Hector Servadac/Intro
M. Jules Verne, en commençant la série des Voyages extraordinaires, a eu pour but de faire connaître à ses lecteurs, sous la forme du roman, les diverses parties du monde. L’Afrique dans Cinq Semaines en ballon et les Aventures de trois Russes et de trois Anglais, l’Asie centrale dans Michel Strogoff, l’Amérique du Sud et l’Australie dans Les Enfants du capitaine Grant, les régions arctiques dans Le Capitaine Hatteras, l’Amérique septentrionale dans le Pays des fourrures, les différents océans du globe dans Vingt mille lieues sous les mers, le nouveau et l’ancien monde dans le Tour du monde en 80 jours, etc., enfin un coin du ciel dans le Voyage à la lune et Autour de la lune, telles sont les portions de l’univers qu’il a jusqu’ici fait parcourir aux lecteurs, à la suite de ses héros imaginaires.
D’autre part, dans l’Ile mystérieuse, le Chancellor, le Docteur Ox, le Voyage au centre de la terre, la Ville flottante, M. J. Verne a mis en scène différents faits de la science moderne.
Aujourd’hui, dans Hector Servadac, M. J. Verne continue cette série par un voyage à travers le monde solaire. Il dépasse de beaucoup cette fois l’orbite lunaire, et transporte ses lecteurs à travers les trajectoires des principales planètes jusqu’au delà de l’orbite de Jupiter. C’est donc là un roman « cosmographique » . L’extrême fantaisie s’y allie à la science sans l’altérer. C’est l’histoire d’une hypothèse et des conséquences qu’elle aurait si elle pouvait, par impossible, se réaliser. Ce roman complétera la série des voyages dans l’univers céleste publiés, comme la plupart des œuvres de M. Verne, dans le Magasin d’éducation ; il y a obtenu un succès considérable, et partout, dès les premiers chapitres publiés, les traducteurs autorisés par nous se sont mis à l’œuvre.
Les Indes-Noires, qui viennent de paraître, ont pour but de nous initier aux mystérieux travaux des houillères. Et un autre roman, en préparation, Un Héros de quinze ans, est destiné à nous conduire dans les parties les plus curieuses et les plus nouvellement explorées du globe terrestre.
Il nous sera permis de dire ici que dans notre longue carrière d’éditeur nous n’avons jamais rencontré un succès plus universel que celui de l’œuvre générale de M. Jules Verne. Il est lu, il est populaire, son nom et son œuvre sont célèbres dans tous les pays, comme ils le sont en France, et partout son succès est le même, partout les lecteurs de tout âge lui font le même accueil.
L’œuvre complète de Jules Verne est traduite et se publie simultanément en Russie, en Angleterre, aux États-Unis, en Allemagne, en Autriche, en Italie, en Espagne, au Brésil, en Suède, en Hollande, en Portugal, en Grèce, en Croatie, en Bohême, au Canada. Quelques-uns de ses livres ont été traduits même en Perse.
Aucun écrivain jusqu’à ce jour n’a porté plus loin le nom français et ne l’a fait accepter et aimer dans un plus grand nombre de pays et dans des langues plus différentes.