Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PROCOPE

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Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 1p. 209).

PROCOPE, historien grec, né à Césarée, en Palestine, vers le commencement du vie siècle, mort vers 505. Il professa la rhétorique à Constantinople, fut attaché ensuite comme secrétaire au célèbre Bélisaire et le suivit dans les guerres d’Asie, d’Afrique et d’Italie. Justinien le nomma sénateur, puis préfet de Constantinople vers 562. Il a laissé : une Histoire en huit livres, contenant le récit des guerres de Justinien contre les Perses, les Vandales et les Goths, ouvrage exact et judicieux, où l’on trouve une peinture fidèle des mœurs des barbares ; les Édifices, énumération des monuments construits ou réparés sous les auspices de Justinien ; enfin des Anecdotes ou Histoire secrète, ouvrage posthume dans lequel Procope épanche ses colères contre les grands de son époque, terrible correctif aux éloges que, dans ses autres ouvrages, il a prodigués à Justinien ; les Anecdotes flétrissent surtout la courtisane Théodora, devenue impératrice. « L’Histoire secrète, dit Renan, fût-elle un mensonge d’un bout à l’autre, son existence seule est une pièce de conviction irréfragable, car pour que la haine n’ait pu se satisfaire sans cet énorme raffinement de malice, pour qu’elle soit arrivée à cet épouvantable degré de concentration, il a fallu un despotisme vraiment inouï. Justinien peut n’être point coupable de tous les méfaits dont le pamphlet de Procope l’accuse, mais il est coupable de l’abaissement des âmes et de la servilité que suppose ce chef-d’œuvre de rancune et d’hypocrisie. La vérité comprimée se venge par la calomnie ; elle a tort sans doute : la parfaite sagesse voudrait que l’on fût juste envers tous ; mais à qui la faute ? À ceux qui, en supprimant la liberté, ont avoué qu’ils avaient quelque chose à cacher ; à ceux qui, en faussant l’opinion, ont rendu l’approbation suspecte et le mal seul croyable. » L’édition la plus complète des œuvres de Procope est celle du P. Maltret, en grec et en latin, 2 vol. in-fol., dans la Collection byzantine (1662-1663). Martin Fumée a traduit en français l’Histoire et le traité des Édifices (Paris, 1587). Il existe une traduction française de l’Histoire secrète par M. Isambert (Paris, 1856).