Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/damier s. m.

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Administration du grand dictionnaire universel (6, part. 1p. 47).

DAMIER s. m. (da-mié — rad. dame). Jeux. Table de bois divisée en cent ou en soixante-quatre cases, alternativement blanches et noires et servant pour jouer aux dames : Le damier des dames polonaises est composé de cent cases, tandis que le damier des dames françaises n’en a que soixante-quatre.

Chacun sur son damier fixe d’un œil avide
Les cases, les codeurs, et le plein et le vide.

Delille.

|| Espèce de boîte, en forme de carré long, avec laquelle on joue au trictrac et aux jeux dérivés du trictrac.

— Surface divisée, comme un damier, en carrés contigus : Une étoffe en damier rouge et noir. Là s’arrête le damier fertile des plaines si soigneusement arrosées par les rigoles qui coulent des puits à roues. (Gér. de Nerv.)

— Archit. Ornement composé de carrés ou de rectangles alternativement saillants et creux, et qui est fréquemment employé dans l’architecture romane.

— Ornith. Nom vulgaire du pétrel du Cap : On voit rarement ensemble le damier et le paille-en-cul, (V. de Bomare.)

— Entom. Nom donné à plusieurs lépidoptères diurnes du genre argynne, à cause de l’aspect que présente la face inférieure de leurs ailes. || On les nomme aussi échiquiers.

— Moll. Nom vulgaire du cône marbré et de ses variétés, que les auteurs anciens appelaient cornet à damier.

— Bot. Nom spécifique de la fritillaire mêléagre ou pintade, dite aussi fritillaire damier.

Encycl. Archit. Le damier est un ornement d’architecture que l’on emploie pour décorer les entablements et les corniches des colonnes et des édifices, ou pour rompre la monotonie des moulures horizontales ou concentriques, par des jeux d’ombre très-simplement obtenus sans avoir recours à la sculpture. Le damier s’obtient avec des pierres saillantes, carrées ou rectangulaires, superposées les unes aux autres, espacées tant plein que vide, et placées sous un plat, un quart de rond ou une cymaise. Cet ornement, que l’on taille dans une ou deux assises, a été fréquemment employé, pendant le XIIe siècle, pour décorer les bandeaux, les archivoltes et les corniches. M. Viollet-le Duc, dans son Dictionnaire d’architecture, cite, comme exemple de ces damiers, celui qui composait la corniche de Notre-Dame de Paris. Il était formé de quatre rangées de pierres saillantes superposées les unes aux autres, et séparées seulement par un bandeau. Trois des rangées de ce damier sont encore en place autour de l’abside ; elles sont taillées chacune dans une assise de 0 m, 25 de hauteur. En Normandie, on rencontre encore l’emploi de ces damiers pour couronner des parements de murs et des rampants de contre-forts, dont ils détruisent l’aspect naturellement un peu froid.