Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/anthologie s. f.

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Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 2p. 426-430).

ANTHOLOGIE s. f. (an-to-lo-jî — gr. anthologia ; formé de anthos, fleur ; legô, je cueille). Choix, collection de fleurs. Ne s’emploie guère au propre.

— Fig. Partie essentielle, crème, quintessence : La morale est l’anthologie de l’humanité. (Proudh.)

Dans un sens tout particulier, Recueil de morceaux choisis dans les œuvres des poëtes : L’anthologie grecque, latine, française, etc. M. de la Rochette nous donnera-t-il enfin cette anthologie ? (P.-L. Cour.)

Encycl. Le mot anthologie signifie, en général, un choix de pièces de vers ou de prose dans une langue quelconque, mais il est employé particulièrement pour désigner divers recueils d’épigrammes grecques.

Méléagre, natif de Gadara, en Syrie, composa, cent ans avant J.-C., la première anthologie grecque ; il donna à ce recueil le titre poétique de Couronne ou de Guirlande ( en gr. stephanos). Dans un petit poëme servant d’introduction, il compare chaque poëte à une fleur, Anyte au lis, Sapho à la rose ; il choisit avec goût dans le riche parterre de l’antiquité. Tous ces morceaux étaient empruntés à quarante-six auteurs : Anyte, Myris, Sapho, Mélanipide, Simonide, Nossis, Rhianus, Erinne, Alcée, Samillo, Léonidas, Manasalcès, Pamphile, Pancratès, Tymnés, Nicias, Euphane, Damagète, Callimaque, Euphorion, Hégésippe, Persée, Diotime, Ménécrate, Nicænète, Phaennus, Simmias, Parthénis, Bacchytide, Anacréon, Anthémius, Archiloque, Alexandre l’Eolien, Polyclétus, Polystrate, Antipater, Posidippe, Hédyle, Sicélidès, Platon le Grand, Aratus, Chérémon, Phédime, Antagoras, Théodoride et Phanias.

Voici un passage de la Couronne que Malte-Brun a essayé de traduire :

Muse, pour qui cette aimable guirlande,
Ces fleurs du Pinde, et ces fruits d’Hélicon ?
À Dioclès dédions cette offrande ;
De Méléagre il chérira ce don,
De mon amour éternel témoignage.
Va, Muse, va, porte-lui ton hommage,
Et nomme-lui tes immortelles fleurs :
Myris, Anyte, avancez, jeunes sœurs ;
Humble muguet, jonquille à peine éclose,
Lis virginal, Erinne, éclate au loin ;
Chez toi, Sapho, je cueillis avec soin
Peu de boutons, mais des boutons de rose.
............................................
Parmi ces fleurs paraît Anacréon ;
C’est de Bacchus la grappe parfumée,
Que de nectar arrosent tous les dieux.
Jeune palmier des monts de Palestine,
Antipater s’élance vers les cieux ;
Faut-il armer la rose d’une épine,
Tu la fournis, Archiloque fougueux.
………………………………
L’épi doré, c’est l’heureux Bacchylide ;
Aux champs du Pinde il en fit des moissons.
Viens, viens aussi, modeste Léonide,
Et de ton lierre enlace mes festons
.

Pendant la seconde moitié du premier siècle de l’ère chrétienne, deux siècles environ après Méléagre, le poète Philippe de Macédoine composa un autre recueil tiré seulement de quatorze poètes Antigone, Antipater, Antiphane, Antiphite, Automédon, Bianor, Cynagoras, Diodore, Evénus, Parménion, Philodème, Tullius et Zonas. Méléagre avait puisé tout son aise dans les six siècles d’Hésiode aux Ptolémées. Glaner après son devancier dans le champ de la poésie antique, et recueillir ce que la muse grecque avait produit depuis Méléagre, tel fut le travail de Philippe. Straton de Sardes, qui vivait sous Septime Sévère, fit à son tour une collection dans laquelle il n’admit que les épigrammes relatives à l’amour unisexuel ; il lui donna le titre effronté de Mousa paidiké. Enfin Agathias, un des meilleurs annalistes du siècle de Justinien, composa une quatrième anthologie, qu’il intitula Cercle (Kukios) ; elle contenait un choix fait dans les poëtes des cinq ou six premiers siècles de notre ère. Les anthologies de Méléagre, de Philippe et d’Agathias sont perdues, mais il est très-probable qu’elles sont en grande partie reproduites dans les deux recueils plus modernes qui nous restent.

De ces deux dernières anthologies, l’une est due à Constantin Céphalas, qui la composa au Xe siècle, l’autre à Maxime Planude, moine grec qui vivait quatre siècles plus tard. Sauvée des ruines de Constantinople par Jean Lascaris, celle-ci fut imprimée la première (1494). Le manuscrit de l’autre, celle de Céphalas, qui est plus complète et bien supérieure, ne fut trouvé qu’en 1616, par Saumaise, dans la bibliothèque palatine de Heidelberg. Ce recueil est de plus de sept cents épigrammes, formant environ trois mille vers. Il est divisé en cinq parties ou livres. La première et la seconde ne contiennent que des épigrammes excessivement licencieuses, dont quelques-unes sont curieuses comme détails de mœurs. La troisième a pour titre Epigrammata anathèmatica : c’est ainsi qu’on nommait les épigrammes qui servaient d’inscriptions aux offrandes que l’on faisait aux dieux. La quatrième ne contient que des épigrammes funéraires, des épitaphes. La cinquième, qui est la plus variée, renferme des épigrammes sur divers sujets. L’auteur du recueil les nomme epigrammata epidektika (épigrammes de luxe ou d’ostentation), c’est-à-dire où le poëte ne cherche qu’à faire briller son esprit.

Il faut bien remarquer que, chez les Grecs, le terme d’épigramme avait un sens beaucoup plus étendu que de nos jours. Dans l’origine, c’était, comme l’indique l’étymologie, une simple inscription, c’est-à-dire un ou plusieurs vers que l’on gravait sur le frontispice d’un temple, sous un trophée, sous une statue ou sur un tombeau. Plus tard, lorsque la simplicité naïve de l’épigramme grecque s’altéra pour faire place à l’élégant badinage d’un esprit plus raffiné, ce ne fut pas seulement aux traits de satire qu’on donna ce nom, mais aux éloges délicats, aux pensées originales, aux maximes finement exprimées de la morale, de la politesse et du goût. « L’épigramme grecque, dit l’Encyclopédie nouvelle, tenait à la fois du proverbe, de l’épigramme moderne et du madrigal. » En vieillissant, l’épigramme s’est de plus en plus éloignée de sa première innocence ; son humeur, qui déjà chez les Latins inclinait volontiers à la médisance ; est devenue chez nous exclusivement satirique.

Les anthologies de Céphalas et de Planude nous offrent une riche galerie de tableaux qui nous transportent au milieu de l’antiquité, et qui nous la révèlent dans sa force et dans sa grâce, dans ses habitudes intellectuelles et dans ses mœurs. La mythologie, l’histoire, les arts, les découvertes, fournissent les sujets, qui sont presque toujours traités avec une grâce et une précision admirables.

Nous donnerons ici quelques échantillons de cette curieuse collection.

épigrammes érotiques.

Je n’ai nulle envie d’épouser ni une jeune fille ni une vieille femme : l’une m’inspire de la pitié, et l’autre du respect. Je ne veux ni d’une grappe de verjus ni d’une grappe de raisin sec : la beauté qui est à point se trouve bien mieux faite pour la couche de Vénus. (Oneste.)


Un baiser est une douce chose : Qui dit le contraire ? Mais en demande-t-on le prix, le baiser devient plus amer que l’ellébore. (Cillactor.)

Catulle nous offre la même comparaison : Suaviolum tristi tristius elleboro.


Il y a eu l’âge d’or, l’âge d’argent, puis l’âge de fer : la Vénus d’aujourd’hui appartient à ces trois âges ; elle honore celui qui lui apporte de l’or, elle ne repousse pas celui qui lui offre de l’argent, elle accueille même celui qui n’a que de la monnaie de fer. (Antipater.)


Par ses charmes, Didymé m’a ravi mon cœur. Hélas ! je fonds comme de la cire en voyant combien elle est belle. Elle est noire, et qu’importe ? Les charbons aussi sont noirs ; mais quand ils sont en feu, ils brillent comme des calices de roses. (Asclépiade.)


Ni la rose n’a besoin de couronnes, ni toi de voiles brodés et de réseaux en pierreries. Les perles sont moins blanches que ta peau, et l’or n’ajoute aucun éclat à ta chevelure négligée. De l’hyacinthe indien jaillit un feu noir et charmant, mais moins vif que celui de tes prunelles. Tes lèvres si fraîches, ta taille harmonieuse et divine ont la puissance de la ceinture de Vénus. Je suis anéanti par tant de beautés ; tes yeux seuls me rassurent et me raniment, parce que la douce espérance y repose. (Paul le Silentiaire.)


Celle qui naguère était fière de sa beauté, qui secouait les nattes de ses beaux cheveux, qui marchait d’une allure altière, l’orgueilleuse qui se jouait de mes peines a perdu son prestige et ses grâces : ses mains se rident, son sein s’affaisse, ses sourcils s’éclaircissent, ses yeux s’éteignent, sa voix chevrote sur ses lèvres pâlies. Les cheveux blancs ! Je les appelle les vengeurs de l’Amour ; ce sont de bons justiciers, et, pour les coquettes, leur justice ne se fait pas attendre. (Agathias.)


On connaît cette jolie imitation d’une épigramme de l’Anthologie, par Voltaire, sur l’aventure de Léandre et d’Héro :

Léandre, conduit par l’amour,
En nageant disait à l’orage :
Laissez-moi gagner le rivage ;
Ne me noyez qu’à mon retour.

épigrammes votives.

Moi, cette fière Laïs, dont la Grèce était le jouet, et qui avais à ma porte un essaim de jeunes amants, je consacre à Vénus ce miroir, parce que je ne veux pas me voir telle que je suis, et que je ne peux pas me voir telle que j’étais. (Platon.)

Voici la fidèle et jolie traduction que Voltaire a donnée de cette épigramme :

Je le donne à Vénus, puisqu’elle est toujours belle ;
Il redouble trop mes ennuis.
Je ne saurais me voir en ce miroir fidèle
Ni telle que j’étais, ni telle que je suis.

Cette navette chargée de laine, instrument d’un famélique labeur, Betto l’a consacrée à Minerve, ayant pris en haine tous les travaux de lainage et l’art pénible du tisserand : « Minerve, dit-elle, j’embrasse le culte de Vénus, et contre toi je joins mon suffrage à celui de Pâris. » (....)


Callirhoé consacre à Vénus ses couronnes, à Minerve une natte de ses cheveux, à Diane sa ceinture parce qu’elle a trouvé le fiancé qu’elle voulait, parce qu’elle a passé honnêtement sa jeunesse, et qu’elle a mis au monde de beaux garçons. (Agathias.)


Le plomb qui trace des lignes droites, et la règle qui lui sert de guide, la pierre poreuse qui aiguise le bec émoussé des roseaux, l’encre et les roseaux qui révèlent les mystères de la pensée, la lame tranchante d’un canif, telles sont les offrandes que consacre à Mercure le vieux Philodème, dont la vue et ta main affaiblies par l’âge se trouvent affranchies des travaux de copiste. (Julien d’Egypte.)


épigrammes funéraires

Méprisant une vaine richesse, tu as appris à tes disciples à se contenter de peu, Zénon, vieillard au front vénérable ; auteur de mâles enseignements, tu as fondé par ton génie une doctrine mère de la fière indépendance. La Phénicie est ta patrie, et qu’importe ? Cadmus aussi était phénicien, et c’est à lui que la Grèce doit l’écriture. (……)


Je renferme Laïs, la belle citoyenne de Corinthe, qui vécut dans l’or et la pourpre et avec l’Amour, plus recherchée, plus délicate que Vénus elle-même, plus brillante que les blanches eaux de Pirène, la Cypris terrestre dont les fiers prétendants étaient plus nombreux que ceux de la jeune Tyndaride, et moissonnaient ses grâces et ses caresses achetées. Son tombeau même exhale une odeur de safran ; ses os sont encore imprégnés d’essences et de parfums ; de ses cheveux s’échappe un air embaumé. À sa mort, Vénus a déchiré ses belles joues, et l’Amour a poussé des cris plaintifs. Si sa couche n’eût pas été accessible à l’or de tous les Grecs, la Grèce se serait battue pour elle comme pour Hélène. (Antipater.)


Si quelqu’un demande où est le tombeau d’Alexandre de Macédoine, réponds : « Les deux continents d’Europe et d’Asie, voilà son tombeau. » (Addée.)


Etranger, va dire à Lacédémone que nous sommes morts ici pour obéir à ses lois. (Simonide.)


O Sparte, chère patrie, nous sommes les trois cents qui, après avoir combattu pour Thyrée contre le même nombre de descendants d’Inachus, avons quitté la vie sans détourner la tête, à la même place où nous avons engagé le combat. Sur le bouclier du fier Othryadas on lit, écrit avec son sang : « Jupiter, Thyrée est aux Lacédémoniens. » Si quelque Argien a échappé au trépas, c’est qu’il est du pays d’Adraste. Pour Sparte, ce n’est pas mourir, c’est fuir qui est la mort. (Simonide.)


Toutes trois nous sommes mortes, ô Milet, chère patrie, pour nous soustraire aux outrages infâmes des barbares gaulois, jeunes vierges de cette cité que l’impitoyable Mars des Celtes a réduites à cette destinée. Non, nous n’avons pu supporter leur joug impie, pas même celui de l’hyménée, et nous avons été trouver Pluton pour protecteur et pour époux. (Anyte.)

épigrammes descriptives.

Espérance et toi, Fortune, adieu pour toujours ; j’ai trouvé le port. Plus rien de commun entre vous et moi ; allez-vous-en faire d’autres dupes. (….)

Cette épigramme est très-bien rendue par le distique latin :

Inveni portum ; Spes et Fortuna, valete :
Sat me lusistis ; ludite nunc alios.

Mnémosyne, saisie d’étonnement aux mélodieux accents de Sapho, s’écria : « Les mortels ont-ils donc une dixième Muse ? » (Antipater de Sidon.)


Passants, sous la cendre du temps j’ai disparu, moi, Ilion, ville illustre et sacrée, autrefois si fière de mes tours et de mes remparts ; mais je vis dans Homère, j’ai là un mur et des portes d’airain. Non, les javelots des Grecs ne me dévasteront plus : je resterai à jamais dans la mémoire et sur les lèvres de la Grèce entière. (Evénus de Sicile.)


Bergers, Mercure est un dieu facile à contenter ; il lui suffit d’une libation de lait ou de miel des bois. Hercule veut davantage ; il demande un bélier ou un agneau gras, et sans cesse on lui choisit une victime. — Mais il éloigne les loups. — Eh ! qu’importe si le troupeau, ainsi gardé, périt dévoré par les loups ou par son gardien ? (Antipater.)

Voltaire a traduit ainsi cette épigramme :

Un peu de miel, un peu de lait
Rendent Mercure favorable.
Hercule est bien plus cher, il est bien moins traitable :
Sans deux agneaux par jour il n’est pas satisfait.
On dit qu’à nos moutons ce dieu sera propice.
Qu’il soit béni. Mais entre nous
C’est un peu trop en sacrifice :
Qu’importe qui les mange ou d’Hercule ou des loups ?

La femme est l’œuvre de la colère de Jupiter, le rachat du feu, et sa contre-partie funeste ; aussi elle brûle l’homme, elle le dessèche à force de chagrins, et fait succéder à sa jeunesse une vieillesse prématurée. Junon au trône d’or ne laisse pas que de donner elle-même des soucis à Jupiter, qui, plus d’une fois, la chassa du séjour des immortels, la suspendant au milieu de l’air et des nuages. Homère le sait bien, lui qui a décrit le courroux du maître des dieux contre son épouse. Ainsi vous le voyez, aucune femme ne peut vivre en bon accord avec son mari, pas même celle qui, sous la voûte dorée des cieux, repose dans les bras de Jupiter. (Palladas.)


Femmes, occupées jusqu’ici à moudre, ne fatiguez plus vos bras, dormez la longue matinée, et laissez la voix du coq vous annoncer inutilement l’arrivée prochaine du jour. Cérès a ordonné aux nymphes de remplacer l’ouvrage de vos mains ; aussitôt elles se sont élancées au sommet des roues pour faire tourner l’essieu, et l’essieu, à l’aide des rayons qui l’entourent, entraîne dans sa course quatre meules creuses et pesantes. L’âge d’or renaît donc pour nous, puisque, sans travail et sans peine, nous jouissons des dons de Cérès. (Antipater.)

Cette épigramme, qui paraît avoir été composée au temps d’Auguste, et qui célèbre l’invention toute récente des moulins à eau, nous montre le changement apporté par cette invention dans la condition des femmes.


épigrammes exhortatives et morales

La route qui descend aux enfers est toute droite, soit que tu partes d’Athènes, soit que tu viennes de Méroé. Que ce ne soit pas un chagrin pour toi de mourir loin de ta patrie. Le vent qui porte vers le royaume de Pluton est le même partout, et il souffle de tous côtés. (…..)


Comme si tu devais bientôt mourir, jouis de ton bien et comme si tu devais toujours vivre, ménage-le. L’homme sage est celui qui, ne perdant pas de vue ces deux préceptes, tient un juste milieu entre l’épargne et la dépense. (Lucien.)


Que ne peut la Fortune, en dépit de notre attente et de nos vœux ! Elle élève les petits, elle abaisse les grands. Ton orgueil, ton faste, elle les abattra, quand bien même un fleuve te prodiguerait ses paillettes d’or. Le vent ne renverse jamais ni le jonc ni la mousse, mais il jette à bas les grands chênes et les hauts platanes. (Lucillius.)

La belle fable du Chêne et du Roseau est en germe dans cette épigramme.

épigrammes de table et comiques.

Profite du temps présent pour aimer et boire, Damocrate, car nous ne boirons pas toujours, nous ne jouerons pas toujours avec de beaux garçons. Parons nos têtes de couronnes, arrosons-nous de parfums avant qu’on porte des parfums et des couronnes sur nos tombes. Que de mon vivant mes os s’imbibent de vin ; et qu’après ma mort Deucalion les inonde. (Straton.)

Ainsi disait Louis XV : « Après moi le déluge ! »


Sept années se sont ajoutées à trente, autant de pages déchirées du livre de ma vie. Déjà ma tête se parsème de cheveux blancs, messagers de l’âge de la sagesse. Mais j’aime encore les chants, les causeries amoureuses, les chœurs et les banquets, et dans mon sein brûle une flamme toujours nouvelle. Allons, Muses, hâtez-vous de clore ce chapitre, et régnez en souveraines sur mes passions. (Philodème.)

Cette épigramme rappelle ces vers charmants qui terminent la Métromanie de Piron :

Vous à qui désormais je consacre mes jours,
Muses, tenez-moi lieu de fortune et d’amours.

La rose ne fleurit qu’un instant ; vient-elle à passer, cherche, tu ne trouveras plus un rosier, mais une ronce. (……)


Bois, ami, amuse-toi. Qu’arrivera-t-il demain ? Qu’arrivera-t-il plus tard ? Personne ne le sait. Ne t’essouffle pas, ne te fatigue pas. Autant que tu le peux, donne-toi du bien-être, procures-en aux autres, mange de bon appétit, pense en mortel. Il y a bien peu de distance de la vie à la mort. (……)

C’est le comedamus et bibamus ; cras enim moriendum d’Isaïe, traduit en si beaux vers par Racine :

De nos jours passagers le nombre est incertain ;
Il est sage aujourd’hui de jouir de la vie ;
Qui sait si nous serons demain ?

On m’a volé un cochon, une génisse, une chèvre, et à ce sujet je t’ai donne une petite somme, Ménéclès. Aucun démêlé ne s’est élevé entre Othryade et moi, et je n’accuse pas du larcin les héros des Thermopyles. C’est contre Eutychide que je plaide, en sorte que je ne sais ce que font ici Xerxès et les Spartiates. Mais ne perds pas de vue mon affaire au nom de la loi ou je crierai bien haut : « Ménéclès parle d’une façon et mon cochon d’une autre. » (Lucillius.)

Nous trouvons dans Martial une épigramme qui parait être une imitation de celle qu’on vient de lire : La Harpe l’a traduite en vers français :

On m’a volé : j’en demande raison
À mon voisin, et je l’ai mis en cause
Pour trois chevreaux et non pour autre chose.
Il ne s’agit de fer, ni de poison :
Et toi, tu viens, d’une voix emphatique,
Parler ici de la guerre punique,
Et d’Annibal et de nos vieux héros,
Des triumvirs, de leurs combats funestes.
Eh laisse-là ces grands mots, ces grands gestes :
Ami, de grâce, un mot de mes chevreaux.

Un jour, une vipère mordit un Cappadocien ; elle aussi mourut ayant goûté d’un sang empoisonné. (Démodocus.)

Cette épigramme a été traduite par Voltaire, qui en a dirigé le trait contre un de ses ennemis :

Un jour, dans le sacré vallon,
Un serpent mordit Jean Fréron.
Que croyez-vous qu’il arriva ?
Ce fut le serpent qui creva.

Tu teins tes cheveux, soit, mais tu ne teindras jamais la vieillesse ; tu n’effaceras pas les rides de tes joues. Donc, ne les enduis pas de céruse, au point de remplacer ton visage par un masque. C’est peine perdue. Es-tu folle ? Jamais la céruse ni le tard ne feront d’Hécube une Hélène. (Lucillius.)


épigrammes qui ne se trouvent que dans l’anthologie de Planude.

Sur la statue de Niobé. De femme, les dieux m’ont faite marbre ; mais Praxitèle, au contraire, m’a changée de marbre en femme. (…)

Voltaire a traduit ainsi cette épigramme :

Le fatal courroux des dieux
Changea cette femme en pierre ;
Le sculpteur a fait bien mieux,
Il a fait tout le contraire.

Sur une statue de Vénus. — Je ne me montrai nue qu’à trois mortels, au berger Pâris, à Anchise, au bel Adonis, les seuls que je connaisse ; mais Praxitèle, où m’a-t-il vue ? (……)

Ici encore nous avons une élégante et spirituelle traduction de Voltaire :

Oui, je me montrai toute nue
Au dieu Mars, au bel Adonis,
À Vulcain même, et j’en rougis ;
Mais Praxitèle, où m’a-t-il vue ?

L’autre jour, tressant une couronne, je trouvai parmi les roses un Amour. L’ayant pris par les ailes, je le plongeai dans mon vin cela fait, je l’avalai, et lui maintenant, dans mon sein, il me chatouille avec ses ailes. (Julien d’Egypte.)

Voici une très-ancienne et naïve traduction de cette épigramme :

Un jour, un bouquet tissant
À ma gentille amourée,
Parmy je trouvai gissant
L’aislé fils de Cythérée.
Lors je le plonge en mon vin
Et le bus. Quelle aventure !
Depuis, mon cœur en endure
Des maux qui n’ont pas de fin.

Sur la statue de Jupiter à Olympie. — Ou bien Jupiter est descendu pour te montrer ses traits, Phidias, ou bien c’est toi qui es monté au ciel pour voir le dieu. (Philippe.)

Nous devons à Parizot une traduction poétique de cette épigramme :

Aux yeux de Phidias s’offrant, divin modèle,
Jupiter descendit de la sphère immortelle ;
Ou bien volant lui-même au palais de l’éther,
Phidias à loisir y sculpta Jupiter.

C’est en parlant de ces précieux recueils qu’un poëte moderne a dit :

J’aime le pur éclat de ces bouquets antiques,
Recueillis par le goût dans la corbeille d’or
Que de l’esprit des Grecs la fleur parfume encor ;
Leur génie, à la fois naïf, sublime et tendre,
Elevé sans effort, sait noblement descendre.

La meilleure et la plus moderne édition de l’Anthologie grecque est celle de Jacobs, imprimée à Leipzig en 1813. L’Anthologie de Planude fut traduite en vers latins par Grotius (1630-1631). Cette traduction, dont l’impression avait été commencée en 1645, fut arrêtée par la mort de Grotius, et resta inédite jusqu’à la fin du siècle dernier. Il existe une anthologie latine recueillie par Joseph Scaliger, Heindenbruch et autres latinistes, et dont la meilleure édition est due à Pierre Burmann (1759 et 1773).

Les littératures orientales sont très-riches en anthologies, dont voici les titres pompeux : la Perle du monde, le Temple de feu, la Fleur des poëmes, la Couronne des fleurs, etc. Sylvestre de Sacy a publié une Anthologie grammaticale arabe, collection de morceaux choisis de divers grammairiens et scoliastes arabes, accompagnée d’une traduction française et enrichie de notes qui rendent cet ouvrage très-utile à tous ceux qui veulent se familiariser avec la littérature orientale.

Du reste, la plupart des langues ont leur anthologie. L’Anthologie française a revêtu le caractère de la nation ; c’est un recueil de couplets joyeux et satiriques, publié en 1765 par Meusnier de Querlon et Jean Mouet.

Anthologie est un des mots les plus heureux que nous ayons empruntés à la langue riche et poétique d’Homère. Comme il signifie littéralement bouquet de fleurs, il est de nature à se prêter à un nombre infini d’emplois. En effet, le mot fleur n’exprime-t-il pas la quintessence de toute chose ? Veut-on rendre tout le charme et le bonheur de la jeunesse, on dit fleur des ans ; a-t-on à peindre dans tout leur épanouissement la fraîcheur, l’innocence et la beauté de la jeune fille, on la nomme Fleur de Marie. La plante précieuse qui a été le premier lien de civilisation entre les peuples devient fleur de froment, quand on veut faire entendre le suc d’une chose déjà excellente. Eh bien, l’heureux mot anthologie dit encore plus et mieux que tout cela : il signifie fleur de la fleur. S’il en est ainsi, quel terme plus convenable pourrions-nous employer pour qualifier ce qu’il y a de meilleur dans des choses excellemment bonnes, la mythologie, l’histoire, la littérature ? C’est dans cet ordre d’idées que le Grand Dictionnaire va faire usage du mot anthologie, pour offrir à ses lecteurs une quintessence des fleurs latines, historiques, mythologiques et littéraires.

Anthologie latine. Nous donnons ce nom aux phrases expressives, significatives, aux mots heureux que Virgile, Horace, Cicéron, Ovide, etc., ont créés, et qui ont enrichi notre langue et notre littérature. Voici les plus remarquables, que nous nous contentons de citer ici, et que l’on trouvera, avec tous les développements dont ils sont susceptibles, à leur ordre alphabétique :

Ab imo pectore.

Ab Jove principium.

Ab uno disce omnes.

Abusus non tollit usum.

Acta est fabula.

Adhuc sub judice lis est.

Ad perpetuam rei memoriam.

Ad usum Delphini.

Ad valorem.

Æquam memento servare mentem.

Æquo pulsat pede.

Ære perennius.

Æs triplex.

Æternum vale.

Age quod agis.

Agnosco veteris vestigia flammæ.

Albo lapillo diem notare.

Alea jacta est.

Alma parens.

Amant alterna Camenæ.

Ambitiosa recidet ornamenta.

Amicus humani generis.

(Ces deux dernières phrases, oubliées, figureront au supplément.)

Amicus Plato, sed magis arnica veritas.

Anguis in herba.

Animus meminisse horret.

Annibal ad portas.

Aquila non capit muscas.

Arcades ambo.

Argumentum ad crumenam.

Argumentum baculinum.

Ars longa, vita brevis.

Asinus in tegulis.

Audax Iapeti genus.

Audi alteram partem.

Aura popularis.

Aurea mediocritas.

Auri sacra fames.

Aut Cæsar, aut nihil.

Beatus ille qui procul negotiis…

Bellaque matribus detestata.

Bis dat qui cito dat.

Cantabit vacuus coram latrone viator.

Carpe diem.

Carpent tua poma nepotes.

Castigat ridendo mores.

Caveant consules.

Cedant arma togæ.

Chorda semper oberrat eadem.

Civis sum romanus.

Claudite jam rivos, pueri, sat prata biberunt.

Cogito, ergo sum.

Compelle intrare.

Consanguineus lethi sopor.

Consilio manuque.

Contraria contrariis curantur.

Corpus delicti.

Corruptio optimi pessima.

Cor unum et anima una.

Credo quia absurdum.

Cuncta supercilio moventis.

Currente calamo.

Dat veniam corvis, vexat censura columbas.

Davus sum, non Œdipus.

Debellare superbos.

Debemur morti nos nostraque.

Decet imperatorem stantem mori.

Decipimur specie recti.

De gustibus et coloribus non est disputandum.

Delenda Carthago.

Delicta juventutis meæ.

Dente superbo.

Deo ignoto.

De omni re scibili et quibusdam aliis.

Desinit in piscem.

Desipere in loco.

De stercore Ennii.

De te fabula narratur.

Deus dedit, Deus abstulit, sit nomen Domini benedictum.

Deus, ecce Deus.

Deus ex machina.

Deus nobis hæc otia fecit.

Diem perdidi.

Difficiles nugæ.

Dignus est intrare.

Di meliora piis.

Dis aliter visum.

Discite justitiam moniti et non temnere divos.

Disjecti membra poetæ.

Doctus cum libro.

Donec eris felix.

Dulces moriens reminiscitur Argos.

Dulcia linquimus arva.

Dum vitant stulti vitia, in contraria currunt.

Dura tex, sed lex.

Eheu fugaces labuntur anni.

Ejusdem farinæ.

Ense et aratro.

Epicuri de grege porcum.

Eritis sicut Dii.

Errare humanum est.

Est modus in rebus.

Et campos ubi Troja fuit.

Etiam periere ruinæ.

Etiamsi omnes, ego non.

Et in Arcadia ego.

Et nunc erudimini.

Et quasi cursores, vitaï lampada tradunt.

Exceptis excipiendis.

Excidat illa dies

Exegi monumentum.

Ex nihilo nihil.

Ex ore parvulorum veritas.

Exoriare aliquis nostris ex ossibus ultor !

Expende Annibalem.

Experte crede.

Ex ungue leonem.

Facit indignatio versum.

Fama volat.

Favete linguis.

Felix culpa.

Felix qui potuit rerum cognoscere causas !

Fervet opus.

Festina lente.

Fiat lux !

Fidus Achates.

Fluctuat nec mergitur.

Fœnum habet in cornu.

Forsan et hæc olim meminisse juvabit.

Fortunate senex !

Fronde super viridi.

Fronti nulla fides.

Furor arma ministrat.

Genus irritabile vatum.

Grammatici eertant.

Habemus confitentem reum.

Habent sua fata libelli.

Hæret lateri lethalis arundo.

Hoc erat in votis.

Hoc opus, hic labor est.

Hoc volo, sic jubeo, sit pro ratione voluntas !

Homo homini, lupus.

Homo sum, et nihil humani a me alienum puto.

Honos alit artes.

Horresco referens.

Ignoti nulla cupido.

Illic stetimus et flevimus quum recordaremur Sion.

Impavidum ferient ruinæ.

Imperium in imperio.

In anima vili.

In cauda venenum.

Inde irae.

Indocti discant et ament meminisse periti.

Infandum, regina, jubes renovare dolorem.

In hoc signe vinces.

In medias res.

In medio stat virtus.

In naturalibus.

In rerum natura.

Instar montis equum.

In sylvam non ligna feras.

In tenui labor.

Inter pocula.

Inter utrumque tene, medio tutissimus ibis.

Intus et in cute.

Invita Minerva.

In vitium ducit culpae fuga.

Ira furor brevis est.

Is fecit cui prodest.

Ita diis placuit. ·

Italiam ! Italiam !

Jam proximus ardet Ucalegon.

Jus et norma loquendi.

Justum ac tenacem propositi virum.

Labor omnia vincit improbus.

Lapsus calami.

Lapsus linguæ.

Laudator temporis acti.

Longo sed proximus intervallo.

Lucidus ordo.

Macte animo.

Magister dixit.

Magnæ spes altera Romæ.

Major e longinquo reverentia.

Majores pennas nido. ·

Male parta mate dilabuntur.

Manet alta mente repostum.

Materiam superabat opus.

Maxima debetur puero reverentia.

Melioribus annis.

Me, me adsum qui feci.

Mens agitat molem.

Mens divinior.

Mens sana in corpore sano.

Minima de malis.

Mobilitate viget.

Molle atque facetum.

Monitoribus asper.

Monstrum horrendum, informe, ingens, cui lumen ademptum.

Morituri te salutant.

Motu proprio.

Multapaucis.

Mutatis mutandia.

Nascuntur poetæ, fiunt oratores.

Naturam expellas furca, tamen usque recurret.

Nec. deus intersit, nisi dignus vindice nodus.

Nec mortale sonans.

Neque semper arcum tendit Apollo.

Ne quid nimis.

Nescio vos.

Nescit vox missa reverti.

Ne sutor ultra crepidam.

Nigro notanda lapillo.

Nil actum reputans si quid superesset agendum.

Nil admirari.

Nil mortalibus arduum est.

Nimium ne crede colori.

Nocturna versate manu, versate diurna.

Noli me tangere.

Nolite mittere margaritas ante porcos.

Non ignara mali, miseris succurrere disco.

Non licet omnibus adire Corinthum.

Non omnia possumus omnes.

Non omnis moriar.

Non passibus æquis.

Non possumus.

Nos numerus sumus.

Nosce te ipsum.

Nove, sed non nova.

Novissima verba.

Nulla dies sine linea.

Numero deus impare gaudet.

Nunc est bibendum.

O altitudo !

Odi profanum vulgus.

O et præsidium et dulce decus meum !

O fortunatos nimium !

Omne ignotum pro terribili.

Omne tulit punctum.

Omnia mecum porto.

Omnia serviliter pro dominatione.

Omnia vincit amor.

Omnis homo mendax.

O quantum est in rebus inane !

Ore rotundo.

O rus, quando ego te aspiciamt !

Os homini sublime dedit.

Os magna sonaturum.

O tempora ! O mores !

Otium cum dignitate.

O ubi campi !

O vanas hominum mentes, o pectora cæca !

Pæte, non dolet. V. Pætus.

Panem et circenses.

Parcere subjectis et debellare superbos.

Parturient montes.

Patiens quia æternus.

Pauci quos æquus amavit Jupiter.

Paulo majora canamus !

Paupertas impulit audax.

Pectus est quod disertum facit.

Pede pœna claudo.

Pendent opera interrupta.

Pendetque iterum narrantis ab ore.

Perinde ac cadaver.

Pertransiit benefaciendo.

Piscem natare doces.

Plaudite, cives !

Plurima mortis imago.

Post equitem sedet atra cura.

Post hoc, ergo propter hoc.

Primo avulso non deficit alter.

Primus inter pares.

Principiis obsta.

Pro aris et focis.

Pro domo sua.

Prob pudor !

Prolem sine matre creatam.

Pulchre, bene, recte.

Punica fides.

Quærens quem devoret.

Qualis ab incepto.

Quandoque bonus dormitat Homerus

Quantum mutatus ab illo !

Quia nominor leo.

Quid deceat, quid non.

Quidlibet audendi semper fuit æqua potestas.

Quidquid delirant reges, plectuntur Achivi.

Quis tulerit Gracchos de seditione querentes ?

Quod ab omnibus, quod ubique, quod semper.

Quodcumque ostendis mihi sic, incredulus odi.

Quod Di omen avertant !

Quod scripsi, scripsi.

Quorum pars magna fui.

Quos ego.

Quos vult perdere Jupiter dementat.

Quousque tandem !

Rara avis in terris.

Rari nantes in gurgite vasto.

Regis ad exemplar totus componitur orbis.

Reminiscitur Argos.

Res sacra miser.

Ridendo dicere verum quid vetat ?

Ridiculus mus.

Risum teneatis.

Rudis indigestaque moles.

Sæpe premente Deo, fert Deus alter opem.

Scandit fatatlis machina muros.

Scribitur ad narrandum, non ad probandum.

Sedet æternumque sedebit infelix Theseus.

Semel insanivimus omnes.

Semper ad eventum festinat.

Servum pecus.

Sesquipedalia verba.

Si augur augurem…

Sic itur ad astra.

Sic vos non vobis.

Similia similibus curantur.

Sine nomine vulgus.

Sint ut sunt, aut non sint.

Si parva licet componere magnis.

Si Pergama dextra defendi possent, etiam hac defensa fuissent.

Sit tibi terra levis !

Si vis me flere, dolendum est primum ipsi tibi.

Si vis pacem, para bellum.

Solve senescentem..

Stans pede in uno.

Stupete, gentes !

Suave mori magno…

Sublata causa, tollitur effectus.

 Sub tegmine fagi.

Sufficit cuique diei malitia sua.

Sui generis.

Summum jus, summa injuria.

Sunt lacrymæ rerum.

Sunt verba et voces, prætereaque nihil.

Surge et ambula.

Sursum corda.

Sustine et abstine.

Tanquam ægri somnia.

Tantæ molis erat Romanam condere gentem !

Tantæne animis cœlestibus iræ !

Tarde venientibus ossa.

Telum imbelle, sine ictu.

Testis unus, testisnullus.

Timo Danaos et dona ferentes.

Timeo hominem unius libri.

Tolle et lege.

Tot capita, tot sensus.

Trahit sua quemque voluptas.

Tua res agitur.

Tu es ille vir.

Tulit alter honores.

Tu Marcellus eris.

Tu quoque.

Ubi bene, ibi patria.

Ubi plura nitent.

Ubi solitudinem faciunt, pacem appellant.

Ultima ratio.

Ultimum moriens.

Una salus victis nullam sperare salutem.

Unguibus et rostro.

Urbi et orbi.

Utile dulci.

Ut pictura poesis.

Væ soli !

Væ victis !

Varium et mutabile semper.

Veni, vidi, vici,

Vera incessu patuit dea.

Verba volant, scripta manent.

Veritas odium parit, obsequium amicos.

Victis bonos !

Victrix causa Diis placuit, sed vieta Catoni.

Video meliora proboque, deteriora sequor.

Vinum bonum lætificat cor hominis.

Vir bonus dicendi peritus.

Vires acquirit eundo.

Virtus post nummos.

Vis comica.

Vitam impendere vero.

Vive memor quam sis ævi brevis.

Vivit sub pectore vulnus.

Vox clamantis in deserto.

Vox faucibus hæsit.

Vox populi, vox Dei.

Anthologie historique. Choix de mots ou phrases célèbres, d’origine historique, qui ont pour ainsi dire passé en proverbes, et sur lesquels on trouvera des explications aux mots en italique.

Abîme (l’) de Pascal.

À demain les affaires sérieuses !

Ah ! le bon billet qu’a La Châtre !

Ai-je dit quelque sottise ?

Alexandre se réservant l’espérance.

Alexandre tranchant le nœud gordien.

À l’œil droit de Philippe.

À moi, Auvergne, voilà les ennemis ! V. Assas.

Âne (l’) de Buridan.

Ânesse (l’) de Balaam.

Anneau de Gygès.

Anneau de Polycrate.

Après moi le déluge !

Après vous, messieurs les Anglais !

Au plus digne.

Avez-vous lu Baruch ?

Baiser Lamourette.

Béquille de Sixte-Quint.

Biche de Sertorius.

Brûler n’est pas répondre.

Brûler ses vaisseaux.

Cailloux de Démosthène.

Caïn, qu’as-tu fait de ton frère ?

Capitole (du) à la roche Tarpéienne, il n’y a qu’un pas.

Catilina est à nos portes.

Celui-ci est aussi Alexandre.

Ce n’est pas au roi de France à venger les injures du duc d’Orléans.

Cercle de Popilius.

C’est la faute à Voltaire, c’est la faute à Rousseau.

C’est plus qu’un crime ; c’est une faute.

Chacun chez soi, chacun pour soi.

Chambres de Denys.

Chapeau de Gessler.

Charles-Quint au monastère de Saint-Just.

Charrue de Cincinnatus.

Chemin de Damas.

Chêne de Vincennes.

Chercher un homme. V. Diogène (lanterne de).

Cheval de Caligula.

Cheval de Job.

Cheveux de Samson.

Colonne de feu ou de fumée conduisant les Hébreux dans le désert.

Continence de Scipion.

Coup de Jarnac.

Courbe la tête, fier Sicambre ; adore ce que tu as brûlé, brûle ce que tu as adoré.

Daniel dans la fosse aux lions.

De l’audace, encore de l’audace et toujours de l’audace !

Délices de Capoue.

Démon familier de Socrate.

Denys le Tyran ne couchant pas deux nuits de suite dans la même  chambre.

Derniers (les) Romains.

Dieu est trop haut et la France trop loin.

Diogène brisant son écuelle.

Diogène marchant devant Zénon.

Discussions, disputes byzantines.

Douleur, tu n’es pas un mal !

Duc de Clarence noyé dans un tonneau de malvoisie.

Du pain et des spectacles. V. Panem et circences

Échelle de Jacob.

Écrasons l’infâme !

Encore une victoire comme celle-là, et nous sommes perdus.

Enlèvement des Sabines.

Ensevelir (s’) sous les ruines du temple.

Épée de Damoclès.

Esclave suivant le char du triomphateur à Rome.

Et moi aussi, j’ai vécu en Arcadie. V. Et in Arcadia ego.

Et moi aussi, je suis peintre !

Et moi aussi, si j’étais Parménion.

Et moi, suis-je sur un lit de roses ? V. Guatimozin.

Et pourtant elle tourne ! V. E pur si muove !

Faites des perruques.

Fantôme de Brutus.

Festin de Balthazar.

Fille (la) de Jephté.

Flèche du Parthe.

Foi du charbonnier.

Folie simulée de Brutus.

Fosse aux lions.

Fourches Caudines.

Franchir le Rubicon.

Frappe, mais écoute.

Frapper du pied la terre…

Fronde de David.

Fumier de Job.

Funérailles d’Alexandre.

Gladiateur tombant avec grâce. V. Tomber.

Gouffre de Curtius.

Grues d’Ibycus.

Gygès et la femme de Candaule.

Harangues de Démosthène qui sentent l’huile.

Hébreux (les jeunes) dans la fournaise ardente.

Hippocrate dit oui, mais Galien dit non.

Hippocrate refusant les présents d’Artaxerce.

Honni soit qui mal y pense !

Ides de mars.

Idole de Jaggrenat.

Il avait été à la peine, c’était bien raison qu’il fût à l’honneur. V. Bannière.

Il est trop tard !

Il n’est pas donné à tout le monde d’aller à Corinthe. V. Non licet omnibus adire Corinthum, ou Corinthe.

Il n’oserait.

Il n’y a pas de grand homme pour son valet de chambre.

Il n’y a plus de Pyrénées.

Ilotes que l’on forçait à s’enivrer pour l’éducation des jeunesSpartiates.

Ils chantent, ils payeront.

Ils n’ont rien appris, rien oublié.

Il y a des juges à Berlin.

Ingrate patrie, tu n’auras pas mes os.

Jacob luttant avec l’ange.

J’ai failli attendre.

J’aime Platon, mais j’aime encore plus la vérité. V. Amicus Plato.

J’aimerais mieux être le premier dans un village que le second à Rome.

J’ai perdu ma journée. V. Diem Perdidi.

J’ai trouvé ! V. Eurêka.

J’avais pourtant quelque chose là.

Je m’appelle Légion.

Je n’ai qu’à frapper du pied la terre pour en faire sortir des légions.

J’en appelle à Philippe à jeun.

Je ne me sens pas blessé.

Je porte tout avec moi. V. Omnia mecum porto.

Je prends mon bien partout où je le trouve.

Je suis citoyen romain. V. Civis romanus sum.

Je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. V. Veni, vidi, vici.

Je voudrais ne pas savoir écrire.

Je voudrais que le peuple romain n’eÛt qu’une seule tête.

Jugement de Salomon.

Jusques à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? V.Quousque tandem.

La femme de César ne doit pas même être soupçonnée.

Laissez faire, laissez passer.

Laissez passer la justice du roi.

Laitues (les) de Dioclétien.

Langues d’Ésope.

Lanterne de Diogène.

La parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée.

L’argent n’a pas d’odeur.

Laver son linge sale en famille.

Le corps d’un ennemi mort sent toujours bon.

Le maître l’a dit. V. Magister dixit.

Léonidas aux Thermopyles.

Le premier président ne veut pas qu’on le’joue.

Le roi règne et ne gouverne pas.

Les lauriers de Miltiade m’empêchent de dormir.

L’État, c’est moi.

Levier d’Archimède. V. Point d’appui.

L’exactitude est la politesse des rois.

L’ordre règne à Varsovie.

Louve de Romulus.

Lucullus soupe chez Lucullus.

Luxe de Pharnabaze.

Maison de Socrate.

Malheur aux vaincus ! V. Væ victis.

Malheureuse France ! malheureux roi !

Manchettes de Buffon.

Manteau d’Antisthène.

Manteau de Joseph.

Manteau d’Élie.

Marchande (la) d’herbes d’Athènes et Théophraste.

Marius dans les marais de Minturnes.

Marius et l’esclave cimbre.

Marius sur les ruines de Carthage.

Marque au front de Caïn.

Médecin (le) d’Alexandre.

Moïse mourant en vue de la terre promise.

Moïse priant pendant le combat.

Mon fils, rien ne peut te résister.

Mon siège est fait.

Montagne de Mahomet.

Montons au Capitole en rendre grâce aux dieux.

Mot de Cambronne.

Mulet chargé d’or de Philippe.

Nabuchodonosor changé en bête.

Naufrage de la Méduse.

Ne pouvant s’élever jusqu’à moi, ils m’ont fait descendre jusqu’à eux.

Ne touchez pas à la hache.

Ne touchez pas à la reine.

Nous dansons sur un volcan.

Nous souperons ce soir chez Pluton.

O Athéniens ! qu’il en coûte pour être loué de vous !

Œuf' (l’) de Christophe Colomb.

Oies (les) du Capitole.

Oreille (l’) de Denys.

Où il n’y a rien, le roi perd ses droits.

Où la vertu va-t-elle se nicher ?

Ouvrez, c’est la fortune de la France.

Pætus, cela ne fait pas de mal. V. Arria.

Paris vaut bien une messe.

Paysan ennuyé d’entendre Aristide appelé le Juste.

Pends-toi, brave Crillon, nous avons vaincu à Arques, et tu n’y étais pas.

Périssent les colonies plutôt qu’un principe !

Pli de rose du Sybarite.

Poisons (les) de Mithridate.

Pomme de Newton.

Porter la paix ou la guerre dans les plis de son manteau.

Prends et lis. V. Tolle et lege.

Psaphon est un dieu.

Quart d’heure de Rabelais.

Que l’on me donne trois lignes de l’écriture de quelqu’un, et je le feraipendre.

Que serait-ce, si vous aviez entendu le monstre lui-même ?

Queue du chien d’Alcibiade.

Qui m’aime me suive.

Qui t’a fait comte ? — Qui t’a fait roi ?

Qu’on me ramène aux carrières !

Rachel ne voulant pas être consolée.

Racine passera comme le café.

Refuser les présents d’Artaxerce.

Retraite du peuple sur le mont Aventin.

Réveil d’Epiménide.

Rien n’est changé en France ; il n’y a qu’un Français de plus.

Robe (la) de César.

Robe rouge de Richelieu.

Romulus enlevé dans un orage.

Ruisseau (le petit) de la rue du Bac.

Sabines se jetant entre les combattants.

Sandales d’Empédocle.

Saül cherchant les ânesses de son père.

Saut de Leucade.

Scamandre (le fleuve).

Sem et Japhet couvrant leur père d’un manteau.

Serment d’Annibal.

Si c’est possible, c’est fait ; si c’est impossible, cela se fera.

Si je n’étais Alexandre, je voudrais être Diogène.

Si le roi le savait !

Sinon, non !

Soldat, frappe au visage !

Sommeil d’Epiménide.

Sonate, que me veux-tu ?

Souvent femme varie. V. Varium et mutabile semper.

Statue de Memnon.

Statue de Nabuchodonosor.

Suivez mon panache blanc...

Suspendre sa harpe aux saules de la rive.

Sylla abdiquant. V. Abdication.

Tarquin abattant des têtes de pavot.

Taureau (le) de Phalaris.

Temple de Janus.

Temple d’Ephèse brûlé par Erostrate.

Tirez le rideau, la farce est jouée !

Tonneau de Diogène.

Tortue d’Eschyle.

Tour de la Faim. V. Ugolin.

Tout est perdu, fors l’honneur !

Trompettes (les) de Jéricho.

Tu as vaincu, Galiléen !

Tu dors, Brutus !

Tu es cet homme. V. Tu es ille vir.

Tuez tout ; Dieu saura reconnaître les siens !

Tunique de Jésus-Christ.

Tu n’iras pas plus loin !

Tu portes César et sa fortune !

Turbot (le) de Domitien.

Tu sais vaincre, Annibal, mais tu ne sais pas profiter de ta victoire !

Tu vaincras par ce signe ! V. In hoc signo vinces.

Un cheval ! un cheval ! mon royaume pour un cheval  !

Un empereur doit mourir debout !

Vallée de Josaphat.

Varus, rends-moi mes légions !

Veau d’or.

Verge de Moïse.

Vertu, tu n’es qu’un nom !

Viens les prendre !

Vigne (la) de Naboth.

Visages pâles qui déplaisaient à César.

Voilà bien du bruit pour une omelette !

Voilà mes bijoux !

Vol favorisé à Sparte.

Xerxès faisant fouetter la mer.

Anthologie mythologique. Recueil de noms ou de faits mythologiques, auxquels le théâtre, le roman, le journal, etc., font de fréquentes allusions, et que l’on trouvera soit aux noms propres, soit aux mots qui expriment l’idée principale :

Amants, prétendants de Pénélope.

Amour(l’) et Psyché.

Apollon et Daphné.

Apollon chez Admète.

Apollon et Marsyas.

Arc d’Ulysse.

Argus.

Armes (les) d’Achille.

Bellérophon et la Chimère.

Boîte de Pandore.

Briarée aux cent bras.

Briséis.

Calchas.

Calypso.

Camille marchant sur les blés.

Cassandre (fille de Priam).

Ceinture de Vénus.

Charybde.

Chênes de Dodone.

Cheval de Troie.

Chevelure de Bérénice.

Circé.

Colonnes d’Hercule.

Compagnons d’Ulysse.

Cygne de Léda.

Cythère.

Dédale.

Deucalion et Pyrrha.

Didon écoutant Enée.

Diomède blessant une divinité.

Diomède blessé par ses chevaux.

Double visage de Janus.

Dragon du jardin des Hespérides.

Ecuries d’Augias.

Education d’Achille.

Egisthe.

Encelade sous l’Etna.

Endymion.

Enée portant son père Anchise.

Esculape.

Etéocle et Polynice.

Etre trempé dans les eaux du Styx.

Eumée (le fidèle).

Euménides (les).

Festin des Lapithes.

Fil d’Ariane.

Filets de Vulcain.

Filles de Pélias.

Fleurs du lotus.

Fontaine de Castalie.

Fontaine de l’Hippocrène.

Fontaine de Jouvence.

Furies (les).

Gâteau de Cerbère.

Géryon au triple corps.

Gorgones (les).

Grand Pan (le) est mort.

Harpes éoliennes.

Harpies (les).

Hébé.

Hercule au berceau étouffant des serpents.

Hercule et Eurysthée.

Hercule (les travaux d’).

Hercule (les flèches d’).

Hercule et l’hydre de Lerne.

Hercule (massue d’).

Hercule filant aux pieds d’Omphale.

Hippolyte et Aricie.

Icare précipité dans la mer.

Image d’Ithaque fuyant devant Ulysse.

Iris.

Ixion poursuivant Junon et n’embrassant que la nue.

Ixion (roue d’).

Jurer par le Styx.

Larmes des sœurs de Méléagre.

Léthé (le).

Lion (le) de Némée.

Lit de Procuste.

Lycas lancé par Hercule dans la mer.

Médée.

Midas changeant en or tout ce qu’il touche.

Midas (oreilles de).

Minerve sortant tout armée du cerveau de Jupiter.

Minotaure (le).

Monstre d’Hippolyte.

Mystères d’Eleusis.

Narcisse.

Nausicaa.

Némésis.

Neptune calmant les flots.

Niobé.

Noir Cocyte (le).

Nymphe(la) Eucharis.

Obole de Caron.

Œdipe et le sphinx.

Olivier de Minerve.

Oracle d’Epidaure.

Oreste et Pylade.

Oreste poursuivi par les Furies.

Orphée et Eurydice.

Orphée mis en pièces par les bacchantes.

Outres d’Eole.

Pactole (le).

Patrocle couvert des armes d’Achille.

Panthée.

Parques (les).

Pégase.

Pélion sur Ossa.

Phaéton précipité du ciel.

Phénix (le) renaissant de ses cendres.

Philémon et Baucis.

Philomèle et Progné.

Pomme de discorde.

Prométhée enchaîné sur le Caucase.

Proserpine six mois aux enfers et six mois sur la terre.

Protée.

Pygmalion.

Pygmées (les).

Rocher de Sisyphe.

Sanglier de Méléagre.

Saturne dévorant ses enfants.

Scylla.

Sémélé.

Serpents de Laocoon.

Serpent Python.

Sibylle jetant les feuillets au vent.

Sinon, le perfide Sinon.

Sirènes.

Soif, supplice de Tantale.

Soldats de Cadmus s’entr’égorgeant.

Sourcils de Jupiter.

Stentor.

Supplice de Thésée.

Talon d’Achille.

Tapisserie, toile de Pénélope.

Temple de Janus.

Tête de Cerbère.

Tête de Méduse.

Thersite. Le lâche Thersite.

Tirésias.

Tison de Méléagre.

Titans (les).

Tonneau des Danaïdes.

Tour, pluie d’or de Danaé.

Triptolème.

Tunique du centaure Nessus.

Typhon, le géant Typhon.

Ulysse dans l’antre de Polyphème.

Vautour de Prométhée.

Vénus sortant des ondes.

Anthologie littéraire. Choix de phrases ou de mots empruntés à la comédie, à la tragédie, à la poésie épique, à la littérature en général, que leur forme vive et piquante a rendus l’objet de nombreuses applications, et dont on trouvera l’explication tantôt aux mots en italiques, tantôt aux mots qui sont l’objet d’un renvoi :

— Il est avec le ciel des accommodements.

— Et l’avare Achéron ne lâche point sa proie.

— La discorde est au camp d’Agramant.

— Sésame, ouvre-toi. V. Ali-Baba.

— Le véritable Amphitryon

Est l’Amphitryon où l’on dine.

— Cet animal est très méchant,

Quand on l’attaque, il se défend.

— Les animaux malades de la peste.

— . . . Puisqu’il faut l’appeler par son nom.

V. Animaux malades de la peste.

— Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.

V. Animaux malades de la peste.

— Les tourterelles se fuyaient.

Plus d’amour, partant plus de joie.

V. Animaux malades de la peste.

— Que m’avaient-ils fait ? Nulle offense.

V. Animaux malades de la peste.

— Vous leur fites, seigneur,

En les croquant, beaucoup d’honneur.

V. Animaux malades de la peste.

— La faim, l’occasion, l’herbe tendre, et je pense,

Quelque diable aussi me poussant...

V. Animaux malades de la peste.

— . . . Haro sur le baudet.

V. Animaux malades de la peste.

— Un loup quelque peu clerc...

V. Animaux malades de la peste.

— Ce pelé, ce galeux, d’où venait tout le mal.

V. Animaux malades de la peste.

— Manger l’herbe d’autrui, quel crime abominable !

V. Animaux malades de la peste.

— Rien que la mort n’était capable

D’expier son forfait...

V. Animaux malades de la peste.

Où sont les neiges d’antan ?

— Dans le simple appareil

D’une beauté qu’on vient d’arracher au sommeil.

— Glissez, mortels, n’appuyez pas.

— Au banquet de la vie, infortuné convive.

— Du côté de la barbe est la toute-puissance.

— Le soleil qui poudroie et l’herbe qui verdoie. V. Barbe-bleue.

— De loin c’est quelque chose, et de près ce n’est rien.

V. Baton.

— Le chameau et les bâtons flottants.

— La femme de Sganarelle qui veut être battue.

— Tirer les marrons du feu. V. Bertrand et Raton.

— Dieu prodigue ses biens

À ceux qui font vœu d’être siens.

— Ce bloc enfariné ne me dit rien qui vaille.

— Ah ! ne me brouillez pas avec la République.

— Il fallait un calculateur, ce fut un danseur qui l’obtint.

Calomniez, calomniez ; il en restera toujours quelque chose.

Carte, pays de Tendre.

— Le chagrin monte en croupe et galope avec lui.

— Nous avons changé tout cela.

— Tout finit par des chansons.

— . . . Les chants avaient cessé.

— Il aurait volontiers écrit sur son chapeau :

C’est moi qui suis Guillot, berger de ce troupeau.

— Dans son chapitre des chapeaux.

— . . . Avocat, il s’agit d’un chapon.

— Un saint homme de chat...

— J’appelle un chat un chat, et Rollet un fripon.

— O le plaisant projet d’un poëte ignorant,

Qui, de tant de héros, va choisir Childebrand !

Rodrigue, as-tu du cœur ?

— Et le combat cessa faute de combattants.

— Il compilait, compilait, compilait.

— Et par droit de conquête et par droit de naissance.

— La plus noble conquête que l’homme ait jamais faite...

Conseil tenu par les rats.

— . . . Corsaires à corsaires,

L’un l’autre s’attaquant, ne font pas leurs affaires.

— Mes pareils à deux fois ne se font pas connaître

Et pour leurs coups d’essai veulent des coups de

[maître

— Et dans de faibles corps s’allume un grand courage.

— Le vivre et le couvert ; que faut-il davantage ?

— La critique est aisée et l’art est difficile.

— On devient cuisinier, mais on naît rôtisseur.

— Sera-t-il dieu, table ou cuvette ?

— Eh ! mon ami, tire-moi du danger ;

Tu feras après ta harangue.

— Les dés du juge de Rabelais.

— Et ces deux grands débris se consolaient entre eux.

— Qui nous délivrera des Grecs et des Romains ?

— . . . Avocat, ah ! passons au déluge.

— Et ce même Sénèque et ce même Burrhus

Qui depuis......

— Et monté sur le faite il aspire à descendre.

— Chez elle un beau désordre est un effet de l’art.

Devine si tu peux, et choisis si tu l’oses.

— Des dieux que nous servons connais la différence.

— Le dindon de la fable.

— . . . Quoi qu’on die.

— Je ne dis pas cela.

— . . . Tout dort, et l’armée, et les vents, et Neptune.

— Sans dot !

— Le crime fait la honte, et non pas l’échafaud.

— J’embrasse mon rival, mais c’est pour l’étouffer.

— . . . . . . Un endroit écarté

 Où d’être homme d’honneur on ait la liberté.

— J’aurais mieux fait, je crois, d’épouser Célimène.

— Du droit qu’un esprit vaste et ferme en ses desseins

A sur l’esprit grossier des vulgaires humains.

— Rome n’est plus dans Rome, elle est toute où je suis.

— Ses rides sur son front ont gravé ses exploits.

— Il y a fagots et fagots.

— Ce ne sont que festons, ce ne sont qu’astragales !

— Les fossoyeurs d’Hamlet.

— Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.

— Se retirer dans un fromage de Hollande.

Fumier d’Ennius.

— Quand on prend du galon, on n’en saurait trop

[prendre.

— Et la garde qui veille aux barrières du Louvre

N’en défend pas nos rois.

— Tous les genres sont bons, hors le genre ennuyeux.

— . . . Que faire en un gîte, à moins que l’on ne songe ?

— Mieux vaut goujat debout qu’empereur enterré.

— Se plaint de sa grandeur qui l’attache au rivage.

Passer du grave au doux, du plaisant au sévère.

— . . . Pour l’amour du grec...

Attacher le grelot.

— Les grenouilles qui demandent un roi.

— Le lion qui se laisse couper les griffes.

Guenille si l’on veut, ma guenille m’est chère.

— . . . . . . Ces haines vigoureuses

Que doit donner le vice aux âmes vertueuses.

Après l’Agésilas,

Hélas !

Mais après l’Attila,

Holà !

— Et voilà justement comme on écrit l’histoire.

— Le pauvre homme !

— Ah ! pour être dévot, je n’en suis pas moins homme.

Et je sais sur ce fait

Bon nombre d’hommes qui sont femmes.

— Avoir toute honte bue.

— Pégase est un cheval qui porte

Les grands hommes à l’hôpital.

— L’huître et les plaideurs.

— Quand Auguste avait bu, la Pologne était ivre.

— . . . Ce sont là jeux de prince.

Lance d’Argail.

— Oublier d’éclairer sa lanterne.

— Le latin, dans les mots, brave l’honnêteté ;

Mais le lecteur français veut être respecté.

— La folle du logis.

— Le dieu, poursuivant sa carrière,

Versait des torrents de lumière

Sur ses obscurs blasphémateurs.

— Soyez plutôt maçon, si c’est votre talent.

— Notre ennemi, c’est notre maître.

Rimer malgré Minerve.

— Le Français, né malin...

Marche ! Marche !

— Le masque tombe, l’homme reste,

Et le héros s’évanouit.

— Tout est pour le mieux dans le meilleur

des mondes possibles.


— Qui méprise Cotin n’estime point son roi

Et n’a, selon Cotin, ni Dieu, ni foi, ni loi

— . . . . . . . Je n’ai mérité

Ni cet excès d’honneur, ni cette indignité

— Le meunier, son fils et l’âne.

.......... Moi ;

Moi, dis-je, et c’est assez…

— Le moi est haïssable.

— Je suppose qu’un moine est toujours charitable.

— Le tout ne vaut pas la moitié.

— Ce monsieur-là, sire, c’était moi-même.

— La montagne qui enfante une souris.

— Et de Caron, pas un mot.

— La mouche du coche.

— Le lion et le moucheron.

 — Se battre contre des moulins à vent.

— Madame se meurt, Madame est morte !

— Que j’en ai vu mourir de jeunes filles !

..... Avant l’affaire,

Le roi, l’âne ou moi, nous mourrons.

Moutons de Panurge.

— Voilà pourquoi votre fille est muette.

— Aimez-vous la muscade ? on en a mis partout.
— Chassez le naturel, il revient au galop.

— Noces de Gamache.

— C’est toi qui l’as nommé......
— Il nous faut du nouveau, n’en fût-il plus au monde.

— Les beaux yeux de ma cassette.

— Tout Paris pour Chimène a les yeux de Rodrigue.
— L’œil morne maintenant et la tête baissée,
Semblaient se conformer à sa triste pensée.

— Les oies de frère Philippe.

— Même quand l’oiseau marche, on sent qu’il a des
[ailes.
— Cet oracle est plus sûr que celui de Calchas.

— Les oreilles du lièvre.

— L’oreiller de Montaigne.

— Vous êtes orfèvre, monsieur Josse.

— Pour réparer des ans l’irréparable outrage.

— Palais, jardins d’Armide.

— Le geai paré des plumes du paon.

Paraissez ! Navarrais, Maures et Castillans.

— La part du lion.

... J’en passe et des meilleurs.

— Passez-moi la rhubarbe, et je vous passerai le séné.

— Montrez-moi patte blanche.

— Le pavé de l’ours.

— Le paysan du Danube.

— La peau du lion.

— Vendre la peau de l’ours.

— Si mes confrères savaient peindre.

— Quand on a tout perdu, quand on n’a plus d’espoir,
La vie est un opprobre et la mort un devoir.

— Le coq et la perle.

— Les prêtres ne sont pas ce qu’un vain peuple pense.

Peut-être (de Rabelais).

— Prendre le Pirée pour un homme.

— Laissez-leur prendre un pied chez vous,

Ils en auront bientôt pris quatre.

— Le coup de pied de l’âne.

— Les deux pigeons.

— Je pleure, hélas ! sur ce pauvre Holopherne,

Si méchamment mis à mort part Judith.

— Je plie et ne romps pas.......
— Comment en un plomb vil l’or pur s’est-il changé ?

— Le pot au lait.

— Le pot de terre et le pot de fer.

— La poule aux œufs d’or.

— Les prières boiteuses d’Homère.

— C’est Vénus tout entière à sa proie attachée :

— Faire de la prose sans le savoir.

— Et l’ami Pompignan pense être quelque chose.

— Le renard qui a la queue coupée.

— Un je ne sais quoi qui n’a plus de nom

dans aucune langue.
Race d’Agamemnon qui ne finit jamais.

Raison démonstrative.

— La raison dit Virgile, et la rime Quinault.

— Le rameau d’or d’Énée.

— On dit, et sans horreur je ne puis le redire.
— Il vivait de régime et mangeait à ses heures.
— Quand sur une personne on prétend se régler,
C’est par les beaux côtés qu’il faut lui ressembler.

— L’âne chargé de reliques.

— Honteux comme un renard qu’une poule aurait
[pris.
— Je rends grâces aux dieux de n’être pas Romain.
— Le reste ne vaut pas l’honneur d’être nommé.
— Du plus grand des Romains voilà ce qui nous reste.
...... J’ai ri, me voila désarmé.
— Le seul roi dont le peuple ait gardé la mémoire.

— Tu seras roi.

— Et, rose, elle a vécu ce que vivent les roses.

L’espace d’un matin.

— Le grain de sable de Pascal.

— Le sac de Scapin.

— Saute, marquis !

— Quand on le sait, c’est peu de chose ;

Quand on l’ignore, ce n’est rien.

— Que sais-je ?

... Couvrez ce sein que je saurais voir.
— Nourri dans le sérail, j’en connais les détours.

— Le serpent et la lime.

— Prends un siège, Cinna.........
— Imiter de Conrart le silence prudent

Hameau de Petits-Soins.

— Le soliveau de la fable.

— Un sonnet sans défaut vaut seul un long poëme.
— Et si vous n’en sortez, vous devez en sortir.
— Un sot trouve toujours un plus sot qui l’admire.

— Bon souper, bon gîte et le reste.

................
Soupire, étend les bras, ferme l’œil et s’endort.

Sourire mouillé de larmes.

— Ma foi, s’il m’en souvient, il ne m’en souvient
[guère.

Statue du Commandeur.

— Le style est de l’homme même.

— Jamais surintendant ne trouva de cruelles.
— Quoi qu’en dise Aristote et sa docte cabale,
Le tabac est divin, il n’est rien qui l’égale.

— La tache de sang de lady Macbeth.

— Ne forçons point notre talent,

Nous ne ferions rien avec grâce.

Tarte à la crème.

.... Le temps ne fait rien à l’affaire.

— Se retirer sous sa tente.

— Belle tête… mais de cervelle point.

— Le matin catholique, et le soir idolâtre,
Il dînait de l’autel et soupait du théâtre.
— Le trident de Neptune est le sceptre du monde.
— Il en est jusqu’à trois que je pourrais citer.

— Qui trompe-t-on ici ?

..... Selon l’usage antique et solennel.
— Jamais on ne vaincra les Romains que dans Rome.
— Enfin, Malherbe vint........

Vérité en deçà, erreur au delà.

— Ils sont trop verts....

— Je laisse à penser la vie

Que firent ces deux amis.

— Ton amour m’a refait une virginité.

— J’ai voulu voir, j’ai vu.

— Je vois, je sais, je crois, je suis désabusée.
— Je l’ai vu, dis-je, vu, de mes propres yeux vu,

Ce qu’on appelle vu…

..... Quand aura-t-il tout vu ?
— Homme de bien, qui voyez tant de choses.

— Les restes d’une voix qui tombe et d’une ardeur qui s’éteint.

 Tu l’as voulu, George Dandin.

Anthologie des noms propres littéraires. Énumération expliquée et commentée des principaux types et personnages appartenant au roman, au théâtre, etc., et que leur originalité a gravés dans la mémoire pour en faire des termes de piquantes comparaisons :

Adamastor.  Cid (le).
Agnès.  Clarisse Harlowe.
Agramant.  Claude Frollo.
Akakia (le docteur).  Clélie.
Aladin.  Clorinde.
Alceste.  Colin.
Ali-Baba.  Colombine.
Almaviva.  Corinne.
Amadis de Gaule.  Crispin.
Amaryllis.  Cymodocée.
Amphitryon.  Desdémone.
Angélique (la belle).  Des Grieux.
Angot (madame).  Diafoirus.
Archevêque de Grenade(l’).  Dimanche (monsieur).
 Don Juan.
Aricie.  Don Quichotte.
Arlequin.  Dorine.
Armide.  Dulcinée.
Arsinoé.  Elvire.
Asmodée.  Emile.
Astolphe(cor, fiole d’).  Escarbagnas (la comtesse d’).
Astrée. 
Avocat Patelin (l’).  Esméralda (la).
Banco.  Eucharis.
Barataria (l’île de).  Eudore.
Bartholo.  Eugénie Grandet.
Basile.  Falstaff.
Beau Ténébreux (le).  Fanfan la Tulipe.
Bélise.  Faust.
Bertrand et Raton.  Figaro.
Bilboquet.  Fleurant.
Birotteau (César).  Fracasse.
Bobêche.  Frétillon.
Bradamante.  Frontin.
Bridoie.  Galaor.
Bridoison.  Galatée.
Cadet Buteux.  Galimafré.
Cadet Roussel.  Ganelon.
Caleb.  Gargamèle.
Calypso.  Gargantua.
Camille.  Gaultier Garguille.
Candide.  George Dandin.
Capitan.  Géronte.
Carabas (le marquis de).  Gil Blas.
 Gobseck
Cassandre.  Goriot (le père).
Céladon.  Gracioso (le).
Célimène.  Gradasse.
Chauvin.  Grandet.
Chérubin.  Grandgousier.
Chicaneau.  Grandisson
Chimène.  Grégoire.
Chloris.  Gribouille.
Chrysale.  Gringalet.
Gringoire.  Pantalon.
Grippeminaud.  Panurge.
Gros Guillaume.  Pasquin.
Gros Jean.  Pernelle (madame).
Gros René.  Perrette.
Guillot.  Perrin Dandin.
Gulliver.  Philaminte.
Guzman.  Philinte.
Hamlet.  Picaro.
Harpagon.  Picrochole.
Herminie.  Pierrot.
Hippolyte.  Pimbêche (la comtesse de).
Hudibras. 
Iago.  Polichinelle.
Ismène.  Pourceaugnac.
Jacques (maître).  Prudhomme (monsieur).
Jeannot et Colin. 
Jocelyn.  Purgon.
Joconde.  Quasimodo.
Jocrisse.  Raton.
Josse (monsieur).  Renaud de Montauban.
Jourdain (monsieur). 
Julie.  René.
Lagingeole.  Robert Macaire
Lance d’Achille.  Robinson.
Laridon.  Rodilard.
Léandre.  Rodomont.
Lear (le roi).  Roger Bontemps.
Lélio.  Roi d’Yvetot.
Lénore.  Roland (cor, épée de).
Lignon (le).  Rollet.
Lilliput.  Roméo et Juliette.
Lindor.  Rosine.
Lisette.  Rossinante.
Lovelace.  Rothomago.
Loyal (monsieur).  Ruy-Blas.
Lubin.  Sacripant.
Lucie.  Saint-Preux.
Lustucru.  Sancho Pança.
Macbeth.  Sangrado.
Mambrin.  Scapin.
Mandane.  Scheherazade.
Manon Lescaut.  Sganarelle.
Marforio.  Shylock.
Marguerite.  Sorcières de Macbeth.
Mascarille.  Sosie.
Mayeux.  Tabarin.
Médor.  Tartufe.
Mélibée.  Théramène.
Mélusine.  Tircis.
Méphistophélès.  Tityre.
Mezzetin.  Tom Jones.
Micromégas.  Tranche-Montagne.
Mignon.  Trimalcion.
Nicole.  Trissotin.
Nysus et Euryale.  Trivelin.
Obéron.  Truffaldin.
Œnone.  Turcaret.
Ophélie.  Turlupin.
Orgon.  Ucalégon.
Oronte.  Vadius.
Orosmane.  Valère.
Othello.  Vautrin.
Paillasse.  Vendredi.
Paméla.  Vert-Vert.
Pancrace.  Werther.
Pangloss.  Zadig.
Pantagruel.  Zaïre.

Ici encore, nous sortons du plan, de la routine, de l’ornière au fond de laquelle ont marché moutonnièrement jusqu’à ce jour tous les ouvrages encyclopédiques. Ces idées nouvelles sont la propriété exclusive du Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle. Il ne se contente pas d’être français, historique, géographique, mythologique, scientifique, etc., il apporte sa pierre à l’édifice toujours inachevé du progrès, et il dit hautement à ceux qui viendront après lui : « Si vous avez la légitime prétention d’ajouter au monument, apportez des matériaux qui soient d’une autre nature ; mais personne n’a le droit de venir semer et récolter dans le champ que, le premier, j’ai défriché et arrosé de mes sueurs. » Pour que l’on ne trouve pas trop de fierté à ces paroles, nous dirons qu’elles ont leur raison d’être : la propriété des noms propres littéraires nous était hier encore âprement disputée. Deux hommes honorables, deux écrivains distingués, qui ont apporté dans cette revendication plus de légèreté que de mauvaise foi, nous n’éprouvons aucune répugnance à le reconnaître, MM. Thalès Bernard et Victor Fournel, viennent de nous accuser publiquement de plagiat, et nous ont fait sortir de notre réserve accoutumée en nous obligeant à leur adresser, par la voie de plus de cinquante journaux, la lettre suivante, à laquelle aucune réponse n’a encore été faite. Nous l’insérons ici dans toute son étendue. Comme une famille, le Dictionnaire du XIXe siècle a son honneur à défendre, et cette lettre est appelée à être plus tard une de ses plus précieuses archives :

 « Monsieur le Rédacteur,

» Dans un numéro du journal le Réveil, M. Thalès Bernard, dont l’Académie française – c’est lui qui le déclare modestement – a déjà récompensé deux fois les travaux, m’accuse, en six colonnes compactes et dans les formes les moins attiques, de lui avoir dérobé, ainsi qu’à son collaborateur, M. Victor Fournel, l’idée des personnages purement littéraires qui forment une des dix parties neuves de mon Grand Dictionnaire. Cette réclamation, à propos de laquelle il « en appelle à tous les honnêtes gens, » est appuyée sur un prospectus enregistré au ministère de l’intérieur, à la date du 8 novembre 1861, et dans lequel M. Thalès Bernard développait ce qu’il appelle son idée. Alors que je n’aurais rien à opposer à cet enregistrement littéraire, je me permettrais encore de trouver puériles de telles garanties, puisqu’elles ne pourraient devenir une arme sérieuse entre les mains de mon adversaire qu’en admettant cette bouffonne hypothèse : Le ministre de l’intérieur a donné à M. Larousse la clef de ses cartons pour dépouiller M. Thalès Bernard. – Voilà pourtant où aboutissent quelquefois les imputations absurdes ; mais je n’en suis pas réduit là, et c’est fort heureux pour mon complice et pour moi, car M. Thalès est un homme qui paraît tenir furieusement aux plumes qu’il a tirées de l’aile d’autrui. Vouloir se parer de plumes étrangères, passe encore ; mais crier au voleur pendant qu’on se livre à cette petite industrie, l’imagination du fabuliste n’avait point été jusqu’à prêter au geai cette audace.

» Voici donc ce que je dois déclarer pour la complète édification des honnêtes gens : l’idée de placer les personnages littéraires sur le même rang que les personnages historiques, et de consacrer, par ordre alphabétique, un article à Adamastor, Agnès, Alceste, Basile, Bridoison, Célimène, etc., etc., cette idée est ma propriété depuis le jour où j’ai tracé le plan de l’immense ouvrage qui est actuellement en voie de publication, c’est-à-dire depuis vingt ans ; et, le 30 juin 1861, près de six mois avant que l’idée de M. Thalès Bernard eût donné signe de vie, je l’avais, non pas seulement développée, mais exécutée, dans les nos 35 et 38 de mon journal, l’École Normale (30 juin et 21 juillet 1861). J’ai donc le droit de dire à M. Thalès Bernard que son prospectus du 8 novembre était un plagiat (sciemment ou non), et que son article du Réveil, où il ose prendre le rôle d’accusateur, mérite une qualification beaucoup plus sévère : vires acquirit eundo. Et maintenant, que les honnêtes gens décident entre M. Thalès Bernard et moi. » Pierrre Larousse.