Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PICHAT (Michel), auteur dramatique français

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 3p. 942-943).

PICHAT (Michel), auteur dramatique français, né à Vienne (Isère) en 1790, mort à Paris en 1828. Comme il était assez riche pour faire de la littérature en amateur, il vint s’établir à Paris et débuta par quatre pièces de théâtre composées en collaboration avec des faiseurs de l’époque. Une tragédie de Turnus, remarquable par un certain souffle patriotique, fut reçue au Théâtre-Français et arrêtée par la censure. Michel Pichat en inséra quelques fragments dans un prologue, les Trois genres, joué à l’Odéon pour l’ouverture de la saison de 1824. L’année suivante, Léonidas, tragédie en cinq actes et en vers (Théâtre-Français, 26 novembre 1825), fut un des plus brillants succès de l’année. Talma y joua le principal rôle. Ce succès était dû en partie à l’enthousiasme que la cause des Grecs soulevait alors en France ; mais il était aussi mérité par de beaux vers et de nobles sentiments exprimés avec éclat et vigueur. Nous reproduisons une tirade qui, débitée par Talma, chargé du rôle de Léonidas, était surtout accueillie avec des applaudissements frénétiques. Elle donnera une idée des qualités et des défauts du poëte. C’est Léonidas qui harangue ses compagnons ;

Les tyrans effrayés détourneront leurs pas.
Alors, des temps fameux levant les voiles sombres,
Le voyageur sur Sparte évoquera nos ombres,
Et de Léonidas et de ses compagnons
Les échos n’auront pas oublié les grands noms.

C’est encore du classique pur ; on pressent pourtant l’avènement prochain du romantisme.

« Pichat, dit un de ses biographes, avait des opinions républicaines très-avancées, dont l’influence se fait sentir dans ses tragédies de Turnus et de Léonidas. Il leur demanda encore le sujet d’une troisième tragédie, Guillaume Tell, qui fut reçue aux Français et jouée avec succès le 22 juillet 1830. À cette époque, l’auteur était mort. On doit à Pichat les ouvrages suivants : l’Indépendant, à M. le comte Decazes (Paris, 1819, in-8o) ; Ali-Pacha, mélodrame en trois actes, par Alfred (pseudonyme de Pichard) et de Comberousse (Paris, 1822, in-8o) ; Louis ou le Père juge, mélodrame en trois actes (Paris, 1823), avec Saint-Hilaire et de Comberousse ; Eudore et Cymodocée, tragédie en cinq actes et en vers, avec Gary (Paris, 1824, in-8o) ; les Trois genres, prologue en un acte par Scribe (théâtre de l’Odéon, 27 avril 1824) ; la scène de tragédie est de Pichat (extraite de Turnus), la scène de comédie est de Dupaty ; celle du vaudeville, seule, appartient à Scribe. Un poème, le Dévouement des médecins français à Barcelone, obtint un accessit au concours de poésie de l’Académie française (1822). On cite encore de Pichat une pièce de vers sous ce titre : Aux mânes de Mazet, insérée dans la Muse française (1823, in-8o).