Histoire de France - Cours élémentaire/09

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CHAPITRE NEUF
JEANNE D’ARC


Quand le roi Charles Six mourut, son fils Charles Sept ne possédait plus que quelques villes, dont la principale était Orléans.

Les Anglais attaquèrent cette ville ; ils allaient la prendre, quand elle fut sauvée par Jeanne d’Arc.


— 1. L’enfance de Jeanne d’Arc. — Jeanne d’Arc est née à Domrémy, un petit village du pays de Lorraine. Son père s’appelait Jean d’Arc et sa mère Isabelle Romée. C’étaient des paysans pauvres.

Ils aimaient bien le roi et la France. Jeanne les entendait parler des grands malheurs qui affligeaient le royaume de France. Elle pleurait en les écoutant.

Un jour à midi, elle était assise dans le jardin de sa maison ; elle crut voir une grande clarté du côté de l’église à droite. Et il lui sembla qu’elle entendait une voix qui lui parlait. Elle pensa que cette voix était celle de l’archange saint Michel.

Une autre fois, elle crut voir et entendre parler deux femmes, dont l’une avait des ailes. Elle pensa que c’étaient sainte Catherine et sainte Marguerite.

Jeanne avait alors treize ans.

JEANNE D’ARC ÉCOUTE DES VOIX.


Depuis ce temps-là, elle revit souvent l’archange et les saintes. Les voix lui ordonnèrent de partir pour aller au secours de la France. Elle répondait : « Je ne suis qu’une pauvre fille ; je ne saurais pas monter à cheval, ni faire la guerre. »


— 2. Jeanne d’Arc à Vaucouleurs. — Au moment où les Anglais attaquèrent Orléans, Jeanne avait dix-sept ans. Les voix lui commandèrent : « Va, Orléans sera délivrée par toi… Va… »

Alors, Jeanne ne put rester tranquille à la maison. Elle pria un de ses oncles de la mener à Vaucouleurs, qui était près de là. Elle voulait demander au chevalier de Baudricourt, gouverneur de cette ville, de la faire conduire auprès du roi.

L’oncle mena Jeanne à Vaucouleurs.

Jeanne se présenta devant Baudricourt. Elle n’eut pas peur de lui. Elle lui dit tranquillement que Dieu lui commandait d’aller au secours du roi.

Baudricourt fut bien étonné d’entendre une petite paysanne parler comme elle faisait de Dieu et du roi. Il se mit à rire et dit à l’oncle : « Donnez-lui des gifles et faites-la reconduire chez ses père et mère. »

Mais Jeanne ne voulut pas se laisser reconduire. Elle retourna chez Baudricourt plusieurs fois. Elle lui dit : « Il faut que j’aille vers le roi, quand même je devrais user mes jambes jusqu’aux genoux. »

Elle avait l’air si sûre de ce qu’elle disait, que Baudricourt à la fin lui permit d’aller vers le roi. Il lui donna six cavaliers pour l’accompagner. Jeanne s’habilla en soldat, monta à cheval, et la petite troupe se mit en chemin.


— 3. Jeanne d’Arc s’en va vers le roi. — On était en plein hiver, au mois de février de l’année 1429. Les chemins étaient mauvais. Les Anglais et des brigands couraient la campagne. Les compagnons de Jeanne avaient peur. Ce fut elle, la jeune paysanne, qui les rassura.

Elle chevaucha pendant dix jours. Elle arriva enfin au château de Chinon, près de la Loire, où habitait le roi Charles.

On la fit entrer, le soir, dans une grande salle éclairée par des cierges ; il y avait beaucoup de monde. Jeanne n’avait jamais vu le roi ; pourtant elle alla tout droit vers lui, se mit à genoux, puis elle se releva. Vous voyez qu’elle parle bas à l’oreille du roi. On ne sait pas ce qu’elle lui a dit ; mais le roi parut content

JEANNE D ARC PARLE BAS AU ROI

Quelques jours après, elle se mit en route pour Orléans avec une armée.

Un homme tenait devant elle un étendard qu’elle avait commandé de faire pour elle.


— 4. Jeanne d’Arc délivre Orléans. — Les Anglais avaient bâti des châteaux autour d’Orléans ; des soldats y étaient logés ; ils surveillaient les chemins pour empêcher d’entrer dans la ville.

Jeanne y entra pourtant, et, le lendemain, elle attaqua le plus grand des châteaux, qui s’appelait les Tournelles.

Elle dressa une échelle contre le mur et monta. Les Anglais lui lancèrent des flèches. Une flèche l’atteignit à l’épaule et son sang coula. Jeanne crut qu’elle allait mourir et se mit à pleurer. Mais elle reprit courage, elle toucha le mur avec son étendard, et cria aux soldats : « Tout est à vous, entrez. » Et les soldats entrèrent.

Jeanne retourna vers la ville. Les gens d’Orléans accoururent autour d’elle. Vous en voyez qui lui prennent les mains ou qui embrassent ses genoux. Une femme tend vers elle son enfant à qui Jeanne sourit gentiment. Un soldat essaye d’empêcher la foule d’approcher pour voir de plus près la libératrice d’Orléans, car Orléans fut délivrée.

Les Anglais sortirent des châteaux qu’ils occupaient encore et s’en allèrent.


— 5. Jeanne d’Arc conduit le roi à Reims pour y être sacré. — Jeanne retourna vers le roi Charles, qui se trouvait alors à Tours. Elle se mit à genoux devant lui et lui dit qu’il fallait maintenant aller à Reims.

C’était l’usage que tout nouveau roi de France s’en allât dans cette ville, où Clovis fut baptisé par saint Remi. On faisait dans la cathédrale une belle cérémonie qu’on appelait le sacre. L’archevêque mettait la couronne sur la tête du roi.

Le roi Charles se fit prier longtemps. Il n’osait pas aller à Reims. Il disait que le voyage était dangereux. Mais Jeanne répondait : « Je sais bien ; je sais bien, mais cela ne fait rien. »

À la fin le roi Charles se décida. L’armée française se mit en marche vers Reims.

Pendant la marche, Jeanne chevaucha, tantôt à côté du roi, tantôt à l’avant-garde, tantôt à l’arrière-garde. Elle allait et venait ainsi pour donner courage à tout le monde. Et les soldats admiraient cette jeune fille si brave et lui obéissaient.


JEANNE D’ARC RENTRE À ORLÉANS APRÈS AVOIR PRIS LE CHÂTEAU DES TOURNELLES.


Plusieurs fois, il fallut se battre. Jeanne ne se servit jamais de ses armes dans les combats. Jamais elle n’a tué personne. Quand elle attaquait les Anglais, elle prenait en main son étendard. Elle commandait aux soldats : « Entrez hardiment parmi les Anglais », et elle y entrait elle-même.

JEANNE D’ARC AU SACRE DE CHARLES SEPT.
(Peinture de Lenepveu, au Panthéon)

Jeanne et le roi arrivèrent à Reims au mois de juillet 1429.

Vous voyez dans le chœur de l’église le roi à genoux devant l’archevêque, qui lui met une couronne sur la tête.

D’autres évêques et les plus grands seigneurs de France sont là qui regardent. Mais pourquoi le roi, les évêques et les grands seigneurs sont-ils réunis dans la belle église ? C’est parce que Jeanne, la petite paysanne, a vaincu les Anglais et conduit à Reims le roi qui n’osait pas y aller. Fièrement, elle tient son étendard glorieux.


— 6. Jeanne d’Arc prisonnière. — Mais les beaux jours de Jeanne étaient déjà passés.

Elle voulut attaquer Paris qui était alors occupé par les Anglais. Elle fut blessée. Le roi ne voulut pas continuer l’attaque. Il en avait assez de se battre. Il s’en retourna dans son château de Chinon.

Quelque temps après, Jeanne apprit que les Anglais voulaient prendre la ville de Compiègne.

Elle y alla. Le jour même de son arrivée, elle sortit de la ville pour combattre les Anglais.

Mais les soldats qu’elle conduisait eurent peur. Ils se sauvèrent vers la ville et refermèrent les portes.

Jeanne combattait toujours. Les ennemis l’entourèrent. Un soldat la tira à bas de son cheval.

Jeanne était prise. Alors ceux qui l’avaient prise poussèrent de grands cris de joie. De tous les côtés les soldats d’Angleterre accoururent. Ils criaient, ils riaient, ils sautaient, ils se moquaient de Jeanne et l’insultaient lâchement par des paroles grossières.


— 7. La mort de Jeanne d’Arc. — Les Anglais décidèrent de faire mourir Jeanne. Ils l’appelaient sorcière, envoyée du diable.

Elle fut conduite à Rouen et jugée par un tribunal ; l’évêque de Beauvais, un méchant évêque appelé Cauchon, présidait le tribunal.

Jeanne fut interrogée longtemps, répondit fièrement et bien ; elle parlait mieux que cet évêque et les savants hommes qui la jugeaient.

Elle fut condamnée à être brûlée.

Quand elle entendit le jugement, elle pleura : « Hélas, dit-elle, pourquoi me traite-t-on si horriblement et si cruellement ? Faut-il que mon pauvre corps soit brûlé et mis en cendres ? »

On la fit monter sur une charrette. Les Anglais l’entouraient.

Vous la voyez, les yeux levés vers le ciel. Elle qui avait commandé des armées, elle est là toute seule. Son roi ne pense plus à elle. Ses compagnons d’armes sont loin. Personne ne viendra secourir la pauvre Jeanne.

JEANNE D’ARC CONDUITE À LA MORT.

On arriva sur la place du Marché. Une grande foule regardait. Jeanne disait : « Priez pour moi. » Elle parlait si doucement que tous ceux qui l’entendaient pleuraient.

Elle monta sur le tas de bois qui avait été préparé. Le bourreau mit le feu ; la flamme s’éleva. Elle toucha Jeanne qui jeta un grand cri. On l’entendit encore un moment prier à haute voix, puis crier : « Jésus ! » Et sa tête s’abaissa sur sa poitrine. Elle était morte. Jeanne avait sauvé la France ; car les Anglais, quelques années après sa mort, furent chassés de notre pays.

Tous les Français doivent aimer de tout leur cœur l’admirable Jeanne, qui mourut pour son roi, pour la France, pour nous.



RÉSUMÉ

1. Au moment où les Anglais étaient les maîtres de la France, une jeune fille de Lorraine, Jeanne d’Arc, annonça que des saintes lui ordonnaient de les chasser de France.

2. Jeanne d’Arc résolut d’aller trouver le roi de France, Charles Sept, pour lui demander une armée.

3. Jeanne d’Arc vit le roi. Elle lui parla si bien qu’il lui donna une armée pour combattre les Anglais.

4. En 1429 Jeanne alla vers Orléans que les Anglais voulaient prendre ; elle les battit et les força de s’en aller.

5. Jeanne d’Arc mena sacrer le roi à Reims ; ce fut une très belle fête où elle assista, son étendard à la main.

6. Par malheur, Jeanne d’Arc fut faite prisonnière par les Anglais dans un combat à Compiègne.

7. Les Anglais condamnèrent Jeanne à mort et la firent brûler à Rouen en 1431. Mais, comme Jeanne l’avait annoncé, ils furent bientôt chassés de toute la France.


QUESTIONNAIRE

Regardez l’image, page 71. Où est Jeanne ? De quel côté se tourne-t-elle ? Qu’est-ce qu’elle regarde ? Qu’est-ce qu’elle écoute ?

Que dit le sire de Baudricourt quand Jeanne alla le voir ? Que finit-il par faire ?

Que s’est-il passé à Chinon quand Jeanne vit le roi ?

Racontez comment Jeanne attaqua le château anglais des Tournelles à côté d’Orléans.

Où Jeanne mena-t-elle sacrer le roi ? Où se tenait-elle pendant la cérémonie du sacre ?

Où Jeanne fut-elle faite prisonnière ? En quelle année ?

Racontez la mort de Jeanne.

Qu’arriva-t-il aux Anglais après la mort de Jeanne ?

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