Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/thermidorien, ienne adj.

La bibliothèque libre.
Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 1p. 98).

THERMIDORIEN, IENNE adj. (tèr-mi-do-ri-ain, -è-ne — rad. thermidor). Hist. Qui a rapport aux événements du 9 thermidor an II : La réaction thermidorienne est une des plus lâches que la France ait produites. (G. Sand.)

— s. m. Nom donné aux instigateurs et aux auteurs des événements du 9 thermidor an II : Robespierre n’était pas tout à fait si nul qu’on l’a fait au gré des thermidoriens. (Ch. Nod.)

— Encycl. On donna ce nom à ceux qui prirent une part active à la journée du 9 thermidor, bien qu’ils ne fussent pas tous unis de vues. D’un côté, Billaud-Varenne, Collot d’Herbois, Vadier, Amar, Léonard Bourdon avaient renversé Robespierre pour écarter un homme intraitable, impérieux, qui voulait imposer ses idées, souvent fort étroites, aux autres membres du gouvernement ; mais ils n’avaient point entendu arrêter l’essor du mouvement révolutionnaire. Tallien, Legendre, Fréron, Thuriot, Bourdon (de l’Oise), Rovère, Merlin (de Thionville), Barras, au contraire, voulaient que la chute de Robespierre fût le signal de la réaction, et ils l’emportèrent facilement, appuyés qu’ils étaient par la majorité modérée de la Convention. Les premiers ne tardèrent pas à être proscrits : c’étaient les dupes ; les autres eurent à lutter pour n’être pas emportés eux-mêmes avec la République, tant la marche rétrograde fut rapide : les révolutionnaires devenaient-ils menaçants, ils s’appuyaient sur les royalistes ; si ceux-ci remuaient, ils appelaient les autres à leur aide. C’est par ce système de bascule que Tallien et ses amis arrivèrent à se maintenir jusqu’à la fin de la session conventionnelle (13 brumaire an IV ou 4 novembre 1795). Alors cessa la dénomination de thermidoriens. La plupart de ces hommes étaient d’une immoralité profonde ; ils léguèrent cet héritage au Directoire. Une fête commémorative du 9 thermidor, qu’ils avaient instituée en l’an III, sur la proposition du député Olivier Gérente, fut célébrée jusqu’en l’an VII.