Femmes slaves (RDDM)/Henrika Listewska

La bibliothèque libre.
Femmes slaves (RDDM)
Revue des Deux Mondes3e période, tome 102 (p. 910-918).
FEMMES SLAVES

VII.[1]
HENRYKA LISTEWSKA

Pendant l’automne de 1845, deux émissaires du comité révolutionnaire polonais, Wisnioski et Demboski, quittaient Paris. Ils étaient chargés de faire les derniers préparatifs du soulèvement général auquel on travaillait depuis des années, et qui devait s’effectuer en même temps dans tous les pays polonais. Le 16 février 1846 était le jour fixé pour ce soulèvement. Dans la Pologne russe, c’était le grand propriétaire Potocki qui était à la tête du mouvement ; en Posnanie, ce rôle important était dévolu à Mieroslawski.

Les deux émissaires se dirigèrent vers la Galicie, en passant par Cracovie, où ils conférèrent avec les principaux chefs des conjurés. Cette ville formait alors une petite république indépendante qui était le dernier refuge de l’aigle blanche.

De Cracovie, Wisnioski se rendit dans l’est de la Galicie, tandis que Demboski restait dans l’ouest, à Tarnow, où était le foyer principal de la conspiration. Sous les déguisemens les plus variés, tantôt comme frère de charité, ou comme juif polonais, tantôt comme chaudronnier slovaque ou comme ouvrier horloger français, Demboski parcourait les cantons de Bochnia, Rzeszow et Tarnow, afin de se concerter avec les chefs du mouvement pour ces cantons, les deux comtes Wiesoloski, le baron Bogush et M. de Kotarski. Il excitait le courage des conspirateurs à Pilsna. Dans les cabarets et dans les foires, il haranguait les paysans, et leur promettait la suppression de la robot (corvée) et celle de l’impôt sur le sel et sur le tabac.

Le gouvernement autrichien n’ignorait pas la présence et les agissemens de Demboski en Galicie. La police était constamment sur ses talons, mais il réussissait toujours à lui échapper.

Dans les premiers jours de décembre 1845, les autorités de Tarnow apprirent que Demboski se trouvait chez la baronne Kiélarowska dont le château était tout près de la ville. Aussitôt, un commissaire et un escadron de hussards lurent expédiés pour le faire prisonnier.

A Doubno, chez la baronne, on était en train de souper. Outre la maîtresse de la maison et Demboski, il y avait le baron Bogush et une jeune fille, Mlle Henryka Listewska, dont le père, un officier polonais, avait été tué à Wola en 1830. Henryka avait été recueillie et élevée par la baronne. C’était une grande et belle fille, élancée, avec la tête noble et fière d’une patricienne romaine. De temps à autre, cette jeune fille aux yeux bleus et hardis de vraie Sarmate jetait un regard de compassion visible sur l’élégant émissaire, dont l’éloquence simple l’avait étrangement touchée.

Tout à coup, le cabaretier juif de Doubno entra précipitamment dans la salle à manger, et annonça, tout effaré, l’arrivée du commissaire et des hussards an village.

— Vite ! Demboski, fuyez, hâtez-vous ! s’écria la baronne.

— Fuir est impossible, dit le juif, les hussards ont cerné tout le village ; ils ont mis des postes à toutes les sorties. Ils seront ici dans quelques instans.

— Alors, il faut le cacher ici, dit Bogush.

— C’est inutile, dit Henryka, qui jusqu’alors avait gardé le silence ; si bien qu’on puisse le cacher, il sera découvert. Mais si M. Demboski veut se fier à moi, ajouta-t-elle en se tournant vers l’émissaire, je me charge de le faire passer, sain et sauf, à travers les troupes impériales.

Demboski fixa un instant son regard sur cette courageuse jeune fille, et, pour toute réponse, s’inclina en silence.

— Mais il faut, avant tout, continua-t-elle, vous faire raser soigneusement la barbe. — Je m’en charge, moi, s’écria Bogush ; j’ai un véritable talent de Figaro.

Tandis que Bogush rasait Demboski, Henryka convenait avec la baronne des autres dispositions à prendre.

Le juif retourna vite chez lui. Il trouva le commissaire et les officiers en train de boire un verre de slivovitz et se réjouissant à l’avance du succès certain de leur expédition. — Vous allez sans doute à la recherche de l’émissaire polonais, celui que l’on dit caché dans la maison du curé ? dit tout bas le rusé cabaretier à l’oreille du commissaire.

— Comment ! se récria celui-ci, est-ce qu’il aurait déjà changé de cachette ?

— Ah ! je n’en sais rien, répliqua le juif d’un air indifférent, je ne me mêle pas de ces choses-là !

Sur ces propos, le commissaire tint aussitôt conseil avec les officiers, et on résolut de commencer par fouiller la maison du curé.

Cette perquisition, très habilement suggérée, permit à Henryka d’exécuter assez tranquillement la première partie de son plan. Lorsque Demboski fut bien rasé, elle le maquilla et le grima avec un art achevé ; ensuite, elle lui fit revêtir une robe et une grande pelisse, que la baronne avait l’habitude de porter dans ses courses en traîneau. Enfin, elle lui attacha une lourde tresse, et l’affubla d’un capuchon.

Demboski était complètement métamorphosé. De taille moyenne et svelte, avec des traits nobles, finement modelés, le jeune conspirateur avait bien l’air un peu majestueux sous ce déguisement, mais il était, en somme, beaucoup mieux dans ce rôle qu’on ne s’y attendait ; et, quand Henryka, également enveloppée de sa fourrure et de son voile, monta dans le traîneau qui les attendait, tout le monde aurait juré que le véhicule emportait deux belles Polonaises.

On ouvrit toute grande la porte de la cour, le cosaque fit claquer son fouet, et le traîneau partit au galop par la route impériale, en traversant tout le village.

Au moment où l’attelage allait franchir la barrière où se tenait habituellement un poste de douane, un cri de : « Halte-là ! qui vive ? » arrêta net le cocher. Un officier, accompagné de deux hussards avec des carabines armées, s’approcha du traîneau.

— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda Henryka, en levant son voile, et sur le ton d’une indignation parfaitement jouée. Sommes-nous donc en état de guerre, ou de révolution ?

Ébloui par les charmes hautains de cette jolie femme, l’officier mit galamment la main à son tchako. — Nous ne faisons la guerre qu’aux hommes, dit-il avec un aimable sourire, et non aux dames, surtout quand elles sont aussi belles.

Henryka le remercia d’un sourire gracieux. Sur un signe qu’il fit au cocher, celui-ci fouetta ses chevaux, et le traîneau repartit, emportant avec lui le plus dangereux émissaire de l’émigration polonaise.

Le commissaire, n’ayant pas trouvé Demboski chez le curé, le chercha aussi vainement dans la maison de la baronne.

Henryka avait conduit le jeune conspirateur au château du prince Czartoryski, château également situé aux environs de Tarnow. Elle pensait bien que personne n’irait le chercher là, car tout le monde savait que le prince était rallié au gouvernement et que son intendant seul entretenait des relations avec les conspirateurs.

A peine Demboski eut-il changé son déguisement féminin contre un costume de cosaque seigneurial, qu’il pria Henryka de lui accorder un entretien. Elle y consentit en souriant.

Dès qu’ils furent seuls au salon, Demboski s’écria avec un enthousiasme passionné :

— Vous m’avez sauvé la vie, Henryka, plus que la vie ! Puisque c’est grâce à vous, à votre dévoûment, que je pourrai achever ma tâche ! Cependant, j’ose vous demander davantage encore. Je viens, en peu de temps, d’apprendre à vous connaître et à vous aimer. Voulez-vous être à moi pour toujours ?

Henryka le regarda un instant, puis elle lui tendit la main dans un élan cordial.

— Oui ! dit-elle, aussitôt la Pologne délivrée, libre, je serai à vous.

Alors Demboski se jeta à ses pieds, et Henryka, lui prenant la tête à deux mains, lui mit un chaste baiser sur le front.

A dater de ce jour, l’aimante et courageuse fille devint la fidèle compagne de Demboski dans toutes les excursions aventureuses qu’il entreprit au plus fort de l’hiver, à travers les Carpathes, dans le canton de Wedowizé, pour retourner enfin à Cracovie.

Vêtue en homme, elle gravissait avec lui les plus hautes montagnes, franchissait les ravins remplis de neige, dormait dans les chaumières des paysans, ou dans des cabarets juifs, et, souvent, toujours avec lui, faisait de longues courses à cheval, pendant la nuit et par les plus fortes gelées. Son cœur s’attachait à lui de plus en plus tendrement. Elle voyait en lui le sauveur de sa malheureuse patrie, le futur dictateur de la république polonaise ressuscitée, et c’était avec lui qu’elle voulait vaincre ou mourir. Après des souffrances et des périls sans nombre, ils arrivèrent enfin le 10 février à Cracovie. Henryka trouva une généreuse hospitalité dans la maison du vieux comte Wodzicki. La vieille ville des Jagellons fourmillait d’émigrés ; tout semblait prêt pour le combat ; il ne restait plus, disait-on à Demboski, qu’à introduire une certaine quantité d’armes qu’on attendait de la Galicie. Malheureusement, les agens de police ne cessaient de veiller autour du pont de Podgorzé.

En apprenant cela, Henryka s’offrit aussitôt pour accomplir ce coup d’audace. Elle comptait, pour réussir, non-seulement sur son courage, mais encore sur sa coquetterie naturelle et sa malice de femme. Elle soumit son plan à Demboski, qui l’approuva entièrement, mais ne voulait agir, cette fois, que sous ses ordres.

A Podgorzé, le commissaire avait la réputation d’un bon vivant, aimant le plaisir et les jolies femmes. Henryka prit une voiture à Cracovie et se rendit directement chez lui, sous prétexte de lui demander des renseignemens. Elle voulait savoir s’il serait possible à une jeune dame, effrayée par les menaces révolutionnaires, de se rendre à Lemberg en traversant la Galicie occidentale. Il faut dire qu’à cette époque les voyages, dans ces contrées, se faisaient encore en diligence.

Le commissaire dévorait des yeux la jeune femme, qui avait pris soin de se présenter sous les atours les plus séduisans. Il crut devoir lui déconseiller ce voyage.

— C’est bien ennuyeux, dit Henryka avec un soupir de feinte contrariété ; je suis étrangère, je ne connais personne dans ce pays ; si je suis condamnée à rester à Cracovie, je vais m’ennuyer à mourir.

— Alors, venez à Podgorzé, madame, répliqua le commissaire en saisissant la petite main d’Henryka.

— Mais je ne suis pas connue davantage ici.

— Si vous voulez bien me permettre de me charger de vous distraire, dit le galant commissaire avec un sourire aussi aimable qu’expressif, je m’estimerai trop heureux d’être le cavalier d’une si charmante dame.

— Mon Dieu, très volontiers. Je vous serais très reconnaissante si vous vouliez bien vous occuper un peu de moi, murmura Henryka avec un coup d’œil plein de promesses.

Alors, il fut convenu que, dès le même soir, Henryka viendrait s’installer dans un hôtel à Podgorzé. Elle revint avec ses malles et une soubrette, et loua deux chambres à l’hôtel qu’elle avait choisi.

Le soir même, pendant qu’Henryka soupait avec le commissaire, Demboski, travesti en juif polonais, arrivait, à son tour, de Cracovie à Podgorzé en traîneau et s’arrêtait devant le poste de police, demandant à montrer son passe-port au caporal.

— Maudit juif ! grogna celui-ci, qu’avais-tu besoin de nous déranger par un temps pareil ?

— Si je vous ai troublés dans votre repos par ce temps froid, monsieur le caporal, dit humblement Demboski, je serai très heureux de pouvoir vous offrir, à vous et à ces messieurs, un excellent cordial qui vous fera vite oublier le désagrément que j’ai le avoir causé.

Il sortit de son traîneau une bouteille d’eau-de-vie qu’il distribua généreusement au caporal et à ses soldats. Il était à peine parti que tout le monde ronflait dans le corps de garde. La sentinelle placée à l’entrée du pont, ayant eu part à la distribution, s’était endormie de son côté et s’était affaissée au pied d’un pilier, son fusil entre les bras. Un quart d’heure à peine plus tard, huit grands traîneaux, chargés d’armes et de munitions, traversaient le pont sans rencontrer le moindre obstacle. Et, dans la même nuit, Henryka retournait à Cracovie.

La révolution allait enfin éclater ; mais, au dernier moment, le plan des conjurés fut encore traversé par des difficultés imprévues. Par suite de l’agitation qui se manifestait dans Cracovie, le gouvernement autrichien envoya le général Collin avec une brigade. Il prit possession de la ville malgré les protestations du sénat et plaça des postes de cavalerie dans tous les villages environnans.

Néanmoins, il y eut un conseil de guerre, chez M. de Wiedzicki, entre les principaux chefs de la conspiration, et ce fut le projet de Demboski qui l’emporta. On décida de rassembler sur-le-champ toutes les bandes d’insurgés des alentours, de faire prisonniers tous les postes de cavalerie dans la même nuit et d’attaquer, le lendemain, le général Collin dans sa position de Cracovie.

Les rôles furent immédiatement distribués. Demboski était chargé de surprendre le détachement de chevau-légers de Krésowizé. Il partit, accompagné d’Henryka. A son arrivée, il trouva les propriétaires des villages voisins avec une troupe de cavaliers bien armés. La nuit et l’insouciance des Autrichiens aidant, la surprise réussit parfaitement. La moitié des chevau-légers furent tués, le reste faits prisonniers. Leur commandant seul, le lieutenant Berndt, quoique blessé de deux coups de feu, parvint à sauter sur son cheval et à gagner la grande route qui mène à Cracovie. Il lui fallait passer au milieu des insurgés ; s’il réussissait à s’échapper, à porter la nouvelle au général et à donner l’alarme à la garnison, le plan de Demboski allait probablement échouer et la partie était perdue. Avec une résolution subite, Henryka donna de l’éperon à son cheval et s’élança, bride abattue, à la poursuite de l’officier impérial. Dans cette chasse sauvage, les chances étaient égales, car, si Berndt avait une avance considérable, il était blessé, tandis qu’Henryka, pourvue d’un cheval frais, disposait de tous ses moyens d’action.

En effet, l’audacieuse fille allait l’atteindre au moment où il se trouvait arrêté par une barrière qui fermait la route. De loin, elle lui cria de se rendre. Berndt eut un instant d’angoisse ; il se sentait perdu. Alors, il fit un suprême effort, prit du champ, éperonna vigoureusement son cheval, l’enleva, et la vaillante bête, quoique surmenée, franchit la barrière. Henryka eut beau faire, sa monture se refusa au même tour de force. Furieuse, l’amazone tira sur l’officier un coup de pistolet sans l’atteindre. Il put gagner Cracovie, et prévenir le général Collin.

Il devenait, dès lors, impossible de s’emparer de la ville par surprise. Il fallait ajourner l’entreprise indéfiniment, ou tenter le sort d’une attaque en règle, immédiate. Ce fut à cette dernière résolution qu’on s’arrêta.

Le lendemain, les insurgés s’avancèrent en même temps, de tous côtés, vers la ville des Jagellons, pendant que les Cracoviens prenaient les armes. Toute la journée, on se battit dans les rues et aux environs de la ville. Ce ne fut que vers le soir que l’on convint d’un armistice. Jugeant que la position n’était pas tenable, le général Collin quitta Cracovie dans la nuit avec ses troupes, se retira derrière le pont de Podgorzé, et, de là, jusqu’à Wedowizé.

Cependant, le lieutenant-colonel de Benedck avait été envoyé à Bochnia, et avait pris le commandement des quelques troupes qui s’y trouvaient. Les paysans des environs, pleins de haine contre leurs seigneurs, avaient pris les armes contre les insurgés. Benedek en rassembla quelques milliers autour de lui, les harangua, et, ne fût-ce que pour sauver l’honneur militaire, résolut de tenir tête, avec ces faibles ressources, aux Polonais qu’il s’attendait à voir marcher contre lui.

Après s’être fortement organisée dans Cracovie, la petite armée des insurgés, bien pourvue d’armes et de munitions, se porta en avant et pénétra en Galicie. Benedek alla à sa rencontre, et lui livra, près du village de Gdow, une sanglante bataille, à laquelle prit part Henryka, aux côtés de Demboski. La belle fille, en amazone flottante, avec une jaquette à brandebourgs, la confédératka rouge sur la tête, et l’épée à la main, rappelait cette reine polonaise qui aida Jagellon à gagner tant de victoires sur les chevaliers teutons. Elle rappelait en même temps les audacieuses amazones du temps de la confédération, et des luttes de l’insurrection de 1831.

Mais tout l’héroïsme d’Henryka, joint au courage et au talent militaire de Demboski, ne pouvait conjurer la destinée. les Polonais, complètement battus, mis en pleine déroute, se retirèrent en désordre à Podgorzé. Plus de mille insurgés étaient restés sur le champ de bataille. La faux du paysan polonais avait fait une terrible moisson.

Benedek poursuivit sa victoire avec toute l’énergie qui lui valut plus tard de si nombreux lauriers, sur les champs de bataille de l’Italie et de la Hongrie. Avec le peu de troupes dont il disposait, et les quelques bandes de paysans qui s’étaient ralliés à lui, il s’acharna à la poursuite des fuyards, et arriva presque aussitôt qu’eux à Podgorzé.

Demboski était d’avis d’engager encore une fois la lutte, mais les autres chefs étaient découragés ; ils disparurent l’un après l’autre, et, bientôt, Demboski se trouva seul dans le presbytère où avait eu lieu le conseil de guerre. Alors, complètement désespéré, il se laissa tomber sur une chaise. À ce moment de faiblesse et d’abattement, il sentit une petite main ferme s’appuyer sur son épaule ; il leva lentement la tête, et vit Henryka Listewska debout devant lui.

— Allons, du courage, mon ami, et d’abord du sang-froid. Est-ce qu’il ne nous reste plus rien à faire ?

— Il ne nous reste plus qu’à mourir honorablement, répondit Demboski avec un sourire douloureux.

— Eh bien ! soit ; nous mourrons ensemble.

Les Autrichiens avaient pris Podgorzé d’assaut. Les derniers insurgés, après avoir essayé vainement de résister, s’enfuyaient en désordre dans la direction de Cracovie.

Cependant, une petite troupe, adossée à l’église, persistait à faire face à l’ennemi. A sa tête, on voyait un jeune homme en uniforme polonais, le sabre courbe au poing, et, à côté de lui, une jeune fille, arborant le drapeau polonais comme un dernier défi à l’ennemi. En voyant avancer sur elle un détachement autrichien, cette troupe fit leu, mais il suffit d’une salve ennemie pour coucher par terre le plus grand nombre de ces héros. Les derniers qui restèrent debout prirent la fuite à leur tour.

On trouva, parmi les tués, le chef de la petite phalange, la jeune fille porte-drapeau, et plusieurs prêtres.

A la même heure, Cracovie capitulait, et les Autrichiens, les Russes et les Prussiens l’occupaient d’un commun accord.

Le bruit courut que Demboski s’était échappé ; mais jamais, depuis, on n’a entendu parler de lui. Un des survivans me raconta plus tard, à Prague, pendant le congrès panslaviste, que Demboski avait été tué devant l’église de Podgorzé, et, avec lui, Henryka Listewska, le drapeau polonais à la main.


L. DE SACHER-MASOCH



  1. Voyez la Revue du 15 septembre.