Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/abatteur s. m.

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Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 13).

ABATTEUR s. m. (a-ba-teur — rad. abattre). Celui qui abat des arbres, etc. : Ce bûcheron est un grand abatteur de bois. (Acad.)

— Fig. Sert à exprimer énergiquement une idée de destruction, et se prend en bonne ou en mauvaise part, suivant la nature du complément : L’herbe serrée, reprend Alaric, l’abatteur d’hommes, se fauche mieux. (Chateaub.) Des ruines, c’est tout ce qu’ont laissé sur leur passage ces grands abatteurs de lois, de têtes et de monuments. (J. de Maist.) Le dix-huitième siècle, ce grand abatteur de préjugés, attaque cette opinion. (Rog. de Beauv.)

— Fam. Homme qui fait beaucoup d’ouvrage : Un grand abatteur de besogne. C’était un bon garçon et un rude abatteur d’ouvrage, au dire de tous ses compagnons. (G. Sand.) || Grand abatteur de bois, Vert galant : Henri IV a eu une quantité étrange de maîtresses ; il n’était pourtant pas grand abatteur de bois. (Tallem. des Réaux.)

Et chacun dit à haute voix :
O le grand abatteur de bois ! Scarron.

— Abatteur se dit aussi d’un homme très-adroit au jeu de quilles : C’est un grand abatteur de quilles.

Mais cette dernière expression s’emploie le plus souvent fam. pour désigner un homme qui a fait des choses difficiles, extraordinaires, ou qui se vante de prouesses qu’il n’a point faites : Quel abatteur de quilles !

Vous êtes, je vois bien, grand abatteur de quilles.
Régnier.