Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Pujol (ANCIENNE FORTERESE DU)

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Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 2p. 408-409).

forteresse ; il n’y avait pas de temps à perdre ; la garnison réfugiée dans la tour était dans l’impossibilité de s’y défendre et n’avait aucune nouvelle du secours imprévu qui allait lui survenir ; on la pressa, on la somma de se rendre ; réduite aux abois, elle dut accepter. Le comte de Toulouse et les seigneurs ses compagnons promirent, sous serment, d’observer les conditions de la capitulation. La porte de la tour fut ouverte par les assiégés eux-mêmes à Roger, fils du comte de Foix, qui l’occupa aussitôt avec ses gens. Mais les conditions convenues furent violées : plusieurs des chefs principaux, une fois tombés entre les mains des Toulousains, furent massacrés, et, quant à la forteresse, elle fut rasée. On voit aujourd’hui, sous le plateau qui servait d’assise à l’ancienne forteresse, un vaste caveau qu’on regarde, sans preuve certaine, comme un reste de cette place.


PUJOLS, bourg de France (Gironde), ch.-l. de cant., arrond. et à 20 kilom. S.-E. de Libourne, sur un coteau escarpé qui domine la Dordogne ; pop. aggl., 284 hab. — pop. tot., 753 hab. L’église paroissiale, classée au nombre des monuments historiques, est remarquable par son architecture, dont quelques parties remontent au XIesiècle.


PUJOULX (Jean-Baptiste), littérateur français, né à Suinl-Macaire (Gironde) en 1762, mort à Paris en 1821. Il se rendit tout jeune à Paris, collabora à divers journaux littéraires, composa des ouvrages et des pièces de théâtre dont quelques-unes annoncent un talent véritable d’observation, s’occupa pendant les dernières années de sa vie de sciences et d’histoire naturelle, sur lesquelles il écrivit quelques livres élémentaires, et devint secrétaire du théâtre de la Gaîté. Parmi ses très-nombreuses productions, nous citerons ; Figaro au Salon de peinture (Paris, 1785, in-8o) ; les Grandes prophéties du grand Nostradamus sur le grand Salon de peinture, en vers et en prose (1787, in-8o) ; les Caprices de Proserpine, comédie (1784) ; le Souper de famille, comédie (1788) ; Encore des Savoyards, comédie (1789) ; Amélie ou le Couvent, comédie (1791) ; Mirabeau à son lit de mort, comédie dont les principaux personnages sont Mirabeau, Talleyrand-Périgord, Cabanis, Frochot, etc. (1791) ; la Veuve de Calas à Paris, eomédie (1791) ; Philippe ou les Dangers de l’ivresse, comédie (1794) : la Rencontre en voyage, opéra-comique (1798) ; les Modernes enrichis, comédie en trois actes, qui étincelle en traits d’un véritable comique (1798) ; l’Anticélibataire ou les Mariages (1803), comédie en cinq actes et en vers ; Paris à la fin du dix-huitième siècle (Paris, 1800) ; Promenades au Jardin des plantes (1804, 2 vol.) ; Leçons de physique de l’École polytechnique sur les propriétés générales des corps (1805, in-8o) ; la Botanique des jeunes gens et des gens du monde (1810, 2 vol.) ; Minéralogie à l’usage des gens du monde (1813) ; l’Astrologue parisien (Paris, 1812-1817,6 vol.in-12) ; Louis XVI peint par lui-même ou Correspondance et autres écrits de ce monarque (Paris, 1817). Il a été démontré depuis que cette correspondance n’était point authentique. Pujoulx a publié un grand nombre d’articles dans la Gazette de France, le Journal de Paris, le Journal de la littérature française et étrangère, le Journal de l’Empire, l’Encyclopédie des dames, la Biographie universelle, etc.


PUL s. m. (pul). Nom donné, en Perse, à toutes les monnaies de cuivre.


PUL (LE), poète français, né à Béziers vers 1640, mort à une époque inconnue. Il remplit dans sa ville natale les fonctions de viguier, puis celles de premier consul et de gouverneur (1684), fit un voyage à Rome en 1670 et entretint une correspondance avec Mlle de Scudéri. Le Pul a composé des poésies, dont plusieurs ont été publiées dans des recueils du temps, notamment dans les Délices de la poésie galante, et parmi lesquelles on cite les jolies pièces intitulées : Je ne sais quoy et l’Épingle. On trouve en manuscrit, à la Bibliothèque de l’Arsenal, à Paris, plusieurs morceaux de ce poëte.


PULASKI (Joseph), patriote polonais, né à Pulazie (palatinat de Lublin) en 1705, mort à Constantinople en 1769. Il étudia le droit, devint avocat, homme d’affaires, arbitre dans des procès et acquit, par son intelligence, par sa rare habileté, une grande fortune. Pulaski se prononça, en 1733, en faveur de Stanislas Lesczinski, reconnut, après l’abdication de ce prince, le roi Frédéric-Auguste, devint staroste de Warka et fit, en 1764, une vive opposition à l’élévation au trône de Stanislas-Auguste Poniatowski appuyé par la Russie. Après avoir fait partie, en qualité de nonce, de la confédération des mécontents, réunie à Radom, puis à Varsovie, Pulaski, indigné des excès commis par les Russes en Pologne en pleine paix, résolut de les chasser et de former dans ce but une nouvelle confédération qui devait avoir pour chef suprême Radziwil, alors proscrit, et pour chef provisoire le comte Krasinski, frère du patriotique évêque de Kaminiec. En conséquence, il se rendit avec Krasinski à Bar, en Podolie, jeta avec lui les fondements de la célèbre confédération de Bar (29 février 1768), devint maréchal des troupes et déploya une activité extraordinaire pour grossir le nombre des adhérents, qui s’éleva rapidement de 300 à 8,000. Pendant que l’évêque de Kaminiec visitait les cours de Dresde, de Vienne, de Versailles, pour les déterminer à seconder le mouvement national des Polonais, Catherine II envoyait des troupes russes pour resserrer les confédérés et leur couper les communications avec les palatinats voisins. Les confédérés remportèrent d’abord quelques succès, qui donnèrent à la manifestation de Bar un immense retentissement, mais ces succès furent suivis de revers et, pour comble de malheur, la mésintelligence se mit entre Joseph Pulaski et Joachim Potocki qui, voyant avec chagrin le premier commander les troupes, acquérir une grande autorité et la réputation d’un habile homme de guerre, s’attacha à le rendre odieux et suspect, le fit passer aux yeux des uns pour un exagéré, aux yeux des autres pour un traître. Victime de ces fausses accusations, Pulaski fut arrêté traîtreusement en Moldavie, pendant une entrevue avec un général turc, et jeté en prison, où il mourut peu après de mort violente, selon l’opinion la plus accréditée.


PULASKI (Casimir), patriote polonais, fils du précédent, né à Winiary en 1748, mort dans l’Amérique du Nord en 1779. Après avoir servi pendant quelque temps dans la garde du duc Charles de Courlande, il revint en Pologne, fut nommé maréchal de la terre de Lomza, dans le palatinat de Mazovie, rejoignit, en 1768, son père à Bar, fut un des huit premiers signataires de la confédération, se fit bientôt remarquer par son brillant courage à la tête des patriotes et continua à combattre après que son père eut été arrêté, « Partout où il se présentait, dit L. Chodzko, il était la terreur des Russes ; il franchissait dans des marches rapides la Grande et la Petite Pologne, la Podolie, la Wolhynie, la Lithuanie. » Après avoir révolutionné cette dernière province, où s’organisa une confédération générale, il conduisit son petit corps de troupes à Teschen, sur les frontières de Hongrie, où se rassemblait le noyau des forces qui allaient agir contre les envahisseurs de la Pologne ; mais en route, à Lomazy, non loin de Wladowa, sur la Vistule, il fut attaqué par des détachements russes, écrasé par le nombre et ne parvint à s’échapper qu’avec dix hommes (1770). Après avoir passé l’hiver dans les monts Karpathes, il descendit dans les plaines méridionales de la Pologne, tenta un coup de main sur Cracovie, qu’il ne put enlever, s’enferma dans le couvent fortifié de Czenstochowa, dont il fit son quartier général et où il soutint, avec une intrépidité sans égale, un siège en règle contre les Russes, qui se retirèrent après avoir perdu 1,200 hommes. Les Polonais virent presque un miracle dans la défense et la délivrance de Czenstochowa, et si la France eût alors fait un effort sérieux en faveur de l’indépendance de la Pologne, la cause des confédérés aurait indubitablement triomphé et il eût encore fallu que les trois puissants voisins de ce malheureux pays ajournassent leurs projets de démembrement. Bientôt après, PulasKi contribua à faire reculer les Russes au delà de la Vistule ; mais étant entré en hostilité avec le commissaire français Dumouriez, il refusa de concourir aux plans de ce dernier et fut, par son indiscipline, la principale cause de la perte de la bataille de Landskron, gagnée par Souwarow. Lui-même, il se fit battre à Cartenow, près de Léopol, ne put prendre Zamosc et revint, après avoir essuyé de grandes pertes, honteux et repentant, à Czenstochowa. L’année suivante (1771), Pulaski entra dans une conjuration qui avait pour but d’enlever de Varsovie le roi Stanislas Poniatowski, de le conduire à Czenstochowa au milieu des confédérés et de l’amener à se prononcer en faveur de la cause nationale. La tentative d’enlèvement, exécutée le 3 novembre, ayant échoué, les conjurés furent déclarés régicides, et les forces réunies de la Russie, de la Prusse et de l’Autriche s’emparèrent de la Pologne, anéantirent la confédération et procédèrent au partage du pays conquis (1772). Pulaski se réfugia alors en France, puis passa, en 1775, dans l’Amérique du Nord, combattit avec Kosciusko et La Fayette pour la cause de l’indépendance des États-Unis et trouva la mort au siège de Savannah. — Son frère, François Pulaski, né en 1750, mort à Lomazy en 1770, contribua à l’organisation de la confédération de Bar, se distingua par sa bravoure dans un grand nombre de circonstances, battit les Russes sous les murs de Koti, s’empara de Sambor, rejoignit ensuite Casimir et périt dans la funeste journée où celui-ci, attaqué par les Russes près de Wladowa, sur la Vistule, vit son corps de troupes presque entièrement anéanti. — Un autre frère des précédents, Antoine Pulaski, né en 1752, mort en 1810, combattit également contre les Russes, tomba entre leurs mains et fut envoyé prisonnier à Kazan. Ayant été rendu à la liberté, il revint en Pologne, renia les sentiments patriotiques de sa famille, se montra partisan des Russes, prit part au complot de Targowiça, se conduisit d’une façon peu honorable à la diète de Grodno (1793) et termina son existence en Wolhynie.


PULAWY, ville de la Russie d’Europe (Pologne), gouvernement et à 42 kilom. N.-O. de Lublin, sur la Vistule ; 4,000 hab. Là se trouve un beau château qui appartenait primitivement au grand général de la couronne, Adam Sieniawski, et qui fut brûlé par les troupes de Charles XII de Suède. Pulawy devint, en 1730, un des nombreux domaines des princes Czartoryski qui, à cette époque, le relevèrent de ses ruines et, plus tard, réparèrent les dévastations commises par les Russes en 1831. Il doit surtout beaucoup à la princesse Isabelle Fleming, qui s’attacha à y rassembler les objets les plus précieux au point de vue historique et archéologique. Les jardins, d’un dessin admirable, contiennent une multitude de statues, de grottes mystérieuses, de labyrinthes, et un temple de la Sibylle, imitation de celui de Tivoli, construit sur une hauteur ; là se trouve un véritable musée, ouvert à toutes les gloires, à toutes les illustrations de la patrie ; la Pologne y retrouve avec orgueil et respect une représentation animée des diverses pages de ses annales. C’est là qu’on voit les dépouilles mortelles de Boleslas le Grand, le sabre de Wladislas Lokiétek, la table sur laquelle Casimir le Grand rendit tant de décisions importantes, un drapeau brodé par la reine Hedwige, deux épées d’une forme remarquable, hommage des chevaliers teutons à Wladislas Jagellon ; les cendres de l’immortel Copernic, créateur du nouveau système du monde ; l’armure des Sigismond, les flèches de Tarnowski, le crâne de Jean Kochanowski, le prince des poëtes polonais ; le glaive donné par Grégoire III à Étienne Bathori pour combattre les infidèles, les trophées et les restes de Jean Zamoyski, la tête de l’illustre Zolkiewski, rachetée aux Turcs par sa femme moyennant 2,400,000 francs (1620) ; le bras droit du vaillant Czamiecki, la bague de l’écusson de Chodkiewicz, etc.

Au sortir du temple de la Sibylle, on trouve une charmante maison gothique, dont les murs extérieurs offrent une brillante incrustation de pierres rares provenant de toutes les parties du globe ; le coup d’œil en est très-curieux. Le poëte français Delille, qui visita Pulawy, a célébré dans ses écrits ce lieu vraiment enchanteur : « J’ai cru, dit-il, que je trouverais dans ce pays des Sarnates habillés en peau d’ours, le bâton à la main et menant la vie errante des nomades ; j’ai trouvé Athènes sur les bords de la Vistule ! »


PULCHÉRIE (Ælia PULCHERIA Augusta), célèbre impératrice d’Orient, née à Constantinople en 399, morte en 453. Elle était fille de l’empereur Arcadius et d’Eudoxie et l’aînée de leurs cinq enfants. Elle avait neuf ans à la mort d’Arcadius ; son frère, moins âgé qu’elle de deux ans et proclamé empereur sous le nom de Théodose II, était trop jeune pour exercer le pouvoir, et la régence fut confiée à Anthémius, qui gouverna jusqu’en 414. À cette époque, Théodose fut déclaré majeur, mais ce fut en réalité sa sœur qui régna sous son nom. Le monarque, élevé en moine, absorbé dans les pratiques d’une dévotion minutieuse, occupé à copier des missels en calligraphe émérite, lui abandonna toute la direction des affaires. Pulchérie était intelligente, habile et ambitieuse. Elle se fit déclarer Augusta, c’est-à-dire impératrice (415), choisit de sa main une femme pour son frère, de façon à n’avoir pas à craindre de ce côté une prépondérance politique, et éleva dans ce but au rang d’impératrice la fille du sophiste grec Léontius, la belle et savante Athénaïs, à condition qu’elle recevrait le baptême. Athénaïs y consentit et reçut le nom d’Eudoxie. La bonne intelligence des deux impératrices dura vingt années et, pendant ce laps de temps, Pulchérie conserva l’empire, sans qu’aucune intrigue de palais réussît à l’écarter. Ce fut elle qui engagea Théodose à faire réunir le fameux corps de droit connu sous le nom de Code théodosien, la seule gloire de son règne ; qui conduisit, du fond de son palais, la guerre contre les Perses, les négociations qui y mirent fin en 423, puis l’intervention de l’empire d’Orient dans les affaires de l’Italie lorsqu’il s’agit d’assurer le trône d’Occident à Valentinien III contre Jean, son compétiteur. Elle eut aussi à s’occuper des Huns, qui ne menaçaient pas encore directement Constantinople, mais dont la situation sur le bas Danube était inquiétante. Jusqu’en 443, son influence sur le faible Théodose II ne fut contre-balancée par personne et, en dehors des affaires de l’État, se livrant à son goût pour la dévotion et pour les discussions religieuses, elle trouva encore moyen de se faire révérer comme une sainte par les Pères de l’Église en combattant les nestoriens et les eutychiens. « Elle fit vœu de rester vierge, dit Gibbon, et sa résolution, adoptée par ses deux sœurs, Arcadie et Marine, fut célébrée par les chrétiens comme le plus sublime effort de la piété. En présence du peuple et du clergé, les trois sœurs d’Arcadius (Flacille, la fille aînée de Théodose, était marte à cette époque) dédièrent à Dieu leur virginité ; ce vœu solennel fut inscrit sur des tablettes d’or, enrichies de diamants, dont les princesses firent publiquement l’offrande dans la cathédrale de Constantinople. Le palais devint un monastère et tous les hommes, excepté ceux qui dirigeaient la conscience des princesses, en furent scrupuleusement exclus. Pulchérie, ses deux sœurs et une suite choisie de filles d’une naissance distinguée formèrent une communauté religieuse et renoncèrent aux plaisirs mondains de la parure. Malgré la frugalité de leur diète ordinaire, elles jeûnaient souvent et employaient aux ouvrages de broderie le temps qu’elles ne passaient point en prières. » À toutes ces pratiques du fanatisme religieux, il faut joindre des libéralités nombreuses. L’histoire ecclésiastique donne le détail des églises magnifiques que l’impératrice fit construire dans toutes les provinces de l’Orient, de ses fondations de bienfaisance en faveur des pauvres et des étrangers, des donations considérables qu’elle fit aux monastères et de ses pieux efforts pour détruire les hérésies opposées d’Eutychès et de Nestorius. Il parait pourtant que sa chasteté n’était pas à l’abri de tout soupçon, car les nestoriens attribuaient l’antipathie qu’elle avait pour eux au blâme qu’ils lui avaient infligé pour ses familiarités indécentes avec Paulin, accusé aussi d’être l’amant d’Eudoxie, et à l’inceste qu’ils lui reprochaient d’avoir commis avec son frère, l’empereur Théodose.

Quoi qu’il en soit, la légende rapporte que sa piété fut agréable au Seigneur et qu’elle obtint, en retour, le don de connaître l’avenir et de découvrir les corps saints. Quarante-cinq martyrs avaient été inhumés dans un jardin de Constantinople, et depuis on avait construit près de cet ossuaire un monastère de religieux macédoniens, mais les reliques étaient totalement oubliées ; Pulchérie en reçut avis en songe, dirigea les fouilles et les corps furent trouvés juste à l’endroit indiqué par elle. L’Église célébra le fait en grande pompe et en fit un miracle.

Jusqu’alors Pulchérie avait été la véritable souveraine de l’empire d’Orient sous le nom de Théodose II ; vers 443, son influence baissa devant celle de l’impératrice Eudoxie. Les deux femmes étaient jalouses l’une de l’autre, ce qui tenait peut-être à ce qu’elles avaient le même amant, le beau Paulinus. Pulchérie profita de l’ascendant qu’elle avait sur son frère, habitué à signer, sans les lire, les actes qu’elle lui soumettait, et lui fit signer un contrat par lequel il déclarait vendre sa femme. L’empereur trouva la plaisanterie un peu forte et, se rapprochant d’Eudoxie, lui confia la direction des affaires (443-450). Eudoxie, aidée de l’eunuque Chrysaphius, grand maître du palais, s’ingénia surtout à détruire l’œuvre religieuse de sa rivale, fit exiler le patriarche de Constantinople qu’elle protégeait, rappela Eutychès, banni comme hérésiarque, et obtint enfin l’exil de Pulchérie (447). Celle-ci avait conservé un grand nombre de-partisans ; les querelles religieuses s’étant exaspérées à la suite du concile tenu à Constantinople par les eutychiens (449), l’empereur exila Eudoxie, qui se retira à Jérusalem, et rappela Pulchérie ; il mourut, du reste, l’année suivante, laissant sa sœur impératrice d’Orient. Pulchérie partagea aussitôt le pouvoir avec un vieux sénateur, Marcien, qui lui succéda comme empereur à sa mort, en 453. « Cette princesse, dit Voltaire, après la mort de Théodose le Jeune, épousa un vieux militaire, aussi peu fait pour gouverner que Théodose ; elle en fit son premier domestique sous le nom d’empereur. C’était un homme qui n’avait su se conduire ni dans la guerre ni dans la paix. Il avait été longtemps prisonnier de Genséric, et, quand il fut sur le trône, il ne se mêla que des querelles des eutychiens et des nestoriens. On sent un mouvement d’indignation quand on lit dans la continuation de l’Histoire romaine de Laurent Echard le puéril et honteux éloge de Pulchérie et de Marcien : « Pulchérie dont les vertus, dit l’auteur, avaient mérité la confiance de tout l’empire, offrit la couronne à Marcien, pourvu qu’il voulût l’épouser et qu’il la laissât fidèle à son vœu de virginité. »

« Quelle pitié ! il fallait dire, pourvu qu’il la laissât demeurer fidèle à son vœu d’ambition et d’avarice : elle avait cinquante ans et Marcien soixante-dix. »

Il y a quelques erreurs dans ce jugement, trop peu favorable à Marcien ; il était moins âgé que ne le fait Voltaire et il montra de l’habileté dans l’administration de l’empire. Pulchérie mourut fort attachée à l’Église orthodoxe ; elle avait pris la plus grande part à la convocation du concile d’Éphèse, qui condamna la doctrine de Nestorius, et, à cette occasion, elle fit ériger une basilique dédiée à la Mère de Dieu ; beaucoup d’autres églises furent encore fondées par elle, ainsi que des hôpitaux et des monastères. L’Église, pour la récompenser, l’a honorée du titre de Gardienne de la foi, de Nouvelle Hélène, et l’a mise au nombre de ses saintes ; on célèbre sa fête le 11 septembre.


Pulchérie, tragédie de Corneille, une des dernières de notre grand tragique (Comédie-Française, 1672). Corneille a pris pour sujet la fin de la vie de l’impératrice d’Orient, son mariage avec Marcien.

Il est permis à un poète d’ennoblir ses personnages et de modifier l’histoire, surtout l’histoire de ces temps de confusion et de faiblesse. Corneille a usé de ce privilège, et voici la fable qu’il a tirée de ce canevas historique, en rajeunissant de beaucoup ses principaux personnages. Le sénat presse Pulchérie de se choisir un époux, et Léon, qui devait plus tard succéder à Marcien et que ses qualités firent surnommer Léon le Grand, Léon compte monter sur le trône avec elle, car il l’aime et en est aimé. Si Pulchérie n’écoutait que son cœur, tel serait son choix ;