondissement d’Argentan.

Le climat est en général tempéré. Sur les plateaux, l’air est vif et sec ; dans les vallées, il est souvent chargé de brouillards. Le maximum et le minimun de la température ne diffèrent pas sensiblement de coux de Paris. Les vents dominants sont ceux du sud-ouest, de l’ouest, du nord-ouest et du nord. Les vents de l’ouest et du nord-ouest soufflent surtout en automne, celui du sud-est pendant l’hiver, enfin ceux du nord et du nord-ouest pendant une bonne partie du priDtemps et de l’été. Au mois de mai, les vents alizés, connus sous le nom de vingtaines, soufflent de l’est avec une assez grande violence ; ils sont très-funestes k la végétation. L été amène des orages qui sont parfois extrêmement violents. Au printemps, les gelées blanches causent souvent des pertes considérables. D’après les relevés publiés récemment, il paraîtrait que la moyenne des jours de pluie serait de près de 100 jours par année. On estime la quantité d’eau tombée annuellement à om, 00.

La surface productive peut être ainsi divisée : terres labourables, 350, 000 hectares ; prairies naturelles, 130, 000 ; pâtis, landes et bruyères, 14, 000 ; cultures arborescentes, 5, 000 ; bois et forêts, 89, 000. La production dos céréales occupe>un peu plus do 200, 000 hectares. Les arrondissements d’Argentan et de Mortagne sont ceux qui produisent le plus do blé. Le rendement moyen de cette céréale n’est guère que de 15 hectolitres par hectare. Aussi ne peut-elle suffire aux besoins de la consommation. Le seigle, l’orge, le méteil ne donnent eux-mêmes qu’un produit insuffisant. L’avoine, qui occupe surtout une large place dans les arrondissements d’Argentan et de Mortagne, donne en moyenne 16 hectolitres par hectare. Ce rendement est tout à fait inférieur, mais il s’explique par ce fai » qu’on ne met le plus souvent cette céréala que dans les terres de qualité médiocre et qu’elle succède ordinairement à une autre récolte épuisante, sans nouvelle fumure. Le sarrasin est cultivé dans les sols granitiques ; son rendement moyen est le même que celui de l’avoine.

Les progrès de l’agriculture sont loin d’etro en rapport avec la richesse du soi. Les instruments agricoles sont des plus imparfaits, et les engrais détestables. L’incurie des cultivateurs dans ce département provient en

grande partie de l’extension de plus en plus grande de l’industrie herbagère. Les prairies naturelles occupent presque le cinquième de la superficie du département et tiennent surtout une large place dans les arrondissements d’Alençon, d’Argentan, de Mortagne. On en fauche environ la moitié et même un peu plus ; le reste est consacré au pâturage pour l’élevagé des chevaux et l’engraissement des bêtes bovines. Les herbages du Merlerault, de Nonant, de Saint-Léonard-des-Parcs, do Mesle-sur-Sarthe, de Gacô et de Yimoutiers, ceux des vallées de la Touques et de la Vie peuvent rivalisor de tout point avec ceux du Calvados. Aussi leur valeur vénale est-elle très-considérable ; elle varie de 4, 000 à 6, 000 francs l’hectare. Le droit d’y berbager

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