Histoire d’un paysan/2/11

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Librarie Hachette (p. 207-212).

XI

Nous en sommes sortis tout de même !

Le lendemain, 11 juillet 1792, l’Assemblée nationale déclara « la patrie en danger, » et toute la France fut debout.

Ces mots de « patrie en danger » voulaient dire :

« Vos champs, vos prés, vos maisons, vos père et mère, vos villages, tous les droits et toutes les libertés que vous venez de gagner contre les nobles et les évêques, sont en danger. Les émigrés viennent, avec des masses de Prussiens et d’Autrichiens, pour vous voler et vous piller, vous massacrer, brûler vos granges et vos baraques ; vous faire payer la dîme, la gabelle, le champart, etc., etc., de père en fils !… Défendez-vous et tenez bien ensemble ; ou bien remettez-vous à travailler comme des bœufs, pour le couvent et le seigneur. »

Voilà ce que cela voulait dire ! Et c’est à cause de cela que nous avons marché comme un seul homme ; c’est à cause de cela que nos coups ont été terribles : nous étions tous dans les idées de la révolution ; nous défendions tous nos biens, nos droits et notre liberté.

Ce décret fut proclamé dans toutes les communes de France. Le canon tirait toutes les heures ; le tocsin sonnait dans tous les villages ; et quand les gens apprenaient que leur champ risquait d’être envahi, vous pensez bien qu’ils laissaient la faucille dans le sillon et couraient empoigner le fusil ; car le champ portera des moissons encore l’année prochaine et dans dix et cent ans ; la moisson, on peut la brûler, on peut la faire pâturer aux chevaux des Prussiens ; le principal, c’est de garder le champ, qui portera du blé, de l’orge, de l’avoine et des pommes de terre, pour les enfants et les petits-enfants.

Chez nous, quand le grand Elof Collin, sur une estrade au milieu ce la place, nous lut le décret, en criant comme un vieil épervier sur son rocher : « Citoyens, la patrie est en danger ! Citoyens, venez au secours de la patrie !… » l’enthousiasme commença d’abord parmi les fils d’acquéreurs de biens nationaux, qui savaient que si les émigrés revenaient, leurs pères seraient pendus. C’est pourquoi tous, par cinq, six, dix à la file, montaient sur l’estrade et se faisaient inscrire.

Moi je n’avais encore rien, mais j’espérais avoir ; je ne voulais pas toujours travailler pour les autres, et puis J’étais dans les idées de Chauvel sur la liberté ; je me serais fait massacrer pour la liberté ! et même encore à l’âge où je suis, mon vieux sang bouillonne, rien que de penser qu’un gueux pourrait vouloir attenter sur ma personne ou sur mes biens.

Je n’attendis donc pas longtemps ; je vis tout de suite ce qu’il fallait faire : aussitôt la proclamation finie, je montai m’enrôler dans les volontaires. Le premier en tête de la liste, c’est Xaintrailles ; le deuxième, Latour-Foissac, et le troisième, c’est Michel Bastien, des Baraques-du-Bois-des-Chênes.

Ah ! de vous dire que ça ne me coûtait rien, j’aurais tort. Je savais que mon pauvre vieux père allait être dans la misère pendant trois ans, et que maître Jean serait dans un grand embarras pour sa forge ; mais je savais aussi qu’il fallait nous défendre, et qu’on ne pouvait pas envoyer des nobles à notre place ; qu’il fallait nous en mêler nous-mêmes, ou traîner la brouette dans tous les siècles.

Et comme je descendais, le billet d’enrôlement dans le ruban de mon chapeau, mon père était là qui me tendait les bras. Nous nous embrassâmes sur la première marche de l’estrade, aux cris de : Vive la nation ! Son menton tremblait, des larmes coulaient sur ses joues ; il me serrait en sanglotant et disait :

« C’est bien, mon enfant ! Maintenant je suis « Défends-toi bien ! » (Page 214.)
« Défends-toi bien ! » (Page 214.)
content… Le coup de Nicolas est guéri… Je ne sens plus mon mal ! »

Il disait cela, parce que c’était un honnête homme, et que rien au monde ne pouvait lui faire plus de peine que la trahison d’un de ses fils contre son propre sang et son propre pays, mais alors il fut soulagé.

Maître Jean aussi m’embrassa : car il pensait bien que j’allais joliment défendre sa ferme de Pickeholtz, et que si les autres revenaient, ça ne serait pas de ma faute. Il avait raison ; avant de lui toucher un cheveu, il aurait fallu me hacher en mille morceaux.

Enfin, voilà, je ne dis ni plus ni moins que la vérité ; l’enthousiasme qui dure vient de la justice, du bon droit et du bon sens.

Je n’ai pas besoin de vous peindre les cris, les embrassades, les poignées de main et les jurements de vaincre ou mourir ; chacun sait que c’est toujours la même close, et que depuis, en trompant le peuple avec leurs mauvaises gazettes, des êtres remplis d’orgueil et de bêtise sont parvenus à exciter le même enthousiasme, pour des guerres qui ne regardaient pas la France et qui lui ont fait le plus grand tort. Seulement cette fois c’était sérieux ; la nation avait de l’enthousiasme pour son propre compte ; elle se battait pour défendre ses biens et sa liberté, cela vaut mieux que de se faire massacrer pour la gloire d’un roi ou d’un empereur.

Aussi je me rappelle toujours avec attendrissement ces hommes et ces femmes, ces vieux et ces vieilles, tout courbés et pliés, les bras « En route, camarades, en route ! » (Page 215.)
« En route, camarades, en route ! » (Page 215.)
pendants sur les épaules de leurs garçons qu’ils venaient d’enrôler ; de pauvres gens, on peut le dire, des malheureux du Dagsberg, qui n’avaient rien à garder et qui vivaient dans leurs huttes de bûcheron où de charbonnier, sans aucun intérêt à cette guerre ; mais ils avaient pourtant l’amour de la liberté, de la justice et de la patrie ! Et les dons patriotiques pour les parents des volontaires, pour les blessés, pour l’équipement des troupes ; les offrandes de toutes sortes des malheureux infirmes, qui suppliaient nos officiers municipaux de recevoir aussi leurs pauvres deux liards ; les enfants qui pleuraient, parce qu’ils n’avaient pas l’âge d’entrer dans les tambours ou les trompettes ! toutes ces choses étaient naturelles, chacun faisait ce qu’il pouvait.

Mais ce qui me revient encore mieux, ce qui me réveille et me fait revivre comme à vingt ans, C’est de me rappeler que sur le midi, pendant que maître Jean, Létumier, mon père et moi, nous étions à table dans la bibliothèque de Chauvel, les volets fermés à cause de la grande chaleur du jour, et que de temps en temps la sonnette allait ; que Marguerite sortait servir la pratique, et puis rentrait sans oser me regarder ; et que moi, malgré le bon vin, la bonne chère, je ne pouvais pourtant pas rire comme les autres, ni paraître bien content d’aller tout de suite au camp de Wissemboure, tout à coup Chauvel prit une vieille bouteille, et dit, en la débouchant entre ses genoux :

« Celle-ci, mes amis, nous allons la boire à la santé de Michel ; videz vos verres ! »

Et que posant la bouteille sur la table, il me regarda d’un air grave, en me disant :

« Écoute, Michel, tu sais que je t’aime depuis longtemps ; ta conduite d’aujourd’hui augmente encore mon estime pour toi ; elle me montre que tu es un homme. Tu n’as pas attendu pour faire ton devoir de patriote, malgré tout ce qui peut te retenir ici… c’est bien !… Maintenant tu vas partir ; tu vas défendre les droits de l’homme ; si nous n’avions pas d’autres devoirs, tu ne partirais pas seul, nous serions dans les rangs ensemble. Mais à cette heure parle franchement : est-ce que tu ne regrettes rien ici ? Est-ce que tu pars le cœur content ? Est-ce que tu n’aurais rien à nous demander ? un de ces cadeaux patriotiques, qu’on ne fait qu’aux hommes qu’on estime et qu’on aime ! »

Il me regardait, et je sentis que je devenais tout rouge ; mes yeux se tournaient malgré moi du côté de Marguerite, pâle et les yeux baissés, mais pourtant ferme. Je n’osais parler, le silence était grand. Et regardant mon père, Chauvel dit :

« Hé ! père Bastien, dites donc, je crois que ces enfants s’aiment.

— Ah ! je crois bien que oui, répondit mon père, et depuis longtemps !

— Si nous les fiancions ensemble, qu’en pensez-vous, père Bastien ?

— Ah ! M. Chauvel, ce serait le bonheur de ma vie ! »

Comme ils parlaient ainsi d’un air gai, Marguerite et moi nous nous étions levés, sans oser nous approcher ; alors Chauvel s’écria :

« Hé ! mes enfants, embrassez-vous donc, embrassez-vous ! »

Et tout de suite nous étions dans les bras l’un de l’autre. Marguerite cachait sa figure sur mon épaule ; elle était à moi. Quel bonheur de pouvoir embrasser ainsi celle qu’on aime, devant tout le monde, devant ses parents, devant ses amis !… Ah ! qu’on est fier de la tenir, et quelle force il faudrait pour vous l’ôter !

Maître Jean riait de son bon gros rire de brave homme ; et Chauvel, retourné de notre côté, sur sa chaise, dit :

« Je vous fiance l’un à l’autre ! Tu vas partir, Michel, et dans trois ans, quand tu reviendras, elle sera ta femme. Tu l’attendras, n’est-ce pas, Marguerite ?

— Toujours ! » dit-elle.

Et je sentis ses bras me serrer. Alors je ne pus m’empêcher de pleurer, et je dis :

« Je n’ai jamais aimé que toi… je n’en aimerai jamais d’autre… Je suis content d’aller me battre pour vous tous, car vous êtes ceux que j’aime ! »

Et je me rassis. Marguerite sortit aussitôt. Chauvel remplit nos verres et s’écria :

« Voici une belle journée !… À la santé de mon fils Michel ! »

Mon père répondit :

« À la santé de ma fille Marguerite ! »

Et tous ensemble nous dîmes :

« À la patrie !… À la liberté ! »

Cent soixante-trois volontaires nationaux s’engagèrent ce jour-là à Phalsbourg. Tout le pays était dans l’enthousiasme et voulait défendre ce que nous avions ; pas une âme ne restait aux champs. Dehors, sur la place et dans les rues, on n’entendait que les cris de « Vive la nation ! Ça ira !… ça ira !… » Et puis le tintement des cloches et, d’heure en heure, le canon de l’arsenal, qui faisait grelotter nos vitres. Nous, dans le fond de la boutique, nous continuions à fraterniser ; de temps en temps un patriote criait dans la porte :

« Tant de volontaires ! »

On le faisait entrer et vider un verre de vin, en l’honneur de la patrie. Chauvel prenait de bonnes prises et s’écriait en clignant de l’œil :

« Ça marche !… tout ira bien ! »

Il parlait aussi de grands Coups qui se préparaient à Paris, sans dire pourtant ce que c’était.

Maître Jean avait déjà comme premier garçon à sa ferme de Pickeholtz mon frère Claude, un véritable homme du bon Dieu, sans malice, très-bon laboureur, et qui faisait tout ce qu’on lui disait ; mais aucune idée ne lui serait venue de lui-même, et maître Jean aimait mieux ça, parce qu’il avait du plaisir à commander. Alors il dit que Mathurine partirait aussi pour sa ferme ; car de trouver une meilleure ménagère, plus soigneuse, plus économe et même un peu avare, comme il convient à ceux qui vivent de leur travail, il ne fallait pas l’espérer dans notre pays. Maître Jean, voulant se remettre à la tête de sa forge jusqu’à mon retour, avait arrangé tout de suite les choses de cette manière ; et mon père, qui gagnait encore de huit à dix sous par jour, qui n’avait plus de dettes et possédait deux chèvres, se regardait comme très-heureux, d’autant plus que Chauvel disait qu’on trouverait une petite place en ville pour mon frère Étienne.

Sur les cinq heures, le secrétaire de la mairie, Freylig, vint nous dire que les volontaires de la ville partiraient le lendemain matin, à huit heures, pour le camp de Wissembourg, et qu’ils attendraient ceux des autres villages du canton au Graufthal, où était fixé le rendez-vous général. Cela nous rendit un peu plus graves ; mais la bonne humeur continua tout de même ; on but encore quelques bons coups, et comme la nuit était venue, il fallut enfin retourner aux Baraques. Chauvel ferma sa boutique, Marguerite, en cheveux, prit mon bras jusqu’à la porte de France. C’était la première fois qu’on nous voyait ensemble dehors ; les gens regardaient en nous criant : « Vive la nation ! »

Chauvel, maître Jean et mon père nous suivaient. Sur le pont, en face du corps de garde, on s’embrassa tendrement ; Chauvel et Marguerite retournèrent chez eux, et nous continuâmes notre chemin en chantant et riant comme des gens heureux, et, mon Dieu ! pourquoi ne pas le dire ? un peu gris, à cause du bon vin et de la bonne journée. Tous ceux que nous rencontrions étaient dans le même état ; il fallait s’embrasser et crier « vive la nation ! » ensemble.

Vers neuf heures, à la nuit close, nous quittâmes maître Jean et Létumier devant l’auberge des Trois-Pigeons, en leur souhaitant le bonsoir ; mais s’ils devaient se coucher et dormir tranquillement, autre chose nous attendait, mon pauvre père et moi. Je vous raconte cela pour vous faire comprendre le reste de mon histoire, et puis, en ce monde, le bon et le mauvais marchent ensemble ; et ceci vous montrera que si les patriotes ont fini par remporter la victoire, ce n’est pas sans peine, puisque chacun avait en quelque sorte la Vendée dans sa propre famille.

Mon père et moi nous continuions donc de descendre la vieille rue pleine d’ornières et de fumiers ; il faisait un beau clair de lune. Nous chantions d’un air joyeux, et pourtant tout cela n’était plus que pour nous raffermir en nous-mêmes ; nous pensions à la mère, qui n’allait pas être contente d’apprendre que je partais comme volontaire, et encore bien moins que j’étais fiancé avec une hérétique : nous chantions pour reprendre confiance ! Mais à cent pas de notre baraque nous n’eûmes plus envie de chanter, et nous nous arrêtâmes : car la mère était là, dans sa jupe de toile grise, le gros bonnet lié derrière, ses cheveux pendants, et ses bras secs hors des manches de sa chemise jusqu’aux coudes. Elle était assise sur les marches de notre vieille baraque, les mains autour de ses genoux et le menton dessus ; elle nous regardait de loin ; ses yeux brillaient, et nous comprimes qu’elle savait déjà ce qui se passait.

Je n’ai Jamais rien senti de pareil. J’aurais voulu m’en retourner ; mais mon père me dit :

« Avançons, Michel ! »

Et je vis qu’il n’avait pas peur cette fois.

Nous approchions donc ; et comme nous n’étions plus qu’à vingt pas, la mère courut sur moi, en poussant un cri terrible, un cri, Dieu me pardonne de le dire, un véritable cri de sauvage. Elle m’enfonça ses deux mains dans le cou et m’aurait presque arraché à terre, si je ne l’avais saisie par les bras, pour l’empêcher de m’étrangler. Mais alors elle me donna des coups de pied dans les jambes, en criant :

« Va tuer Nicolas ! va tuer ton frère !… Va, va, mauvais calviniste ! »

En même temps elle essayait de me mordre. On l’entendait dans tout le village ; les gens sortaient de leurs maisons, c’était un grand scandale.

Le père l’avait prise au casaquin, derrière, et la tirait des deux mains pour la forcer de me lâcher ; mais elle, voyant cela, se jeta tout à coup sur lui comme une furieuse, en le traitant de jacobin ; et sans le grand charbonnier Hanovre et cinq ou six voisins, je crois qu’elle lui aurait arraché les yeux.

Enfin ces gens l’entraînèrent du côté de notre baraque ; elle se débattait entre leurs mains comme un être des bois et me criait d’un air de mépris :

« Ah ! le bon fils, qui abandonne ses père et mère pour avoir une calviniste ! mais tu ne l’auras pas, mauvais renégat… Non !… Nicolas te hachera ! Je ferai dire des messes pour qu’il te hache !… Va, va, je te maudis ! »

On l’avait déjà poussée dans notre maison, que ses cris remplissaient encore le village.

Le père et moi, nous étions restés là, tout pâles, au milieu de la rue. Quand la porte de la baraque se fut refermée, il me dit :

« Elle est folle !… Allons-nous-en, Michel. Si nous rentrions, elle serait capable de faire un mauvais coup !… Mon Dieu, mon Dieu, que je suis malheureux ! qu’est-ce que j’ai donc fait pour être si malheureux ? »

Et nous reprîmes le chemin des Trois-Pigeons. Une lampe brillait encore dans l’auberge. Maître Jean était tranquillement assis dans son fauteuil ; il racontait à sa femme et à Nicole la bonne journée, et, quand il nous vit entrer, — moi le cou plein de sang, et mon père sa veste toute déchirée, quand il apprit ce qui venait de se passer, — il s’écria :

« Mon pauvre Jean-Pierre, est-ce possible ? Ah ! si ce n’était pas ta femme, nous la ferions mettre en prison tout de suite !… C’est le prêtre réfractaire de Henridorff qui nous attire tout cela… Il est temps d’en finir avec ces hommes… oui, il est grand temps !… »

Il dit aussi qu’à l’avenir il fallait laisser la mère toute seule, et que le père viendrait travailler dans son hangar, qu’il coucherait à l’auberge ; mais les choses ne pouvaient s’arranger ainsi ; le père voulait vivre dans sa propre baraque avec ma mère ; la longue habitude et l’honnêteté l’empêchaient de vivre séparé de sa femme ; car, malgré les plus grands malheurs, il vaut mieux vivre ensemble ; ceux qui vivent séparés sont mal vus des honnêtes gens, et leurs enfants en souffrent :

Cette nuit-là nous couchâmes à l’auberge, et le lendemain, de bon matin, mon père retourna dans notre baraque chercher ma caisse ; il mit tout dedans ; il apporta aussi mon fusil et mon sac de garde national, la giberne et le reste ; mais la mère ne voulut pas me voir, malgré tout ce que ce brave homme put lui dire.

Je partis donc sans avoir vu ma mère, avec sa malédiction et le souhait de ma mort. Je ne l’avais pas mérité, et pourtant cela me fit beaucoup de peine.

Maître Jean m’a dit plus tard que ma mère ne m’aimait pas, parce que je ressemblais à sa belle-mère, Ursule Bastien, qu’elle avait toujours détestée de son vivant, et que les brus et les belles-mères se détestent toujours ; c’est possible, mais c’est bien malheureux d’être détesté par ceux qu’on aime, et auxquels on a toujours fait tous les plaisirs qu’on pouvait ; oui, c’est un grand malheur.