Histoire abrégée de l'île Bourbon/XXX

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Anonyme
Imprimerie de Gabriel & Gaston Lahuppe (p. 209-211).

CHAPITRE XXX

Cuinier, commissaire-général, gouverneur — M. Hocdé et la démonétisation — Attitude de M. Faron — Un Conseil privé — Abaissement du change — Séances municipales — Serment — Décret.
Cuinier — 2 mai 1879

184. M. l’Inspecteur des finances, Hocdé, était arrivé par le courrier de mars avec la mission de retirer les monnaies étrangères ; mais voyant l’attitude de M. Faron, du Conseil privé et de la Chambre de commerce, il rentra en France sans avoir rien fait. Toutefois l’œuvre était résolue, et le gouvernement métropolitain voulait accomplir cette réforme dans le but de faire baisser le taux du change qui s’était élevé à 17 1/2 pour cent. Au mois de mai, arriva M. le Gouverneur Cuinier, commissaire-général de la marine ; il était accompagné de M. Édouard Manès fils, nommé Directeur de l’intérieur, et de M. Imhaus, bien connu à la Réunion. Tous trois étaient munis des pleins pouvoirs du Gouvernement pour décréter la démonétisation.

Avant 1840, la question des monnaies avait, à des époques diverses, occupé l’Administration, tant pour l’admission en cours des pièces provenant des pays avec lesquels la Colonie était en relation, que pour fixer la valeur conventionnelle, des dites pièces. Depuis l’application aux monnaies du système légal des poids et mesures, la Réunion avait dû suivre, quant aux pièces françaises, les modifications que la Métropole jugeait à propos d’introduire dans les pièces en circulation, mais elle restait maîtresse dans l’emploi des monnaies étrangères. Le décret du 5 mai, n’admettant que la monnaie française, fit disparaître d’un seul coup toutes les pièces italiennes, suisses, espagnoles, américaines, les pièces en or de la Chine et les roupies de l’Inde. On commença par ces dernières ; les pièces autrichiennes, dites K/véguen, ne furent remboursées que plus tard, sur l’avis du Conseil général.

La prime sur les traites, tomba promptement de 17 1/2 à 10 pour cent, puis à 7, et enfin au taux de 3 1/2 à vue et de 2 1/2 pour 90 jours.

185. Après une durée de 11 ans, les concours, entre les écoles primaires, dus à l’initiative de M. Drouhet, furent remplacés par le certificat d’études, le 14 juillet 1879 ; mais on ne commença à en délivrer que deux ans plus tard.

186. En septembre 1879, le Conseil municipal de Saint-Pierre crut être en mesure de rendre ses séances publiques ; ce droit n’étant applicable qu’aux réunions du Conseil général, l’administration refusa de sanctionner la délibération.

187. Le 15 novembre on reçut la nouvelle de l’abolition absolue et définitive du serment politique, et l’autorisation de porter le nombre des membres du Conseil général à 30 ; celui des membres de la Chambre de commerce avait été fixé à 20 quelques mois auparavant.

188. À la date du 27 novembre le Président de la République décréta que les cafés, cabarets et débits de boissons ne pouvaient s’ouvrir sans l’autorisation de l’administration. Ce décret fut promulgué à la Réunion le 17 décembre.


1881. 25 septembre. Élections des deux députés de la Réunion : M. François de Mahy pour l’arrondissement Sous-le-Vent et M. Charles Dureau de Vaulcomte pour l’arrondissement du Vent.

— 11 novembre. Arrivée de Monseigneur Joseph Coldefy, 5e évêque de la Réunion, remplaçant Monseigneur Soulé, démissionnaire.

1882. 11 et 12 février. Inauguration du Chemin de fer, de Saint-Benoit à Saint-Louis. Le 1er juin, la voie ferrée se continue jusqu’à Saint-Pierre.

— 9 juillet. M. Milhet Fontarabie, chevalier de la Légion d’Honneur, conseiller général et maire de Saint-Paul, est élu sénateur en remplacement de M. Alexandre de Laserve, décédé le 4 février.