Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PIERRE ou PEDRO III, surnommé le Grand, roi d’Aragon

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 3p. 985).

PIERRE ou PEDRO III, surnommé le Grand, roi d’Aragon, né en 1236, mort à Villafranca-de-Penadas en 1285. Il était fils de Jayme Ier et de Yolande de Hongrie. Il se signala dans sa jeunesse en combattant contre les Maures, contribua à la soumission de Murcie, manifesta une haine implacable contre son frère, Ferdinand Sanche, fils naturel de Jayme, chercha toutes les occasions de lui nuire, l’amena à se soulever, le traqua de château en château, s’empara de lui et le fit noyer (1275). L’année suivante, son père étant mort, Pierre III lui succéda. L’expulsion des Maures et l’abaissement de la puissance des nobles, tels étaient, à cette époque, les deux points principaux de la politique des rois chrétiens d’Espagne. Pierre III eut à lutter contre les seigneurs catalans et triompha de diverses révoltes, autant par la voie des négociations que par celle des armes. Ses prétentions à la couronne de Sicile l’engagèrent, avec Jean de Procida, dans la fameuse conjuration qui aboutit aux Vêpres siciliennes (1282). Reconnu roi de Sicile après le massacre des Français, il eut à lutter contre son compétiteur Charles d’Anjou, dont il ruina la flotte en 1284. Excommunié par le pape Martin IV, qui fait prêcher une croisade contre lui et donne l’investiture de l’Aragon à Charles de Valois, attaqué par le roi de France, Philippe le Hardi, il fut à la hauteur des circonstances et sut faire face à tous ses ennemis. Son amirauté Roger de Loria battit la flotte des Français et prit tous leurs magasins à Rosas. On sait comment cette grande expédition de Philippe se termina : la disette et les maladies forcèrent le monarque français à battre en retraite ; il repassa les Pyrénées et vint mourir à Perpignan (1285). Pierre III le suivit de près au tombeau. Il avait obtenu, avant sa mort, d’être relevé de l’excommunication, sans qu’il renonçât, toutefois, à la couronne de Sicile, qu’il transmit à Jacques, son second fils. Ce prince, brave, habile, rusé, heureux surtout, fut le premier roi d’Espagne qui osa lutter contre la papauté. Il avait été contraint, en 1283, par les nobles et les bourgeois, ligués pour la défense de leurs libertés, à leur donner une sorte de constitution, connue sous le nom de 'privilegia general et qui n’est pas sans analogie avec la grande charte d’Angleterre. De son mariage avec Constance, fille de Mainfroy, roi de Sicile, il avait eu trois fils, dont l’aîné lui succéda sous le nom d’Alphonse III, et une fille, Élisabeth, reine de Portugal, qui s’est rendue célèbre par sa sainteté,