Histoire de Babar, le petit éléphant

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Éditions du Jardin des modes (p. 1-48).

JEAN DE BRUNHOFF


Histoire
de
BABAR
le petit éléphant



Éditions du Jardin des Modes
Groupe des Publications Condé Nast
11 rue St Florentin - Paris







Copyright by Jardin des modes 1931

Droits de traduction et reproduction réservés pour tous pays


Dans la grande forêt
un petit éléphant est né.
Il s’appelle Babar.
Sa maman l’aime beaucoup.
Pour l’endormir,
elle le berce avec sa trompe
en chantant tout doucement.


Babar a grandi. Il joue maintenant avec les autres enfants éléphants.
C’est un des plus gentils. C’est lui qui creuse le sable avec un coquillage.


Babar se promène très heureux
sur le dos de sa maman,
quand un vilain chasseur,
caché derrière un buisson,
tire sur eux.


Le chasseur a tué la maman.
Le singe se cache, les oiseaux s’envolent,
Babar pleure.
Le chasseur court pour attraper
le pauvre Babar.


Babar se sauve
parce qu’il a peur
du chasseur.

Au bout de quelques jours,
bien fatigué,
il arrive près d’une ville…


Il est très étonné
parce que
c’est la première fois
qu’il voit
tant de maisons.



Que de choses nouvelles !
Ces belles avenues !
Ces autos et ces autobus !
Pourtant ce qui intéresse
le plus Babar,
ce sont deux messieurs
qu’il rencontre dans la rue.


Il pense :
« Vraiment ils sont très bien habillés.
Je voudrais bien avoir aussi
un beau costume……
Mais comment faire ???


Heureusement
une vieille dame très riche,
qui aimait beaucoup
les petits éléphants,
comprend en le regardant
qu’il a envie
d’un bel habit.
Comme elle aime faire plaisir
elle lui donne
son porte-monnaie.

Babar lui dit :
« Merci, Madame. »




Sans perdre une minute
Babar va dans un grand magasin.
Il entre dans l’ascenseur.
Il trouve si amusant
de monter et de descendre
dans cette drôle de boite,
qu’il monte dix fois tout en haut,
descend dix fois tout en bas.
Il allait continuer
quand le groom de l’ascenseur lui dit :
« Ce n’est pas un joujou,
monsieur l’éléphant,
maintenant il faut sortir
pour acheter ce que vous voulez,
justement
voilà le chef de rayon.



Alors il s’achète :


Une
chemise
avec col
et
cravate,



un costume
d’une
agréable
couleur
verte,



puis
un
beau
chapeau
melon,



enfin
des
souliers
avec
des
guêtres.


très content
de ses achats
et satisfait
de son élégance,
Babar va
chez le photographe.



Et voilà sa photographie.



Babar va dîner
chez son amie la vieille dame.
Elle le trouve très chic
dans son costume neuf.
Après le dîner, fatigué,
il s’endort vite.




Maintenant
Babar habite chez la vieille dame.
Le matin, avec elle,
il fait de la gymnastique,
puis il prend
son bain.



Tous les jours il se promène en auto.
C’est la vieille dame qui la lui a achetée.
Elle lui donne tout ce qu’il veut.



Un savant professeur lui donne des leçons.
Babar fait attention
et répond comme il faut.
C’est un élève qui fait des progrès.


Le soir, après dîner, il raconte
aux amis de la vieille dame
sa vie dans la grande forêt.



Pourtant
Babar n’est pas tout à fait heureux :
il ne peut plus jouer
dans la grande forêt
avec ses petits cousins
et ses amis les singes

Souvent, à la fenêtre,
il rêve en pensant
à son enfance,
et pleure
en se rappelant
sa maman.




Deux années ont passé.
Un jour pendant sa promenade
il voit venir à sa rencontre
deux petits éléphants tout nus.
« Mais c’est Arthur et Céleste,
mon petit cousin et ma cousine ! »
dit-il stupéfait à la vieille dame.



Babar embrasse Arthur et Céleste
puis il va leur acheter de beaux costumes




Il les emmène chez le pâtissier
manger de bons gâteaux


Pendant ce temps, dans la forêt,
les éléphants cherchent et appellent Arthur et Céleste,
et leurs mamans sont bien inquiètes.
Heureusement, en volant sur la ville, un vieux marabout les a vus.
Vite il vient prévenir les éléphants.


Les mamans d’Arthur et de Céleste
sont venues les chercher à la ville.
Elles sont bien contentes de les retrouver,
mais elles les grondent tout de même
parce qu’ils se sont sauvés.




Babar se décide à partir
avec Arthur Céleste et leurs mamans,
et à revoir la grande forêt.
Aidé par la vieille dame,
il fait sa malle.

Tout est prêt pour le départ.
Babar embrasse sa vieille amie.
S’il n’avait pas le chagrin de la laisser,
il serait tout à fait heureux de partir.
Il lui promet de revenir.
Jamais il ne l’oubliera.


Ils sont partis…
Les mamans
n’ont pas de place dans l’auto,
elles courent derrière
et lèvent leurs trompes
pour ne pas respirer
la poussière.—
La vieille dame
reste seule ;
triste, elle pense :
« Quand reverrai-je mon petit Babar ? »


Le même jour, hélas, le roi des éléphants
a mangé un mauvais champignon.


Empoisonné, il a été très malade,
si malade qu’il en est mort.
C’est un grand malheur.



Après l’enterrement
les plus vieux des éléphants se sont réunis
pour choisir un nouveau roi.

Juste à ce moment, ils entendent du bruit, ils se retournent.
Qu’est-ce qu’ils voient ! Babar qui arrive dans son auto et tous les éléphants qui courent en criant :

« Les voilà ! Les voilà !
Ils sont revenus !
Bonjour Babar ! Bonjour Arthur !
Bonjour Céleste !
Quels beaux costumes !
Quelle belle auto ! »

Alors Cornélius
le plus vieux des éléphants
dit de sa voix tremblante :
« Mes bons amis, nous cherchons un roi,
pourquoi ne pas choisir Babar ?
Il revient de la ville,
il a beaucoup appris chez les hommes.
Donnons lui la couronne. »
Tous les éléphants trouvent
que Cornélius a très bien parlé.
Impatients,
ils attendent la réponse de Babar.

« Je vous remercie tous,
dit alors ce dernier,
mais avant d’accepter,
je dois vous dire
que pendant notre voyage en auto,
Céleste et moi
nous nous sommes fiancés.
Si je suis votre roi, elle sera votre reine. »

Vive la reine Céleste !
Vive le roi Babar !!!

crient tous les éléphants sans hésiter.
Et c’est ainsi que Babar devint roi.


Babar dit à Cornélius :
« Tu as de bonnes idées,
aussi je te nomme général,
et quand j’aurai la couronne,
je te donnerai mon chapeau.
Dans huit jours
j’épouserai Céleste.
Nous aurons alors une grande fête
pour notre mariage
et notre couronnement. »
Ensuite Babar demande aux oiseaux
d’aller inviter tous les animaux,

et charge le dromadaire de lui acheter
à la ville de beaux habits de noce.



Les invités commencent à arriver.
Le dromadaire rapporte les costumes
juste à temps pour le mariage.

Après le mariage et le couronnement, tout le monde danse de bon cœur.


La fête est finie,
la nuit est tombée,
les étoiles se sont levées.
Le roi Babar et la reine Céleste,
heureux,
rêvent à leur bonheur.


Maintenant tout dort,
les invités sont rentrés chez eux,
très contents mais fatigués
d’avoir trop dansé.
Longtemps
ils se rappelleront ce grand bal.—




Dans un superbe ballon jaune,
le roi Babar et la reine Céleste
partent en voyage de noces
pour de nouvelles aventures. —



FIN