Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/PULASKI (Casimir), patriote polonais, fils du précédent

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Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 2p. 409).

PULASKI (Casimir), patriote polonais, fils du précédent, né à Winiary en 1748, mort dans l’Amérique du Nord en 1779. Après avoir servi pendant quelque temps dans la garde du duc Charles de Courlande, il revint en Pologne, fut nommé maréchal de la terre de Lomza, dans le palatinat de Mazovie, rejoignit, en 1768, son père à Bar, fut un des huit premiers signataires de la confédération, se fit bientôt remarquer par son brillant courage à la tête des patriotes et continua à combattre après que son père eut été arrêté, « Partout où il se présentait, dit L. Chodzko, il était la terreur des Russes ; il franchissait dans des marches rapides la Grande et la Petite Pologne, la Podolie, la Wolhynie, la Lithuanie. » Après avoir révolutionné cette dernière province, où s’organisa une confédération générale, il conduisit son petit corps de troupes à Teschen, sur les frontières de Hongrie, où se rassemblait le noyau des forces qui allaient agir contre les envahisseurs de la Pologne ; mais en route, à Lomazy, non loin de Wladowa, sur la Vistule, il fut attaqué par des détachements russes, écrasé par le nombre et ne parvint à s’échapper qu’avec dix hommes (1770). Après avoir passé l’hiver dans les monts Karpathes, il descendit dans les plaines méridionales de la Pologne, tenta un coup de main sur Cracovie, qu’il ne put enlever, s’enferma dans le couvent fortifié de Czenstochowa, dont il fit son quartier général et où il soutint, avec une intrépidité sans égale, un siège en règle contre les Russes, qui se retirèrent après avoir perdu 1,200 hommes. Les Polonais virent presque un miracle dans la défense et la délivrance de Czenstochowa, et si la France eût alors fait un effort sérieux en faveur de l’indépendance de la Pologne, la cause des confédérés aurait indubitablement triomphé et il eût encore fallu que les trois puissants voisins de ce malheureux pays ajournassent leurs projets de démembrement. Bientôt après, PulasKi contribua à faire reculer les Russes au delà de la Vistule ; mais étant entré en hostilité avec le commissaire français Dumouriez, il refusa de concourir aux plans de ce dernier et fut, par son indiscipline, la principale cause de la perte de la bataille de Landskron, gagnée par Souwarow. Lui-même, il se fit battre à Cartenow, près de Léopol, ne put prendre Zamosc et revint, après avoir essuyé de grandes pertes, honteux et repentant, à Czenstochowa. L’année suivante (1771), Pulaski entra dans une conjuration qui avait pour but d’enlever de Varsovie le roi Stanislas Poniatowski, de le conduire à Czenstochowa au milieu des confédérés et de l’amener à se prononcer en faveur de la cause nationale. La tentative d’enlèvement, exécutée le 3 novembre, ayant échoué, les conjurés furent déclarés régicides, et les forces réunies de la Russie, de la Prusse et de l’Autriche s’emparèrent de la Pologne, anéantirent la confédération et procédèrent au partage du pays conquis (1772). Pulaski se réfugia alors en France, puis passa, en 1775, dans l’Amérique du Nord, combattit avec Kosciusko et La Fayette pour la cause de l’indépendance des États-Unis et trouva la mort au siège de Savannah. — Son frère, François Pulaski, né en 1750, mort à Lomazy en 1770, contribua à l’organisation de la confédération de Bar, se distingua par sa bravoure dans un grand nombre de circonstances, battit les Russes sous les murs de Koti, s’empara de Sambor, rejoignit ensuite Casimir et périt dans la funeste journée où celui-ci, attaqué par les Russes près de Wladowa, sur la Vistule, vit son corps de troupes presque entièrement anéanti. — Un autre frère des précédents, Antoine Pulaski, né en 1752, mort en 1810, combattit également contre les Russes, tomba entre leurs mains et fut envoyé prisonnier à Kazan. Ayant été rendu à la liberté, il revint en Pologne, renia les sentiments patriotiques de sa famille, se montra partisan des Russes, prit part au complot de Targowiça, se conduisit d’une façon peu honorable à la diète de Grodno (1793) et termina son existence en Wolhynie.