Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/basilique s. f.

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Administration du grand dictionnaire universel (2, part. 1p. 309-311).

BASILIQUE s. f. (ba-zi-li-ke — du gr. basilikos, royal). Antiq. gr. Palais du roi.

— Antiq. rom. Edifice où l’on rendait la justice et qui servait aux mêmes usages que les bourses de nos jours : Dans les basiliques des Romains se réunissaient des marchands et des juges ; elles furent converties en églises par les chrétiens. (Vitet.) La forme des basiliques était celle d’un carré oblong, avec un portique à chaque extrémité. (Millin.)

— Aujourd’hui, très-grande église, église principale : Ils allèrent voir les ouvriers occupés à bâtir l’immense basilique consacrée à saint Pierre. (Balz.) Hélène avait fait enfermer le sépulcre de Jésus-Christ dans une basilique circulaire de marbre. (Châteaub.) La basiliques de Saint-Paul existe encore aujourd’hui, telle que la firent construire Constantin et Théodose. (Millin.) D’une basilique bysan* Une descend une procession de prêtres, ayant en tête le pape porté sur sa chaise pontificale. (Th. Gaut.)

Aux vitraux diaprés des sombres basiliques, Les flammes du couchant s’éteignent tour a tour. Th. Gautier.

— Adjectiv. : L’église basilique de NotreDame de l’Assomption de Tolède. (Th. Gaut.)

— Eûcycl. I. — Basiliques grecques et romaines. Le mot basilique est d’origine grecque ; il est dérivé de basileus (pouu’Xstiî), qui veut dire roi, et Vitruve nous apprend qu’on s’en servit pour désigner de grandes salles qui faisaient partie du palais des rois, et où ceux-ci rendaient la justice. L’usage des basiliques fut commun aux Grecs et aux Romains, et le nom donné à ces édifices fut conservé lors même qu’il n’y eut plus de rois qui rendissent la justice. Vitruve n’indique pas les différences de construction qui pouvaient exister entre les basiliques grecques et les basiliques romaines ; quelques auteurs ont cru. pouvoir inférer de son récit qu’il n’y en avait aucune, mais cette hypothèse est fort discutable. Il est certain qu à Athènes, les lieux couverts où siégeaient certains tribunaux n’avaient rien de commun avec les édifices dont parle l’écrivain latin : le tribunal des archontes, par exemple, tenait ses audiences dans un portique qui avait reçu le nom deportique royal (paoïXii-rj <rzoa.). On a découvert à Pœstum les ruines d’un monument dans lequel des archéologues très-compétents, M. Quatremère de Quincy entre autres, ont cru voir un exemple des basiliques grecques. Ce mo- • nument, deux fois plus long que large, comme les grandes basiliques romaines, a neuf colonnes sur chacune de ses faces, et dix-huit dans chaque aile, en y comprenant les colonnes des angles. Tout indique que l’édifice n’avait point d’entrée principale, mais qu’il était ouvert de toutes parts. À la rencontre de la colonne qui occupe le milieu du frontispice, s’aligne une rangée de colonnes qui partage l’enceinte en deux parties égales, et qui soutenait vraisemblablement un toit en terrasse. Le sol est plus élevé autour de cette colonnade centrale, et a dû être pavé avec quelque recherche, comme le prouvent les mosaïques qu’on y a découvertes. Cette espèce d’estrade était probablement réservée aux principaux citoyens, ou peut-être aux magistrats. Rien dans cet édifice n’a révélé l’existence de murs intérieurs ou de cella, ce qui le distingue particulièrement des temples. Ceux qui se refusent à y voir une basilique s’appuient sur ce que sa disposition n’est pas d’accord avec les règles assignées par Vitruve aux constructions de ce genre ; mais ces règles n’avaient rien d’absolu, puisque Vitruve s’en est écarté lui-même dans la basilique qu’il construisit à Fano. Les voici telles qu’il nous les a transmises : « Les basiliques adjacentes au forum doivent être établies dans l’exposition la plus chaude, afin que les négociants qui les fréquentent pendant l’hiver y soient à l’abri des intempéries de la saison. L’édifice ne doit pas

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avoir en largeur moins de la troisième partie de sa longueur, ni plus de la moitié, à moins que le lieu ne permette point d’y observer ces dimensions. Si l’emplacement a plus de longueur, on pratique aux extrémités des chalcidiques(V. ce mot). Les colonnes ont en hauteur la largeur des portiques latéraux (bas côtés), et ceux-ci ont en largeur le tiers de l’espace du milieu (grande nef). Les colonnes du second ordre doivent être plus petites que celles d’en bas, par la raison naturelle qui veut que les objets diminuent de volume en raison de leur élévation. Le second ordre sera posé sur un piédestal continu formant un appui (pluteus) ou balustrade assez élevée pour que les personnes placées dans les galeries supérieures ne soient pas vues par les marchands qui sont en bas. Quant aux architraves, aux frises et aux corniches, elles auront les proportions qu’on leur donne dans les autres édifices. » On va voir, par la description suivante que Vitruve nous a laissée de la basilique de Fano, combien l’ordonnance de cet édifice s’éloignait des règles que nous venons de rapporter : > La voûte du milieu a 40 mètres de long sur ?0 de large. Les portiques latéraux ont 7 mètres de large. Les colonnes avec leurs chapiteaux mesurent 17 mètres de haut sur 2 de diamètre. Elles ont derrière elles des pilastres de 7 mètres de haut, larges de 1 mètre et épais do 0 m. 49, pour soutenir les poutres qui portent les planchers des portiques. Sur ces pilastres il y en a d’autres, hauts de 6 mètres, larges de o m. 66 et épais de o m. 33, destinés à soutenir les poutres qui portent le toit des seconds portiques. Ce toit est un peu plus bas que la grande voûte. Les vides qui restent entre les poutres posées sur les pilastres et celles qui sont sur les colonnes, laissent passer le jour dans les entre-colonnements. Sur chaque côté, dans la largeur de la grande voûte, il y a quatre colonnes, y compris celles des angles. Huit, en comptant aussi les angulaires, occupent la longueur du côté contigu au forum ; mais l’autre côté n’en a que six, les deux du milieu ont été supprimées pour ne point masquer la vue du sanctuaire d’Auguste, dont le pronaos, regarde le centre du forum et le temple de-Jupiter. Dans le sanctuaire d’Auguste se trouve le tribunal disposé en hémicycle ; le demi-cercle toutefois n’est pas complet, n’ayant que 5 mètres de profondeur sur 14 de front. Le tribunal a été placé dans cet endroit, pour que les négociants qui ont affaire dans la basilique n’incommodent point les plaideurs qui sont devant les juges Le toit,

formé d’une charpente qui repose sur les colonnes, a quelque chose d’agréable à cause de sa double disposition, savoir : celle du dehors, qui est en pente, et celle du dedans, qui est en berceau (testudo). On épargne beaucoup de peine et de dépense en suivant cette manière de construire les basiliques. On supprime les ornements qui sont au-dessus des architraves, les appuis ou second ordre de colonnes, et même ce rang de colonnes pour les galeries supérieures. L’unité d’ordre et la grandeur qui résulte de cette ordonnance ne l’ont que donner à l’édifice un plus grand air de majesté et de magnificence. »

Les deux basiliques qui ont été découvertes à Pompéi et à Herculanuin s’écartent, plus encore que celle de Fano, des règles tracées par Vitruve. Comme elles présentent à peu près les mêmes dispositions, nous nous bornerons à décrire celle de Pompéi. Sa surface ne forme pas un rectangle parfait : elle a 66 m. 60 au nord et 07 m. 08 au midi. La largeur est de 27 m. 35. L’édifice était isolé de trois côtés par des rues plus ou moins larges. La façade, tournée à l’orient, se raccordait avec l’alignement du forum, à l’aide d’un vestibule (pronaos) de profondeur inégale à ses deux extrémités, qui ont, l’une 5 m. 15, et l’autre 4 m. 55. On pénétrait dans ce vestibule par cinq portes qui, pour se fermer, plissaient dans des rainures entaillées dans les pilastres de séparation, et qui ressemblaient assez bien aux herses du moyen

âge. Deux piédestaux, adossés aux pilastres du milieu, et les restes d’une statue en bronze doré trouvés dans ce lieu, annoncent que cette entrée était richement décorée. La basilique avait en outre deux petites portes latérales,

Sercées au milieu des grands côtés. Quatre egrés régnent dans toute la largeur du vestibule ; le plus élevé est partagé par quatre colonnes, dont deux sont engagées dans des piliers rectangulaires. Cinq baies, correspondant aux cinq portes de la façade, s’ouvrent entre ces colonnes et donnent accès à l’intérieur de la basilique, qui est divisé en trois nefs par deux rangées de colonnes. Dans l’état actuel de l’édifice, il est assez difficile de se faire une idée exacte de la hauteur qu’ont eue les murailles. M. Breton (Pompeia et Hercula- « um, p. 117) croit que la nef centrale n’a jamais été couverte et qu’on doit y voir une espèce d’area ou d’impluvium, comme en avaient les atriums romains. Il est à remarquer que le sol de cette nef, autrefois dallé en marbre, est plus bas que celui des nefs adjacentes, et on y a trouvé des fragments de chéneaux et d’antéfixes qui, selon M. Breton, ne peuvent avoir appartenu qu’à l’entablement du portique, du côté de Varea. Les colonnes sont au nombre de vingt-huit, et mesurent tl m. de haut, tandis que li’S portiques latéraux n’ont que 5 m. 85 de large ; ce qui est tout à fait en désaccord avec les prescriptions de Vitruve ; mais il est probable qu’ici, comme dans la basilique de Fano, il n’y avait pas de second ordre. Des colonnes d ordre corinthien, hautes de 6 m. 90 seulement, sont engagées dans les murailles des portiques latéraux ; il est prenable, comme Va cru M. Breton, qu’au-dessus de ces colonnes engagées et de leur corniche, dut régner une sorte d’attique avec des pilastres atteignant la hauteur de l’architrave des grandes colonnes et soutenant avec celles-ci la charpente du toit : disposition qui paraît avoir été employée par Vitruve dans la construction de la basilique de Fano. Les grandes colonnes, formées d’un noyau de briques recouvert de stuc, sont d’ordre ionique ; leurs chapiteaux, en tuf volcanique, offrent beaucoup d’analogie avec ceux du temple de Vesta, dont on fait remonter la construction au premier siècle avant notre ère. Le nu des murailles est décoré de refends peints à l’imitation de marbres de différentes couleurs ; le soubassement est formé de deux, larges bandes, l’une rouge, l’autre noire, bordées de filets jaunes, rouges, verts et blancs. Des débris de statues, d’hermès, de vases, annoncent que la sculpture jouait aussi un grand rôle dans l’ornementation. Au fond de l’édifice est une tribune qui, au lieu de s’arrondir en hémicycle, forme une espèce de grand stylobate rectangulaire, élevé de 2 mètres au-dessus du sol du portique, orné de demi-colonnes et présentant à sa façade six petites colonnes à ordre corinthien. On pense que cette estrade ■ servait de tribunal au duumvir chargé de rendre la justice : la chaise curule de ce magistrat se plaçait dans l’entre-colonnement du milieu, qui est plus large que les autres. Ce qui semble justifier l’hypothèse qu’il s’agit bien ici du lieu consacré à l’exercice de la justice, c’est qu’au-dessous de l’estrade est pratiqué un véritable cachot, qui prend jour extérieurement par deux soupiraux garnis de barreaux de fer, et dans lequel on descend de l’intérieur par deux escaliers placés de chaque côté de la tribune.

Ainsi que nous l’avons dit, la basilique d’Herculanum présente des dispositions à peu près identiques k celles que nous venons de décrire. C’est dans son vestibule qu’ont été trouvées les belles statues équestres des Balbus (v. Ce nom), qui sont aujourd’hui au musée de Naples. Son area est entourée de quarante-deux colonnes. Les portiques latéraux se terminent par deux vastes niches ou absides, que décoraient des peintures représentant Hercule et Tëlèphe et Thésée vainqueur du Minotaure ; en avant de ces niches étaient des piédestaux portant les statues d’Auguste et de Claudius Drusus. Le stylobate rectangulaire qui servait de tribunal était orné d’une statue de Vespasien, entre deux figures assises qui ont été brisées.

Ce serait une erreur de croire qu’il n’y eut jamais que trois nefs dans les basiliques romaines. Sans doute il en était ainsi, en général ; mais on connaît des exemples de basiliques ayant quatre rangs de colonnes, et par conséquent trois nefs. Telle était la basilique de Trajan. La basilique Emilienne, dont les dispositions nous sont en partie connues par le plan antique de Rome, conservé au Capitale, avait aussi quatre rangées de, colonnes ; mais comme on ne voit sur ce plan aucuneindication de murs extérieurs, il serait possible que les portiques eussent été ouverts de toutes parts, de même que dans le monument de Pœstum ; et, dans ce cas, il n’y aurait eu réellement que trois grandes allées dans cette basilique. Ces allées, bordées de colonnes, aboutissaient à un vaste hémicycle où siégeaient sans doute les juges ; le mot LIBERTATIS est écrit sur le plan, au-devant de cette enceinte, qu’une triple rangée de colonnes sépare de la nef ou area centrale.

Publius Victor dit qu’il y avait, de son temps, dix-neuf basiliques à Rome. Ce nombre ne doit pas étonner, car on sait qu’à chaque forum fut adjoint une basilique, ou les rrigistrats donnaient leurs audiences pendant la mauvaise saison. Pline le Jeune nous apprend de quelle manière les juges et les assistants étaient placés dans ces vastes édifices. Les juges, dont le nombre s’élevait parfois à cent quatre-vingts, se partageaient en quatre compagnies ou tribunaux ; autour d’eux se plaΠ: aient les jurisconsultes et les avocats, dont e nombre était considérable, Les portiques et les galeries supérieures étaient remplis d’hommes et de femmes, qui, trop éloignés pour entendre les jugements, se contentaient de jouir du coup d ceil.

Les basiliques n’étaient pas seulement affectées à l’exercice de la justice : chez les Romains, elles tenaient lieu des édifices auxquels les modernes donnent le nom de bourses ; les commerçants s’y réunissaient pour conclure des marchés et causer d’affaires. C’est ce qui explique pourquoi elles étaient presque toujours bâties à côté d’un forum.

Les basiliques romaines dont il est le plus souvent fait mention dans les auteurs sont : îo la basilique Porcia, construite l’an 566 de Rome (187 av. J.-C), par les consuls L. Porcius et P. Claudius ; elle touchait a la Curie, et souffrit beaucoup de l’incendie qui consuma ce dernier monument lorsqu’on brûla le corps de Clodius sur le forum ; cette basilique dut être 1 une des premières que bâtirent les Romains, car, si nous en croyons Tite-Live, ils n’adoptèrent l’usage de ce genre d’édifices qu’après la première guerre de Macédoine, c’est-à-dire environ £00 ans av. J.-C ; 2° la basilique Fulvia, élevée par le censeur Fulvius, en l’aa 573 de Rome (180 ans av. J.-C) ; 3° la

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basilique Sempronia, bâtie par le tribun T. Sempronius (170 ans av. J.-C), sur l’emplacement de la maison de Scipion l’Africain, à l’occident du forum, dans un quartier habité par les ouvriers et les négociants en laine ; on y jugeait principalement les causos relatives à ce genre de commerce ; 4° la basilique JEmilia, construite sur le forum par lo consul jEmilius Paulus (33 ans av. J.-C) ; elle était magnifique et avait coûté 1,500 talents, envoyés des Gaules par César ; 50 la basilique Julia, commencée sous Jules César et achevée sous Auguste ; elle s’élevait sur le forum en face de la basilique JEmilia ; c’était là que les centumvirs avaient leur tribunal ; 6° la basilique de Caïus et de Lucius, bâtie en l’honneur de ces deux princes par Auguste, leur père adoptif ; quelques archéologues ont prétendu reconnaître cet édifice dans les ruines d’un bâtiment rond et voûté, qui sont placées entre l’église de Sainte - Bibiane et les murs de Rome, mais cette opinion a été combattue par d’autres savants ; 7" la basilique Ulpia ou de Trajan, élevée par ce prince sur le forum auquel il avait donné son nom ; Marciana, sœur de Trajan, et Matidia, fille de Marciana, élevèrent aussi des basiliques, dans la neuvième région de Rome ; 8° la basilique Alexandrina, bâtie par Alexandre Sévère près du Champ de Mars ; elle avait 333 mètres de long, 33 mètres de large, et était portée entièrement sur des colonnes ; 9° la basilique Antonina, construite par Antonin le Pieux dans la neuvième région ; 10<> la basilique Constantiniana, construite par Constantin dans la quatrième région ; il» la basilique Opimia, située un peu plus haut que le Comitium ; les centumvirs y jugeaient les causes de peu d’importance ; 120 la basilique Sicinia, bâtie dans le quartier des Esquilies ; on croit qu’elle était destinée aux juges des causes relatives aux affairesde boucherie, car elle était voisine d’un marché (macellum) où se traitaient les affaires de ce genre. Les riches particuliers élevaient parfois des basiliques ; "Vitruve dit, en parlant des palais destinés aux personnages importants : « Il doit s’y trouver des bibliothèques et des basiliques, qui aient la magnificence qu’on voitjaux édifices publics, parce que, dans ces maisons, il se fait des assemblées pour les affaires de 1 État et pour les jugements et arbitrages par lesquels se terminent les différends des particuliers. » Les Gordiens, dans leur magnifique villa bâtie Sur la voie Prsenestine, avaient trois basiliques de 33 mètres de long. Le sénateur Lateranus, contemporain de Néron, fit construire une basilique qui, transformée plus tard en église par Constantin, devint la primitive basilique de Saint-Jean de Latran.

II. — Basiliques chrétiennes. Dans les intervalles de paix, quelquefois assez longs, dont ils jouirent pendant les trois premiers siècles, les chrétiens se réunissaient, pour la célébration des mystères, tantôt dans des oratoires domestiques, qui n’étaient autres que les cénacles des habitations privées, tantôt dans des temples élevés par eux en l’honneur du vrai Dieu et désignés sous le nom d’église (ecclesia) ou de dominicum ; en grec, «.ujiaxov (maison du Seigneur). Ces temples, très-peu nombreux et très-modestes dans le principe, commencèrent à se multiplier sous le règne d’Alexandre Sévère (222 à 235) : Lampride nous apprend que, dans une contestation survenue entre des chrétiens et des cabaretiers au sujet d’un emplacement où les premiers voulaient bâtir une église, ce prince prononça cette sentence : 1 II vaut mieux que la divinité soit adorée en ce lieu d’une manière quelconque, que de voir des marchands de vin en prendre possession.» Moins de trente ans après ce jugement, Gailien rendit aux évêques plusieurs églises qui avaient été envahies par les païens ; dans la seule ville de Rome, elles étaient au nombre de quarante. Puis vint Dioctétien, qui ordonna de les démolir. Nous n’avons aucune donnée sur la forme et les distributions intérieures de ces églises primitives. Plusieurs savants, Bottari, Séroux d’Agincourt, Raoul-Rochette, le P. Marchi, l’abbé Martigny, présument que ces édifices durent être modelés sur les chapelles établies dans les catacombes aux époques de persécution, et dont les dispositions avaient été basées sur les convenances essentielles du culte chrétien. Les plus grandes de ces chapelles, pouvant recevoir soixante à quatre-vingts fidèles, sont de forme allongée ; elles comprennent quelquefois deux salles placées à la suite l’une de l’autre, et où, suivant le P. Marchi, les sexes étaient séparés comme ils le furent plus tard dans les basiliques. La décoration est, en général, fort simple : des figures symboliques peintes sur stuc, des pilastres, des colonnes et d’autres ornements sculptés dans la roche même. Le long des parois latérales sont disposés des tombeaux sur quatre a cinq rangs, suivant l’élévation de la crypte. Un sarcophage, contenant les restes d’un saint martyr, sert ordinairemérit d’autel ; il occupe le fond de l’abside, à moins que cette place ne soit occupée par la chaire du pontife (cathedra). Des chapelles, disposées à peu près comme celles que nous venons de décrire, mais plus régulières dans leursformes, furent construites à l’entrée des catacombes, dès que le danger des persécutions fut passé. M. le chevalier de Rossi et le P. Marchi ont cru reconnaître, il y a quelques années, quelques édifices de ce genre, que l’on peut regarder, suivant l’expression de M. l’abbé Mar BAS

tigny, « comme l’anneau qui relie immédiatement l’architecture en plein air à l’architecture souterraine. » Ces édifices, de forme quadrilatérale, sont munis, sur trois de leurs faces, d’absides destinées à recevoir les sarcophages qui servaient d’autels.

Malgré toutes les raisons qu’on a fait valoir (nous venons d’en exposer quelques-unes) pour prouver que l’architecture chrétienne prit naissance dans les catacombes, et conserva pendant longtemps les formes qu’elle y avait reçues, il nous paraît impossible d’admettre que les grandes basiliques, élevées en plein air du temps de Constantin et de ses successeurs, aient été construites sur le modèle des cryptes et des petites chapelles dont nous avons parlé. La vérité est, comme beaucoup de savants l’ont remarqué, qu’elles reproduisent d’une façon frappante la plupart des dispositions qu’avaient, chez les Romains, les édifices où l’on rendait la justice. On s’explique facilement, d’ailleurs, que les premiers chrétiens aient choisi, pour modèles de leurs églises, les basiliques plutôt que les temples : ils avaient naturellement horreur de tout ce qui rappelait le culte des faux dieux, tandis que l’idée de tribunal convenait à merveille à ces églises, où les évêques, dispensateurs des sacrements, exerçaient une sorte de juridiction spirituelle. Il est à remarquer aussi que les temples païens, destinés, pour la plupart, à contenir seulement les prêtres qui les desservaient, n’offraient pas une capacité suffisante pour renfermer l’assemblée nombreuse des fidèles, appelés à assister à là célébration des mystères chrétiens. « Aucun autre édifice que la basilique, dit Mongez, ne pouvait s’approprier aux rites de la nouvelle religion ; aucun autre ne présentait k la fois une plus grande analogie dans l’idée, une plus vaste étendue pour le local, une décoration plus magnifique dans l’intérieur. On en imita donc la forme, et soit que l’on ne crût pas devoir changer le nom qu’une nouvelle acception avait encore rendu plus conforme au vrai sens de son ètymologie, soit que la ressemblance absolue dans la forme eût rendu impossible le changement d’un nom qu’un long usage avait consacré, on donna cette dénomination aux églises qu’on bâtit dans la suite.» L’abbé Martigny pense que les églises ne reçurent le nom de basiliques qu’à partir de l’époque où Constantin, converti au christianisme, concéda aux évêques plusieurs basiliques profanes pour y exercer le culte, et bâtit des églises sur le même plan. • Il est sûr du moins que, depuis lors, tous les écrivains ecclésiastiques adoptèrent cette dénomination,

notamment saint Ambroise, saint Jérôme, saint Augustin. Cependant, ce ne fut que graduellement que les chrétiens s’accoutumèrent à s’en servir ; et nous voyons encore, en 333, le pèlerin qui a écrit XItinéraire de Bordeaux à Jérusalem se croire obligé d’expliquer par le mot dominicum le nom de basilique qu’il donne k l’église du Saint-Sépulcre : ce qui suppose que le premier, était encore à cette époque le plus usité. •

Les archéologues ont beaucoup disserté, sans se mettre complètement d’accord, sur la forme et sur les dispositions des basiliques chrétiennes. Ces édifices ont dû nécessairement varier dans quelques-unes de leurs parties, suivant l’importance de la ville où ils ont été élevés, les ressources et la munificence des fondateurs, le style d’architecture particulier aux divers pays de la cfirétienté. Il n’est pas douteux, par exemple, que les basiliques construites en Orient différaient, dans plusieurs de leurs divisions, des basiliques de Rome. Dans la description que nous allons donner de ce genre d’édifices, nous tâcherons de réunir autant que possible les caractères communs aux églises grecques et aux églises latines.

Diso’ns d’abord un mot de l’orientation : Les premiers constructeurs chrétiens suivirent généralement l’usage qui avait prévalu dans les derniers temps du paganisme, et qui consistait à tourner le sanctuaire vers l’occident. C’est ainsi que furent construites l’église que Constantin ht élever k Antioche en l’honneur de la Vierge, la basilique de Tyr, bâtie vers l’an 313, et la plupart des basiliques primitives de Rome : Saint-Clément, Saints-Jean-et-Paul, les Quatre-Saints-couronnés, Sainte-Marie-Majeure, Sainte-Praxède, Sainte-Cécile, la partie la plus ancienne de Saint-Laurent hors les murs, etc. Plus tard, les Constitutions apostoliques décidèrent que le sanctuaire serait dirigé vers l’orient. Cette règle fut adoptée aussi bien chez les Grecs que chez les Latins, mais il ne paraît pas qu’elle ait été obligatoire, car il existe encore beaucoup d’églises du moyen âge où elle n’a pas été observée. V. Orientation.

Eusèbe nous apprend (Vita Const., lib. IV, c. lviii, etpassim) que quelques-unes des grandes basiliques de 1 Orient étaient entourées d’une cour sacrée ou area (v. ce mot), décorée de galeries sur ses quatre faces. Les Occidentaux se bornèrent k établir parfois devant leurs églises un atrium (v. ce mot), destiné à empêcher le bruit de la rue de pénétrer dans le sanctuaire. D’anciens atria se voient k Rome devant les basiliques de SaintrLaurent hors les murs, de Sainte-Agnès, de Sainte-Praxède, de Sainte-Cécile ; ce sont des cours enceintes de murailles peu élevées. L’atrium qui précède l’église de Saint-Clément est décoré avec luxe. On y entre par un porche (prolhyrurn), dont la voûte d’arête est soute BAS

nue par quatre colonnes de granit, dont les deux premières sont d’ordre ionique et les deux autres d’ordre corinthien. Entre les deux chapiteaux antérieurs subsiste encore une barre de fer qui porte des anneaux auxquels un voile était autrefois suspendu. L’atrium, de forme rectangulaire, est entouré d’élégants portiques, dont deux sont perpendiculaires a la façade et les deux autres parallèles ; le portique, dans lequel le porche donne immédiatement accès, est formé d’arcades k plein cintre que soutiennent des piliers carrés ; les deux portiques latéraux ont des colonnes monolithes en marbre et en granit, qui portent des architraves et des corniches en marbre. Quant au quatrième portique, contigu à la façade, il est décoré d’arcades et de colonnes, et sert de vestibule ou de pronaos à l’église.

L’atrium ne faisait pas essentiellement partie de la basilique. Celle-ci comprenait trois divisions principales : le vestibule, la nef et l’abside ou sanctuaire.

Le vestibule, appelé encore pronaos ou narthex, était un portique qui s’appuyait à l’extérieur sur deux, cinq, six ou sept colonnes isolées, et de l’autre côté sur le mur de la façade. U reproduisait ainsi, en tous points, la disposition que nous avons signalée dans les basiliques civiles des Romains. Dans quelques églises, . notamment dans celle de Sainte-Agnès, il était établi dans l’intérieur même de l’édifice et reliait les deux nefs latérales, derrière le mur de façade ; il prenait alors le nom à’esoiarthex ou nartnex intérieur. Cette première partie des basiliques offre du reste des variétés assez notables, comme on le voit au mot nartkex. C’était dans ce portique, dont la voûte était ordinairement décorée de peintures sacrées, que se tenaient les pénitents que les Latins appelaient strati ou prosternés ; et les Grecs acroàmenoi ou écoutants, parce que, de là, ils pouvaient entendre la psalmodie ou l’instruction.

Du vestibule, on entrait dans la nef par trois portes : la porte du milieu (appelée en grec ôraia pylé, en latin porta speciosa, ou encore porta basilica), était réservée aux clercs ; les deux portes latérales étaient pour le peuple, la gauche pour les femmes, la droite pour les hommes. L’intérieur des basiliques était le plus souvent divisé en trois nefs par deux rangées de colonnes ; telle est la division do Saint-Laurent hors les murs, de Sainte-Agnès, de Saint-Clément, de Saint-Sébastien, etc. La nef du milieu, beaucoup plus large que les deux autres, s’appelait aula ; elle restait libre ou était occupée par les personnages de distinction ; les nefs latérales, séparées de la grande nef par des rideaux, étaient affectées l’une aux hommes, l’autre aux femmes. Dans quelques églises d’Occident, à Sainte-Sabine de Rome par exemple, la net des hommes était plus longue que celle des femmes. Primitivement, le rez-de-chaussée delà basilique était interdit aux femmes ; elles se plaçaient dans une tribune ou gynœconitis, située au-dessus de chaque nef latérale, et qui correspondait exactement aux galeries supérieures des basiliques civiles des Romains. Les églises de Saint-La.urent hors les murs et de Sainte-Agnès étaient pourvues de tribunes de ce genre ; les femmes y arrivaient de plain-pied par la colline à laquelle chacun de ces édifices est adossé. Les Grecs ont conservé jusqu’à nous l’usage de ménager aux femmes une tribune, au premier étage, dans les églises assez vastes pour le permettre, et les escaliers sont disposés de ma-nière à éviter toute communication avec l’intérieur. La suppression du gynœconitis conduisit nécessairement k donner une plus grande étendue aux nefs. On porta même à cinq le nombre de ces nefs dans plusieurs basiliques, notamment dans celle de Saint-Paul hors les murs de Rome. Dans les églises ainsi conçues, un mur parallèle k la façade arrêtait les collatéraux pour former une nef transversale

dans laquelle on doit voir l’origine des transsepts, qui, dès lors, furent fréquemment adoptés et donnèrent au plan de l’édifice la configuration d’une croix grecque (T) plus ou

moins caractérisée en raison de la saillie que prirent leurs extrémités sur les murs latéraux. Des arcades percées dans le mur parallèle à la façade faisaient communiquer fa nef transversale avec les collatéraux ; une ouverture immense, que l’on appelait arc triomphal, était pratiquée au fond de la grande nef et démasquait le sanctuaire. Cette ouverture était souvent ornée de colonnes, comme on en voit k Saint-Paul hors les murs. Dans la plupart des basiliques primitives, entre autres k Saint-Clément, l’extrémité de la grande nef offrait un espace élevé de quelques degrés, où se tenaient les sous-diacres et les lecteurs, et du haut duquel l’évêque distribuait la communion au peuple. On donnait à ce lieu le nom de solea ; c’était le chœur des clercs mineurs et des chantres. À côté de la solea se trouvait l’ambon ou pulpitum, espèce de tribune qui servait pour la. lecture des livres saints et pour les instructions quo les prêtres et les diacres adressaient aux fidèles.

Une balustrade à jour ou cancel, de bois ou de marbre, séparait la solea du-sanctuaire, et s’étendait même quelquefois dans toute la largeur de l’église, d’un mur à l’autre. Le sanctuaire, que les Grecs nommaient bèma ou ierateion, et les Latins suggestum oaecclesiœ absis, était la partie extrême de la basilique ; Il formait un hémicycle au fond de la grande nef et était voûté en cul-de-four, d’où les noms de coucha et d’abside (en grec apsis), qui lui furent donnés. Il répondait exactement à l’emplacement qui dans les basiliques civiles, était affecté au tribunal, et que l’on nommait basilicœ caput. L’autel chrétien, recouvert d’un baldaquin ou ciborium (v. ce mot), occupait le centre de l’hémicycle ; il était entouré par les sièges réservés aux prêtres et aux diacres, et dominé par la chaire épiscopale (cathedra), qui s’élevait au fond même de 1 abside. Dan3 quelques basiliques, des absides secondaires furent établies de chaque côté de l’abside principale, à l’extrémité des nefs latérales ou bas côtés ; elles étaient closes par des portes ou des rideaux, et servaient au dépôt des vases, des ornements sacrés, des offrandes des fidèles, des livres.destinés aux cérémonies. On les nomma, chez les Grecs, diaconion, scenophylacion, gazophylaceion, et chez les Latins, secretarium ; ce fut l’origine des trésors et des sacristies. Les églises de Sainte-Sabine, de Saint-Clément, de Saint-Pierre-aux-Liens, de Sainte-Cécile, à Rome,

de Torcello, dans les lagunes de Venise, offrent des exemples de ces absides secondaires.

Maintenant que nous avons indiqué quelles étaient les principales dispositions des basiliques, disons un mot de leur construction. En général, les premiers constructeurs chrétiens acceptèrent l’architecture romaine, dans l’état de décadence où ils la trouvèrent ; leurs édifices sont bâtis avec les mêmes matériaux et les mêmes appareils que ceux qui furent employés dans le même temps pour les monuments du paganisme. La façade de la basilique de Sainte-Agnès, qui a conservé ses dispositions primitives, présente le système de maçonnerie composé de moellons et d» briques, qui a été suivi dans la construction du cirque de Maxence. Cette façade a deux corps. Un fronton indique l’inclinaison du toit supérieur, qui est aéré par une fenêtre circulaire ou oculus, ouvert au milieu du tympan. Au-dessous, trois grandes fenêtres cintrées en briques éclairent la nef. Le corps principal de la façade fait saillie pour renfermer les deux étages (le gynœconitis et l’ésonarth«x) placés en dedans de la nef ; des fenêtres cintrées, aussi en briques, éclairent ces deux étages ; une porte rectangulaire, encadrée d’un chambranle de marbre, donne accès dans le temple. La suppression de la tribune des femmes amena un second système de disposition des façades ; le fronton supérieur fut conservé ou remplacé par une pente fuyante du toit faisant croupe, comme on le voit à Saint-Laurent hors les murs ; le premier étage de fenêtres du corps principal disparut, et le narthex forma un vaste porche extérieur, porté par de nombreuses colonnes. Telle est la disposition que l’on remarque, sauf quelques modifications peu importantes, dans les basiliques de Saint^Clément, de Sainte-Cécile, des Saints-Jean-et-Paul. Un troisième système de façade fut adopté pour les basiliques de grandes dimensions et divisées à l’intérieur en cinq nefs, comme le furent les basiliques de Saint-Pierre au Vatican, de. Saint-Jean de-Latran, de Saint - Paul hors les murs. L’immense élévation de la nef principale conduisit à pratiquer au-dessous du fronton deux rangs superposés de grandes fenêtres pour éclairer 1 intérieur. La double largeur donnée aux collatéraux fit couvrir ceux qui avoisinaient le plus la nef principale, a une assez grande hauteur pour que l’inclinaison de leurs toits parût même au-dessus du porche qui décorait la partie basse de la façade. Dans les trois systèmes que nous venons d’indiquer, on remplaça quelquefois les fenêtres par une ou plusieurs ouvertures circulaires, afin de laisser un champ plus étendu à la mosaïque et à la peinture décorative, ainsi qu’on le voit à l’église Saint-Georges, à Rome, et à la basilique Libérienne. Ce Fut dans le même but qu on éleva, dans quelques églises, la partie supérieure de la façade, de façon à masquer entièrement la double inclinaison du toit de la grande nef par un front quadrangulaire : l’église del’Ara-Cœli, à Rome, en est un exemple. Les façades latérales des basiliques offraient peu d’intérêt ; elles étaient décorées, en général, avec une extrême simplicité, et percées de nombreuses fenêtres destinées à éclairer la nef et les collatéraux. Si le plan était disposé en forme de croix, comme à Saint-Paul hors les murs, les façades des transsepts étaient surmontées de pignons et percées de fenêtres, que remplaçait quelquefois un oculus. La façade postérieure n’avait pas moins de simplicité ; elle présentait une ou plusieurs absides ou demi-tours rondes, surmontées de toits coniques. Originairement sans ouvertures, ces absides furent, dans la suite, percées de plusieurs fenêtres, toujours en nombre impair.

La couverture des basiliques primitives ne différait pas de celle des édifices du paganisme ; elle se composait de tuiles plates en terre cuite. Par la suite, on employa au même usage des tuiles peintes ou vernissées, et quelquefois même des plaques de métal dorées.

Nous n’examinerons pas ici’ les différents systèmes qui ont présidé à la décoration des porches, des frontons, des fenêtres et des autres parties intérieures ou extérieures de la basilique. On trouvera des renseignements à ce sujet dans les articles spéciaux que nous consacrons à ces diverses parties et aux basiliques les plus célèbres qui se sont conservées jusqu’à nous.

BAS

Il y avait autrefois une basilique en tête de chacune des quatorze grandes voies qui partaient de Rome. Il n’en reste plus que six : Sainte-Agnès, Saint-Laurent hors des murs et Saint-Paul hors des murs, qui ont gardé à peu près leurs formes primitives ; Saints-Marcellin-et-Pierre, Saint - Sébastien et Saint-Pierre au Vatican, dont l’architecture et les dispositions ont été à peu près complètement renouvelées. D’autres basiliques furent construites dans l’intérieur de Rome. Les basiliques dites constantiniennes, parce qu’elles fiassent pour avoir été fondées par Constantin e Grand, sont au nombre de sept : Saint-Jean-de-Latran, Saint-Pierre au Vatican,

Saint-Paul hors des murs, Sainte-Croix de Jérusalem, Saint- Laurent, Sainte - Agnès, Saints-Marcellm - et - Pierre. Les cinq premières sont du nombre de celles qu’on nomme basiliques majeures ; ce sont des églises qui jouissent de divers privilèges et auxquelles, notamment, sont attachées des indulgences spéciales, surtout en temps de jubilé. Sainte-Marie - Majeure et Saint - Sébastien appartiennent à la même catégorie. Les basiliques mineures sont : Sainte-Marie-in-Transtevere, Sainte-Marie-in-Cosmedin, Saint-Laurent-in-Damaso, Saint - Pierre-aux-Liens, Sainte-Marie-in-Monte-Santo et les Saints-Apôtres.

Constantin construisit plusieurs basiliques en Orient, entre autres celle du Saint-Sépulcre à Jérusalem, celle de la Nativité à Bethléem, celle de l’Ascension sur le mont des Olives, celle de Sainte-Sophie, de Sainte-Irène, de Sainte-Dynamis et des Apôtres, à Constantinople.

Au moyen âge, le nom de basilique ne s’appliquait pas seulement aux églises ; il servit encore à désigner les chapelles consacrées aux martyrs, les oratoires privés, et, plus particulièrement en France, les édicules qu’on élevait sur le tombeau des grands. Le titre LVIII, § 3, 4 et 5 de la Loi salique condamne a une amende de 15 sous celui qui dépouille une tombe ordinaire, et à 30 sous celui qui dépouille une basilique sépulcrale. Le titre LXXI de la même loi frappe également d’une amende celui qui, soit de dessein prémédité, soit par suite de négligence, soit par hasard, met le feu à une basilique ; quelques auteurs en ont conclu que ces édicules funéraires devaient être construits en bois.

III. — Basiliques civiles de la Renaissance. Le célèbre architecte Palladio a donné le nom de basilique à des édifices civils, construits dans plusieurs villes d’Italie, à l’époque de la Renaissance, et ayant une destination semblable à celle des basiliques antiques. « Nos basiliques modernes, dit Palladio, diffèrent de celles des anciens en ce que celles-ci étaient à rez-de-chaussée, tandis que les nôtres sont élevées sur des voûtes, dont le dessous est occupé par des boutiques, des prisons et autres salles destinées aux besoins publics. Une autre différence, c’est que les anciennes n’avaient de portiques que dans leur intérieur ; les modernes, au contraire, ou n’eu ont point, ou les ont à l’extérieur et sur la place. » Les plus belles basiliques de la Renaissance sont celle de Padoue, celle de Brescia, remarquable par sa grandeur et ses ornements, et celle de Vicence, magnifique édifice construit en grande partie sur le plan de Palladio même.