Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/chiffre s. m.
CHIFFRE s. m. (chi-fre. — Espag. cifra, italien cifra, ci fera, de l’arabe ça far, vide, puis zéro, parce que le zéro est dénué de toute valeur. De la signification de zéro, chiffre a passé à la signification générale de signe de numération. Ou sait que notre système de numération nous vient des Arabes, et il n’est pas étonnant que, pour le désigner, nous leur ayons emprunté le nom du signe particulier dont le rôle est si important dans ce système). Caractère servant à indiquer les nombres : Chiffres romains. Chiffres arabes. Les chiffres arabes qu’on emploie atrjourd’hui furent connus en France dés le xe et le xie siècle. (Chéruel.)
— A signifié Calcul, art de chiffrer : Connaître le chiffre. On dit abusivement la. chiffre dans certaines provinces.
— Par est. Total d’une somme, valeur en nombre : L’insalubrité des logements entre pour un chiffre énorme dans la mortalité qui frappe les classes ouvrières. (L. Cruveilhier.) Le diable seul sait le chiffre des incendies produits par l’assurance. (ïoussenel.) Les opinions du commun des hommes se calculent sur la moyenne du chiffre de leur fortune. (Lamart.) La science porte à un quart le chiffre des décès occasionnés par le froid dans le jeune âge. (F..Pillon.)
Il Numéro : Mettre le chiffre au haut d’une page.
— Entrelacement de deux ou de plusieurs lettres initiales des noms d’une personne : Les chiffres enlacés de Henri II et de Catherine de Médicis, ceux de Henri IV et même de Louis XIV couvrent les frises et panneaux du Louvre. (Bachelet.)
Je dois vaincre : j’ai de ma belle Et les chiffres et la couleur.
BÉKANGËtt.
— Nom donné à des caractères de convention qui n’ont de sens que pour les personnes qui s’en servent, ce qui leur permet de correspondre sans craindre l’indiscrétion des tiers : Écrire en chiffres. Les dépêches de Pomponne étaient en chiffres. (St-Sim.) Il Conventions de langage au moyen desquelles des personnes peuvent converser ensemble sans être comprises par ceux qui les écoutent : Nous auons un chiffre. C’est un chiffre entre nous. Il Clef du chiffre, Explication des signes et des conventions au moyen desquelles on peut lire, traduire ce qui est écrit en chiffres : Trouver
la CLEF DU CHIFFRE.
— Signe servant à traduire les idées : On ne peut penser sans se servir d’aucun idiome connu, et sans doute il y a des chiffres pour la pensée comme pour l’écriture. (Cabanis.) n Figure, symbole : Le vieux Testament est un
CHIFFRE. (PuSC.)
— Fam. Personne qui fait nombre, qui compte comme individu, et non par sa valeur propre : L’égoïste ne hait pas plus qu’il n’aime ; Un y a que lui ; pour lui, tout le reste des créatures sont des chiffres. (Mme de Staël.) Dès qu’un homme tombe entre les mains de la justice, il devient à ses yeux une simple question de droit ou de fait, comme aux yeux des statisticiens il devient un chiffre. (Balz.) L’individu ne vaut que comme chiffre dans un total. (C Dollfus.)
— C’est un zéro en chiffre, C’est un homme sans importance, sans valeur.
— Politiq. Art de grouper les chiffres, Art trompeur, qui consiste à. présenter des nombres, à les comparer, à les combiner de façon à changer leur signification, et à déguiser la nature des résultats financiers que 1i on a intérêt à cacher. Ce groupement habile ne manque pas d’analogie avec ce que le peuple nomme des comptes d’apothicaire. On attribue à M. Thiers l’invention de cet art utile ; mais c’est sans doute à tort, car il a dû exister du moment où a surgi 1 intérêt que pouvaient avoir les administrateurs responsables des finances publiques à embrouiller leur gestion.
— Comm. Signe ou numéro inscrit sur une étiquette attachée à la marchandise, et qui
CH1F
indique son prix d’achat et son prix de vente, au moyen de certaines combinaisons inventées par le marchand, et oui laissent le prix inconnu a la pratique : Marchandises marquées en chiffres. Si vous vendez à ep, inscrit sur la marque, vous aurez 0 fr. 25 de guelle.
— Cost. milit. Chiffre de pompon, Numéro d’ordre placé sur le shako des soldats de la ligne, et indiquant la compagnie à laquelle ils appartiennent.
— Musiq. Numéro que l’on place au-dessus de chaque note de la basse dite chiffrée, pour indiquer un accord de tierce, de quinte, etc., selon que le chiffre est un 3, un 5, etc.
■— Enoycl. Arithm. Les chiffres, dont l’usage est devenu à peu près général, sont communément appelés chiffres arabes, parce que nous avons emprunté aux Arabes, non ces chiffres tels que nous les traçons, mais seulement le système de notre numération, et partant la valeur représentative des signes que nous employons. Et même cet emprunt est révoqué en doute par plusieurs savants, qui prétendent qu’il n’est pas possible que les Égyptiens, les Chaldéens, les Chinois, etc., dont les connaissances astronomiques étaient assez avancées, eussent pu les pousser aussi loin, si leurs méthodes de calcul avaient été aussi imparfaites que celles des Grecs et des Romains. On a répondu à cette objection que cette opinion n’est pas opposée à celle qui admet l’origine indienne des chiffres arabes, puisque la civilisation indienne remonte à une époque très-reculée. Suivant M. Chasles, ces chiffres nous viennent des Romains, qui faisaient usage de Y abaque, machine à calculer au moyen de cailloux, analogue ausuan-pan, instrument en usage chez les Chinois. Il faudrait donc admettre que les Romains, a côté de leur système si défectueux, possédaient le système si simple et si naturel de notre numération écrite, et qu’une longue routine les a seule empêchés de renoncer à la méthode vraiment barbare qui a conservé leur nom.
On a invoqué, en faveur de l’origine romaine de nos chiffres, l’ouvrage de Boëce, dans lequel on trouve des chiffres dont la forme est analogue aux nôtres ; mais on sait aujourd’hui que le passage où ils se trouvent est une interpolation.
CH1F
M. Florian Pharaon, dans l’histoire qu’il a faite du voyage de l’empereur Napoléon III en Algérie, fait connaître l’origine des chiffres, ou plutôt delà forme donnée à ces caractères : suivant lui, tous les caractères de la numération seraient tirés du chaton de la bague de Salomon, qui représentait un carré divisé en quatre parties par deux lignes transversales partant des angles et se croisant au centre. Tous les chiffres, en effet, se trouvent inscrits dans ce chaton ; qu’on arrondisse les angles des dix figures tracées sur le chaton de la bague de Salomon, et’Von obtiendra les dix chiffres dont nous nous servons.
La théorie est au moins ingénieuse. Il y a grande controverse sur le point de savoir quand et comment ce nouveau mode de numération fut introduit en Europe. On croit généralement que l’introduction en est due à Gerbert d’Aurillac, qui fut, au xe siècle, le premier pape français, sous le nom de Sylvestre II. Cependant quelques auteurs reculent jusqu’au xme siècle 1 époque de l’introduction des chiffres arabes. Ils ne furent pas admis en même temps par tous les peuples de l’Europe. Quand les chiffres arabes eurent été adoptés, ils reçurent de nombreuses formes différentes pour pouvoir s’adapter à tous les genres d’écriture. Voici leur forme actuelle : 1, 2, 3, 4, 5, 6,.7, 8, 9, 0.
Autant les chiffres arabes sont commodes et se prêtent avec facilité à toutes les combinaisons des nombres, autant sont compliquées et embrouillées les numérations des peuples qui ont emprunté leurs chiffres à l’alphabet littéral. Les Hébreux étalent dans ce cas. Les neuf premières lettres de l’alphabet hébreu, composé de vingt-deux lettres, dont cinq peuvent recevoir une forme finale, servaient à indiquer les unités ; les neuf caractères suivants marquaient les dizaines ; les quatre dernières lettres et les cinq finales étaient employées pour les centaines ; les mille, les dizaines de mille et les centaines de mille étaient représentés à l’aide des mêmes caractères placés dans le même ordre, mais surmontés de deux points ; dans les nombres composés de plusieurs lettres, celle qui représentait la valeur la plus élevée était placée à droite. Le tableau suivant donnera une idée de la numération des Israélites :
UNITÉS.
Iod,
Caph, Lamed, Mem, Noun,
h
c.
i
"D, M,
a, n,
Samech, D, s,
Ain, y, ô,
Phé, 2, ph,
Tsadé, ïj ts,
10 20
30 40 50 60 70 80 90
Koph, Resche, Schin, Thau, Caph final, Mem final, Noun-final, Phé final, Tsadé final.
De même que les Hébreux, les Grecs employaient comme chiffres les vingt-quatre lettres de leur alphabet, en y intercalant trois signes particuliers:l<> le ç, a-ci-^a, correspondant au waou des Hébreux, et que, dans le système de numération, on nomme Si-finii », comme ayant une valeur double du •faniJ. » ; 2° le L(, xonna, qui correspond au caph des Hébreux, et vaut 90 ; 3° le’S, oûiini, ainsi nommé parce qu’il représente un it dans un ancien ij’iYj « .a renversé, et valant 900.
Les lettres, prises comme chiffres, ont pour signe distinctif une sorte d’accent placé au-dessus et à droite des unités, dizaines et cenp> a,
1j R,
'IB, SCH,
n, —TH,
1’<=,
Ej M,
Y’ « .
100
eoo
300
400
500
600’
700
800
900
taines, au-dessous et à gauche des mille, dizaines et centaines de mille; ainsi :
UNITÉS.
DIZAINES. CENTAINES.
1 é. 10 i’100 f
2 P’20 x’200 a’
3 y’ 30 V 300 a’
4 S’40 |x’400 u’
5 i’50 v’500 y’
6 ç C0 E’000 //
7 C 70 o’700 ii'
8 à 80 s’800 ii
9 0’90 V 900 ? b' En se combinant, les chiffres les plus forts
se plaçaient à la gauche des plus faibles :
UU.LE.
1OOO a
2000’p
3000 y
1000 ]î
5000’•
GOOO ç-
7000’ï
8000 |
9000 0
11 ti
12 16’
13 if’
n i ?
15 u’
16 iç’
17 tï’
18 » j
19 (8’
21 xâ
22 xî’
23 xy’
24 xS’
25 xi’ 20 xç’
27 xÇ’
28 x>j
29 xO’
31 W
32 16’
33 )y’
34 15’
35).t’ 30 V 37 ! £• R8 M 39 lt>’
41 p.<x
42 |t8’
43 M-
44 n*’
45 i.t'
46 hç’
47 nï’
48 H-ij
49 fiS’
5l’vtt
52 v6’
53 vT’
54 v5’
55 vé 55 vç’
57 vÇ’
58 vij
59 vB’
61 li
62 ES’ G3 il'
04 Eâ’
65 U’
66 e<t’
67 K’
08 li
m 5 « ’
71 o »
72 oS
73 o/
74 oS’
75 oi’
76 oç'
77 oÇ’
78 ci ;
79 ai’
81 r.i
82 isS’
83 irT’
84 ni’
85 ne
86 -ç
87 T.r
88 Tij S9 TtO’
Il y avait plusieurs manières de noter les myriades ou dizaines de mille. D’abord on pouvait les écrire à la manière ordinaire jusqu’à ? è) qui valait 900.000 ; ou en négligeant l’accent, ’souvent omis comme inutile dans les opérations arithmétiques ; mettre à la droite du nombre les initiales Mu, comme ^’.^Mv, pour représenter 999, 000 ; ou" bien encore inscrire le nombre des myriades au-dessous de
l’initiale M, comme — », g ; ou enfin remplacer
les initiales Mu par un point placé à la droite du nombre exprimant les myriades, comme
Une autre manière de chiffrer, fort semblable à celle des Romains, consistait à employer les lettres, I, n, A, II, X, H, indiquant toutes le nombre dont elles commencent le nom. Ainsi l (îa pour fita) i ; n (tsîvts) 5 ; (Sixa) 10 ; H OU F (Hîxmov ou Futaràv pour txaxiv) 100 ; X (billot) 1, 000 ; M (n’if.oi) 10, 000. Toutes ces lettres, hormis le n, pouvaient se redoubler elles-mêmes jusqu’à quatre fois, comme IIII, 4 ; Aiia, 40 ; ou se combiner avec les autres phur faire tous les nombres’, n, 5 ;
91 1.&
92 Up'
93 UY’
94 1, 5’
95 Û’
9s vr’
97 1, 5’
98 l-h 69 d'
m, 6 ; IIII, 7 ; IIIII, 8 ; mm, 0 ; A, lu ; AI, U ; AU, 12 ; AIII, 13 ; AIIII, 14, AO, 15.
Chacune des lettres A, H, x, M, renfermée dans un n, se trouvait multipliée par 5 ; ainsi, I a] vaut 10 X 5 ou 50 ; fn| vaut 100 x 5 ou
500 ; | x| vaut 1, 000 X 5 ou 5, 000 ; fjT] vaut 10, 000 x 5 ou 50, 000. En général, une lettre renfermée dans une autre lettre représentait Je produit des nombres exprimés par ces lettres
- ainsi, ^™X= 10,
000 X 10 OU 100, 000 ;
« |= 10, 000 X 100 OU 1, 000, 000.
Comme les Hébreux et les Grecs, les Romains employaient des lettres en guise de chiffres; toutefois, nous ferons remarquer que toutes les lettres de l’alphabet n’étaient pas employées pour figurer les nombres : il n’y avait que les lettres suivantes : C, D, I, L, M, V, X. Leur système, tel qu’il est encore employé aujourd’hui, a été légèrement modifié par les modernes. Dans ce système, I = ] ; II = 2 ; 111 = 3 ; IV = 4 ; V= 5 ; VI = 6 ; VII = 7 ; VIII = 8 ; IX = 9 ; X= 10 ;
CHIF
XI = 11 ; XII = 12 ; XIII = 13 ; XIV = 14 ; XV = 15 ; XVI = 16 ; XVII = 17 ; XVIII = 18 ; XIX = 19 ; XX = 20 ; XXX = 30 ; XL = 40 ; L = 50 ; LX = 60 ; LXX = 70 ; LXXX = 80 ; XC = 90 ; C = 100 ; CC = 200 ; CCC = 300 ; CD = 400 ; D = 500 ; DC = 600 ; DCC = 700 ; DCCC = 800 ; CM = 900 ; M = 1, 000. Nous ne pousserons pas ce tableau plus loin, car il est rare aujourd’hui que l’on aille au delà de 1, 000. La règle générale à suivre dans l’emploi de ces chiffres est la suivante : touté lettre numérale placée à la droite d’une autre, qui est d’une valeur supérieure ou égale, ajoute à celle-ci ; ainsi 11, c’est-à-dire 10+1, s’écrit XI ; 15, ou 10 + 5, XV ; 55 ou 50 + 5, s’écrit LV ; 123 ou 100 + 20 + 3, CXXIII ; 557 ou 500 + 50 + 7, DLVII ; 1868 OU 1000 + 800 + 60 + 8, MDCCCLXVHI, etc. Au contraire, on retranche de la lettre supérieure en valeur nominale celle de moindre valeur quand celle-ci est placée à sa gauche : 40, ou 50 — 10, s’écrit XL ; 90, ou 100 — 10, s’écrit XC ; 449, ou 500 —100 + 50 —10 + 10 — l, CDXLIX, etc. On voit, d’après cela, quelle complication présentent ces chiffres dans les calculs. Les Romains avaient assurément des règles ; mais elles étaient, même pour les opérations les plus simples, d’une effrayante complication. « La numération romaine, dit Lemare, est si pénible, si embarrassante, si éloignée de la perfection de celle des Arabes, qui est devenue la nôtre, qu’il faut la laisser tout entière aux Trissotins et déterreurs de médailles et faiseurs d’inscriptions. • Du reste, le système que nous avons expliqué n’est pas le seul, et n’est même pas le plus compliqué. F. Didot, dans une édition des Maximes de La Rochefoucauld, a noté par des chiffres romains les 537 maximes de cet ouvrage ; pour donner une idée du calcul compliqué qu’il faut faire pour connaître ces divers nombres, il suffira de citer les suivants : XL1X, CCXCIV, CCCCXLIX, CCCCXCVIII. « Nous avons pris notre temps, ajoute Lemare, et nous avons calculé que ces chiffres en lettres signifient 49, 294, 449, 498. A moins de refondre toute cette édition, nous ne voyons de remède à un mal aussi considérable que d’ajuster un barêrae, "qui nous évalua les 537 chiffres des Maximes ; car, en conscience, Didot ne peut obliger le public à faire sans cesse des additions et des soustractions, qui occuperaient six fois plus de temps que la lecture de l’ouvrage, encore faudrait-il que chacun fût susceptible de les faire. ■
Les chiffres romains, si absurdes, n’en restent pas moins usités pour les inscriptions, les médailles, les cadrans horaires, et, dans les livres mêmes, pour indiquer le siècle, le numéro d’ordre des princes du même nom, le numéro d’ordre des chapitres, etc., etc. C’est un abus peu grave pour les inscriptions et médailles, à qui un air d’hiéroglyphe ne messied pas, mais bien plus sérieux pour les livres, qui sont, avant tout, destinés à être lus et compris. Il est vrai que cet inconvénient perd de sa gravité, en raison des nombres peu élevés pour lesquels les chiffres romains sont d’ordinaire employés.
■— Mus. Les chiffres placés au-dessus des notes de basse sont destinés à indiquer l’harmonie qu’elles doivent porter. Les ouvrages anciens dont l’accompagnement est indiqué par une basse chiffrée —présentent une multitude déchiffres différents pour indiquer le même accord ; c’est un inconvénient très-grave, qui existe encore en partie de nos jours ; il serait à désirer qu’un comité d’hommes compétents en cette matière fût chargé de fixer un système de chiffrage à l’usage des élèves des écoles publiques de musique, de façon à éviter un fatras inutile de complications dans l’étude de l’art de l’accompagnement au piano. Nous allons donner la nomenclature des caractères usités pour le chiffrage, ainsi que les règles qui concernent leur emploi.
Faisons d’abord remarquer que, les chiffres arabes se présentant beaucoup plus souvent que les autres signes, on a été conduit à leur donner à tous le nom générique de chiffres. On représente les intervalles de seconde, tierce, quarte, quinte, etc., jusqu’à la neuvième, par les chiffres 2, 3, 4, 5,…(9. Un accord étant composé de plusieurs intervalles devrait, par conséquent, être représenté par plusieurs chiffres ; il n’en est rien ; on se contente d’indiquer parle chiffre l’intervalle principal représenté par le nom de l’accord. Ainsi l’accord de septième se chiffre par un 7 ; l’accord de sixte par un 6 ; l’accord de quinte et sixte par un g, etc. On voit, par l’exemple qui précède, que quand l’accord prend le nom de deux intervalles, on le représente par deux chiffres. Généralement, quand deux chiffres (ou exceptionnellement trois ou plus) se présentent au-dessus d’une note de basse, on place Je plus faible au-dessous du plus fort ; ainsi l’accord de quarte et sixte se chiffre ]j, et très-rarement. Nous dirons immédiatement que l’accord parfait {accord de quinte qu’on représente ordinairement par un 5, un 3 ou un 8, selon que l’une de ces trois notes a le plus d’importance) peut se représenter sans aucun chiffre, c’est-à-dire que toute note de basse qui n’est accompagnée d’aucun signe porte l’accord parfait. La petite croix [+] indique l’augmentation de l’intervalle représenté par le chiffre devant lequel elle est placée, mais elle indique encore plus souvent la note sensible ; par exemple, l’accord de triton chiffré ainsi + 4 indique à la fois l’augmentation de l’intervalle de quarte et la note sensible. Placée sous le 7 (7/+), elle indique l’accord de septième de dominante ; placée devant le 7 (+ 7), elle indique l’accord de septième dominante sur la tonique faisant pédale ; devant le 6 (+ 6), elle annonce l’accord de sixte sensible., etc. La petite barre horizontale coupant le chiffre indique la diminution de l’intervalle. Pourtant, certains auteurs chiffrent l’accord de sixte sensible contrairement à ce que nous avons dit ci-dessus. Le #, le b et le ธ conservent leur signification ordinaire, c’est-à-dire que le chiffre précédé ou suivi d’un de ces trois signes indique que la note qu’il représente doit être haussée ou baissée d’un demi-ton, suivant le signe employé ; c’est ainsi qu’on chiffre la quinte, augmentée par # 5 ou ธ 5, suivant le ton. Tout signe accidentel de ce genre, placé sous un chiffre, indique que la tierce de cet accord doit être affectée de ce signe. Si le signe est seul sur la note de basse et n’est accompagné d’aucun autre, il indique l’accord parfait dont la tierce est altérée par le signe. La grande barre horizontale, prolongée sur plusieurs notes de basse, indique que le même accord doit être tenu sur toutes ces notes. Les mots lasto solo indiquent que la main gauche doit jouer la basse telle qu’elle est écrite, sans aucune espèce d’accords ; la rentrée de l’harmonie est indiquée par les chiffres.
— Écriture en chiffres. Les chiffres ont été aussi employés dans la cryptographie ; alors ce moyen prend le nom d’écriture en chiffres. Ce système consiste à donner aux chiffres une signification arbitraire connue seulement des deux correspondants. Alors l’alphabet, au lieu de se composer de lettres, se compose de chiffres. Un même chiffre sert toujours à représenter une même lettre ; par exemple, les voyelles a, e, i, o, u seront rendues par i, 2, 3, 4, 5 ; les voyelles doubles, oi, ou, on, in, an, et enfin les consonnes par d’autres chiffres ou par des combinaisons de chiffres. V. cryptographie.
— Comm. Les marchands de nouveautés indiquent d’ordinaire le prix de leurs marchandises à l’aide de lettres auxquelles on a donné arbitrairement la valeur et le rôle des chiffres. Ainsi on peut prendre les lettres e, f, g, h, i, j, k, l, m, n, et donner à chacune d’elles la valeur des chiffres 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 0 ; alors, pour indiquer au commis que la marchandise devra être vendue au plus bas 2 fr. 45 le mètre, par exemple, on écrira sur l’étiquette fhi. On peut, on le comprend facilement, varier de mille manières les combinaisons de ce genre. Les marchands de nouveautés renoncent peu à peu à cette habitude, autrefois générale, de marquer leurs marchandises à l’aide de combinaisons secrètes ; maintenant les prix sont indiqués, comme on a bien soin de le faire remarquer, en chiffres connus.
CHIFFRÉ, ÉE (chi-fré) part, passé du v. Chiffrer. Numéroté, marqué de chiffres : Ce livre de caisse est mal chiffré.
— Écrit en chiffres, lettres, caractères qui ont une valeur de convention au lieu de leur valeur ordinaire : Une dépêche chiffrée. Une lettre chiffrée.
— Fig. Soumis à des calculs ; jugé, apprécié : Il est un endroit où l’on cote ce que valent les rois, où l’on soupèse les peuples, où l’on juge les systèmes, où les idées, les croyances sont chiffrées, où tout s’escompte. (Balz.) Nous sommes tous chiffrés, non d’après ce que nous valons, mais d’après ce que nous pesons. (Balz.)
— Mus. Basse chiffrée, Morceau dans lequel la basse seule est notée, les accords formés avec la hasse par les autres parties étant indiqués par des chiffres placés au-dessus de chaque note.
CHIFFRER v. n. ou intr. (chi-fré — rad. chiffre). Calculer au moyen de chiffres : Chiffrer rapidement. Cet homme chiffre trèsmal.
Je l’ai vu calculer, nombrer, chiffrer, rabattre.
— Fig. Méditer, réfléchir, calculer : Cela m’a fait joliment chiffrer.
— v. a. ou tr. Numéroter : Chiffrer un livre. Chiffrer un registre.
— Fig. Evaluer par des calculs, soumettre au calcul : Ce notaire était un homme qui chiffrait naïvement toutes les choses de la vie. (Balz.) Je dois me conformer à ma position, voir bourgeoisement la vie et la chiffrer au plus vrai. (Balz.)
— Écrire en chiffres, en signes de convention : Chiffrer une lettre, une dépêche.
— Mus. Chiffrer une basse, Écrire au-dessus des notes de cette basse des chiffres qui indiquent les accords de la basse avec les autres parties.
Se chiffrer v, pron. Être chiffré, calculé, compté : Le dévouement s’était chiffré dans l’esprit du notaire comme une excellente spéculation. (Balz.)
CHIFFRE-TAXE s. m. Admintstr. Chiffre à la main que l’on mettait autrefois sur les dépêches non affranchies, pour indiquer au facteur et au destinataire le montant de la taxe à percevoir. Ils ont été remplacés par des
timbres mobiles dits timbres-taxes. Il Pl. chiffres-taxes.
CHIFFREUR s. m. (chi-freur — rad. chiffrer). Celui qui chiffre, qui s’entend aux opérations de l’arithmétique : Pour être bon arithméticien, il faut être habile chiffreuh. (Acad.) Nos mathématiciens furent de puissants chiffreurs. (J. de Maistre,)
CHIFONIE s. f. (chi-fo-nî). Symphonie. Vieux mot. Il Ancien nom de la vielle, qu’on appelait aussi sifoixe.
CHIFONIEUX s. m. (chi-fo-ni-eu — rad. chifonie). Musicien. Il Vieux mot.
CHIGI, nom d’une famille princière de Rome, qui est originaire de Sienne. Les Chigi posséaient, au temps d’Alexandre VII, la propriété de Maria della Pace et de Santa-Maria del Popolo, deux magnifiques chapelles, dans l’une desquelles on admire les Sibylles, peinture murale de Raphaël, tandis que la coupole de l’autre, exécutée d’après les dessins du même peintre, représente le cercle des planètes. La dignité de maréchal du conclave est héréditaire dans la famille Chigi. Nous donnons l’histoire de ses membres les plus connus. Agostino Chigi fut célèbre sous le règne de Jules II et sous celui de Clément VII, par1 sa richesse et par son amour pour les beaux-arts. L’un des protecteurs les plus zélés de Raphaël, qui orna de ses tableaux sa maison de plaisance, il encouragea aussi de la façon la plus généreuse les autres artistes célèbres de son époque, entre autres deux de ses compatriotes", Balthazar Peruzzi et Soddoma. Le sac de Rome, en 1527, par le connétable de Bourbon, le contraignit de revenir à Sienne. — Fabio Chigi fut élevé au trône pontifical sous le nom d’Alexandre VII. V. Alexandre. — Flavio Chigi, né à Rome en 1810, fut nommé archevêque de Mira lors du couronnement de l’empereur Alexandre II, solennité dans laquelle il représenta la cour pontificale, reçut ensuite la nonciature apostolique en Bavière, où il assista à l’assemblée générale des associations catholiques allemandes tenue à Munich, et vint, en septembre 1861, remplacer à Paris Mgr Sacconi, comme nonce du saint-siége.
Chigi (palais), à Rome. Ce palais, un des plus beaux de Rome, fut construit pour servir d’habitation aux neveux du pape Alexandre VII, de la famille Chigi. Commencé par Giacomo della Porta, il fu continué par Carlo Maderno et terminé par B’elice della Greca. À L’architecture de ce palais n’est pas du goût le plus’pur, surtout dans la forme et la décoration des fenêtres, dit Nibby ; mais on ne peut qu’admirer la magnificence du vestibule, l’ampleur, la commodité et la beauté de la cour. » Un escalier superbe conduit a quatre grandes salles qui renferment une riche collection de tableaux et de statues. Parmi les peintures, on remarque une Madeleine dans le désert, par le Guerchin, la perle de la galerie ; un Saint François en extase, attribué par les uns au Guerchin, et par d’autres à Canuti ; un Saint Jean-Baptiste buvant à une source, du Caravage ; une Transfiguration, regardée comme un des meilleurs ouvrages du Garofalo ; Saint Antoine, saint Pascal et sainte Cécile, tableau du même ; Saint Bruno dans le désert, de Francesco Mola ; les Saisons, en quatre tableaux, de Carie Maratte ; les Vendeurs chassés du temple, du Bassan ; Saint Bernard Tolomei, d’Andréa Sacchi ; deux Batailles, du Bourguignon ; une Madeleine, de Ribeira ; le même sujet, par Gennari ; un Saint François, du Baciccio ; un Saint Pierre guérissant un estropié, du Cortone ; Mars, Vénus et V Amour, peinture attribuée à Léonard de Vinci ; un tableau contenant deux portraits, par le Titien ; Saint Barthélémy et d’autres saints, ouvrage capital de Dosso Dossi, etc. Des nombreuses statues antiques que possédait autrefois le palais Chigi, il ne reste que quelques morceaux, parmi lesquels une Vénus sortant du bain, exécutée par un artiste grec du nom de Ménophante sur le modèle de la célèbre Vénus de Troie, un Mercure Hermès et un Apollon, avec un laurier et un serpent pour attributs. En fait de sculptures modernes, on remarque surtout une composition allégorique du Bernin, intitulée la Vie et la Mort, et représentant un enfant endormi sur un coussin près d’une tête de mort. Dans un cabinet du palais, on voit une collection de dessins originaux de Jules Romain, du Bernin, d’Andréa Sacchi et de divers autres maîtres, et une mosaïque antique représentant des Oiseaux.
La bibliothèque Chigi (Chigiana bibliotheca), fondée par le pape Alexandre VII, ami passionné de l’antiquité, est riche en manuscrits, en livres rares et en estampes. Parmi les manuscrits, on remarque:un Daniel, de la version des Septante ; un Denys d’Halicarnasse, du ixe siècle ; un Missel, de 1450, orné de sujets bibliques peints en miniature avec un goût exquis ; un recueil de messes et de motets composés par des artistes français et flamands de la fin du xve siècle, ouvrage très-précieux pour l’histoire musicale ; un traité inédit de la Primauté de saint Pierre, par saint François de Sales ; un grand nombre de lettres latines et allemandes de Mélanchthon ; des sonnets manuscrits du Tasse ; les Chroniques de saint Benoît et de saint André, une collection des Capitulaires, une Chronique du Mont Soracte, vingt volumes de pièces originales relatives à la paix de Westphalie, et plusieurs autres manuscrits historiques importants. Parmi les imprimés se trouve un Rationale de Guillaume Durand. La bibliothèque Chigi a eu pour bibliothécaire le savant archéologue Fea, connu par son commentaire sur l’Histoire de l’art chez les anciens, de "Winckelmann, et par de nombreux travaux sur la topographie de l’antique Rome.
CHIGNER v. n. ou intr. (chi-gné ; gn mil.) Argot. Usité dans la locution : Chigner des yeux, Pleurer. C’est probablement une altération décente de la locution : Chier des yeux, qui a le même sens.
CHIGNOLLE s. f. (chi-gnô-le ; gn mil.). Techn. Dévidoir de passementier.
CHIGNOLO, bourg du royaume d’Italie, province et à 23 kilom. S.-E. de Pavie ; 4, 000 hab. Succès de l’armée franco-espagnole sur l’armée austro-sarde, en 1746.
CHIGNON s. m. (ehi-gnon ; gn mil.— autre forme du mot chaînon, à cause des vertèbres cervicales qui forment une sorte de chaîne). Derrière du cou : Les emboîtements les plus remarquables sont ceux de l’épine du dos, qui règne depuis le chignon du cou jusqu’au croupion. (Boss.) Quand on recevait quelqu’un chevalier de l’ordre de Saint-Michel, celui qui le recevait tirait son épée et donnait un coup du plat sur le chignon du récipiendaire. (Sallentin.)
— Par ext. Partie de la coiffure des femmes formée par les cheveux ramassés et roulés ensemble sur le derrière de la tête :
Un petit peigne, orn< ! de diamants,
De son chignon surmontait la parure.
Mademoiselle, en faisant froide mine,
Ne daigne pas aider à la cuisine ;
Elle se mire, ajuste son chignon.
— Encycl. Nous ne voulons pas, à propos des chignons, recommencer l’histoire des cheveux, qui a sa place a part ; mais nous devons seulement rappeler ici l’extension prodigieuse qu’a prise, dans ces derniers temps, le coir » merce des faux chignons, et l’ampleur démesurée que l’on donne aujourd’hui à cet appendice trompeur. Tout le monde sait cela ; mais tous les maris ne savent pas, heureusement, ce qu’il en coûte a ces dames pour compléter si largement les bienfaits de la nature. Sans entrer a cet égard dans des détails indiscrets, nous dirons seulement que l’Angleterre, c’est-à-dire les maris anglais, payent annuellement à la Fiance 1, 205, 605 fr. de chignons ! Tant pis pour eux 1 Mais nous avons une bonne nouvelle à donner aux maris français, dont nous ne voulons pas révéler les dépenses en ce genre. On fait de magnifiques chignons en crin végétal. Voici Ce que dit à ce sujet le Messager franco-américain, un journal véridique s’il en fut : « Nous.avons parlé, il y a quelque temps, de la découverte, faite par un industriel de San-Francisco, d’une certaine plante ligneuse qui remplace à s’y tromper les faux cheveux, et à laquelle on a donné le nom de soap root. Depuis cette découverte, toutes les Californiennes s’octroient des chevelures luxuriantes, et le chignon, dans cet Eldorado, a pris des proportions monumentales. Pour la modique somme de cinq à six cents, on peut se procurer une botte de soap root pesant jusqu’à 2 kilog., ce qui fait que toutes les Irlandaises sont ornées maintenant de waterfalls splendides. Mais voici le revers de la médaille : cette plante capillaire possède, paraît-il, des propriétés apéritives pour l’espèce des herbivores. Dernièrement, une dame de Sacramento, qui causait tranquillement avec une personne de sa connaissance, dans une des rues de cette ville, a éprouvé une stupéfaction facile à comprendre en voyant son chignon dévoré par le cheval d’une voiture d’express près de laquelle elle se trouvait. Depuis ce lamentable événement, la jubilation des porteuses de chignons végétaux a sensiblement diminué, et elles passent la meilleure partie de leur temps à éviter les approches des coursiers californiens. » La fin de l’article est assez triste, il est vrai, mais il en coûte si peu de réparer le dommage causé par le solipède, que le naïf journaliste range dans l’espèce des herbivores !
CHIGOMIER s. m. (chi-go-mié — de chier et gomme ; de chigouma, mot américain). Bot. Genre d’arbres et d’arbrisseaux, de la famille des combrétacées, plus connu aujourd’hui sous le nom scientifique de combret.
CHIHUAHUA (province de), division administrative du Mexique, vaste étendue de territoire comprise entre 25° 50’et 31° 30’ de lat. N., et entre 104° 30’et 110° 45’de long. O., bornée au N. par le territoire du Nouveau-Mexique, à l’E. par la Texas et la province mexicaine de Cohahuila, au S, par celle de Durango, et à l’O. par celles de Cinaloa et de la Sonora. Superficie 279, 500 kilora. carrés ; 200, 000 hab. C’est un pays montagneux, traversé dans toute sa longueur par la Cordillère du Mexique, qui porte les noms de Sierra Madré, de Sierra de Ûaracay, de la Escondida et de Sierra Canipana. Elle est célèbre par ses nombreuses mines d’argent, dont les plus riches sont celles d’El Parral, de Batopilas, de Santa-RosaCosiquidaqui, de Jésu-Maria et de Guadalupe. Elle est divisée en sept districts : Iturbide, Hidalgo, Mina, Allende, G uerrero, Bravos, subdivisés en dixpar/i’dosei en trente-neuf municipalités. Les principales villes de cette province sont, outre celles que
nous avons citées plus haut, à cause de leurs
mines d’argent : Chihuahua, qui en est la capitale,
San-Bartonico, Atotonilco, Santa-Rosalm,
San-Vicente, San-Eulalia de Merida, Hidalgo,
Allende, Concepcion. La province de Chihuahua,
qui est fréquemment exposée aux incursions
des Indiens Apaches, est protégée par
plusieurs présidios ; les plus importants sont
ceux de San-Carlos, de San-Vicente, del Norte,
de Yanos, de Conchos, d’El Principe, de SanBuenaventura.
CHIHUAHUA, ville du Mexique, ch.-l. de la province de ce nom, à l, 30O kilom. N.-O. de Mexico, à 550 kilom. N.-O. de Durango, près de Conchos, affluent du Rio-del-Norte ; 14, 000 hab. Centre d’une exploitation considérable de mines d’argent ; forges et fonderies remarquables. Cette ville, grande et bien bâtie, possède plusieurs belles constructions, entre autres la principale église, l’une des plus vastes et des plus riches du Mexique. Au siècle dernier, Chihuahua était beaucoup plus important ; sa population s’élevait, dit-on, à 80, 000 âmes. Les Français, sous les ordres du général de Brincourt, se sont emparés de Chihuahua le 14 août 1865.
CHII s. m. (chi-i). Ornith. Alouette du Paraguay.
CHIÏTES, CHIYTES OU SCHIYTES, Secte religieuse musulmane. Ce mot dérive de la racine arabe chiah, faction, parti, groupe d’hommes qui se séparent du reste du peuple pour former bande à part, et est maintenant exclusivement employé pour désigner la secte opposée aux sunnites, c’est-à-dire aux musulmans ayant conservé la vraie tradition. Les chiites sont, en général, des adhérents d’Ali ibn abou Taleb, qu’ils regardent comme le seul calife et iman légal, à l’exclusion des autres califes ou successeurs de Mahomet, reconnus par les sunnites. Les chiites se subdivisent eux-mêmes en un assez grand nombre de sectes secondaires, parmi lesquelles nous mentionnerons les imamians, prétendant que les imans ou prêtres ne doivent pas être élus par le peuple ; les zeydians, ainsi appelés du nom de Zeyd, fils d’Ali, surnommé Zein oul abadiu (l’ornement des serviteurs du Très-Haut) ; les khattabians, disciples d’Abou’l Khattah, qui faisait du paradis un lieu de jouissances entièrement identiques à celles de ce monde. Cette dernière secte admet l’usage du vin, de la musique et autres jouissances prohibées par le Prophète. Les Persans, en adoptant l’islamisme, ont embrassé les doctrines des chiites, par opposition à leurs conquérants les Arabes et les Turcs, qui sont en général sunnites. Ce schisme religieux n’a pas peu contribué à prolonger et à rendre plus implacable la haine qui existe entre ces peuples de races différentes. On peut ramener à trots points principaux les dissidences qui existent entre les sunnites et les chiites : 1o ces derniers rejettent les trois premiers califes, Abou-Bekr, Omar et Othman, et les considèrent comme des usurpateurs ; 2o ils prétendent qu’Ali est au moins égal en sainteté au prophète Mahomet ; 3o enfin, tandis que les sunnites acceptent la Sounna ou Sonna, corps de doctrines ou de traditions concernant Mahomet, et la regardent comme une autorité canonique, les chiïtes, au contraire, la repoussent absolument et ne l’envisagent que comme le résultat d’un travail apocryphe et ne méritant aucune confiance.
CHIJERS s. m. (chi-jerss). Anc. art milit. Sorte de machine de guerre employée au moyen âge dans l’attaque des villes.
CHI-KU s. m. (chi-ku — mot chinois). Bot. Arbre de Chine, probablement le même que le chi-tse.
CHIKKASAH s. m. (chik-ka-zâ). Linguist. Idiome indigène de l’État du Mississipi, dans l’Amérique du Nord, parlé par le peuple de même nom : Le chikkasah est une langue gutturale et rude, où abonde l’articulation tl ; elle mangue de prépositions.
CHILA s. m. (chi-la). Antiq. Mesure de capacité appelée aussi cab.
CHILAPA, ville du Mexique, province d’Oaxaca, à 225 kîlom. S. de Mexico, a 85 kilom. N.-E. d’Acapulco ; 8, 000 hab. Importante récolte de cochenille, fabrication de faïence commune, commerce de grains.
CHILCA, ville de l’Amérique du Sud, dans la république péruvienne, à 60 kilom. S.-E. de Lima, sut le Pacifique ; 3, 200 hab. Petit port commode et très-sûr ; commerce d’exportation de salpêtre ; dans les environs, restes de quelques édifices construits par les Incas.
CHILCANAUTHLI s. m. (ohil-ka-no-tli). Ornith. Espèce de sarcelle du Mexique.
CHILCOTE s. f. (chil-ko-te). Comm. Une des quatre sortes de poivre de la Guinée.
CHILD (sir Josiah), économiste anglais du xviie siècle. Il fut, sous Charles II, directeur de la compagnie des Indes, et se conduisit dans ce poste d’une façon peu honorable. Il a publié : Brief observations concerning trade and the interest of money (Londres, 1668), ouvrage qui a été traduit en français sous le titre de : Traité sur le commerce et sur les avantages de la réduction de l’intérêt de l’argent (Paris, 1754), par Gournay et Butel-Dumont.
CHILD (Lydia-Maria Francis, mistress), femme de lettres américaine, née dans le