Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/VENDÔME, en latin Vindocinum, ville de France (Loir-et-Cher)

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Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 3p. 843-844).

VENDÔME, en latin Vindocinum, ville de France (Loir-et-Cher), ch.-l. d’arrond. et de cant., à 34 kilom. N.-O. de Blois, sur la rive droite du Loir ; pop. aggl., 6,838 hab. — pop.. tot. ; 9,259 hab. L’arrondissement comprend 8 cant., 109 comm. et 76,206 hab. Tribunal de Ire instance, justice de paix, lycée national ; bibliothèque publique. Tanneries, mégisserie, papeterie ; fabrication de gants de peau, bonneterie, cotonnades. Commerce de bestiaux, grains, vins et fourrages. La ville s’élève agréablement au pied d’un coteau couvert de vignes et dont le Loir baigne la base ; elle est bien bâtie, bien percée et dominée par les ruines pittoresques du château des anciens ducs de Vendôme. On y trouve quelques monuments remarquables au point de vue de l’histoire et de l’archéologie. En première ligne, il faut placer le château. Grâce à l’avarice du cardinal de Fleury, qui refusa sous Louis XV une somme de 100 fr., montant d’une toiture qui l’aurait préservé des injures de l’air, le château de Vendôme (monument historique) n’est plus aujourd’hui qu’une pittoresque ruine. Il s’élève sur une hauteur dominant la ville, dont il était encore séparé au XVIIe siècle par une rampe coupée de trois grandes portes en arcades qui n’existent plus. Les débris des murs d’enceinte, des bâtiments d’habitation et des tours de défense, importants par leur masse gigantesque, n’offrent guère au point de vue architectural qu’un intérêt secondaire. Tout ce qui reste de l’enceinte et des tours du côté du sud remonte à Geoffroy-Martel ; il en est de même du donjon, dit aussi tour de Poitiers, morceau capital du château, car c’est le seul qui se soit conservé à peu près intact jusqu’à nous ; c’est un des monuments les plus curieux que nous ait légués le moyen âge. « Ce n’est point, dit M. de Pétigny dans son Histoire archéologigue du Vendômois, une tour de défense comme on en voit tant dans les châteaux ruinés. C’est une geôle construite avec un art infernal pour être la plus affreuse comme la plus sure des prisons. La tour a trois étages ; adossée au mur d’enceinte du château, elle forme un demi-cercle en saillie sur la ligne des remparts, et cette espèce de cylindre est coupée intérieurement par un carré d’épaisses murailles qui s’arrête au-dessous de l’étage supérieur ; dans les vides qui existent entre les côtés du carré et l’enceinte arrondie du mur extérieur, on avait pratiqué les cachots destinés à loger les prisonniers. Ces loges sont parfaitement conservées ; il y en a trois à chaque étage ; elles ont 1m,50 de hauteur, et leur longueur est de 1m,80 sur une largeur de 0m,50 ; ce sont, comme on voit, les dimensions d’un tombeau. Pratiquées dans l’épaisseur des murailles, elles n’avaient d’autre ouverture qu’une porte étroite et basse, communiquant avec une salle qui occupait le milieu du carré. Cette salle elle-même, au premier étage, ne recevait l’air ni le jour d’aucun côté ; on y entrait par un couloir percé dans le mur d’enceinte de la forteresse et fermé de deux portes dont la dernière s’ouvrait sur les bâtiments intérieurs du château aujourd’hui démoli. La distribution du second étage était la même ; seulement la salle intérieure recevait un peu de jour par un soupirail ouvert sur un étroit couloir communiquant avec le chemin de ronde qui couronnait les remparts. À son extrémité opposée, ce couloir aboutissait à un escalier de pierre par lequel on descendait jusqu’à l’entrée de la salle ; le même escalier conduisait à l’étage supérieur, qui n’était plus une prison ; là, on entrait dans une grande salle voûtée, éclairée par deux fenêtres étroites au dehors, mais très-évasées au dedans, avec une vaste cheminée à manteaux sculptés et des bancs de pierre dans les larges embrasures des fenêtres, d’où le seigneur pouvait contempler à son aise le magnifique paysage qu’on découvre de ce point élevé, tandis que ses captifs gémissaient sous ses pieds dans leurs ténébreux sépulcres. Le donjon se termine par une plate-forme ornée de mâchicoulis sculptés avec une sorte d’élégance. De là on aperçoit d’un côté la tour de Fréteval, de l’autre les châteaux de Lavardin et de Montoire et la tombelle de Troô ; c’est un horizon de 10 lieues qui embrasse la riante vallée du Loir, les plaines de la Beauce et les collines boisées du Perche. La hauteur totale de la tour est d’environ 20 mètres. On n’y peut pénétrer aujourd’hui qu’à l’aide d’une échelle par une ouverture percée dans la muraille, au niveau de l’étage inférieur, et fermée d’une double porte. » L’enceinte du château contenait jadis l’église collégiale de Saint-Georges ; on y voyait les tombeaux des ducs et comtes de Vendôme, détruits à la Révolution ; il n’en reste plus que des ruines aujourd’hui. En 1792, le château de Vendôme fut vendu comme bien national, et il allait être démoli en 1819 lorsque le comte de Beaumont, sous-préfet de Vendôme, l’acheta de ses deniers et en fit don à la ville. Une promenade publique a été dessinée depuis dans l’enceinte des ruines, dont une partie est occupée par un jardin particulier.

L’église de la Trinité, ancienne abbatiale, reconstruite du XVe au XVIe siècle, offre dans sa façade un remarquable spécimen du style ogival fleuri. La première pierre en fut posée par Marie de Luxembourg, et les travaux en furent exécutés sous la direction du Père de Jarnay, religieux de la Trinité. Un fronton aigu, entièrement découpé, surmonte le portail ; des clochetons à jour, reliés par une élégante balustrade qui fait le tour de l’édifice à la naissance du toit, flanquent le pignon à droite et à gauche. Deux étages d’arcs-boutants, découpés en dentelle, soutiennent de toutes parts les murs de la nef en s’appuyant eux-mêmes sur d’élégants contre-forts, ornés d’arcatures et de clochetons. L’église est surmontée, au point de rencontre de la nef et du chœur, d’une tourelle carrée supportant une petite flèche élancée. La tour véritable, haute de 80 mètres, s’élève à quelques mètres en avant et à droite de la façade. C’est, d’après M. Viollet-le-Duc, « une des plus belles constructions du XIIe siècle. Elle n’est surpassée que par celle du clocher vieux de la cathédrale de Chartres. Elle se compose de trois étages carrés et d’un étage octogonal flanqué aux angles de quatre clochetons ajourés, à toits coniques. De ce dernier étage s’élance une flèche en pierre, qui avait primitivement 30 mètres de hauteur. » Des arêtes fleuronnées, très-saillantes, séparent les diverses faces de la pyramide, et cette décoration se reproduit au milieu de chaque face sur les deux tiers environ de sa hauteur. En 1848, la foudre frappa le clocher et en abattit environ 10 mètres ; ce couronnement a depuis été rétabli. L’intérieur de l’église se compose de trois nefs (style du XVe au XVIe siècle), d’un transsept, d’un chœur aussi élevé que le vaisseau principal et de cinq chapelles absidiales. La nef principale se fait remarquer par sa légèreté, la hardiesse de sa voûte et son triforium. Le chœur et les chapelles absidiales ont conservé d’admirables vitraux du XVe siècle. Enfin, mentionnons qu’en 1839 les belles stalles du chœur, enlevées pendant la Révolution, ont été restituées à la Trinité.

Quant aux bâtiments de l’abbaye, ils sont aujourd’hui transformés en caserne de cavalerie. La salle du chapitre, ornée de gracieuses colonnettes et de quelques restes de peintures à fresque, en est lapartie la mieux conservée.

Hôtel de ville. Il occupe l’emplacement de l’ancien hôpital Saint-Jacques, dont il a conservé la chapelle, reconstruite en 1452 dans le style fleuri. C’est un imposant édifice de la fin du moyen âge. Sa façade se compose de deux grosses demi-tours rondes, réunies par un pavillon central. « À la naissance du toit, dit M. Joanne, règne une belle couronne de mâchicoulis et de créneaux, décorée au XVIe siècle de médaillons et d’écussons fleurdelisés. À la base du pavillon central s’ouvre une voûte en plein cintre, pour le passage de la route de Blois. Le premier étage n’était autrefois percé que de trois ou quatre baies en croix ; d’autres fenêtres y ont été ouvertes récemment, lors d’une restauration intérieure et extérieure de l’hôtel de ville. » L’édifice souffrit beaucoup pendant le siège dirigé par Henri IV, et on y voyait récemment encore les traces des balles et des boulets.

L’hôtel du gouverneur est une maison de la Renaissance avec tourelle carrée. Elle doit son nom au gouverneur Maillé-Benchart, exécuté à la suite du siège, et dont elle était l’habitation.

Enfin, citons encore : l’église de la Madeleine, surmontée d’une tour carrée et d’une flèche pyramidale, construite en 1474 grâce aux souscriptions volontaires des habitants et aux libéralités du duc ; la tour Saint-Martin, dernier reste de l’église du même nom, terminée par un étage octogonal et un campanile ; les ruines (XIe siècle) de l’église de Saint-Bienheuri et l’hôtel du Saillant.

À l’époque de la conquête de César, Vendôme (Vindocinum) n’était qu’une forteresse qui protégeait la frontière du territoire des Carnutes du côté des cités limitrophes du Mans et de Tours. Un bourg devait néanmoins s’abriter à l’ombre du fort. Saint Martin fut le premier qui y apporta l’Évangile, auquel, comme on sait, l’ouest de la France, siège principal des druides, fut longtemps rebelle (IVesiècle). Un siècle plus tard, le christianisme y était définitivement établi, et la première église de Vendôme, dédiée à son apôtre, l’illustre évêque de Tours, commençait à s’élever. En 507, Clovis traversa Vendôme en allant conquérir le royaume des Wisigoths. Le domaine, qui dépendait alors de la cité de Chartres, échut plus tard à Childebert, puis passa à Sigebert à la suite d’un nouveau partage. Vendôme n’a cessé de dépendre de Chartres, du moins dans l’ordre ecclésiastique, qu’en 1697, date de la création de l’évêché de Blois. Vendôme fut de bonne heure le siège d’un comté, dont on trouve mention pour la première fois dans une charte de Louis le Débonnaire. Le premier comte connu fut Bouchard, dit Rata-Pilata (chauve-souris), puis vint son fils, surnommé le Vénérable, ami et compagnon de Hugues Capet, qui lui fit épouser Élisabeth, veuve d’Aimon, comte de Corbeil. Bouchard II fut plus tard nommé comte de Paris, et son fils Renaud chancelier de France et évêque de la même ville. Tous deux moururent à peu de distance l’un de l’autre, et la famille s’éteignit avec le second. Le comté passa alors à une héritière indirecte, Adèle de Vendôme, fille du comte d’Anjou, Foulques Néra, et de la sœur de Renaud de Vendôme. Dépossédée de son domaine par un de ses enfants, elle appela Geoffroy Martel, son frère, à son aide ; Geoffroy accourut, mit l’armée du rebelle en déroute et entra dans Vendôme (1033). Le vainqueur, maître du Vendômois, s’en fit alors donner l’investiture par Henri Ier et signala son gouvernement par d’importantes fondations religieuses. En 1050, il rendit à son neveu Foulques le comté de Vendôme, qui resta depuis dans la famille des Bouchard sous la suzeraineté des comtes d’Anjou. Ce comté, à la suite de l’extinction de diverses races, se trouvait, au XIIe siècle, dans la maison de Preuilly, et, au XIIIe, dans celle des seigneurs de Montoire. En 1129, par le mariage de Geoffroy Plantagenet avec Mathilde, fille de Henri Ier il devint pays anglais, comme toutes nos provinces de l’ouest. En 1161, Thibaut, comte de Blois, vint mettre le siège devant Vendôme ; mais la courageuse défense du comte Jean Ier l’obligea à se retirer. Peu de temps après, le Vendômois, province frontière des rois anglais, dut à cette position exceptionnelle le triste honneur d’être fréquemment le théâtre de sanglants démêlés entre Philippe-Auguste et Richard Cœur de Lion. Le premier s’empara de la ville en 1188, mais elle retourna deux ans après sous l’obéissance de l’Angleterre. En 1194, une nouvelle attaque de Philippe-Auguste échoua, grâce à la prompte arrivée de Richard au secours des assiégés. Le roi de France perdit dans sa retraite un grand nombre d’hommes et presque tous ses bagages. La confiscation des domaines de Jean sans Peur, en faisant passer le comté d’Anjou dans les mains de Philippe-Auguste, rattacha enfin le Vendômois à la monarchie française, dont il ne fut plus séparé. En 1227, Blanche de Castille, régente du royaume, y conduisit Louis IX comme dans un asile sûr, et Vendôme lui ouvrit ses portes. Le parlement y fut convoqué, et c’est là que furent définitivement dissoutes les ligues, menaçantes au début, des grands vassaux. La guerre de Cent ans ne tarda pas à avoir à Vendôme un contre-coup funeste. En 1357, Louis, fils du roi Jean, comte d’Anjou, et, en cette qualité, suzerain du comté de Vendôme, fit élever autour de la ville, pour la protéger contre les bandes anglaises, les remparts dont on voit encore les débris. Les Anglais ne s’emparèrent pas moins de la place cinq ans plus tard (1562) et y restèrent jusqu’à l’Ascension, vexant les habitants et ruinant la ville. Ces événements n’empêchaient point les comtes de Vendôme de s’élever à un grand degré de puissance ; ils avaient pris part à la croisade des albigeois, en avaient rapporté, comme dépouille, la possession du comté de Castres et s’étaient alliés aux plus grandes familles de l’époque (d’Epernon, de Ponthieu, de Quillebœuf), agrandissant ainsi sans cesse leurs domaines quand, en 1364, le mariage de Bouchard VII avec Isabelle de Bourbon, comtesse de La Marche, rattacha pour toujours les Bourbons au Vendômois. Le dernier des Bouchard mourut en 1372, et Jean de Bourbon prit dès lors le titre de comte de Vendôme, du chef de sa femme, Catherine, sœur de Bouchard VII. Plus tard, la branche de Bourbon-Vendôme survécut seule à tous les autres rameaux de cette illustre famille, et le château de Vendôme devint le berceau de la race royale qui monta sur le trône avec Henri IV. Louis de Bourbon, comte de Vendôme, pendant les troubles du règne de Charles VI, suivit constamment le parti des ducs d’Orléans. En 1416, Isabeau de Bavière, chassée de Paris, vint se réfugier à Vendôme, alors privé de son comte, prisonnier des Anglais depuis la bataille d’Azincourt (1415). Louis de Bourbon ne revit la France qu’en 1429, après être parvenu à s’échapper de la Tour de Londres, où il était demeuré prisonnier près de quatorze ans. Son fils continua la tradition de fidélité de sa famille à la couronne de France, et ce fut sans doute cette certitude qui détermina, en 1458, Charles VII à tenir sa cour de parlement au château de Vendôme, pour le jugement du duc d’Alençon accusé de haute trahison. On connaît l’issue de ce procès (v. Alençon). Le règne du comte François de Bourbon inaugura pour Vendôme une ère de prospérité ; sans parler dès maintenant de l’impulsion artistique qu’y imprima bientôt la Renaissance, à aucune époque le commerce et l’industrie n’y furent plus florissants. « C’est merveille, dit l’ancien historien André Duchesne, du grand trafic de gants que cette ville fait, non-seulement par tout le royaume, mais encore ès contrées voisines. » On le voit, cette industrie vendômoise ne date pas d’hier. Marie de Luxembourg, femme de François, établit, en outre, à Vendôme une fabrique d’aiguilles et fit venir de Flandre d’habiles brodeuses pour former à ce métier les jeunes filles de la ville, qu’elle se plaisait à réunir autour d’elle, dirigeant et partageant leurs travaux. À la mort de François de Bourbon, à Verceil (1495), survenue pendant la campagne d’Italie où il avait suivi Charles VIII, sa veuve dirigea seule le gouvernement du comté pendant la minorité de son fils Charles et ne le laissa point péricliter. François Ier érigea le comté de Vendôme en duché-pairie (1515), en faveur de Charles de Bourbon. Ce premier duc de Vendôme mourut en 1536, gouverneur de la Picardie, d’où il dirigea presque constamment l’administration de son domaine, sans qu’il eût jamais à souffrir de cet éloignement. Antoine de Vendôme, époux de Jeanne d’Albret et, depuis, roi de Navarre, embrassa, comme on sait, avec ardeur la religion réformée ; il établit un prêche à Vendôme ; mais la ville, foncièrement catholique, ne fournit que peu de prosélytes au protestantisme. En 1560, François II, accompagné de Marie Stuart, traversa Vendôme en se rendant de Blois à Paris. Ce fut à Vendôme que se trama en partie, peu de temps après, la célèbre conjuration d’Ambroise (v. ce mot), dans le château même d’Antoine de Bourbon, et c’est en se rendant de Vendôme à Amboise que le plus actif des chefs du complot, La Renaudie, arrêté par les troupes royales, tomba percé de coups après une résistance désespérée. Le rôle que joua Antoine de Bourbon après cette conspiration avortée ne se rattache pas assez à la ville dont nous écrivons l’histoire pour que nous y insistions. Nous dirons seulement qu’aux plus mauvais.jours des guerres de religion Vendôme ne cessa, malgré le mauvais vouloir de ses habitants catholiques, mais grâce à l’énergie de Jeanne d’Albret, d’être un des plus importants quartiers généraux de la religion réformée. Un des heureux résultats de cette ferme administration fut d’empêcher la Saint-Barthélémy d’avoir son contre-coup à Vendôme. La mort de Jeanne d’Albret fit enfin respirer les catholiques vendômois qui, devenant intolérants suivant la coutume, firent fermer le prêche ouvert par Antoine de Bourbon. Les plaintes de Henri de Navarre (depuis Henri IV), héritier du duché, demeurèrent sans effet, et la Ligue acheva bientôt d’allumer dans Vendôme, comme dans la plupart des autres villes de France, une véritable guerre civile. La mort de Henri III y mit heureusement fin ; mais la ville ne se ressouvint de ses anciens engagements que contrainte par un siège long et opiniâtre ; Vendôme pris d’assaut par le roi de Navarre, irrité d’une résistance qu’il considérait avec justesse comme une trahison, fut, pendant trois jours, en proie à des scènes de dévastation et de carnage que Henri IV eut le tort de ne pas arrêter dès le début. Il souilla, en outre, son triomphe en faisant mettre à mort le gouverneur de la ville, Maillé-Benchart. Il s’en repentit, dit-on, ensuite, mais le mal était irréparable ; Vendôme ne se releva jamais du coup que lui porta cette funeste catastrophe ; son industrie s’éteignit pour ne plus revivre ; une partie de la population avait péri dans le siège ; une autre quitta ces lieux désolés, et de nombreux documents officiels des règnes de Louis XIII et de Louis XIV attestent que la misère y alla toujours croissant. On sait qu’en 1598 Henri IV fit à son fils naturel, César, né de la célèbre Gabrielle d’Estrées, donation solennelle du duché de Vendôme. Vingt ans plus tard, le nouveau duc, animé d’un zèle catholique que sa naissance rend assez bizarre à expliquer, fit fermer définitivement le prêche protestant de la ville, qu’il enrichit, en outre, de diverses fondations. En 1725, le duché de Vendôme, par la mort du grand prieur de l’ordre de Malte, frère du célèbre duc de Vendôme, le vainqueur de Villaviciosa (v. ci-après), fut réuni à la couronne. Vendôme prit une part peu active à la Révolution de 1789. Son nom aurait passé presque inaperçu dans les annales de cette grande époque, si le Directoire n’y avait installé, en 1796, la haute cour chargée de juger la prétendue conspiration qui aboutit à la condamnation à mort de Babeuf et de Darthé. Quarante-sept accusés étaient présents. Les deux condamnés, qui se frappèrent, comme on sait, chacun d’un coup de poignard à l’audience, furent traînés tout sanglants à l’échafaud, dressé sur la place d’Armes, en face de l’abbaye de la Trinité, où la haute cour tenait ses séances, et moururent courageusement en criant, au moment suprême : « Vive la République ! » Le 15 décembre 1870, le général Chanzy fut battu à Vendôme par le prince Frédéric-Charles et dut se replier sur Le Mans, pendant que la ville tombait au pouvoir des Prussiens.