Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/abattu s. m.
ABATTU, UE (a-ba-tu) part. pass. du v. Abattre. Renversé, jeté à bas : Les statues de Néron furent abattues par l’ordre du sénat. Les bois abattus font place aux champs, aux pâturages, aux hameaux. (Boss.)
Sous le fer destructeur je les vis abattus.
— Tué : Perdrix abattue d’un coup de fusil.
Que de chiens abattus, mourants, morts et blessés !
— Coupé : Ma barbe fut abattue. (Am. de Bast.)
— Par ext. Vaincu, détruit : La république devait nécessairement périr, il n’était plus question que de savoir comment et par qui elle serait abattue. (Montesq.) Sous un si grand capitaine, les Thébains sont victorieux et la puissance de Lacédémone est abattue. (Boss.)
Ainsi que mon courage atteste ma vertu.
Roulent confusément l’un sur l’autre abattus.
— Accablé par la souffrance physique ou morale, découragé, anéanti : L’orgueil de Nabuchodonosor, quoique abattu par la main de Dieu, ne laisse pas de revivre dans ses successeurs. (Boss.) Il est abattu par la fièvre. Vous n’avez été ni éblouie par la gloire, ni abattue par l’adversité. (Fléch.) Le courage des troupes est abattu par la douleur et ranimé par la vengeance. (Fléch.) Phalante demeura épuisé et abattu d’un excès de douleur. (Fén.) Quand je vois mon semblable languissant, abattu, je lui tends la main. (Marmontel.) Les forces sont abattues par un long travail. (D’Aguess.)
Caïn prêt à tomber d’un pas pesant se traine.
Et le bonheur du crime insulte à la vertu.
— Qui exprime l’abattement : Il avait les yeux abattus, le teint plombé, le visage défait. (Marmontel.) Il se calma sur-le-champ, son expression devint soumise, humble et abattue. (Barante.)
Thamise ? et d’où te vient ce visage abattu ?
— Aller, courir à bride abattue, Au grand galop, à toute vitesse. Se dit indistinctement du cheval et du cavalier.
Cette expression vient de ce qu’on lâche la bride au cheval, de ce qu’on la laisse retomber, s’abattre.
— Par ext. Se dit aussi du piéton : Me voilà tout en nage ; je suis arrivé ici à bride abattue.