Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/RESSÉGUIER (Albert, comte DE), homme politique français, fils du comte Jules

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Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 3p. 1045).

RESSÉGU1ER (Albert, comte de), homme politique français, fils du comte Jules, né à Toulouse en 1816. Il fit ses études de droit à Paris, puis fit un voyage en Allemagne, dont il visita les principales universités, et, de retour en France, il s’occupa de travaux littéraires. Très-attaché, comme son père, à la légitimité et au catholicisme, il écrivit des articles dans diverses feuilles religieuses, traduisit en français l’Athanase de Goerres (1838) et travailla à la Vie des saints publiée par Dellaye en 1845. L’opposition qu’il avait constamment faite à la monarchie de Juillet lui valut d’être nommé, le 13 mai 1849, représentant du peuple à la Législative, dans le département des Basses-Pyrénées, par 32,798 voix. M. de Rességuier alla siéger dans le groupe des légitimistes. Il s’associa à la croisade faite par la majorité réactionnaire contre la république, vota l’état de siège, la loi contre les clubs, les autorisations de poursuites, la loi du 31 mai, qui mutilait le suffrage universel, en un mot toutes les mesures compressives proposées par le pouvoir exécutif, et se fit remarquer par quelques propositions. C’est ainsi qu’il demanda la réduction de l’indemnité donnée aux représentants, la liberté d’Abd-el-Kader, des modifications au régime forestier, fit adopter diverses mesures relatives à l’Algérie, etc. En 1851, il se joignit à la partie de la majorité qui cessa d’appuyer la politique présidentielle, vota la proposition des questeurs et, lors du coup d’État du 2 décembre, il se réunit aux représentants qui signèrent à la mairie du Xe arrondissement le décret déclarant Louis Bonaparte déchu de la présidence de la république. Arrêté et conduit au Mont-Valérien, il fut relâché peu après et rentra dans la vie privée. Sous l’Empire, M. de Rességuier devint conseiller général des Basses-Pyrénées et fit une opposition constante au pouvoir. Il fut à cette époque un des membres les plus actifs du parti catholique dit libéral et contribua à la création de divers comités d’organisation ou de propagande religieuse, notamment à celui du denier de saint Pierre. Se trouvant à Paris lors de l’investissement de cette ville par les années allemandes en septembre 1870, il devint membre de la Société internationale de secours aux blessés. Lorsqu’il quitta Paris, le 9 février 1871, il apprit qu’il avait été nommé, la veille, député à l’Assemblée nationale, dans le département du Gers, par 57,535 voix.

M. de Rességuier se rendit alors à Bordeaux, où il alla grossir le nombre d«s députés légitimistes. Il y vota les préliminaires de paix et la déchéance de l’Empire, et, dans la mémorable séance du 1er mars, il se livra envers M. Conti, qui-se maintenait à la tribune pour y défendre l’Empire, à des interpellations qui furent très-remarquées. Après l’installation de l’Assemblée à Versailles, le député du Gers se fit inscrire à la réunion des Réservoirs et, fidèle a tous ses antécédents, il n’a cessé depuis lors de se prononcer pour toutes les mesures de réaction. Il a voté pour l’abrogation des lois frappant d’exil la famille des Bourbons, la validation de l’élection des princes d’Orléans, le pouvoir constituant de l’Assemblée, pour l’installation des ministères à Versailles, contre le retour de la Chambre à Paris, contre M. Thiers le 24 mai 1873, etc., et devint alors un des fermes champions de la politique de compression à outrance inaugurée par M. de Broglie. Au commencement de cette même année, il avait été chargé de faire un rapport sur les faits qui s’étaient passés dans la Haute-Garonne sous le gouvernement de la Défense. Lors des menées monarchiques pour la restauration d’un gouvernement de droit divin, il publia une lettre (septembre 1873) dans laquelle il annonça que la réconciliation des petits-fils de Henri IV avait cimenté l’alliance des deux fractions monarchiques, « que rien ne séparait plus désormais, » et que l’Assemblée devait donner au pays, après la reprise de ses travaux, « des institutions conformes au génie national. » Après l’avortement de ses espérances, M. de Rességuier vota la constitution du septennat (19 novembre). Le 6 juin 1874, il devint membre de la commission des Trente et, au mois de septembre suivant, il déclara dans une lettre que, tout en maintenant « les principes dont l’abandon a causé nos malheurs, » il était disposé à voter les lois constitutionnelles, le septennat étant, à ses yeux, « un acheminement vers la monarchie » et « le noviciat de nos institutions définitives. » Mais, lors du vote de ces lois constitutionnelles, qui vinrent porter le dernier coup aux espérances monarchiques en constituant le gouvernement républicain, M. de Rességuier se joignit à la minorité qui essaya vainement de s’opposer à leur adoption (25 février 1875).