Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/VIVIEN, héros de plusieurs chansons de geste du XIIIe siècle

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Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 3p. 1132).

VIVIEN, héros de plusieurs chansons de geste du XIIIe siècle, qui se rattachent au cycle de Guillaume au Court-Nez. Les deux principales sont : les Enfances Vivien et la Chevalerie Vivien. Garin d’Anséune, pris par les Sarrasins de Luserne, est soumis aux plus cruels tourments ; on lui demande pour rançon de livrer son jeune fils Vivien ; l’échange a lieu ; mais, peu de jours après, Vivien est enlevé aux Sarrasins par des pirates. Ceux-ci le vendent à une marchande, qui lui donne l’éducation en rapport avec sa profession ; cependant les instincts guerriers du fils d’une si noble race ne tardent pas à se manifester. Voyageant en Espagne en compagnie d’autres marchands, il se prend de querelle à Luserne avec les mécréants, les tue, les disperse et s’empare de la citadelle, où les Sarrasins l’assiègent. Le bruit de cette aventure se répand en France ; Garin d’Anséune découvre que le jeune marchand n’est autre que son propre fils, et il décide le roi Louis à lever une armée pour le secourir. Les Sarrasins sont battus, Vivien est délivré et Luserne livrée aux flammes.

Dans le second roman, la Chevalerie Vivien, le jeune homme est reçu chevalier par son oncle Guillaume ; c’est alors qu’il fait le serment de ne jamais reculer devant les Sarrasins de la longueur de 1 pied mesuré. Ensuite Vivien, n’écoutant plus que sa haine, rassemble bon nombre d écuyers et de chevaliers et s’avance sur le territoire ennemi. Ayant chassé les mécréants de la Provence, il envoie à l’amiral de Cordoue une nef chargée de 700 Sarrasins horriblement mutilés. Cet acte cruel est le signal d’un soulèvement général des populations sarrasines. La Provence est envahie par une armée innombrable. Vivien, lié par son serment de ne jamais reculer, ne se retire pas pour chercher du secours auprès de son oncle Guillaume. Il marche au-devant de l’ennemi. Une terrible bataille se livre dans la vaste plaine d’Aleschans ; blessé et aveuglé par le sang, Vivien va toujours de l’avant frappant au hasard, lorsqu’il se rencontre avec son oncle Guillaume qui, prévenu de sa situation critique, était venu à son aide avec une troupe de chevaliers ; l’oncle et le neveu se reconnaissent et s’embrassent. Cependant la chance de la bataille est contre les chrétiens ; ils se débandent et fuient. Vivien prie son oncle de le redresser sur son cheval, de resserrer les bandes qui retiennent ses entrailles ouvertes et de le lancer au milieu des plus épais bataillons sarrasins ; c’est là que le vaillant chevalier trouve la mort.

Ces deux poëmes, dont les auteurs sont inconnus, renferment des situations tragiques et des scènes vraiment grandes et belles.