Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/vendeur, euse s.

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Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 3p. 842).

VENDEUR, EUSE s. (van-deur, eu-zerad. vendre). Personne dont la profession est de vendre : Une vendeuse de poisson. Entre le vendeur et l’acheteur, il existe un antagonisme radical. (F. Bastiat.) Le courtage pour le papier sur Paris n’est payable que par le vendeur. (Proudh.) || Personne qui vend, qui fait un acte de vente ; en ce sens le féminin est VENDERESSE.

Faux vendeur, Celui qui vend à faux poids ou à fausse mesure.

Vendeur d’allumettes, Homme qui débite des niaiseries, des bagatelles.

Vendeur de marée, Vendeur de volaille, Nom donné autrefois à certains officiers préposés à la vente de la marée, de la volaille.

Vendeur d’orviétan, de mithridate, Charlatan qui débite ses drogues sur les places publiques. || Médecin qui se vante d’avoir des remèdes pour toutes sortes de maux. || Hâbleur, en général.

Vendeur de fumée, Homme qui fait parade d’un crédit qu’il n’a point et qui cherche à en tirer quelque avantage :

Tous ces beaux suffisants dont la cour est semée
Ne sont que des tricheurs et vendeurs de fumée.
              Regnard.

Vendeur de chrétiens, de chair humaine, Nom qu’on donnait aux officiers recruteurs. || Nom qu’on a donné ensuite aux agents de remplacement.

Être fait comme un vendeur de cochons, Être mal bâti ou mal vêtu.

— Prov. Il y a plus de fous acheteurs que de fous vendeurs, Les marchands calculent mieux leurs intérêts que les chalands.

— Allus. hist. Vendeurs chassés du temple, Allusion à une action de Jésus-Christ, qui s’emploie pour stigmatiser les profanateurs, dans quelque ordre que ce soit, ceux qui font marché de choses respectables, de ce qui devrait être l’apanage exclusif de l’art, des lettres, des sciences et, en général, de l’intelligence et du talent.

« La pâque des Juifs étant prochaine, Jésus fit son entrée à Jérusalem.

« Et il trouva dans le temple des marchands qui vendaient des bœufs, des brebis et des colombes, et les changeurs y étaient assis,

« Et ayant fait un fouet avec des cordes, il les chassa tous hors du temple, ainsi que les brebis et les bœufs, et il renversa l’argent des changeurs et les tables ;

« Et il dit aux marchands : « Il est écrit : Ma maison est une maison de prière, et vous en avez fait une caverne de voleurs. »

« Il est dans Paris plus d’un auteur qui se faufile dans la littérature au moyen d’un volume acheté au rabais ou d’un article écrit par une amie. Il est temps de chasser du temple de la littérature les vendeurs qui s’y installent effrontément. »
                 (Figaro.)

« Le tumulte des sens, les suggestions de la vanité, les conseils de l’ambition avaient fait taire dans leur âme les chastes voix de la muse. D’autres, après s’être posés en prédicateurs
d’un art nouveau, avaient démenti dans la pratique leurs théories spécieuses. D’autres encore, patriciens de l’intelligence,
déshonoraient dans l’orgie leurs titres de noblesse. Il y en avait qui, au lieu de chasser les vendeurs du temple, y proclamaient de leur propre voix et y installaient de leurs propres mains la vente et le marché, l’agiotage et les enchères. »
                Armand de Pontmartin.

« La foule qui encombrait la place Bourbon
et ébranlait les grilles de l’Assemblée se
dispersa devant nous. Un de nos bataillons
entra au pas de charge dans la Chambre et
chassa du temple de la loi, non point les vendeurs, mais les larrons. Les autres bataillons se postèrent aux environs et dans les cours mêmes de l’Assemblée. »
                   De Molènes.