Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/atlodyme adj.
ATLODYME adj. (a-tlo-di-me ― du gr. Atlas, atlas, nom de la première vertèbre, et dumos, pour didumos, double). Térat. Monstre qui présente un double atlas, et deux têtes avec un corps unique.
— Substantiv. Genre de monstres doubles de la famille des monosomiens : Les atlodymes forment un genre assez voisin des dérodymes. (Is. Geoffroy St-Hilaire). || On dit aussi Atlodidyme.
— Encycl. Les atlodymes sont deux têtes séparées portées par un corps commun, qui présente une organisation vraiment unitaire ; ces deux têtes sont contiguës l’une à l’autre par leurs portions postérieure et latérale, et laissent entre elles, en avant, un intervalle dans lequel est logée l’extrémité supérieure du rachis. Il y a deux atlas ou un atlas double (d’où le nom d’atlodyme) ; mais la colonne vertébrale devient presque aussitôt simple. L’atlodymie n’a pas encore été observée chez l’homme. C’est, d’après l’examen de deux serpents, un trigonocéphale et une vipère, qu’Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a fait connaître les caractères de ce genre curieux de monstruosité. Ces deux serpents se trouvent au Muséum d’histoire naturelle.
Chez le trigonocéphale atlodyme, les deux têtes sont contiguës, mais non réunies en arrière, sont disposés de manière à former, dans leur situation habituelle, un angle de plus de 160 degrés ; angle tellement obtus, qu’elles se trouvent dirigées en sens inverse, et se correspondent bien plutôt par leurs faces postérieures que par leurs côtés. Aussi, lorsqu’on ouvre à la fois les deux bouches, voit-on le jour à travers les deux cavités buccales confondues en arrière en une seule.
Les deux têtes de la vipère atlodyme présentent une disposition assez différente de celle qu’on remarque chez le trigonocéphale. Elles se rencontrent sous un angle beaucoup moins obtus ; car il n’a guère plus de 100 degrés, et, par conséquent, ne dépasse guère l’angle droit. L’une des têtes, celle qui est placée à gauche de l’axe d’union, est sensiblement plus petite que la droite. Cette vipère, encore jeune, était pleine de vie, lorsqu’elle fut rencontrée dans un bois et tuée. Des renseignements recueillis sur elle par M. Dutrochet, il résulterait que chaque tète a donné des signes de volonté propre et indépendante. La dissection qui en a été faite a montré qu’elle possédait deux trachées, deux œsophages, mais un poumon, un estomac et un cœur de composition unitaire.
L’atlodymie à été observée aussi chez les mammifères et chez les oiseaux. Meckel a décrit un veau atlodyme ; Isidore Geoffroy Suint-Hilaire a vu un pigeon atlodyme, chez lequel la réunion des deux têtes avait lieu sous un angle très-aigu.