Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/atteler v. a. ou tr.

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Administration du grand dictionnaire universel (1, part. 3p. 887).

ATTELER v. a. ou tr. (a-te-lé, rad. attel, double le l devant un e muet : J’attelle, j’attellerai.) Attacher des animaux à une cnaTruo ou à une voiture que l’on veut faire traîner : Atteler un bœuf, des bœufs à la charrue. Atteler les chevaux à la charrette, au carrosse. Cérès présentait aux hommes une charrue, et faisait atteler des bœufs. (Fén.) Quand le cheval de carrosse sera accoutumé au harnais, on /’attellera avec un autre cheval fait. (Buîf.) On attelle quelquefois six chevaux à une voiture si légère qu’un enfant la traînerait, et quelquefois on n’en attelle qu’un seul à une lourde charrette où il en faudrait six. (Barbé.)

Il conduit en chantant le couple qu’il attelle.

Lamartine.

|| Se dit aussi dos hommes condamnés aux fonctions des bêtes de somme : Atteler des esclaves à la charrue. On n’avait pas encore imaginé ^’atteler deux hommes à une litière. (La Bruy.) Il fit atteler à son char les rois qu’il avait vaincus. (Fén.) Dôme foulait les peuples, et à ses triomphes attelait les rois. (Lemerc.)

— Se dit du véhicule lui-même.• Atteler une charrue, une voiture. Dites au cocher qu’il attelle ma calèche. On attelle pour lui un carrosse de voyage, où l’on entasse tes coussins et les tapis précieux. (Mérimée.)

Il attelle son char, en montant fièrement.

Boileau.

Le froment répandu, l’homme attelle la herse, Le sillon raboteux la cahote et la berce.

Lamartine.

|| Absol. dans ce sens : Dites à mon cocher qu’il attelle. Les chevaux de poste sont-ils arrivés ? — Oui, monsieur, on attelle. (E. Sue.)

— Poétiquem. Atteler à son char, vaincre


et faire servir à la gloire do son triomphe : Atteler a son char des peuples barbares.

Il (Napoléon) attelait des rois au char de ses victoires.

V. Hugo.

|| User librement et comme triomphalement de :

Je ne veux la puissance et ne veux la richesse Que pour les atteler au char de ma jeunesse.

Ponsard.

S’atteler, v. pr. Être attelé : Les animaux ne doivent s’atteler qu’avec des compagnons de même allure et de même force. Les chevaux ombrageux s’attellent difficilement.

— S’attacher à une voiture pour la traîner : Ils s’attelèrent au chariot. (Acad.) Le portefaix s’attela de nouveau à sa, charrette et repartit rapidement. (E. Sue.) On s’attelle en la place des chevaux, on traîne le carrosse en triomphe. (A. Karr.)

Fam. Se lier, s’associer : Il faut que M. de La Garde ait de bonnes raisons pour se porter à l’extrémité de S’atteler avec quelqu’un. (Mme de Sév.) Je suis fâché qu’il se soit attelé avec un pareil roquet pour une entreprise si ridicule. (Grimm.) il So dévouer, s’appliquer : S’atteler à une œuvre utile. Il ne s’attelle qu’à des utopies, qu’à des chimères.. Je me suis attelé à une besogne rude, difficile, à laquelle j’ai donné ma vie, à laquelle je sacrifie mes espérances et mon bonheur. (Deleseluze.) On pouvait compter que ces deux fractions de l’opposition s’attelleraient de tout cœur au succès d’un candidat aussi ridicule. (Balz.)

Antonyme. Dételer.