Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/dolic s. m.

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Administration du grand dictionnaire universel (6, part. 3p. 1040).

DOLIC s. m. (do-lik — du gr. dolichos, haricot. Le grec dolichos signifie proprement long, et le haricot est ainsi appelé de la forme des gousses. Comme adjectif, dolichos correspond au sanscrit dirgha, long, zend daregha ; ancien slave dlugu, russe dolgii, etc. Une espèce de fève est appelée en sanscrit dirghanadarçin, longue d’aspect). Bot. Genre de plantes, de la famille des légumineuses, tribu des phaséolées. || On écrit aussi dolique.

— Encycl. Les dolics, confondus par plusieurs auteurs avec les haricots, dont ils sont en effet très-voisins, sont des plantes ordinairement herbacées et grimpantes, à feuilles alternes, imparipennées ou trifoliolées, munies de stipules ; à fleurs papilionacées, le plus souvent disposées en grappes ; le fruit est une gousse comprimée en sabre, renfermant des graines ovoïdes. Les dolics se distinguent des haricots en ce que leurs fleurs n’ont pas, comme celles de ces derniers, la carène et les organes sexuels contournés en tire-bouchon. Malgré les démembrements qu’il a subis, ce genre renferme encore plus de cent espèces qui croissent dans les régions tropicales du globe. Plusieurs sont cultivées dans nos jardins, comme plantes alimentaires ou d’agrément.

Le dolic onguiculé, vulgairement appelé mongette ou banette, porte sur sa tige grimpante, haute de 1 mètre au plus, des fleurs d’un pourpre pâle, assez élégantes, auxquelles succèdent des gousses droites, cylindriques, peu noueuses, terminées par une pointe en crochet, et renfermant des graines assez petites, ovoïdes ou presque globuleuses, marquées d’un cercle noir autour du hile. Originaire des Antilles, cette espèce est cultivée en grand dans les jardins, et même dans les champs du midi de la France. On mange ses gousses vertes et ses graines mûres et sèches, comme celles des haricots. En agriculture, elle a une certaine utilité ; on la cultive comme engrais vert, dans les terrains schisteux, qu’elle améliore.

Le dolic bulbeux ou tubéreux doit son nom spécifique à sa racine arrondie, pivotante, rappelant par la forme et le volume celles de la rave ou du navet ; ses tiges grêles et volubiles portent des grappes de fleurs rouges ; ses gousses oblongues renferment des graines ovoïdes de couleur foncée. Cette plante croît dans l’Inde et les îles voisines, où on la cultive en grand. Elle s’accommode de tous les sols, mais préfère toutefois les terres substantielles et un peu humides. La végétation en est très-rapide, ce qui la rend précieuse comme culture dérobée. La racine, que l’on doit cueillir de très-bonne heure, se mange préparée d’un grand nombre de manières, et figure sur toutes les tables comme un mets aussi sain que délicat. On l’emploie aussi avec avantage pour nourrir et engraisser les bestiaux. Les graines ne se récoltent que lorsqu’elles sont parfaitement mûres. Les Malais les réduisent en farine et en font différents mets, notamment une sorte de bouillie très-estimée. Pour empêcher les étrangers de les accaparer, ils font, dit-on, courir le bruit qu’elles sont vénéneuses.

Le dolic ligneux est un sous-arbrisseau à tiges longues et grêles, flexibles, grimpantes, portant des feuilles persistantes et des grappes de jolies fleurs roses ou pourprées, très-odorantes. Il croît dans l’Inde, d’où il a été introduit en Algérie, et de là dans le midi de la France, où on peut le cultiver en pleine terre. Il préfère les sols légers et un peu humides, se multiplie très-aisément et a une croissance des plus rapides ; aussi l’emploie-t-on avec avantage pour couvrir en peu de temps les murailles et les berceaux. Ses gousses et ses graines sont alimentaires.

Le dolic d’Égypte ou lablab est l’espèce la plus anciennement connue. C’est un sous-arbrisseau dont la durée est très-grande ; il peut, d’après Prosper Alpin, vivre plus d’un siècle dans son climat natal. Ses tiges, qui dépassent la longueur de 2 mètres, sont couvertes de superbes grappes de fleurs panachées de pourpre, de violet et de blanc. On le cultive sous nos climats du midi comme plante annuelle, pour ses gousses et ses graines comestibles.

Le dolic asperge atteint jusqu’à 3 mètres de hauteur ; ses fleurs grandes, d’un jaune verdâtre, sont solitaires ou géminées à l’extrémité des pédoncules. Cette espèce croît dans l’Inde et dans l’Amérique équatoriale ; on la cultive dans le midi de la France, aux expositions chaudes et abritées. Elle produit un grand nombre de gousses, dont la longueur atteint parfois 0m,50 ou 1 pied et demi, d’où le nom scientifique de l’espèce (dolichos sesquipedalis), et qui sont excellentes à manger en vert.

Le dolic de la Chine se distingue par ses fleurs pourprées et ses graines comestibles, dont les navigateurs font de grandes provisions pour leurs voyages.

Le dolic sabre est un sous-arbrisseau dont les tiges grimpantes atteignent le sommet des plus grands arbres. Il croît aux Antilles, et on le cultive dans l’Amérique centrale, sous le nom de pois souche. Ses gousses, longues de près de 1 mètre, renferment des graines couvertes d’une peau dure, mais dont la pâte est d’un goût très-agréable. Parmi les espèces à tiges dressées et non grimpantes, nous citerons d’abord le dolic jeannotte ou à gousses menues, qui se trouve dans l’Inde et dans l’Amérique centrale et méridionale, où il a produit par la culture un grand nombre de variétés. Dans l’Inde, c’est, après le riz, l’aliment le plus en usage. Il paraît que cette plante a été connue de Théophraste, et que c’est elle qu’il a décrite sous le nom de phakos indikê.

Le dolic du Japon est une plante haute de 0m,40, couverte de poils roussâtres. Les Japonnais préparent avec ses graines une sorte de bouillie qui leur tient lieu de beurre ; ils en font aussi, en mélangeant leur farine avec des jus de viandes, une sauce très-estimée, connue sous le nom de soja, susceptible de se conserver très-longtemps.

La culture des dolics diffère peu de celle des haricots, et, comme leur saveur est plus fine, il y a avantage à introduire cette culture partout où le climat le permet.