Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/shako s. m.
SHAKO s. m. (cha-ko — mot hongrois). Sorte de coiffure militaire dont la forme a varié, mais qui a toujours une visière et est faite d’un matière rigide.
— Encycl. Cette coiffure fut importée en France par les Hongrois qui servirent notre pays sous le nom de hussards. Le caprice de la mode l’a donnée à la plus grande partie des troupes sans qu’on en ait constaté l’utilité. La toque tartare (shako) avait été imposée aux Albanais et aux Illyriens comme un signe de vassalité ; adoptée par les Hongrois émigrant dans toute l’Europe, elle devint la coiffure militaire par excellence et détrôna totalement le tricorne. Le shako, primitivement à flamme ou à queue, était un cylindre de 10 à 12 pouces de hauteur ; ce qu’on appelait la flamme était une queue prolongée et voltigeante dont on modifia la forme de diverses manières ; en dernier lieu, cette flamme était une longue bande de feutre noir, doublée de serge d’une couleur tranchante ; elle allait se rétrécissant, se terminait presque en pointe et était assujettie par sa partie la plus large au bas du shako, autour duquel ou pouvait l’enrouler. Les shakos à flamme furent abandonnés avant le Consulat pour le shako simple. La couleur de celui-ci a varié à l’infini, ainsi que sa forme. Il y en a eu de noirs, de rouges, de bleus. On en a vu en cône tronqué, en cône renversé, en cylindre, à couvre-nuque, à mentonnière, avec ou sans gourmette, avec ou sans plaque, à cordon natté ou à chevron, en cuir, en feutre, en carton, en coton, en drap, en toile imperméable, à culotte, avec ou sans visière, à cocarde, à bourdalou, à pompon, à plumet sur le devant ou sur la gauche, etc.
L’introduction du shako dans l’infanterie date de 1792. L’école de Mars prit la première cette coiffure à l’instar de quelques compagnies franches qui spontanément s’en étaient accoutrées ; une grande partie de l’infanterie imita cet exemple. En 1804, les grenadiers réunis à Arras reçurent cette coiffure. Ce fut le signal de l’abolition de la chevelure poudrée et des chapeaux. Le décret de 1806 (25 février) donna le shako à toute l’infanterie, excepté celle de la garde. On en avait élargi la calotte, on l’avait creusé en forme de coupe, comme pour en faire un réservoir en cas de pluie ; c’est le shako grotesque des vieux grognards de Charlet ; il ne sert plus aujourd’hui que comme déguisement du carnaval. Depuis 1830, le haut des shakos a graduellement perdu de sa largeur et l’on en est arrivé aux shakos modernes, coiffure simple, légère et peu coûteuse.