Histoire d’une famille de soldats 1/D

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Delagrave (p. i-ii).


À Monsieur François Coppée, de l’Académie Française.



Maître,


Lorsque, il y a trois ans, vous avez célébré si magnifiquement le dernier Maréchal de France et couvert d’accents si vibrants et si français la voix de ceux qui essayaient de ternir sa mémoire, je vous ai crié : « Merci ! » et il n’est pas, j’en suis sûr, un officier qui n’ait senti son cœur aller vers vous, en lisant votre adieu à Canrobert, l’héroïque soldat de l’ancienne armée.

Nous, nous sommes la nouvelle, celle que vous avez baptisée le suprême espoir de la France diminuée, et le jour où j’ai projeté d’écrire l’Histoire d’une famille de soldats, pour relier à travers trois générations l’épopée de nos pères à la trop longue attente d’aujourd’hui, votre nom aimé et respecté m’est tout naturellement apparu au seuil de ce premier livre. Acceptez l’hommage de Jean Tapin, maître : c’est de l’histoire écrite pour les enfants. Mon but en l’écrivant, en ces heures troublées, a été de leur dire :

« La carrière des armes est noble et belle, et l’armée de France, dont vous ferez partie un jour, restera toujours digne de son passé. Ce passé, je viens d’en retracer pour vous les étapes glorieuses : parcourez-les avec moi, enfants, et puissé-je, par ces récits mis à votre portée, contribuer à vous faire connaître cette armée, c’est-à-dire à vous la faire aimer ! »

Donnez à ces paroles, Maître, l’autorité de votre nom et voyez, dans l’hommage qui les précède, le souvenir ému de milliers d’officiers comme moi.

Commandant DRIANT,
4e Zouaves.
Tunis, Octobre 1898.