Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/joyeux, euse adj.

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Administration du grand dictionnaire universel (9, part. 3p. 1060).

JOYEUX, EUSE adj. (joi-ieu, eu-ze — rad. joie). Qui éprouve de la joie, de la gaieté : Être tout joyeux. Rendre quelqu’un joyeux. Un ivrogne joyeux est une créature heureuse. (Chateaub.) || Qui est inspiré par la gaieté ; qui respire la gaieté, qui la manifeste au dehors : Des cris joyeux. Des chansons joyeuses. De joyeux accents. Des transports joyeux. Un air joyeux. Une figure joyeuse.

Les oiseaux du printemps chantent dans les buissons
Leurs cantiques d’amour, leurs joyeuses chansons.
              Mlle  de Poligny.

Mais je vieillis, la beauté me rejette ;
Ma voix s’éteint ; plus de concerts joyeux.
              BÉRANGER.

L’oiseau se tait dans le feuillage ;
Rien n’interrompt vos chants joyeux.
              BÉRANGER.

|| Qui inspire la joie : Une joyeuse nouvelle.

— Fam. Joyeuse vie, Vie de plaisir et d’insouciance : Mener joyeuse vie. Ne disiez-vous pas la reine malade ? Cela ne l’empêche pas de mener vie joyeuse. (V. Hugo.) || Bande joyeuse, Troupe de personnes qui ne cherchent qu’à se divertir : Voici la bande joyeuse.

— Hist. Droit de joyeux avènement, Impôt que levait le roi de France à l’occasion de son avènement au trône : Louis XVI fit remise du DROIT DE JOYEUX AVÈNEMENT. (Acad.) || Joyeuse entrée, Privilèges du Brabant et du Limbourg, dont les ducs juraient le maintien en faisant leur entrée dans leur résidence. || Frère joyeux, Membre d’un ordre religieux militaire fondé au XIIIe siècle.

— Substantiv. Personne joyeuse : Les joyeux guérissent toujours. (A. Paré.)

— Hist. Joyeuse, Nom de l’épée de Charlemagne et de celle de quelques autres chevaliers. || Joyeux du roi, Ancien nom du bouffon du roi.

— Encycl. Hist. Frères joyeux. Cet ordre fut fondé en 1233, sous l’invocation de la vierge Marie, par le P. Barthélemy de Vicence, religieux dominicain, au moment où la querelle des guelfes et des gibelins désolait l’Italie. Les chevaliers de cet ordre s’obligeaient à prendre les armes contre les perturbateurs du repos public, à protéger les veuves et les orphelins ; ils faisaient vœu de chasteté conjugale et d’obéissance. Il paraît que, par la suite, ils tinrent peu de compte de leurs obligations, et menèrent une vie dissolue qui leur valut le nom de frères joyeux. On ne recevait dans l’ordre que des gentilshommes ; cependant, il était interdit aux chevaliers de porter des éperons dorés ; leur insigne était une croix rouge sur un manteau gris.