Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Smérinthe s. m.

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Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 2p. 788).

SMÉRINTHE s. m. (smé-rain-te — du gr. smêrinthos ou mérinlhos, petite corde ; de mêruô, lier). Entom. Genre d’insectes lépidoptères crépusculaires, de la tribu des sphingides, formé aux dépens des sphinx, et comprenant plusieurs espèces, dont quatre vivent en Europe.

— Encycl. Les smérinthes sont caractérisés par des antennes flexueuses, peu renflées au milieu, fortement dentées ou crénelées, surtout chez les mâles ; la tète petite et enfoncée dans le corselet ; le chaperon et les yeux petits et peu saillants ; les palpes sont très-courtes et arrondies ; la trompe rudimentaire ou presque nulle ; le corselet arrondi et velu ; l’abdomen cylindro-conique, à extrémité relevée chez les mâles ; les ailes dentées, les ailes antérieures en forme de faux. Les chenilles sont cylindriques, atténuées en avant, rugueuses ou chagrinées et rayées obliquement de chaque côté du corps. Les chrysalides sont cylindre-coniques, avec une pointe anale simple. Ces lépidoptères ressemblent beaucoup aux sphinx proprement dits et leurs métamorphoses sont à peu près les mêmes ; ils en diffèrent toutefois en ce que leurs ailes inférieures sont dépourvues de crochets et débordent les ailes supérieures dans le repos.

Les smérinthes, que leur aspect extérieur a fait appeler sphinx-bourdons, sont des insectes lourds et paresseux ; ils volent après le coucher du soleil ; à l’état de repos, leurs ailes sont dans une position horizontale. Les chenilles, qui ont la tète triangulaire et une corne à la partie postérieure du corps, vivent à découvert sur les végétaux et s’enfoncent en terre pour se métamorphoser, sans tiler de cocon. Par leur organisation et leurs mœurs, ees lépidoptères furment le passage des crépusculaires aux nocturnes. Les espèces de ce genre sont peu nombreuses et l’Europe n’en possède que cinq.

Le smérinthe du tilleul a environ 0">,07 d’envergure ; ses ailes sont anguleuses et découpées ; les ailes antérieures d’un gris verdâtre, avec des taches brunes sur le milieu et le bord externe d’une teinte verte plus prononcée ; les ailes inférieures d’un fauve verdàtre ; la tête verte ; le corselet gris, avec trois raies verdâtres ; l’abdomen gris, lavé do vert. Il présente quelques variétés dans les nuances. La chenille est chagrinée, verte, avec sept lignes obliques blanchâtres et les stigmates orangés. Elle vit sur le tilleul, l’orme, le marronnier d’Inde, le châtaignier ; mais on la trouve principalement sur l’orme, depuis la mi-août jusqu’à la fin de septembre. Le papillon ne donne qu’une fois par an ; mais on le rencontre durant les deux mois de mai et de juin. Il est très-répandu dans toute l’Europe, où règne une douce température ; c’est une des espèces les plus communes aux environs et à l’intérieur de Paris ; ou en trouve tous les ans un grand nombre sur les arbres des boulevards.

Le smérinthe ocellé, vulgairement nommé demi-paon, «environ om,08 d’envergure ; les ailes anguleuses, les ailes supérieures brunes, les ailes inférieures rouge foncé, avec une tache ou œil noir, à iris bleu ; le corps grisâtre, l’abdomen brun, avec des bandes rouges en dessous. La chenille est rugueuse et chagrinée, verte sur le dos, vert bleuâtre sur les tluncs, avec sept lignes obliques blanches et la corne caudale bleue. Elle vit sur les saules, les peupliers et quelques arbres fruitiers de la famille des rosacées. Elle u pris d’ordinaire tout son accroissement à la fin d’août, quelquefois plus tôt, et s’enfonce dans le sol pour se transformer en chrysalide. Celles qui vivent Sur les vieux saules ne prennent pas la peine de descendre jusqu’à terre pour cela ; elles se métamorphosent en chrysalides dans le terreau ou dans les détritus dont la tête de ces arbres est presque toujours remplie.


La chrysalide passe l’hiver ; le papillon n’en sort qu’à la fin d’avril et se trouve en mai et juin. Néanmoins, quelques individus précoces éclosent dès le mois de septembre. Ce papillon se trouve dans une grande partie de l’Europe et est assez commun aux environs de Paris.

Le smérinthe du peuplier est k peu près de la taille du précédent ; ses ailes sont d’un gris brun ou roussâtre, avec quelques raies plus foncées. La chenille est rugueuse, verte et tachée de jaune. Elle vit sur les peupliers, les saules et les bouleaux. On la trouve depuis juillet jusqu’en octobre. Le papillon parait deux fois dans le courant de l’année, nu pYintemps et vers la fin de l’été. Cette espèce est répandue dans toute l’Europe, mais surtout dans le Nerd. Le smérinthe du tremble, qui lui ressemble beaucoup, n’a jusqu’à présent été trouvé qu’en Russie.

Le smérinthe du chêne aies ailes supérieures d’un gris cendré et les ailes inférieures chamois. La chenille est d’un vert très-clair, blanchâtre sur le dos, avec sept raies obliques d’un vert foncé. Cette espèce habite surtout le midi de la France, où elle vit exclusivement sur le chêne vert. On la trouve également en Autriche et en Hongrie, sur les chênes ordinaires. On la rencontre en août et septembre. Elle passe k l’état de chrysalide dans la terre, sous la mousse, et donne son papillon au mois de mai suivant.