Histoire Ecclésiastique/Livre 1/Chapitre 5

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Traduction par Émile Grapin.
Alphonse Picard et Fils, éditeurs (1 (livres I–IV)p. 51-55).

CHAPITRE V

[du temps où le christ a apparu parmi les hommes]

Après cette introduction nécessaire de l’histoire ecclésiastique que nous nous proposons d’entre-prendre, il nous reste à commencer notre voyage : notre point de départ sera l’apparition de notre Sauveur dans sa chair. Que Dieu le Père du Verbe, que Jésus-Christ lui-même, dont nous parlons (voy. l’Appendice), notre Sauveur et Seigneur, le Verbe céleste de Dieu (voy. l’Appendice), soient notre aide et notre secours dans l’exposition de la vérité, nous les en prions.

[2] La quarante-deuxième année du règne d’Auguste, la vingt-huitième depuis la soumission de l’Égypte et la mort d’Antoine et de Cléopâtre qui marqua la fin de la domination des Ptolémées [3-2 av. J.-C.], notre Sauveur et Seigneur Jésus-Christ naquit, au temps du premier dénombrement ordonné par Quirinius, gouverneur de Syrie, à Bethléem de Judée ainsi que les prophéties l’avaient annoncé. [3] Le plus célèbre historien juif, Flavius Josèphe, fait mention de ce recensement lorsqu’il raconte l’insurrection des Galiléens qui eut lieu à cette même époque et dont Luc, un des nôtres, rappelle le souvenir en ces termes dans les Actes : « Après lui, Judas le Galiléen se leva aux jours du dénombrement ; il attira à sa suite beaucoup de partisans, mais il périt et ceux qui avaient cru en lui furent dispersés. »

[4] D’accord avec ces indications (voy. l’Appendice), Josèphe au dix-huitième livre de l’Antiquité expose en outre ce qui suit en propres termes :

« Quirinius, membre du Sénat, avait rempli les autres charges et passé par toutes, de manière à devenir consul ; c’était du reste un homme de grande réputation. Il vint en Syrie avec peu de monde, envoyé par César comme juge de la nation et censeur des biens. »

[5] Peu après, il ajoute :

« Judas Gaulanite, d’une ville appelée Gamala, s’adjoignit le pharisien Sadoc, et tous deux poussèrent à la révolte : ils disaient que le recensement n’avait d’autre but que d’apporter directement la servitude et ils animaient la nation à la défense de la liberté. »

[6] Au second livre des Histoires de la guerre juive il écrit encore ceci sur le même sujet :

« Alors un Galiléen du nom de Judas excitait ses compatriotes à se soulever leur reprochant d’accepter de payer l’impôt aux Romains et de tolérer des maîtres mortels autres que Dieu. »

Voilà ce que dit Josèphe.