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Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/z s. m.

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Administration du grand dictionnaire universel (15, part. 4p. 1441-1442).

Z s. m. (ze dans le nouveau système d’épellation, zè-de dans l’ancien). Vingt-cinquième et dernière lettre de l’alphabet français et de celui de quelques langues néo-latines et germaniques, correspondant au ζ (dzêta) des Grecs, au zaïn des Hébreux :

Le z usé par l’s est réduit à zéro.

De Phs.

Le z bizarre, au corps ratatiné, Deux fois dans le zigzag se montre dessiné.

Barthélémy.

— Z final est nul dans les secondes personnes des verbes et donne alors à l’e muet qui précède le son de l’e fermé : Aimez, vous venez, vous chantiez, se prononcent aimé, vous vené, vous chantié ; mais il se lie au mot suivant quand il commence par une voyelle : Venez ici, lisez vené-zici.

— Z final se prononce dans les mots étrangers et les noms propres, et l’e muet qui précède se prononce alors comme un è ouvert : Sues, Alvares, prononcez Suès, Alvarèz.

— Comme abréviation, dans les manuscrits grecs, z est le sigle de zêtei (cherche), pour désigner les leçons douteuses. || ZZ, dans l’ancienne médecine, était l’abréviation de zinziber, gingembre.

En algèbre, z représente une inconnue, quand deux autres inconnues sont représentées par x et y.

— Z, sur les monnaies de France, indiquait celles qui avaient été frappées à Grenoble.

— Comme signe d’ordre, z désigne le vingt-cinquième objet, ou le vingt-troisième dans l’ancien alphabet, où i et j ne formaient qu’une lettre, aussi bien que u et v.

Comme lettre numérale, s (ζ) désigne en grec le nombre 7. || Z valait au moyen âge 2,000 et Z 2,000,000.

— Z était, chez les Latins, une lettre de mauvais augure.

Fam. Etre fait comme un z, Etre tout contrefait, tout courbé en divers sens.

Encycl. Selon Chevallet, pour former le son représenté par l’aspirée dentale faible z, le bout de la langue s’appuie contre les incisives supérieures avec moins de forcé que pour l’aspirée dentale forte z ; sa partie moyenne s’élève un peu moins ; le passage laissé libre entre elle et le palais est ainsi moins étroit ; l’air, chassé des poumons avec moins d’abondance et d’énergie, s’échappe avec moins de vitesse’et produit un sifflement plus faible. M. Max Müller dit plus simplement que le son du z est une modification de l’aspiration, modification que l’on obtient par la barrière que l’on forme en amenant la langue vers les dents ; cette barrière change l’esprit rude en s, l’esprit doux en z ; le premier de ces sons est complètement sourd, le second est susceptible de recevoir une intonation. Ainsi nous avons risque, singe, d’une part, de l’autre risée, hasard, ancienne orthographe hazard. Si l’on forme une autre barrière en ramenant la langue en arrière et en lui donnant une forme plus ou moins concave, plus ou moins retroussée, de telle sorte que l’on puisse aisément voir sa face inférieure s’opposer à la face postérieure des dents d’en haut, au point où elles confinent au palais, en comprimant l’air et en le forçant à sortir à travers cette espèce d’auge, on obtient, à la place de l’esprit rude, la lettre eh, telle qu’elle s’entend dans chat, et à la place de l’esprit doux le j du français jamais ; le premier de ces sons est muet, le second admet une intonation. Ceci nous montre la parenté des lettres s et j. Au fond, ces deux lettres ne représentent pas moins des signes graphiques distincts qu’un même son primitif. Nous en trouverons’plus loin la preuve en étudiant le rôle étymologique de la lettre z. Ce fait explique la tendance de presque tous les enfants et des habitants de certaines localités à zézayer, c’est-à-dire à substituer, par zétacisme, le z au j, comme dans z’ai soliment zoué, pour j’ai joliment joué. Cette prononciation fut même celle que l’on affecta dans les salons de Paris à l’époque des incroyables et des merveilleuses, où il était du meilleur ton de prononcer : Ze ne mens samais, ze vous zure que z’ai dézeuné. Telle fut un moment aussi, à ce qu’il paraît, la prononciation adoptée par les jolies femmes de Rome, qui disaient en minaudant : Fizere ozcula pour figere oscula, appliquer des baisers.

Le zend à deux sifflantes douces : l’une se prononce comme le z français et répond le plus souvent, sous le rapport étymologique, à un h sanscrit ; mais quelquefois aussi elle tient la place du g guttural et du g palatal sanscrit ; l’autre, qui se prononce comme le j français, est sortie de la semi-voyelle sanscrite y, absolument comme le j français, dans beaucoup de mots, est sorti de la semi-voyelle latine j. Elle remplace aussi le g palatal sanscrit, et quelquefois la dentale sanscrite s après un. i ou un n, quand elle se trouve, comme lettre finale d’un préfixe, devant une consonne sonore. Devant les suffixes commençant par un t ou par un m, le zend change les dentales en s doux, prononcé s après le son a ; devant le d, qui ne comporte pas une sifflante dure, on met par euphonie la sifflante douce z après le son a, et la sifflante douce j après les autres voyelle.

Outre la sifflante dure, le gothique a encore une sifflante molle, qui manque à d’autres idiomes germaniques ; Ulphilas la représente par la lettre grecque Z. Mais, de ce qu’il se sert de cette même lettre pour les noms propres qui en grec ont un ζ, Bopp ne conclut pas, comme Grimm, que la sifflante gothique en question se prononçait ds comme l’ancien ζ grec. Il conjecture que le ζ grec avait déjà au ive siècle la prononciation du ζ grec moderne, c’est-à-dire d’un s mou ; c’est pour cela qu’Ulphilas a pu trouver cette lettre propre à rendre le s mouillé de sa langue. Sous le rapport étymologique, cette sifflante douce, qui ne paraît jamais au commencement des mots, excepté dans les noms propres étrangers, est, selon Bopp. une transformation du s dur ; au milieu des mots, elle ne paraît jamais qu’entre deux voyelles, ou entre une voyelle ou une liquide et une semi-voyelle, une liquide ou une moyenne, notamment devant j, v, l, u, g, d. On trouve rarement cette sifflante douce à la fin d’un mot ; si elle est employée dans cette position, c’est presque toujours parce que le mot suivant commence par une voyelle. En général, le gothique préfère à la fin des mots la sifflante dure ; ainsi le s sanscritdu comparatif iyâns {iyas dans les cas faibles) est représenté par un s dur dans les adverbes gothiques, comme mais, plus, tandis que dans la déclinaison il est représenté par la sifflante douce, par exemple dans maisa, plus grund, génitif rnaisius (prononcez maiza, maizius). La longueur du mot parait avoir influé aussi sur la préférence donnée à la sifflante dure ou à la sifflante molle. Dans les formes plus étendues, on choisit le son le plus faible. Ainsi s’explique le changement de la sifflante dure en la sifflante molle devant les particules enclitiques et et uh, dans les formes comme thiseï, de qui, thamei, lesquels, viteisuh, veux-tu (prononcez thizei, tkanzei, vileizuh), par opposition à this, de lui, sanscrit tasya, thatts, eux, vileis, tu veux. Le vieux haut allemand, qui n’a pas la sifflante molle, la remplace par r.

Le haut allemand a cependant un z, qui prend la place de l’aspiration du t, c’est-à-dire que l’aspiration est changée en un son sifflant. Il y a deux sortes de z, qui ne peuvent rimer ensemble en moyen haut allemand ; dans l’un, c’est le son t qui l’emporte ; dans l’autre, c’est le son s. Ce dernier z est écrit par Isidore zf, et son redoublement zjf, au lieu qu’il rend le redoublement du piemier par tz. En haut allemand moderne, le second n’a conservé que !e ton sifflant, mais l’écriture le distingue encore généralement d’un s proprement dit..Sous le rapport étymologique, les deux sortes de *, eu vieux et en moyen haut allemand, ne font qu’un et répondent au t gothique.

En slave, le z se prononce ts comme le z allemand, mais il est, sous le rapport étymologique, une altération de k, et il remplace cette dernière lettre dans certaines circonstances, sous l’influence rétroactive de t et —de ê. Exemple : Pezi, cuis, pezete, cuisez, de la racine pek, sanscrit pac, venant de pak.

Le lithuanien a une lettre dz qui tient dans la prononciation la place du y palatal sanscrit, prononcez dj. Au commencement des mots, cette lettre est très-rare dans les termes véritablement lithuaniens ; au milieu, elle provient d’un d.

Le slave et le lithuanien ont deux sifflantes molles, qui tiennent dans la prononciation la place des sifflantes molles du zend. Sous le rapport étymologique, ces sons proviennent presque toujours de l’altération d’anciennes gutturales molles, et ils se rencontrent quelquefois avec les- palatales sanscrites et zendes, parce que celles-ci sont également d’origine gutturale. La seconde sifflante molle du slave est d’origine plus récente que la première et postérieure à la séparation des langues slaves d’avec les langues celtes.

Chez les anciens Grecs, le dzêta était une lettre double que l’on transcrit exactement par dz ; c’est la lettre qui Se rapproche le plus par la prononciation de la semi-voyelle sanscrite y, qui se disait k peu près comme le j allemand ou le y anglais dans year et qui est assez souvent représentée en latin par j. « Je crois pouvoir affirmer, dit Bopp, que ce z tient partout la place d’un y sanscrit primitif, comme on le voit clairement en comparant, par exemple, la racine grecque zug au sanscrit yug, unir, et un latin jung. Dans les verbes grecs en azô, je reconnais la classe sanscrite des verbes en ayâmi, exemple dam-azà, en sanscrit dam-ayumi, je dompte, et en gothique tim-ja, j’apprivoise. Dans les verbes en , comme phrazô, schizû, izà, ozâ, hrizô, Orizô, klazâ, krazô, je regarde le z avec la voyelle qui le suit comme le représentant de la syllabe ya, qui est la caractéristique de la quatrième classe de la conjugaison en sanscrit... J’explique également le z des substantifs schiza, phuza par l’y du suffixe sanscrit ya, féminin yâ.

Chez les Grecs modernes, le dzêta a pris le nom de zita et se prononce exactement comme notre z.

Selon quelques auteurs, c’est seulement à l’époque d’Auguste que l’usage de la lettre z aurait été introduit à Rome. Martianus Cupella nous a transmis une singulière explication de i’éloignement que l’on avait pour son emploi, quand il dit en traitant des lettres de l’alphabet : Z vero ideirco Appitts Claudius detestatur, quod dentés mortui, dum exprimitur, imitalur. D’après ce texte, la position que pi end la bouche pour prononcer z représentait, aux yeux d’Appius Claudius, celle que Cicéron nomme la grimace des dents d’un cadavre. Cela n’empêche pas Quintilien d’appeler cette articulation motlissimum et suaoissimum sonum. Le s, en latin, se prononçait, d’après Victorin, ds comme on grec, et selon Priscien ss. Les Romains, en effet, mirent quelquefois les deux s à la nlace du dzêta. Ils substituèrent d’autres fois la d au z, comme dans le nom de Mezenitus, écrit ilcdentius. Le z latin parait avoir eu souvent la valeur duj ; ainsi dans les mots zinziberi, ziziphum pour jinjibevi, jijiplium, et les formes françaises gingembre, jujube prouvent certainement l’affinité des deux sons.

L’arabe et l’arménien ont chacun un caractère nommé za, qui se transcrit exactement par notre z, de même que le zuïn des Hébreux. Le z anglais a la même valeur, de

même que le z portugais, et si celui des Espagnols a une valeur différente, ce n’en est pas moins un son simple, celui du thêta grec et du th anglais. Quant au z italien, il se prononce tantôt ts et tantôt dz. Les Allemands, comme nous l’avons vu plus haut, donnent à leur z la première de ces deux prononciations. L’alphabet employé par les Russes a pour huitième caractère le zemlia, qui répond exactement au zita des Grecs modernes. Quant au tsoni, vingt-troisième caractère de leur alphabet, il correspond au tsa des Arabes et au tso des Arméniens. Les Polonais emploient le groupe sz pour représenter le son simple ch, et le groupe es pour le son composé tch.

Dans la dérivation du latin aux langues romanes, le z s’est très-souvent transformé en j ou g doux : benzuinum, benjoin ; zinziberi, gingembre ; ziziphum, jujube ; zelosus, jaloux. Le z français représente généralement lez, les ou le c doux du latin : Zèle, de zelum ; chez, de casa ; nez, de nasus ; rez, de rasus, dans rez-de-chaussée ; assez, de ad salis ; lez, de latus, dans Plessy-lez-Tours, Passy-lez-Paris ; lézard, de iacerta ; onze, de undecini ; douze, de duodecim, etc.

L’emploi du z était beaucoup plus fréquent dans l’ancien français que dans le moderne. C’est probablement par une réminiscence de sa valeur de double consonne chez les Latins que nos pères mettaient le plus souvent un * à la fin des mots où le d et le t se supprimaient devant la consonne sifflante, de même qu’ils employaient le x final par suite de la suppression de c ou de g. Ils écrivaient au subjectif singulier et au complétif pluriel piez, granz, deuz, serpenz, qui, sans la suppression du d ou du f, auraient été pieds, grands, dents, serpents. Au xu° siècle, on écrivait au complétif singulier amet ou aimet (araatus), donnet (donatus), citet (civitatem), bontet (bonitatem), et au complétif pluriel amez ou aimez, donnez, citez, boutez, qui, sans la suppression du f, eussent été amets ou aimets, donnets, citets, bontets. Cet usage se conserva dans la langue plusieurs siècles après que les participes et les substantifs de cette sorte eurent perdu leur t final. C’est par suite de cette habitude traditionnelle que l’on a continué d’écrire par un z la pluriel/de ces mots jusque vers le < milieu du siècle dernier. Une semblable raison fait que l’on a écrit et que l’on écrit encore aujourd’hui par un z les secondes personnes plurielles des verbes : Vous chantez, vous vendez, vous tenez sont pour vous chaniets, vous vendels, vous tenets, du latin caïUatis, vendais, tenetis. L’homélie sur Jouas, contenue dans le fragment de Valenciennes, porte preiels (priez) et présente d’autres formes assez rapprochées de cellesci, telles que seietst. Le t qui termine ce dernier mot doit être imputé à une inadvertance de l’écrivain : Preiets li que de ceBt péiiculo nos libéral.

On trouve vous avetz (avez) dans le Nouveau rtcueil de contes de Jubinal. Dans la deuxième personne du pluriel du passé défini, le (a persisté ; aussi cette forme a-t-elle un s final et non pas un z : Vous chantâtes, vous tintes, vous vendîtes, de cantavistis, tenuistis, vendidistis.

Comme l’e était sonore devant le s final (citez, aimez, vous chantez), on employa volontiers cette consonne sans qu’il y eut une raison étymologique, mais seulement afin d’indiquer le son grave ou aigu de la voyelle. Subjectif singulier : Succez, progrez, procez, pressez, divisez, de successus, progressus, processus, pressus, divisus, tandis qu’on préféra le s final lorsque l’e de la désinence était muet : Tu presses, tu divises, hommes, roses, bonnes, etc.

Tels sont les principaux cas dans lesquels on sa servit d’abord le plus souvent du z uu lieu du s final, à la place duquel on employait souvent la lettfe x. Mais une fois qu’il fut reconnu que ces trois consonnes avaient le même son à la fin des mots, ce fuit devint un principe dont on usa largement. Aussi les copistes du moyen âge ne se sont-ils pas fait faute d’employer ces trois lettres les unes pour les autres, et l’on ne peut pas plus établir de règle rixe et générale sur ce point que sur tant d’autres concernant notre ancienne orthographe. Celle-ci était k. peu près abandonnée à la fantaisie du scribe, qui ne reconnaissait guère d’autres lois que ses habitudes particulières. Cependant, dans hazard, baylizer et autres mots semblables, où l’on a depuis supprimé cette lettre, elle ne faisait que représenter exactement la prononciation, qui s’y trouvait d’accord avec l’étymologie.

Les Latins ont emprunté la forme du Z au dzêta, qui est la sixième lettre de l’alphabet des Grecs. Selon quelques anciens, le dzêta n’aurait pas appartenu à l’alphabet grec primitif ; ce serait une des lettres inventées par Palaraède, à l’époque de la guerre de Troie. Bochart le range cependant parmi les lettres cadméennes, et son opinion semble confirmée par l’analogie de forme qu’offre le dzêta grec avec le zaïn, qui est la septième lettre de l’alphabet des Hébreux et des Phéniciens. Le nom du zuïn signifie en hébreu armure, et il est possible que sa forme première ait été empruntée à celle de quelque partie du vêtement de guerre des anciens Orientaux. Quoi qu’il en soit, les traits de l’hiéroglyphe

ZAAT

qui a donné naissance k la lettre dont il s’agit ne pouvaient déjà que difficilement se reconnaître dans le caractère phénicien que copièrent les Grecs. Ceux-ci tracèrent d abord dans la direction verticale le trait qui, dans cette lettre, réunit les deux lignes horizontales, et ce n’est que plus tard qu’ils lui donnèrent la direction oblique qu’il a conservée dans le Z des Latins. En raison de son caractère de lettre double, quelques auteurs prétendent que le dzêta correspond au tsadê, qui est la dix-huitième lettre de l’alphabet des Hébreux et qui a le son ts. Dans les hiéroglyphes égyptiens, le son s est aussi représenté par un couvercle de carquois, un trépan de marbrier ou instrument analogue, s’il faut en croire les affirmations des égyptologues.