Histoire critique de l’établissement de la monarchie françoise dans les Gaules/Livre 4/Chapitre 7

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LIVRE 4 CHAPITRE 7

CHAPITRE VII.

De la joye que les Catholiques témoignerent en apprenant la conversion de Clovis, & de la Lettre que Saint Avitus lui écrivit pour l’en feliciter. Négociations des Barbares établis dans les Gaules, à Constantinople. Guerre des Bourguignons contre les Ostrogots d’Italie.


Hincmar nous donne en peu de mots l’idée de la joye que la conversion de Clovis causa parmi tous les catholiques. Les anges, dit-il, s’en réjoüirent dans le ciel, et toutes les personnes qui aimoient Dieu veritablement, s’en réjoüirent sur la Terre.

On n’a point de peine à le croire, dès qu’on fait reflexion à l’état où se trouvoit alors la religion catholique. La foi d’Anastase empereur des Romains d’Orient étoit déja plus que suspecte. Quant à l’empire d’Occident, il n’y avoit dans son territoire aucun roi puissant qui fût catholique le jour que Clovis se convertit. Theodoric roi des Ostrogots qui regnoit en Italie, et Alaric roi des Visigots qui tenoit presque toute l’Espagne et le tiers des Gaules, étoient ariens. Les rois des Bourguignons et le roi des Vandales d’Afrique étoient de la même communion. Enfin les rois des Francs établis dans les Gaules, professoient encore la religion payenne. Il n’y avoit donc dans le monde Romain, le lendemain de la conversion de Clovis, d’autre souverain que lui, qui fût orthodoxe, et de qui les catholiques dussent esperer une protection capable d’empêcher les princes ariens de les persécuter. Non-seulement les évêques de la partie des Gaules qui reconnoissoit le pouvoir de Clovis, mais aussi les évêques qui avoient leurs diocèses dans les provinces occupées par les Visigots ou par les Bourguignons ; en un mot, tous les évêques du partage d’Occident auront regardé ce prince comme un nouveau Machabée suscité par la Providence pour être leur consolation, et même pour être leur liberateur. Enfin, bien que le tems ait détruit la plus grande partie des monumens litteraires du cinquiéme siecle, il en reste encore assez pour montrer que Clovis devint après son baptême, le héros de tous les catholiques d’Occident.

Le premier de ces monumens, est la lettre que le pape Anastase II qui avoit été élevé sur la chaire de saint Pierre, peu de tems avant la conversion de Clovis, lui adressa pour l’en féliciter. Elle lui devoit être rendue par Eumenius, prêtre de l’église de Rome. Anastase dit dans cette lettre : » J’espere que vous remplirez nos esperances, que vous deviendrez la plus précieuse des pierreries de notre Tiare, & que vous serez la plus grande consolation de l’Eglise qui vient de vous enfanter à Jesus-Christ. Notre cher, notre glorieux Fils, continuez à donner des sujets de joye à votre Mere ; soyez pour elle un soutien aussi solide qu'une colomne de fer, afin que ses prieres obtiennent du Ciel que vous cheminiez toujours dans la voye du salut , & qu'il fasse tomber à vos pieds les ennemis qui sont autour de vous. » On voit bien que les ennemis dont parle ici Anastase, sont principalement les Visigots et les Bourguignons : les uns et les autres étoient ariens.

C’est même des circonstances du tems où Clovis se convertit, que ses successeurs tiennent le glorieux nom de fils aîné de l’Eglise qu’ils portent encore aujourd’hui comme un titre d’honneur qui leur est particulier. Quand le roi des Saliens se fit baptiser, il n’y avoit alors en Occident, et nous venons de le dire, d’autre roi qui fût catholique que lui. Il étoit alors parmi les rois, non pas le fils aîné, mais le fils unique de l’Eglise. Quand la Providence a eu donné dans la suite aux successeurs de Clovis des têtes couronnées pour freres en Jesus-Christ, ces successeurs ont toujours conservé leur droit de primogeniture, et l’Eglise a toujours continué de les reconnoître pour ses fils aînés.

Un autre monument du nombre de ceux dont nous avons à parler, est la lettre qu’Alcimus Ecdicius Avitus évêque de Vienne et sujet de Gondebaud, l’un des rois des Bourguignons, écrivit à Clovis pour le féliciter sur son baptême. A en juger par la conduite que tinrent dans la suite les évêques des Gaules, il y eut bien d’autres qu’Avitus qui écrivirent alors à Clovis, mais leurs lettres se seront perduës. Quoiqu’il en ait été, Avitus qui eut lui-même tant de part, comme nous le verrons, dans les événemens de la guerre que Clovis, trois ans après son baptême, fit aux Bourguignons, ne se ménage point en écrivant à Clovis au sujet de sa conversion. Avitus parle à Clovis non pas comme à un prince étranger, mais comme à son souverain. On voit d’un autre côté dans la lettre d’Avitus que Clovis lorsqu’il eut enfin pris le parti de se faire chrétien, avoit donné part de sa résolution à l’évêque de Vienne, quoique ce prélat ne fut pas son sujet, et qu’il l’avoit même informé du jour qu’il seroit baptisé. Nous rapporterons donc le contenu de cette lettre et nous l’insérerons ici d’autant plus volontiers qu’elle met encore au fait de ce qui se passoit alors dans les Gaules, et qu’elle montre évidemment que les rois barbares qui s’y étoient établis, entretenoient des relations suivies avec l’empereur d’Orient ; enfin, qu’ils témoignoient une entiere déference pour la cour de Constantinople.

» Il semble que la Providence vienne d’envoyer un arbitre pour décider les questions qui s’agitent entre les Communions Chrétiennes. Un Prince aussi éclairé que vous, apprend aux autres hommes en choisissant un parti, quel est celui qu’ils doivent prendre. Votre conversion à la foi Catholique fera donc triompher l’Eglise de ses adversaires, d’autant plus certainement que cette conversion enseigne encore qu’il ne faut point avoir de répugnance à abjurer les erreurs de ses Peres. Si vous avez l’obligation à vos ancêtres de vous avoir laissé un Etat périssable & une Puissance passagere, vos descendans vous auront une obligation bien plus grande, puisque vous leur transmettez un trésor tout autrement précieux, je veux dire, l’avantage de naître dans le sein de l’Eglise : Que l’Empire d’Orient continuë, j’y consens, à se vanter d’avoir un Souverain Catholique ; mais cet Empire ne joüira plus seul d’un pareil bonheur. L’Empire d’Occident le partage maintenant. Un Roi qui regne depuis long-tems, est devenu un nouvel astre, dont les rayons vont éclairer aussi ce dernier Empire. Quel heureux augure que cet astre se soit levé le propre jour de la Naissance du Sauveur du monde, & que vous ayez été régéneré dans les eaux du Baptême, au tems même où l’Eglise celebroit la Nativité de Jesus-Christ. Le jour de Noël déja si cher aux Fideles, va leur devenir encore plus précieux, parce qu’il a été celui où vous vous êtes donné à Dieu & à vos Freres ! Quel sujet pour exercer l’éloquence de nos Orateurs, que l’auguste cérémonie dans laquelle on vous administra le Baptême ! Si je n’y ai point été present corporellement, j’y ai du moins assisté en esprit, quand le jour auquel vous aviez eu la bonté de m’avertir d’avance qu’elle devoit se faire, a été arrivé ; ainsi dans le moment qu’on répandoit sur vous les eaux salutaires, je m’occupois entierement de l’idée que je me formoisd’un spectacle si saint, où je me figurois voir plusieurs Evêques employer leurs mains consacrées au Seigneur à servir un Roi redourable aux Nations, qui s’humilioit devant le Dieu Tout-puissant. Nous voyons un de ces Prélats vous oindre à la tête, & un autre vous ôter votre cotte-d’armes & votre cuirasse pour vous revêtir des habits des nouveaux Chrétiens. Ces habits, quoique faits d’une étoffe sans résistance), vous rendront plus de service dans toutes vos guerres, que ne feroient des armes de la meilleure trempe. Croyez-moi, grand Prince, votre destinée ne vous a jamais fait avoir autant d’heureux succès que votre pieté va bientôt vous en procurer. Vos lumieres naturelles & votre sagesse me dispensent de vous donner ici les avis que je donnerois à un autre Prosélite. Irois-je vous dire qu’il faut avoir de la foi, quand vous croyez déja ? Vous dirois-je qu’il faut avoir de l’humilité, quand vous avez daigne vous recommander à mes prieres, même avant que vous eussiez promis en recevant le Baptême d’être humble de cœur ? Puis-je vous prêcher la compassion pour les affligés, quand un peuple de captifs dont vous avez brisé les chaînes, entretient sans cesse les Nations sur votre débonnaireté, & demande continuellement à Dieu qu’il veuille bien récompenser votre charité ? Il ne me reste donc qu’une chose à vous proposer. Le Seigneur aura bientôt achevé par votre moyen la conversion de route la Nation des Francs. Disposez-vous dès aujourd’hui à faire connoître son saint nom aux Peuples qui sont au-delà des pays où cette Nation habite maintenant, & qui ne sont pas encore infectés du venin de l’hérésie. Employez tous vos soins à faire connoître aux Peuples dont je parle, le Dieu qui vous a comblé de tant de benedictions ; & passant par-dessus la délicatesse ordinaire des Souverains, envoyez-leur des Ambassadeurs qui les pressent d’entrer dans le bercail de l’Eglise. Que les Nations idolâtres qui vous regardoient comme le plus grand Roi de leur Religion & comme leur Chef, en quelque sorte, soient converties par vos soins. Qu’elles se réunissent toutes dans le même sentiment de respect pour vos volontés, quelque differentes qu’elles restent dans les autres choses. Vous êtes un soleil qui se leve pour tout le monde, & dont aucun pays particulier, n’a droit, pour ainsi dire, de s’approprier la lumiere. Les pays qui ont le bonheur d’en être plus voisins, jouiront, il est vrai, d’une plus grande splendeur, mais ceux qui en sont le plus éloignés ne laisseront pas d’en être éclairés. Vos bienfaits se répandent déja dans tous les lieux, & déja vos Ministres rendent service à tout l’Empire. Continuez à faire les délices des Provinces où brille votre Couronne, & la consolation du reste du monde. Toutes les Gaules retentissent du bruit des heureux évenemens qui arrivent aux habitans de ses Provinces, par votre moyen. Nous-mêmes nous prenons une part très grande à vos succès ; & toutes les fois que vous triomphez, nous croyons avoir remporté une victoire. Votre bonheur n’a point changé la bonté naturelle de votre ame, & vous aimez toujours à faire les œuvres de miséricorde que la Religion nous recommande. C’est en exerçant votre charité que vous donnez les plus grandes preuves de votre puissance. Voilà sans doute le motif qui vous a engagé à demander qu’on remît entre vos mains le fils de l’illustre Laurentius qui vous est si dévoué, & qu’on exécutât promptement l’ordre que l’Empereur Anastafe avoit donné à ce sujet-là. J’ose me vanter d’avoir obtenu de mon Maître Gondebaud, qu’il fît en cela votre volonté. Il est Roi de la Nation, mais cela n’empêchera point que dans les occasions, vous ne trouviez en lui toute sorte de déference. Je vous recommande ce fils de Laurentius qu’on vous envoye, & que je félicite sur son bonheur, quoique je le lui envie. Il est moins heureux à mon sentiment d’être rendu à son pere, que d’être remis entre les mains de notre pere commun. »

Avant que de rapporter ce qui se trouve dans d’autres lettres d’Avitus concernant ce jeune homme, et de montrer que le Pere Sirmond a eu grande raison d’entendre par principale oraculum , un ordre de l’empereur Anastase, il est à propos de faire ici quelques autres observations sur la dépêche de cet évêque à Clovis. Ce ne sera point pour remarquer l’esprit dans lequel elle est écrite. Il y est trop sensible. Ce sera seulement pour en commenter l’endroit qui a rapport à un évenement dont nous n’avons point encore dû parler, et pour en expliquer un terme que quelques-uns de nos auteurs modernes ont, à ce qu’il me paroît, mal interprété.

Je dirai donc en premier lieu, que tout ce qui se trouve vers la fin de cette dépêche concernant les heureux évenemens qui arrivoient aux habitans des provinces des Gaules déja soumises à Clovis, et dans lesquels Avitus prend tant de part, regarde la réduction des Armoriques à l’obéissance de ce prince, suivie immédiatement de la capitulation que firent avec lui les troupes Romaines qui étoient encore dans les Gaules. Nous rapporterons dans le chapitre suivant ces deux évenemens arrivés peu de mois, et peut-être peu de jours après le baptême du roi des Saliens, mais qu’il fut aisé de prévoir, dès que ce prince eût déclaré qu’il alloit se faire catholique. En second lieu, j’observerai que l’épithete de votre soldat de miles vester , qu’Avitus donne au roi Gondebaud, ne doit pas être prise absolument dans son sens litteral, et qu’elle ne signifie pas nécessairement que le roi des Bourguignons fût le soldat de Clovis, ou pour parler le langage des siecles suivans, son feudataire : Gondebaud étoit un roi bien plus puissant sans comparaison que Clovis, lorsque ce dernier parvint à la couronne en quatre cens quatre-vingt-un, et nous ne voyons point que Clovis ait fait la guerre à Gondebaud, ni qu’il ait acquis aucun avantage sur lui, avant l’année cinq cens, qu’il l’attaqua et qu’il l’obligea de se rendre son tributaire. Suivant l’apparence cette expression de votre soldat a rapport à ce qui se traitoit dès-lors à Constantinople par Laurentius[1]. On peut bien croire que lorsque Anastase conféra la dignité de consul à Clovis, ce ne fut point en conséquence d’une négociation momentanée. L’empereur d’Orient n’aura point pris un parti aussi délicat que celui-là, sans avoir traité long-tems sur une pareille affaire, et sans avoir voulu être informé du sentiment des serviteurs qu’il avoit dans les Gaules. Ainsi quoiqu’Anastase n’ait conféré la dignité de consul à Clovis que dix ou douze années après sa conversion, il se peut bien faire que long-tems auparavant, cette affaire importante fût déja sur le tapis, et peut-être, que l’empereur eût laissé entendre qu’il revêtiroit le roi des Saliens de cette dignité aussi-tôt qu’il se seroit fait baptiser. Avitus qui étoit de l’intrigue, et que la situation où il se trouvoit, obligeoit à ne s’expliquer qu’en termes ambigus, aura donc fait allusion à l’état present de la négociation, lorsqu’il aura écrit à Clovis : « Gondebaud est à vos ordres, il est déja votre soldat. » C’étoit lui dire, puisque vous voilà chrétien, vous allez recevoir bientôt de Constantinople le diplome du consulat, et vous pouvez déja regarder Gondebaud comme un officier qui vous sera bientôt subordonné. En effet Gondebaud n’étoit que Patrice, et nous avons vû que suivant la constitution de l’empire dont les rois barbares établis sur son territoire, affectoient de paroître respecter les reglemens, le patriciat étoit une dignité subordonnée au consulat.

Qu’Avitus se soit servi des termes de Miles vester , pour exprimer la subordination de Gondebaud à Clovis, laquelle Avitus croyoit déja voir, il n’en faut point être surpris. Dès qu’on est médiocrement versé dans la connoissance des usages du quatriéme siecle et des deux siecles suivans, on n’ignore plus que les Romains de ces tems-là donnoient abusivement le nom de Miles , ou de Soldat , à tous ceux qui étoient au service des empereurs, en quelque qualité que ce fût, même à ceux qui exerçoient les emplois les plus éloignés de la profession des armes. En un mot, on comprenoit alors sous le nom de soldat, ceux mêmes des officiers du souverain qui sont désignés par le nom de Gens de plume , dans quelques-uns de nos auteurs François. Le lecteur peut consulter sur ce point-là, le Glossaire de la moyenne et de la basse latinité, de M Ducange. Cet usage étoit même cause qu’il y avoit dès le quatriéme siecle deux milices distinctes, l’une désignée par le titre de Milice armée , et l’autre par celui de Milice du Palais . Sevére Sulpice dit dans la Vie de saint Martin, que ce saint avoit servi étant encore fort jeune dans la milice armée . Cette distinction des deux milices, étoit comme une suite nécessaire de la nouvelle forme de gouvernement que Constantin Le Grand avoit établie, et dont nous avons parlé suffisamment dans le premier livre de cet ouvrage.

Il se peut bien faire encore qu’il n’y ait point dans la lettre d’Avitus à Clovis autant de mystére que je viens de le supposer. Peut-être que lorsqu’elle fut écrite, l’usage avoit donné une si grande extension à la signification du mot Miles, qu’il étoit permis de l’employer pour dire simplement, un homme qui fait profession d’avoir beaucoup de déference pour un autre,, et comme nous le disons familierement, qui est son serviteur : peut-être qu’alors le terme de Soldat, n’emportoit pas plus l’idée d’une personne subordonnée et obligée par son emploi à obéir à une autre, que le terme de servus, emportoit l’idée d’esclave, quoique servus signifie proprement un esclave. Ainsi notre évêque aura dit à Clovis que Gondebaud étoit son soldat, dans le même sens qu’il dit à Clovis que Laurentius est son esclave, quoique ce Romain, comme nous l’allons voir, ne fût en aucune façon l’esclave de Clovis, et qu’il fût seulement une personne attachée aux interêts de ce prince.

Ce qui fortifie cette derniere conjecture, c’est qu’Avitus dans une lettre dont nous allons rapporter le contenu, qualifie ce même Laurentius de Soldat du senateur Vitalianus à qui elle est écrite, quoique Laurentius ne servît en aucune maniere sous ce Vitalianus. Laurentius étoit seulement un homme attaché aux interêts de Vitalianus, un homme qui faisoit sa cour à Vitalianus. C’est ce que nous tenons d’Avitus lui-même, qui dans cette lettre, et dans la lettre suivante qu’il écrivit dans le même tems à un autre senateur de Constantinople nommé Celer, traite Laurentius de personnage illustre. Avitus lui donne encore le même titre dans une lettre écrite au patriarche de Constantinople, et il le lui avoit donné dans sa lettre à Clovis. L’évêque de Vienne n’auroit pas qualifié ainsi un homme aux gages d’un sénateur. Tous les jours l’usage autorise des acceptions de mots encore plus abusives que la signification dans laquelle je conjecture qu’Avitus aura employé le terme de Soldat en écrivant à Clovis.

Voyons presentement quel étoit ce Laurentius, et quels services il étoit à portée de rendre à Clovis ; aidons nous pour cela de ce qui en est dit dans les lettres d’Avitus. Nous n’avons aucunes lumieres d’ailleurs concernant ce romain. Je rapporterai donc en premier lieu la lettre écrite par Avitus sous le nom du comte Sigismond fils, et dans la suite successeur du roy Gondebaud, et adressée à Vitalianus un des sénateurs de l’empire d’Orient. Suivant les apparences, c’est le même Vitalianus qui joua depuis un si grand rolle dans cet empire[2], et qui après avoir pris les armes contre Anastase, et puis fait sa paix avec lui, fut assassiné sous le regne de Justin par les menées de Justinien, le même qui fut dans la suite empereur. Justinien craignoit que notre Vitalianus qui devoit être un homme de mérite et fort ambitieux, ne le traversât dans le dessein de succéder sur le thrône d’Orient, à l’empereur Justin frere de sa mere. Notre lettre est une de celles que nous venons de citer, et voici son contenu. » Pour juger sainement, vous devez tenir ceux que vous avez revêtus des Dignités de l’Empire, & vous ne devez point regarder avec l’indifference qu’on a d’ordinaire pour les absens, ceux que le service de notre commun Maître oblige à faire leur résidence dans des pays éloignés. Aux visites près que je ne suis point à portée de vous rendre, je ne manque à rien de tout ce qui peut vous donner des marques de mon amitié. Aujourd’hui il est question de me rendre un bon office auprès de l’Empereur Anastase le meilleur de tous les Princes, celui que vous & moi nous servons. Vous l’assurerez donc de mon attachement à ses interêts, que je cherche sans cesse l’occasion de lui en donner des preuves, & vous lui direz que je viens d’être assez heureux pour contenter cette envie, puisque c’est par mon entremise que mon pere Gondebaud, ce Roi qui vous aime si tendrement, a obéïà l’ordre Impérial qui enjoignoit de mettre en liberté le fils de votre client Laurentius. Nous vous avions déja envoyé un bon Serviteur en vous envoyant le pere, & quand nous vous envoyons aussi le fils, nous augmentons encore le nombre de vos créatures. Lorsque nous voulons bien vous rendre ce fils-là, vous pouvez juger si nous faisons un bon traitement à son frere qui reste ici. J’espere donc que Laurentius votre Soldat, & que je vous ai recommandé autrefois, voudra bien à son tour me recommander à vous quand je vous rends un de ses fils, afin que vous puissiez l’avancer. La satisfaction qu’aura leur pere en revoyant l’un de ses enfans & en apprenant les bons traitemens qu’on fait à l’autre dans sa Patrie, & que je me propose même de lui mener lorsque j’irai à Constantinople, méritera bien qu’il m’accorde la faveur que j’attends de lui. » Nous parlerons dans la suite du voyage de Sigismond à la cour de l’empereur d’Orient.

Il est sensible par cette lettre que Laurentius étoit né dans les Gaules, qu’il y avoit laissé deux fils lorsque Gondebaud l’avoit envoyé à Constantinople, où il s’étoit acquis une grande consideration, parce qu’il y étoit apparemment consulté sur les affaires de sa patrie. Il paroît encore qu’il falloit que Laurentius depuis qu’il étoit en faveur à la cour d’Anastase, ne s’y fût pas toujours conduit au gré de Gondebaud, puisque Gondebaud retenoit les fils de ce Romain malgré leur pere, et qu’il n’obéïssoit pas même à l’ordre impérial qui lui enjoignoit d’envoyer à Constantinople un de ces fils. Quelle intrigue Laurentius y tramoit-il, au préjudice de Gondebaud ? Il seroit curieux de le sçavoir positivement ; mais il paroît par l’interêt que prit Clovis dans les affaires de Laurentius, auquel il fit rendre son fils par la médiation de Sigismond, qu’Avitus sçut faire agir à propos, que l’intrigue dont se mêloit ou s’étoit mêlé Laurentius, se tramoit, ou s’étoit tramée en faveur de Clovis.

Voici encore une seconde lettre écrite comme la premiere, au nom de Sigismond par Avitus, et qui concerne le fils de Laurentius. Elle est adressée à Celer qui étoit comme Vitalianus, un des senateurs de Constantinople, et qui remplit dans la suite les dignités les plus importantes de l’empire d’Orient[3].

« Mon devoir et mon inclination ne me permettent pas de laisser passer, sans m’en prévaloir, aucune occasion de donner des marques de mon dévouement au Prince que le monde entier respecte. Je profite donc de celle qui s’offre pour lui témoigner mon attachement comme ma reconnoissance, & il ne me reste plus qu’à vous recommander ce fils de Laurentius qu’un ordre respectable appelle dans l’Empire d’Orient. Que ce fils qui va chercher son Pere dans des Pays si éloignés, retrouve sa Patrie dans votre maison ? Quant à vos Sujets fideles qui sont dans nos quartiers, nous attendons toujours la commission que vous devez nous envoyer & que nous souhaitons de recevoir, dans le dessein où nous sommes de la bien faire valoir. Dieu veuille qu’un mot sorti de la bouche auguste de notre Empereur, & dont nous aurions la preuve dans une Lettre écrite par une personne constituée en une Dignité aussi éminente que l’est la vôtre, puisse faire jouir la famille dont je suis le Fils aîné, de la gloire attachée à l’exercice des grands emplois de l’Empire Romain. »

Quelle étoit cette dignité dont la famille royale parmi les Bourguignons, attendoit le diplome de Constantinople ? Y avoit-on fait esperer à Gondebaud le consulat d’Occident que l’accommodement de Theodoric et d’Anastase, dont nous parlerons dans la suite, aura empêché Gondebaud d’obtenir ? S’agit-il seulement dans cette lettre du patriciat que Sigismond obtint pour lui à quelque tems de-là, et qu’il pouvoit demander dès-lors ? Qui peut le dire ?

Il me vient une idée dans l’esprit, c’est qu’après avoir fait voir comment Sigismond le fils aîné et le successeur de Gondebaud, parloit dans les lettres qu’il écrivoit à Constantinople aux ministres de l’empereur d’Orient, il convient de faire voir aussi, en quels termes s’énonçoit ce prince Bourguignon, lorsqu’il écrivoit à l’empereur même. Voici donc le contenu d’une lettre que Sigismond écrivit après qu’il eût été fait patrice, à l’empereur Anastase, et qui fut composée ainsi que les precedentes par Avitus.

» Si la distance des lieux & les circonstances presentes ne nous permettent point encore d’aller en personne vous assurer du dévouement que nous avons pour vous & comme votre Soldat, & par inclination, nous tâchons au moins de montrer des effets que nous sommes penétrés des sentimens qu’il ne nous est pas possible de vous exprimer de bouche. Nous nous imaginons d’ailleurs que toutes les fois que nous vous faisons rendre une Lettre, nous avons le bonheur d’être admis à votre audience & de vous feliciter sur la prospérité de votre regne. Quoique votre gloire éclate de l’un à l’autre bout du monde Romain, & qu’elle fasse par-tout l’entretien des Peuples & le motif de leur consolation, vous devez voir néanmoins avec quelque contentement que les personnes entre les mains de qui vous avez déposé une portion de votre pouvoir en leur conferant des Dignités qui leur communiquent le droit de faire porter les faisceaux devant elles, qui leur donnent, tout éloignées qu’elles sont de Constantinople, un rang dans votre Cour & le glorieux avantage de pouvoir se dire Romains ; que ces personnes-là, dis-je, ayent encore plus de joye que les autres des prosperités de votre regne, dont vos vertus semblent mériter que la durée soit éternelle. Rien ne fait mieux connoître la grandeur de votre Empire que la distance où sont de votre Capitalc, les lieux dans lesquels commandent vos Officiers. Il ne me reste plus qu’une grace à vous demander, c’est de ne point oublier ceux que vous avez comblés de vos bienfaits, & de n’en point perdre le souvenir, parce qu’ils habitent très-loin de votre Cour. Je me fatte donc que vous m’accorderez cette priere, qu’en con sequence vous recevrez avec bonté le Porteur de cette dépêche, & que vous daignerez même y faire une prompte réponse. »

Il ne faut point dire qu’on ne doit pas se faire sur cette lettre une idée du respect et de la déference, du moins apparente, que les rois barbares établis dans les Gaules avoient pour l’empereur d’Orient, parce qu’elle est écrite par Sigismond, quand il n’étoit pas encore roi des Bourguignons, mais seulement le fils de leur roi. Je rapporterai dans la suite de cet ouvrage deux lettres écrites au même Anastase[4] en cinq cens dix-sept, par le même Sigismond après qu’il fut devenu par la mort de son pere Gondebaud, le seul roy des Bourguignons, et l’on verra dans ces deux lettres autant de respect et de soumission pour l’empereur des romains d’Orient, qu’on en a vû dans celle qui vient d’être traduite.

J’ajouterai ici pour finir ce que j’ai à dire concernant la relation que les Bourguignons entretenoient avec la cour de Constantinople, dans le tems de la conversion de Clovis, que Sigismond y fit le voyage qu’il avoit déja projetté d’y faire, lorsqu’il écrivoit au senateur Celer, la lettre dont nous avons donné la substance. C’est ce que nous apprenons de la septiéme lettre d’Avitus, écrite au patriarche de Constantinople. On pourroit trouver étrange que cette lettre où il est parlé du voyage dont la lettre à Celer marque seulement le projet, fut la septiéme dans l’ordre où sont rangées les épîtres d’Avitus, quand celle qui est écrite à Celer ne s’y trouve que la quarante-troisiéme ; si les sçavans n’avoient déja remarqué que nous n’avons point ces épîtres non plus que celles de Sidonius, arrangées suivant leur date.

Avitus dit dans sa lettre au patriarche de Constantinople. » Je profite pour vous assurer de mon respect, du voyage de mon Patron & de votre fils le Patrice Sigismond, qui, chargé d’une commission importante, se rend auprès de notre glorieux Empereur. Il y a déja longtems que j’avois l’envie de rendre ce devoir à l’un des plus grands Prélats de la Chrétienté, & j’y ai été confirmé encore par une Lettre que m’écrit Laurentius, personne illustre, & dans laquelle il me mande que tous les troubles dont l’Eglise d’Orient étoit agitée, sont calmés, & qu’elle est enfin d’accord avec le Saint Siege. » Le reste roule sur la nécessité où est un patriarche de Constantinople, d’être en communion avec le pape.

Je dois avertir ici que la nouvelle écrite à l’évêque de Vienne par Laurentius étoit fausse, c’est-à-dire, qu’elle étoit prématurée. Il arrive tous les jours dans les affaires de cette nature, d’en écrire de pareilles. L’accommodement dont il s’agit, ne fut terminé que plusieurs années après le tems où le Personnage illustre avoit crû que tout étoit ajusté. La preuve de ce que je viens de dire, est que la lettre d’Avitus fut écrite avant l’avénement de Sigismond à la couronne des Bourguignons, et l’accommodement en question ne fut entierement achevé que sous le regne de Justin, qui parvint à l’empire en cinq cens dix-huit[5], et un an après que Sigismond eut succédé à son pere.

On ne sçauroit douter que la lettre d’Avitus rapportée en dernier lieu, ne soit écrite dans le tems que Gondebaud vivoit encore. En premier lieu, Avitus n’y traite Sigismond que de patrice, et il l’auroit traité probablement de patrice et de roi, si quand il écrivoit, ce prince eût été actuellement roi des Bourguignons. Cette raison pourroit, je le sçais bien, recevoir quelque difficulté, mais celle dont je vais l’appuyer me paroît sans réplique. C’est qu’il est contre toute vraisemblance que Sigismond ait fait un voyage aussi long que celui de Constantinople, depuis qu’il eut monté sur le trône, et dans un tems où il devoit craindre déja la guerre que les Francs lui firent quelques années après son avenement à la couronne.

Enfin nous voyons par la lettre même d’Avitus qu’il est plus plausible que Laurentius lui avoit mandé seulement que l’accommodement s’alloit conclure, qu’il n’est plausible qu’il lui eût écrit positivement que l’accommodement étoit entierement terminé. Si Laurentius eût écrit en termes clairs et précis, l’accommodement est consommé, Avitus n’auroit pas dit dans sa lettre au patriarche de Constantinople : » Confirmez-nous par un mot de votre main la nouvelle qui nous a été mandée par un Correspondant, qui certainement n’a point envie de nous tromper. » Mais, ce qui arrive tous les jours, quelque nouvel incident aura fait traîner en longueur la négociation qu’on avoit crue terminée heureusement. La paix n’est pas moins difficile à moyenner entre les puissances ecclésiastiques, qu’entre les puissances temporelles.

Ce sont les relations que Gondebaud eut avec Clovis immédiatement après le baptême du dernier, qui nous ont engagé à parler de celles que les Bourguignons entretenoient avec la cour de Constantinople, et nous l’avons fait d’autant plus volontiers, qu’il est impossible de bien éclaircir l’histoire de France, sans dire plusieurs choses qui ne sont pas de l’histoire de France. Il est très-probable d’ailleurs, à en juger par les évenemens, que les Francs avoient de pareilles liaisons avec cette même cour. C’est ce que nous sçaurions avec détail si nous avions autant de lettres de saint Remy ou d’Aurelien, que nous en avons d’Alcimus Avitus.

Je reviens aux rélations que Gondebaud eut avec Clovis, dès que ce dernier fut converti. Si le roi des Bourguignons affecta de témoigner pour lors, comme nous l’avons vû, toute sorte de déference pour Clovis, s’il lui fit mander qu’il étoit son Soldat , ce n’est point qu’il eût sincérement aucune amitié pour le roi des Francs, son neveu, puisqu’il devoit le regarder comme son rival de grandeur, et comme un rival très-dangereux. C’est que Gondebaud craignoit Clovis.

En premier lieu, Clovis, comme nous l’avons déja dit, et comme nous aurons encore plusieurs occasions de le faire voir, étoit devenu depuis son baptême, le héros des Romains des Gaules. En second lieu, Gondebaud avoit alors la guerre avec Théodoric roi d’Italie, et il pouvoit craindre que les Francs, s’il les mécontentoit ne s’alliassent contre lui avec les Ostrogots, et que les Visigots mêmes n’entrassent aussi dans la ligue qui se formeroit alors. Les Visigots devoient chercher à rentrer dans la province Marseilloise, dont après la mort d’Euric leur roi, ils avoient été dépouillés par les Bourguignons.

Il est vrai que plusieurs de nos historiens modernes prétendent qu’il n’y ait point eu de guerre entre les Ostrogots et les Bourguignons, jusques à celle qu’ils se firent en l’année cinq cens, et dans laquelle Théodoric fut allié avec Clovis contre Gondebaud. Mais je vais prouver le contraire, et faire voir qu’avant l’année cinq cens, les Bourguignons avoient été déja en guerre avec les Ostrogots. Ce qui rend très-probable que ces deux nations fussent actuellement ennemies en l’année quatre cens quatre-vingt-dix-sept.

On peut voir dans les Vies des saints[6] par Monsieur Baillet, comme dans les commentaires publiés sur les ouvrages d’Ennodius évêque de Pavie, dans le sixiéme siecle, et qui a écrit la vie de saint Epiphane un de ses prédecesseurs, que saint Epiphane fait évêque de Pavie en quatre cens soixante et six, mourut après trente ans d’épiscopat, c’est-à-dire, en quatre cens quatre-vingt-dix-sept. Cependant Ennodius rapporte que ce saint avant que de mourir fit dans les Gaules, la rédemption génerale des captifs sujets de Théodoric, et que les Bourguignons avoient faits esclaves dans le cours d’une guerre qui duroit encore quand ce rachat fut fait. Donc il y avoit eu une guerre entre Théodoric et Gondebaud avant celle qui commença l’année cinq cens. En second lieu, une des circonstances de cette rédemption qu’Ennodius rapporte, c’est, comme on va le lire, que Godégisile frere de Gondebaud et l’un des rois des Bourguignons vivoit encore quand elle se fit, et que même ces deux princes étoient alors en bonne intelligence. Or dans la guerre commencée en cinq cens, entre les Francs et les Ostrogots d’une part, et les Bourguignons de l’autre, et qui se termina en une campagne, Godégisile fut jusques à sa mort, l’allié des ennemis de son frere. Voyons à present ce que dit Ennodius concernant la rédemption dont il s’agit.

» Saint Epiphane ayant été envoyé dans les Gaules par Théodoric pour y traițer du rachat des Prisonniers de guerre que les Bourguignons avoient faits en Italie, il demanda une audience au Roi Gondebaud, & il lui dit : Voici grand Prince, une conjoncture bien singuliere. Un ennemi ne peut être victorieux que son ennemi ne soit vaincu, cependant vous pouvez aujourd’hui, vous & Théodoric, être vainqueurs également. Il veut racheter les Captifs que vous avez faits. Mettez-les en liberté sans rançon, Gondebaud & Théodoric triompheront ainsi sur le même Char. Le Roi des Bourguignons répondit d’abord à Saint Epiphane. Vous parlez bien comme un Pacificateur qui voudroit que les droitsacquis par les armes fussent comptés pour rien, & qu’on regardât comme des loix injustes, les loix de la guerre qui condamnent celui qui s’est rendu à être l’esclave du vainqueur qui lui a laissé la vie. » Cependant le respect de Gondebaud pour Saint Epiphane, et peut-être la crainte que ce prince avoit de Clovis, l’engagerent à tomber d’accord peu de tems après, de deux choses ; la premiere, de faire mettre gratuitement en liberté tous les habitans de l’Italie que la famine, d’autres malheurs, ou la crainte des évenemens avoient engagés à venir se rendre prisonniers de guerre, et même ceux de ces habitans qui se trouveroient avoir été vendus aux Bourguignons pendant le gouvernement tyrannique d’Odoacer. La seconde, étoit de faire relâcher moyennant une rançon modique ceux des sujets de Théodoric qui avoient été pris les armes à la main dans les actions de guerre, où les bourguignons avoient eu de l’avantage. « Je ne veux point, ajouta Gondebaud, dégouter mon peuple de la profession de soldat en lui ôtant son butin. » Ce prince fit ensuite expédier en bonne forme un acte de ce qu’il venoit d’octroyer, et il se servit pour cela du ministere de Laconius, un Romain sorti d’une famille dans laquelle il y avoit eu plusieurs dignités curules, et qui faisoit auprès de ce prince les fonctions d’un chancelier. L’acte fut remis à saint Epiphane qui le fit encore souscrire à Généve par Godégisile, l’autre roi des bourguignons, et il fut ensuite exécuté suivant sa teneur. Une pareille convention est un grand acheminement à un traité de paix, mais comme Ennodius ne dit point précisement que saint Epiphane eût terminé pour lors la guerre des Bourguignons contre les Ostrogots, il est à croire qu’il ne la termina point. Si S. Epiphane eût moyenné cette paix, son panegyriste n’auroit point manqué de l’en louer avec autant d’emphase, qu’il l’avoit loué à l’occasion du traité conclu vingt ans auparavant, entre Euric roi des Visigots et l’empereur Julius Népos. Ainsi je crois que la guerre entre les Bourguignons et les Ostrogots duroit encore lorsque, comme nous le verrons, les Ostrogots se liguerent avec les Francs contre les Bourguignons, en l’année quatre cens quatre-vingt-dix-neuf.

  1. C'est-à-dire en 496.
  2. Vide Alem. notas in Hist. anec. Procopii, pag. 23.
  3. Sirmond. in notis ad Avit. p. 38.
  4. Avit. Ep. 83. & 84.
  5. Sirm. in notis ad Av. p. 24.
  6. Not. Sirm. in Enn. Baillet, Vie des Saints.