Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/ampoule s. f.

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Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 1p. 302).

AMPOULE s. f. (an-pou-le — du lat. ampulla, sorte de vase). Fiole, petite bouteille. Vieux et inusité en ce sens.

— Bot. Corpuscules globuleux et creux qui se développent sur les racines de certaines plantes aquatiques et leur procurent la faculté de surnager, u Ce nom s’applique aussi aux vésicules pleines d’air que présentent certaines hydrophytes ; par exemple, le fucus vesiculosus.-

— Conchyl. Nom vulgaire d’une grande espèce de bulle.

— Rhét. Emphase dans le style : L’ampoule ressemble à l’emphase, ma, is elle la dépasse. (Phil. Chasles.) Ce n’est pas que nous demandions des tartines emphatiques, toutes boursou-


fiées des ampoules de l’hyperbole. (Th. Gaut.)

— Chim. Nom donné à de petites fioles de verre, et en général à tous les vaisseaux qui ont un col assez long et un gros ventre, et que l’on emploie pour l’analyse élémentaire des substances organiques volatiles.

— Physiq. Globules creux en verre, de différents volumes, qui servent à divers usages.

— Anat. Nom donné par anal, aux dilatations, aux bosselures ou aux renflements que présentent certains organes, il S’applique d’une façon spéciale au renflement que chacun des canaux semi-circulaires de l’oreille interne présente à l’une de ses extrémités.

— Méd. Petite tumeur constituée par une accumulation de sérosité entre le derme et l’épiderme soulevé, il Prov. Np pas se faire d’ampoules aux mains, Travailler mollement.

— Encycl. Méd. On distingue en pathologie plusieurs espèces d’ampoules. Les ampoules qui provieurent d’une brûlure, d’une phlegmasie, prennent le nom de phlyetènes ; les ampoules qui caractérisent certaines maladies de peau reçoivent celui de vésicules quand elles sont petites comme dans Xeczéma, de bulles quand elles sont volumineuses comme dans le pemphigus. Celles qui viennent aux pieds et aux mains par suite d’une forte pression ou de frottements trop rudes, sont les ampoules proprentent dites. Dans le langage vulgaire, on leur donne souvent le nom de cloche et celui de pinçon, quand un peu de sang est mêlé à la sérosité.

Sainto Ampoule, vase sacré, conservé dans la cathédrale de Reims, et qui contenait l’huile intarissable qui servait au sacre des rois de France. Suivant une tradition, elle avait été apportée du ciel par une colombe, à la prière de saint Rémi, lors du baptême de Clovis, en 49G. Ni Grégoire de Tours, ni Frédégaire, ni Avitus, ni Flodoard, ni saint Rémi lui-même ne parlent de ce miracle, dont il est question pour la première fois dans les écrits d’Hincmar, archevêque de Reims, qui vivait au ixe siècle. L’huile de la sainte ampoule servit au sacre de nos rois jusqu’à la Révolution.

En 1793, le conventionnel Rùbl brisa cette relique à coups de marteau sur la place publique de Reims. Une parcelle du baume qu’elle contenait fut miraculeusement retrouvée pour le sacre de Charles X, en 1825, et renfermée dans une nouvelle ampoule enrichie de pierreries, que l’on conserve encore à Reims. La République de 1848 laissa tranquillement dans son antique tabernacle cette innocente futilité.