Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Paul (ÉGLISE Saint-)

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 2p. 422-423).

Paul (ÉGLISE Saint-). Cette église, qui fut démolie quelque temps après la Révolution, et dont il ne reste rien aujourd’hui, était située rue Saint-Paul, à Paris. Elle avait eu pour origine une chapelle bâtie vers 640 par les ordres de saint Éloi, d’après l’opinion de Sauval et de quelques autres auteurs. La reconstruction de l’église Saint-Paul au xiiie siècle, sur l’emplacement de l’antique chapelle, dura plus de deux cents ans. Elle fut agrandie et réparée à diverses époques, notamment en 1542, 1547 et 1661. Si l’on s’en rapporte aux écrivains du siècle dernier, le style de cet édifice était lourd et massif, le jour y pénétrait à peine et ses voûtes surbaissées semblaient comme écrasées. Cependant, Sauval cite avec éloge la galerie de pierre qui entourait l’église en dedans œuvre : « C’est, dit-il, le seul monument gothique de Paris où cela se rencontre. » Le même auteur signale aussi le jubé, le banc d’œuvre et le retable du maître-autel, « travaillé avec une délicatesse et une mignardise incroyables. » Les vitraux de Saint-Paul étaient des plus remarquables, tant par la perfection du travail que par l’intérêt des sujets qu’ils renfermaient. Un vitrail, posé en face de la chaire du prédicateur, représentait en quatre panneaux, avec les titres de défenseurs de la Loi, de la Foi et du Roi, Moïse et David, Godefroy de Bouillon et Jeanne Darc. Cette dernière figure surtout avait un grand prix, car elle avait dû être peinte peu de temps après la rentrée de Charles VII à Paris. L’histoire nous a conservé le nom de l’artiste qui peignit ces vitraux : il s’appelait Désaugives.

Lorsque les rois de France allèrent habiter l’hôtel Saint-Paul, ils devinrent paroissiens de cette église, qu’ils enrichirent de leurs libéralités ; plusieurs enfants de France y furent baptisés. Les fonts baptismaux qui servirent à ces royales cérémonies furent transportés, en 1494, par Henri Perdrier, seigneur de Médan, près de Poissy, dans la petite église de ce lieu, où on les voit encore ; ils sont en pierre, sans aucun ornement ; une inscription en vers français relate leur origine.

Une foule de personnages célèbres à divers titres étaient inhumés dans l’église Saint-Paul. Ainsi on y voyait les épitaphes et les sépultures de Nicole Gilles, auteur des Annales et chroniques de France ; de Guillaume de Vienne, père du célèbre Jean de Vienne, amiral de France, sur la tombe duquel on voyait cette simple inscription : Ci-gît le père de Jean de Vienne ; le tombeau du maréchal de Biron, décapité à la Bastille le 31 juillet 1602 ; la chapelle de la maison de Noailles ; les monuments de Jean Nicot, ambassadeur en Portugal, l’introducteur du tabac en France ; du sculpteur Jean Biard, de François Mansart, de Jules Hardouin, son neveu, etc. Rabelais, mort à Paris, dans une maison de la rue des Jardins, près de l’église Saint-Paul, fut inhumé dans le cimetière paroissial, au pied d’un grand arbre.

C^est aussi à l’église Saint-Paul que Henri III avait fait élever, près du maître-autel, des tombeaux magnifiques à trois de ses mignons, de Quélus, Maugiron et Saint-Mégrin, œuvre du grand sculpteur Germain Pilon. Ces mausolées admirables, abstraction faite des tristes personnages qu’ils renfermaient, furent détruits par le peuple rendu furieux à la nouvelle de l’assassinat des Guises par ordre de Henri III. Disons enfin que l’homme au masque de fer fut inhumé dans l’ancienne église Saint-Paul, le 20 novembre 1703, sous le nom de Marchiali.