Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ROUX (Jacques), révolutionnaire français

La bibliothèque libre.
Administration du grand dictionnaire universel (13, part. 4p. 1477).

ROUX (Jacques), révolutionnaire français, mort en 1794. Il était, en 1789, prêtre attaché à la paroisse Saint-Nicolas, à Paris. Roux se fit d’abord remarquer par des sermons patriotiques, dont plusieurs furent imprimés, et il s’intitula ensuite le Prédicateur des sans-culottes. Un des premiers, il renonça à la prêtrise. Devenu membre de la Commune insurrectionnelle du 10 août 1792 et confirmé par l’élection, il fut un des commissaires chargés de conduire Louis XVI à l’échafaud et de dresser procès-verbal de l’exécution. C’est lui qui, lorsque le roi eut cessé d’exister, fit à la Convention le rapport sur ses derniers moments. Un mois après, le 25 février 1793, une sorte de pillage ayant eu lieu chez les épiciers de Paris, on accusa Jacques Roux d’en être l’instigateur ; la section des Gravilliers déclara même qu’il avait perdu sa confiance ; mais Roux parvint à se justifier pleinement de cette accusation. Il devint, après le 31 mai, l’historiographe de la commune de Paris, qui lui donna pour mission de composer une relation de cette journée et de rédiger le journal-affiche publié pour rendre compte des séances du conseil ; mais il perdit bientôt ces fonctions. Le 25 juin, il se présenta à la barre de la Convention comme orateur de plusieurs sections réunies ; son langage fut si peu mesuré, si extravagant, qu’il fut désavoué par ceux qui l’accompagnaient et chassé de la salle. Les révolutionnaires les plus chauds, les cordeliers, la Commune elle-même le répudièrent comme un exagéré. Jacques Roux était une de ces têtes incandescentes, désordonnées, comme il s’en trouve dans toutes les révolutions. Sa turbulence lui tenait lieu de principes ; en renchérissant sur les idées des autres, il se croyait plus avancé qu’eux. Il entreprit de continuer le journal de Marat, dont il se disait l’élève ; mais il débita tant de sottises dans sa feuille, que la veuve de l’Ami du peuple le dénonça à la barre de la Convention comme déshonorant la mémoire de son mari (8 août). Arrêté quatorze jours après, traduit devant la police, qui se déclara incompétente, puis condamné à mort par le tribunal révolutionnaire le 15 janvier 1794, il se frappa de cinq coups de couteau en entendant prononcer son arrêt et fut transporté, couvert de sang, à Bicêtre, où il expira.