Harivansa ou histoire de la famille de Hari/Lecture 18

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DIX-HUITIÈME LECTURE.

ORIGINE ET DISTINCTION DES PITRIS.

Mârcandéya dit à Bhîchma :

Ainsi me parla le brillant Sanatcoumâra, dieu parmi les dieux ; je fis ensuite à ce divin Mouni une question sur un sujet qui m’embarrassait. Ecoute, ô prince, fils de Gangâ, ce que je vais te dire en reprenant les choses dès le commencement. Je lui demandai donc : « Combien y a-t-il d’ordres de Pitris ? dans quel monde habitent-ils, ces dieux grands entre les dieux, d’où la lune tire son accroissement ? » Il me répondit :

Sanatcoumâra dit :

Illustre pénitent, il y a dans le ciel sept ordres de Pitris ; il y en a quatre qui sont déterminés par des formes, et trois qui n’ont point de forme


apparente. Je vais te dire le monde qu’ils habitent, leur influence, l’excellence de leur nature, leur grandeur.

D’abord je te parlerai de ces trois ordres supérieurs qui peuvent devenir sensibles pour nous par les devoirs auxquels ils se soumettent[1] : voici leurs noms et leurs demeures. On appelle Sanâtanas (éternels) les mondes où résident les Pitris dépourvus de formes, nommés Bhâswaras[2] et du nom de leur père, le Pradjâpati Virâdja, surnommés Vérâdjas. On les honore comme des dieux, suivant les rites prescrits. Quand les habitants des mondes Sanâtanas se relâchent dans les devoirs de leur dévotion[3], au bout d’une révolution de mille ans, ils renaissent dans de saintes familles, où l’on s’occupe de la science sacrée ; ils y acquièrent de nouveaux mérites, de nouvelles connaissances ; ils se perfectionnent dans la philosophie sacrée, et reprennent ensuite cette voie où il est si difficile d’entrer. Ce sont là les Pitris auxquels les pieux yogins[4] sont appelés à donner de l’accroissement, et qui par la force de leur propre dévotion font eux-mêmes croître la lune. Ainsi dans les srâddhas n’oubliez pas les yogins : que ce soit là le premier soin de ceux qui donnent à boire le soma[5].

Une fille de ces Pitris, qui ne dut sa naissance qu’à l’énergie de leur esprit (mânasî), fut Ménâ, épouse du mont Himâlaya ; elle eut pour fils le glorieux Mênaca, qui lui-même donna le jour au mont Crôntcha[6], brillant et riche de pierres précieuses. Le roi des monts eut de Ména trois filles, Aparnâ, Écaparnâ et Ecapâtalà. Celles-ci se livrèrent à une pénitence terrible que n’auraient pu supporter ni les dieux, ni les Dânavas, et elles éblouirent de l’éclat de leur dévotion les êtres animés et inanimés dans les trois mondes. Ecaparnâ ne vivait que d’une seule feuille, Ecapâtalâ d’une seule fleur de Pâtalâ[7] ; Aparnâ se passait de nourriture. Sa mère cherchait à modérer son zèle. « Hélas ! ou mâ[8], lui disait-elle ; c’est-à-dire, ne sois point si cruelle envers toi ! » Telles étaient les paroles que la tendresse inutile de sa mère adressait à cette déesse célèbre par ses austérités, et que les trois mondes connaissent maintenant sous le nom d’Oumâ. Ô fils de Bhrigou, elle habita aussi la terre, cette illustre pénitente : on l’y honore sous ce même nom d’Oumâ. Sa gloire y vivra comme celle de ses deux sœurs ; toutes trois, chastes et pieuses, d’une dévotion accomplie et possédant la science divine, ont été la pénitence même incarnée. Oumâ, la première en âge et en mérites, devint par sa profonde piété la compagne de Mahâdéva. Ecaparnâ fut l’épouse de Djêgîchavya, et Ecapâtalâ celle de l’illustre Asita Dévala[9], tous deux rivaux en science et en vertu, et maîtres dans le grand art de la dévotion.

Les mondes Somapadas sont ceux où résident les Pitris, fils de Marîtchi : ces Pitris ont autrefois animé les corps des Dévas ; on les appelle Agnichwâttas, et leur influence est puissante.

De leur esprit est issue une fille : c’est la rivière Atchhodâ, qui a donné naissance au lac Atchhoda[10]. Elle n’avait point eu le bonheur de voir les auteurs de ses jours. Comment aurait-elle pu apercevoir des Pitris immatériels, qui ne l’avaient créée que par la force de leur pensée ? Honteuse de cette disgrâce, elle se choisit un père : c’était un Vasou, le glorieux Amâvasou[11], fils d’Ayous, qu’elle avait vu traverser le ciel sur un char avec l’Apsarâ Adricâ. Egarée par cette pensée, la belle vierge se met à la poursuite de ce père qu’elle adopte, et renonçant à ses exercices de dévotion, elle va errant dans l’espace. Dans sa course incertaine et vagabonde, elle aperçoit tout à coup trois chars aussi petits que des atomes, et sur ces chars trois Pitris presque insensibles : mais son œil les voit cependant sur ces chars merveilleux, brillant comme des feux placés sur d’autres feux. « Sauvez-moi, » leur dit-elle, faible et la tête baissée. « Ne crains rien, lui répondirent-ils, ô toi que nous trouvons égarée dans les plaines de l’air. » D’une voix timide, elle cherche à s’excuser auprès de ces Pitris, qui sont ses véritables pères. « Par ta faute, lui dirent-ils, tu as perdu le haut rang que tu occupais : pauvre enfant, au lieu d’avancer, tu as rétrogradé. Mais console-toi, les dieux recueillent ici le fruit des œuvres qu’ils ont accomplies, tandis qu’ils étaient revêtus d’un corps divin. Toujours les œuvres portent leurs fruits dans un autre monde, qu’elles aient été faites dans l’état d’homme ou de dieu. Ainsi, chère enfant, compte qu’en ces lieux mêmes tu trouveras le fruit de ta pénitence. » En entendant ces mots, la jeune vierge cherchait encore à se rendre ses Pitris toujours plus favorables. Ils entrèrent en méditation, et voyant l’avenir, ils lui dirent avec affection : « Ô vierge, tu seras la fille de ce roi Vasou, qui lui-même naîtra sur la terre parmi les mortels, et tu reviendras ensuite dans ce monde qui est le tien, et où il est difficile d’arriver. Tu auras pour fils le Brahmane, fils de Parâsara, qui divisera le Vède unique en quatre parties[12] : tu auras encore du grand roi Santanou deux fils qui feront ta gloire, le pieux Vitchitravîrya et le brillant Tchitrângada. Après avoir donné au monde ces enfants, tu reviendras dans ces demeures des Pitris, dont tu t’éloignes pour te dégrader par ta naissance. Va donc, tu seras la fille du prince que tu as vu et d’Adricâ. Tu naîtras à la vie humaine, dans la vingt-huitième partie[13] du Dwâpara, et tu te trouveras enfermée dans le ventre d’un poisson[14]. » Ainsi parlèrent les Pitris, et leur protégée devint Satyavatî, surnommée Dâséyî ou fille de pêcheur, parce qu’elle sortit du sein d’un poisson, toute fille qu’elle était du roi Amâvasou.

Viennent ensuite les mondes Vêbhrâdjas, dont l’éclat brille dans l’air et frappe tous les regards : ils sont habités par les Pitris appelés Varhichads. Tous les ordres de divinités, les Yakchas, les Gandharvas, les Râkchasas, les dragons, les serpents, les oiseaux célestes, ont été animés par les esprits de cette classe de Pitris, nobles fils du patriarche Poulastya[15] : le sort de ces Pitris est magnifique, ils sont puissants et adonnés aux saintes occupations de la pénitence.

Une vierge est née de leur âme : c’est Pîvarî : elle est encore appelée Yogâ, épouse d’Yoga et mère d’Yoga[16]. Elle descendra aussi sur la terre pendant l’âge Dwâpara. Un grand pénitent de la race de Parâsara, nommé Souca, et fameux entre les Brahmanes, existera dans ce temps : il sera né de Vyâsa et d’Aranî[17], comme on voit naître du sein de la fumée la flamme étincelante. De cette vierge des Pitris, de Pîvarî, Souca aura une fille et quatre fils, célèbres dans l’enseignement de la philosophie sacrée. Ces quatre fils seront Crichna, Gôra, Prabhou, Sambhou : leur sœur sera Critî, mère de Brahmadatta, et femme du roi Anouha. L’illustre Souca, animé de l’amour de la loi sainte, après avoir donné le jour à ces maîtres dans la science divine, après leur avoir transmis la sagesse éminente qu’il aura reçue lui-même de Djanaca[18] et de Vyâsa, partira pour faire ce grand voyage qui nous mène à la vérité éternelle, infaillible, infinie.

Voilà les trois classes de Pitris dépourvus de formes, ô pieux Mouni, mais, comme je l’ai dit, soumis cependant à des devoirs qu’ils supportent.

Ô fils de Bhrigou, après eux sont les Pitris Soucâlas, enfants du Pradjâpati Vasichtha. Ils se jouent au milieu des airs, dans ces mondes éclairés par les astres ; tous leurs désirs s’y trouvent satisfaits. Ces Pitris sont ceux des Brahmanes.

La vierge née de leur pensée se nomme Gô : c’est elle qui, dans ta famille, sous le nom d’Ecasringâ, deviendra aussi épouse de Souca, pour la plus grande gloire des Sâdhyas.

Les mondes appelés Marîtchigarbhas[19] forment le séjour des Pitris, enfants d’Angiras, auxquels se réunissent les Sâdhyas. Ce sont là les esprits qui animèrent les Kchatriyas, maintenant admis à recueillir le fruit de leurs œuvres. La vierge que leur pensée a enfantée est Yasodâ, qui devint l’épouse de Viswamahân, la bru de Vriddhasarman, la mère du grand et saint roi Dilîpa. C’est dans un Aswamédha solennel de Dilîpa, alors que l’âge des dieux durait encore, que les Maharchis, transportés de joie, chantèrent la naissance d’Agni[20], fils du Mouni Sandila. Heureux l’homme qui a pu entendre ce chant ! qui a pu voir le sacrifice du vertueux prince Dilîpa ! Sa piété sans doute lui ouvrira le chemin du ciel.

Dans les mondes Soumédhas résident les Pitris du Pradjâpati Cardama, issus de Poulaha, nobles, généreux, grands parmi les Dwidjas[21]. Ils demeurent au milieu de l’air, errant çà et là dans des mondes mouvants, et sont formés de Vêsyas jouissant du fruit de leurs œuvres.

La vierge issue de leur esprit se nomme Viradjâ : elle fut la mère d’Yayâti, l’épouse de Nahoucha, l’aïeule de l’illustre race des Vrichnis et des Andhacas.

Je te dirai enfin quels sont les Pitris de la septième classe, appelés Somapas, enfants de Swadhâ et de Bhrigou[22]. Les Soûdras, fils d’Hiranyagarhha[23], composent cette classe, qui demeure au milieu de l’air, dans des mondes que l’on appelle Mânasas.

La vierge qui a dû sa naissance à leur pensée, est Narmadâ, rivière fameuse qui coule vers le midi, pour y répandre la fécondité. Épouse de Pouroucoutsa, elle fut mère de Trasadasyou.

Le Pradjâpati Manou, par une prévoyante succession des êtres, a pourvu aux Srâddhas dès la première création de tous les Pitris : il veut que l’indifférence soit extirpée, et Srâddhadéva, dit-on, a la charge de veiller à l’exécution de ses règles pieuses. Dans une coupe faite d’argent, ou du moins ornée de ce métal, on présente aux mânes la swadhâ ; et cette offrande les réjouit. En même temps on honore la lune, le feu et Yama, en tournant toujours par la droite vers le nord[24] ; et pour cette cérémonie on se sert du feu, ou de l’eau, faute de feu. Quiconque adresse son hommage aux Pitris en est récompensé par eux : ils lui accordent des richesses, une nombreuse famille, la possession du ciel, une bonne santé, enfin tout ce qu’il peut désirer.

Sage Mouni, il faut distinguer le sacrifice fait aux dieux, et le sacrifice fait aux Pitris[25]. C’est aux Pitris que les dieux doivent leur premier accroissement : que les Pitris soient favorables et satisfaits, et le monde entier prospère. Il faut tâcher de fixer leur faveur : ô fils de Bhrigou, ne manque jamais de les honorer.

Tu es aimé des Pitris, et je t’aime également. Je veux te faire un présent qui soit une preuve de cette affection. Je te donne l’œil divin de la science : mais ne va point imprudemment, ô Mârcandéya, révéler ces secrets. La voie divine de la dévotion, la voie supérieure des Pitris ne saurait être aperçue par un œil de chair tel que le tien, quelle que soit sa perfection.

Mârcandéya dit :

À ces mots, ce maître des dieux, s’approchant de moi, me donna l’œil de la science, que les dieux eux-mêmes n’obtiennent qu’avec peine. Il reprit ensuite cette route vers laquelle nous tendons tous ; son char et lui brillaient comme deux feux. Ô fils de Courou, apprends ce que j’ai pu entendre de lui, détails que les mortels ne sauraient connaître sur la terre, et que je tiens de sa bonté.

    principe aqueux. Voyez lect xl, vers la fin. Toute cette matière peut être éclaircie par ce passage des lois de Manou, lect. iii, sl. 201 : « Les Pitris sont nés des Richis ; des Pitris sont issus les dieux et les hommes ; des dieux vient le monde animé et inanimé.

  1. Comme nous le verrons plus bas, les quatre ordres de Pitris regardés comme matériels, comme terrestres, sont ceux qui sont spécialement composés des âmes de gens appartenant aux quatre castes : c’est là en quelque sorte leur forme. Les trois autres ordres, qui renferment les Pitris des Richis supérieurs, des dieux et des génies de tous les rangs, n’ont point, pour ainsi dire, de figure sociale. Cette idée de forme extérieure, de figure apparente, me menait sans doute à l’idée d’êtres matériels, et à l’idée contraire d’êtres immatériels. J’ai évité ces expressions, et me suis rapproché de mon texte autant qu’il m’était possible. Les Pitris supérieurs n’ont point de forme, dit-on ; cependant ils portent la forme du devoir, धर्म्ममूर्त्तिधर. C’est surtout pour de pareils passages qu’il m’eût été agréable d’avoir un commentaire. Abandonné à mes faibles forces, j’ai cherché un sens ; je ne me flatte point d’avoir rencontré juste. Ou ces Pitris sont soumis à des devoirs particuliers dans la grande organisation de l’univers, ou ils reviennent de temps en temps sur la terre porter le fardeau de l’humanité et des devoirs qui lui sont imposés.
  2. Ce mot signifie soleil : j’en ai fait un nom propre, ce n’est peut-être qu’une épithète. Six des sept Richis sont nommés comme patriarches des Pitris. Atri seul n’est pas cité : à sa place se trouve Virâdja. Celui-ci serait-il Manou, nommé विराज au lieu de विराज्ज ? (Voy. lect. i.) Les lois de Manou parlent des fils de Virâdj, lect. iii, sl. 195.
  3. J’avais d’abord reproduit cette pensée du Bhagavad-gîtâ, lect. vi, qui insinue que l’homme surpris par la mort dans le cours de sa pénitence, revient plus tard l’achever et acquérir de nouveaux mérites. Mais l’histoire qui va suivre de la vierge Atchhodâ, montre que ces esprits peuvent faillir et s’écarter un instant des règles de la dévotion (yoga), ce qui les expose à une renaissance terrestre.
  4. Les yogins, c’est-à-dire les personnes qui se livrent aux exercices de la pénitence pour arriver à l’union intime avec Dieu, sont admis après leur mort dans le monde de ces Pitris ; ou bien les yogins ne sont que ces mêmes Pitris déchus.
  5. Le soma, comme nous l’avons vu, est le jus de l’asclépias, que celui qui offre le sacrifice donne au Brahmane sacrificateur.
  6. Le Crôntcha et le Mênaca sont deux montagnes.
  7. C'est la fleur du Bignonia suave olens, que les Anglais appellent trumpet flower.
  8. Ces deux mots soulignés sont deux particules sanscrites ; la première est une exclamation, et la seconde indique la défense, en latin ns. Le sens de la phrase avait besoin d'être complété.
  9. Malgré l'autorité du Bhagavad-gîtâ, lect. x, sl. 13, je suis forcé ici de faire d'Asita et de Dévala un seul et même personnage. Il sera de nouveau question de Dévala dans la lecture xxiii, où les deux manuscrits dévanâgaris semblent encore indiquer qu'Asita est une épithète, un second nom de Dévala, comme si l'on disait Dévala le Noir. Le mot djêgîchavya m’avait d’abord paru n’être qu’une épithète ; mais il se trouve cité dans les Védas comme le nom d’un personnage célèbre par sa piété et son savoir.
  10. Le lac Atchhoda se trouve sur l'Himâlaya, près du pic Tchandraprabha, d’où sort la Mandâkinî.
  11. Une partie de cette fable est astronomique : Amâvasou est le génie qui préside au jour de la nouvelle lune.
  12. Ce fils de Parâsara est Vyâsa, connu sous le surnom de Vêda-vyâsa, ou compilateur des Vèdes. Ce vers indique que la division de cet antique ouvrage en quatre livres est de lui : cependant dès l’origine on a compté trois Vèdes, et le quatrième, l’Atharva, passe pour moderne. Il est curieux de voir, dans le Bhâgavata, Vyâsa partager son travail entre ses disciples, et charger Pêla du Rig-véda, Djêmini du Sâma, Vêsampâyana de l’Yadjour, et Soumantou de l’Atharva.
  13. Si j’avais traduit littéralement, j’aurais mis : dans 28e dwâpara. Ce nombre 28 m’a embarrassé. À quoi se rapporte-t-il ? y a-t-il plusieurs dwâparas ? Sans doute, puisqu’un manwantara est composé de 71 mahâyougas. On lit dans les Recherches asiatiques, tom. ii, p.231, que nous sommes à présent dans le satya-youga du 28e mahâyouga. D’un autre côté, je savais que le dwâpara commence le 28e jour de la lune de Bhadra. Mais je me suis rappelé ensuite que dans le viie vol. ibid. p. 230, on cite un vers du Câlicâ, où se trouvent les mots त्रेतायाः प्रथमे भगे : d’où j’ai conclu que chaque youga peut se partager en vingt-huit parties, et c’est ce mot भगे que j’ai ici sous-entendu.
  14. Satyavatî fut trouvée dans le ventre d’un poisson, dont elle retint même l’odeur jusqu’à ce que son amant Parâsara l’eût changée contre celle du lotus. De là ses surnoms de Matsyodarî et de Matsyagandhâ.
  15. J’ai déjà renvoyé le lecteur aux détails que donne Manou sur les classes de Pitris, lect. iii, sl. 194. Je n’entreprends pas de concilier ce législateur avec l’auteur que je traduis : ce serait peut-être une tâche inutile ; le lecteur en jugera par l’exemple suivant. Manou fait les Varhichads enfants d’Atri, et mon auteur dit qu’ils descendent de Poulastya. Je n’ai pas cru non plus devoir m’arréter sur ces différences de nom, que l’on pourrait signaler dans les épithètes. La matière est assez confuse par elle-même, sans qu’elle doive être encore embarrassée par des citations superflues.
  16. Nous avons vu que ce mot signifie dévotion ; c’est un nom que l’on peut donner à tous les membres de la famille d’une vierge divine.
  17. Aranî est l’instrument avec lequel on fait du feu pour le sacrifice ; et c’est à cet usage que l’auteur fait allusion par sa comparaison. Voyez, pour ce mot, l’histoire de Pouroûravas, lect. xxvi.
  18. Djanaca était un roi de Mithilâ, connu par sa sagesse et sa piété : mais il a dû vivre bien avant Souca, car il était le père de Sitâ, femme de Râma.
  19. Marîtchi est proprement la lumière personnifiée. Ce sont donc les mondes enveloppés de lumières ou du sein desquels naît la lumière. Voy. Nouv. Journ. asiat. no 64, p. 292 et suiv.
  20. Agni est le dieu du feu, qui, dans une de ses incarnations, fut fils du Mouni Sandila.
  21. Dwidja se dit également des individus des trois premières castes. J’ai laissé exprès cette expression indéterminée.
  22. Ce passage est presque un hémistiche des lois de Manou, lect. iii, sl. 198. Il y a dans les deux auteurs l’épithète कवि cavi (poëte), mise à la place d’un nom propre. Dans les lois de Manou, c’est Bhrigou que cette épithète désigne, parce qu’on regarde ce Richi comme l’auteur du poème. S’agit-il ici du même personnage ? C’est ordinairement le fils de Bhrigou, Soucra, que l’on distingue par le nom de Cavi ; mais comme le Harivansa renferme quelquefois des fi’agments de vers des lois de Manou, j’ai supposé que celui-ci avait été copié comme les autres, et qu’il devait être traduit suivant la pensée de l’original : d’autant plus que Soucra s’appelle Câvya, mot que l’on peut regarder comme un nom patronymique dérivé de Cavi.
  23. Brahmâ fut ainsi nommé, parce qu’il s’était renfermé dans l’œuf d’or au commencement du monde.
  24. Voy. sur ces détails les sl. 202, 211 et 214 de la iiie lecture des lois de Manou. Mon auteur, pour rendre cette dernière idée, emploie le mot अदगायनं (M. Wilson donne अदगयनं) que j’ai rendu par le sens renfermé dans le mot अपसव्यं des lois de Manou. Le Brahmane qui veut imiter la marche du soleil dans le ciel, tourne toujours par sa droite sur lui-même. La swadhâ est à la fois la nourriture que l’on offre aux mânes, et l’exclamation dont on se sert dans cette cérémonie. (Lois de Manou, lect. iii, sl. 224.) On personnifie cette offrande ; on en fait une nymphe, qui est ordinairement l’épouse d’Agni : en effet, l’offrande présentée aux mânes ou aux dieux est jetée dans le feu. Cependant, un peu plus haut, Swadhâ est la femme de Bhrigou.
  25. C’est un vers des lois de Manou, lect. iii, sl. 203. L’auteur a pris en entier le premier vers du distique, mais il a modifié le second, que j’ai traduit littéralement, et qui me semble expliqué par les vers que j’ai cités dans la dernière note de la lecture précédente.