Hermine Gilquin/LI

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E. Fasquelle (p. 259-260).
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LI


Pendant les jours qui suivirent l’enterrement, François Jarry erra comme un fou à travers la cour, les écuries, les champs, évitant le jardin, où reposait maintenant Hermine, désespéré de ce qu’il allait perdre, cherchant sur qui passer sa fureur, la face incendiée d’alcool.

Les gens n’osaient lui parler. Il avait rudoyé Agathe, battu Zélie, et il regardait ceux qu’il rencontrait avec une expression de visage épouvantable. Tous tremblaient, réclamaient le moment où ils seraient débarrassés de ce terrible maître. Le moment vint plus vite qu’on ne l’espérait. François Jarry, ivre, vociférant, entra un soir dans les étables, frappa de son bâton ces animaux qui ne lui appartenaient déjà plus. Tous s’agitèrent, beuglèrent, hennirent. Un taureau, mal attaché peut-être, rompit son licol, se retourna sur l’homme, le cloua d’un coup de cornes contre la porte, s’acharna, fit de son corps une bouillie sanglante.