Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Paul (LE RAVISSEMENT DE SAINT), tableau de Poussin

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Administration du grand dictionnaire universel (12, part. 2p. 422).

Paul (le ravissement de saint), tableau de Poussin (Paris, musée du Louvre, no 433). C’est la composition où l’artiste a montré le plus d’inspiration. Au milieu des nuages, saint Paul, en extase, les bras étendus vers le ciel, est enlevé par trois anges. Celui qui domine le groupe soutient d’une main le bras gauche de l’apôtre et de l’autre lui indique le séjour éternel. Dans la partie inférieure de la composition, sur les degrés d’un édifice, sont posés un livre et une longue épée, attributs du saint. Dans le fond, on voit une vaste plaine avec des montagnes à l’horizon. Ce tableau est la répétition, faite pour Scarron, d’une première toile que M. de Chanteloup avait commandée en 1643 à N. Poussin, pour faire pendant a la Vision d’Ezéchiel, par Raphaël, et qui est maintenant en Angleterre. « C’est ce tableau, dit M. Gence en parlant de celui du Louvre, qui, par l’expression céleste du regard de l’admiration éclatant sur le front de l’apôtre, et n’ayant d’égal que l’air de béatitude de la Vierge dans son assomption, a fait témoigner au chevalier del Pozzo et redire d’après lui que la France avait eu son Raphaël, aussi bien que l’Italie. « Voulez-vous, dit à son tour M. Louis Viardot dans ses Musées de France, trouver un modèle de style ? Examinez le Ravissement de saint Paul. Ce groupe superbe, excellent, couronnant un délicieux paysage, rappelle, par la sublimité de ses figurines, l’un des chefs-d’œuvre du divin chef de l’école romaine, la fameuse Vision d’Ezéchiel. Avec son humilité ordinaire, le Poussin, lorsqu’il envoya à M. de Chanteloup le Ravissement de saint Paul, le supplia de le tenir éloigné et séparé de celui de Raphaël, disant que la comparaison pourrait le ruiner et lui faire perdre si peu qu’il avait de beauté. »

Ce tableau, peint à Rome, sortit des mains de Poussin en 1649, et passa de Scarron à Jabach, puis au duc de Richelieu, qui le jugea digne d’être placé dans le cabinet du roi. En 1709-1710, il décorait, à Versailles, le petit appartement de Louis XIV. Il a été gravé par G. Chasteau (Chalcographie du Louvre), par Dughet, par Laugier, en 1841, par Filhol et par Landon. On le désigne aussi quelquefois sous le nom d’Enlèvement de saint Paul.