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Heures de prison/15

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LIVRE XV



Mes yeux ne voient plus ce monde, que depuis longtemps déjà mes mains n’étreignent plus… à ma porte des verrous ; à ma fenêtre des planches ; à droite, à gauche, en face, à mes pieds, rien que moi ! heureusement, au-dessus de ma tête, j’ai le ciel et Dieu !… Le mouvement de la rue m’était une distraction quotidienne. Dans l’état de nonchalance maladive où je me traînais, l’aspect des objets extérieurs, les paradis en plein vent du monde, les panoramas de toutes bigarrures que j’y découvrais, reposaient mes douleurs, comme autrefois, enfant, m’endormaient les contes de ma bonne* Je souriais à ces visions lointaines, comme le dormeur sourit à ses rêves. Je tuais ainsi quelques heures de mon supplice.

Je faisais mal, le temps nous est prêté, et nous en devons compte. C’est la sève de ce talent de l’Évangile qu’il ne nous est pas permis d’enfouir. C’est la rosée de ce champ dont la moisson nous sera demandée quand finira cette saison morte qu’on appelle la vie.

S’il faut que je vive, il faut aussi que mes efforts labourent, que mes sueurs fertilisent ce talent qui m’a été confié et qui se délaye dans mes larmes… Le doigt de Dieu a donné l’impulsion à mon cœur. Je ne précipiterai ni ne retiendrai un seul de ses battements. La balance de Dieu a mesuré le temps à mon être. Je ne perdrai plus un seul de mes jours.


FIN.