Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/TARGET (Gui-Jean-Baptiste), jurisconsulte et constituant célèbre

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Administration du grand dictionnaire universel (14, part. 4p. 1475).

TARGET (Gui-Jean-Baptiste), jurisconsulte et constituant célèbre, né à Paris en 1733, mort à Molières (Seine-et-Oise) en 1807. Il était, avant la Révolution, une des gloires du barreau de Paris, dont il faisait partie depuis 1752. Inférieur à Gerbier comme orateur, il le surpassait comme avocat consultant. Il fit de l’opposition au parlement Maupeou (1771) et attaqua vivement les constitutions des jésuites. Lors de l’affaire du collier, il prit, dans un factum, la défense du cardinal de Rohan. Un Mémoire sur l’état des protestants en France, qu’il publia en 1787, fut remarqué parmi les nombreux écrits dans lesquels on demandait alors que les réformés fussent remis en possession de leurs droits civils. Elu député aux étals généraux par la prévôté de Paris en 1789, il en devint président en 1790, se montra dans cette assem TARG

blée un des plus ardents démolisseurs de l’ancien ordre de choses et eut une très-giande part à la rédaction de l’acte constitutionnel. Il se prononça pour l’unité du

Corps législatif, pour la garantie de la dette, pour la suppression des parlements, le maintien des bailliages, la suppression des vœux monastiques, pour la division de la France en départements, pour le veto suspensif pendant deux législatures, suivit en général la ligne politique de Sieyès, défendit avec chaleur la Déclaration des droits de l’homme et fit régler le cérémonial de la Fédération du 14 juillet. Aussi devint-il l’objet de vives attaques de la part des monarchistes purs. Ceux-ci firent pleuvoir sur lui des pamphlets, sous les titres piquants de Bulletin des couches de M. Target, père et mère de la Constilution ; Belevailles, rechute et nouvelle conception de M. Target, etc. Son éloquence ampoulée fut aussi l’objet de leurs railleries ; ils citaient de lui cet étonnant pléonasme qui lui était échappé à la tribune : « L’Assemblée ne veut que la paix et la concorde, suivies du calme et de la tranquillité. • Dégoûté par toutes ces épigramtnes, il s’effaça presque entièrement vers ia fin de la session et exerça avec zèle les fonctions de juge, puis de président de l’un des tribunaux de Paris, qui lui avaient été confiées en 1791. En décembre 1792, Louis XVI le désigna pour l’un de ses défenseurs ; mais, dans la crainte d’être compromis, Target refusa, en alléguant l’état de sa santé, dans une lettre adressée à la Convention et signée : le répubiieaiu Targei. Il remplit, pendant la l’erreur, l’humble fonction île secrétaire du comité révolutionnaire de sa section. Membre de l’Académie française depuis 1785, il fut admis à l’Institut en 1795 et devint membre du tribunal de cassation en 1798. I ! contribua puissamment à la rédaction du code civil, en qualité de commissaire chargé de l’examen du projet de ce code, puis fut un des cinq membres de la cour de cassation désignés par le gouvernement consulaire pour rédiger un projet de code criminel et en soutenir la discussion près du conseil d’État. Indépendamment d’un grand nombre de discours, de mémoires et de rapports, on lui doit : Lettre d’un homme à un autre homme sur l’extinction de l’ancien parlement et la création d’un nouveau (Paris, 1771, in-12), un des meilleurs écrits de polémique publiés à cette époque ; Observations sur le commerce des grains (Paris, 1776, in-12) ; Mémoire sur l’état des protestants en France (Parts, 1787), fort bien fait ; Ma pétition au cahier du bailliage, etc. (1783, in-8°) ; Cahiers du tiers état de la ville de Paris (1789, in-8°) ; les États généraux convoqués par’ Louis 'XVI (1789) ; Esprit des cahiers présentés aux états généraux (1789, 2 vol. in-8°) ; Projet de déclaration des droits de l’homme en société (1789). On trouve plusieurs de ses discours insérés dans les Annales du barreau français et dans le Barreau français. Ses Œuvres choisies ont été publiées en 1826 (in-8°), par M. Dumon, avocat, avec une notice biographique.