Histoire de France - Cours élémentaire/11

La bibliothèque libre.



CHAPITRE ONZE
DE JEANNE D’ARC À HENRI QUATRE


— 1. Le roi Louis Onze. — Le roi Charles Sept eut pour successeur son fils Louis Onze.

Louis Onze était un homme très laid. Il avait un visage maigre et un long nez tout bossué. Ses jambes n’étaient pas droites. Il marchait mal. Il n’était pas coquet. Il mettait des habits de drap grossier. Il se coiffait d’un chapeau mou.

Vous le voyez qui se promène, coiffé de son petit chapeau, les mains derrière le dos.

Les gens qui viennent de le voir passer s’étonnent qu’il soit si mal habillé. Ils disent tout bas : « Comment ? C’est ça, le roi de France ! Mais il n’en a pas pour vingt francs sur lui ! »

Il vivait presque seul dans un château très triste en Touraine. Ses compagnons habituels étaient son barbier et son médecin. Il avait toujours son médecin avec lui parce qu’il avait peur de mourir.

Il n’aimait pas à faire la guerre à ses ennemis. Il aimait mieux obtenir d’eux ce qu’il voulait en les trompant. Comme il était très malin, il réussit souvent à les tromper.

LOUIS ONZE N’AVAIT PAS L’AIR D’UN ROI.

Il était méchant. Il fit mourir des hommes qu’il n’aimait pas, ou bien il les enferma dans des cages où l’on ne pouvait ni se tenir debout ni se coucher.

Il y avait encore dans ce temps-là des seigneurs qui ne voulaient pas obéir au roi. Il les fit obéir. Alors la France fut tranquille. Il agrandit le royaume en acquérant plusieurs provinces.

Ce méchant homme fut un roi qui rendit de grands services à la France.


— 2. La bravoure du chevalier Bayard. — Les rois qui vinrent après Louis Onze allèrent faire la guerre en Italie. Ils voulaient y conquérir des provinces.

Pendant ces guerres s’illustra le chevalier Bayard.

Un jour, l’armée française se trouvait au bord d’une rivière, le Garigliano, et l’armée ennemie de l’autre côté. Entre les deux, il y avait un pont.

Une troupe d’ennemis voulut s’emparer de ce pont. Mais Bayard les aperçut. Vite il sauta sur son cheval. Il traversa le pont au galop, et il arriva au bout comme les ennemis y arrivaient aussi.

BAYARD DÉFEND UN PONT CONTRE LES ENNEMIS.


Il se trouva seul contre eux ; mais il n’eut pas peur. Il frappa de sa grande épée, à droite, à gauche. Vous voyez les ennemis tomber sur le pont, tomber dans l’eau. Mais les ennemis étaient bien nombreux ; le brave chevalier était en grand danger d’être tué.

Heureusement une troupe de Français accourut. Les ennemis s’enfuirent. Ils ne pouvaient croire qu’un homme les avait arrêtés à lui tout seul. Ils racontèrent que c’était le diable lui-même qui les avait empêchés de passer.

Les Français furent très fiers du courage de Bayard. Ils l’appelèrent le chevalier sans peur et sans reproche.


— 3. La bonté du chevalier Bayard. — Un jour, les Français prirent la ville de Brescia. Les habitants s’attendirent à souffrir toute sorte de misères.

Le chevalier Bayard qui avait été blessé dans le combat fut porté dans une maison habitée par une dame et par ses deux filles.

La dame trembla quand elle le vit arriver. Elle avait peur qu’il ne fît du mal à elle et à ses filles.

Mais Bayard lui dit : « Madame, personne ne vous fera de mal ; soyez bien tranquille. »

Il resta là cinq semaines. Les jeunes filles, pour le désennuyer, chantaient. Ou bien il les regardait travailler à l’aiguille, et causait gentiment avec elles.

Au bout de cinq semaines, le bon chevalier fut guéri ; alors il parla de s’en aller.

La dame voulut lui donner une grosse somme de pièces d’or pour le remercier de l’avoir sauvée avec ses filles.

Bayard prit les pièces d’or ; mais il commanda aux demoiselles : « Tendez vos tabliers ». Elles obéirent et il versa dans les tabliers les pièces d’or. « Tenez, leur dit-il, cela vous fera une dot pour vous marier. »

Le moment était venu de partir. Vous voyez Bayard prêt à monter à cheval. Il est entre la dame et les deux demoiselles. L’une d’elles lui offre une bourse de soie, et l’autre deux bracelets de fil d’or ; car, dans ce temps-là, les hommes portaient des bracelets.

L’ADIEU DES DAMES À BAYARD QUI LES A SAUVÉES.


Bayard leur dit qu’il les garderait toujours, ces jolis cadeaux, en souvenir d’elles, puis il s’en alla.


— 4. François Premier et Bayard à Marignan. — En l’année 1515, François Premier devint roi de France. Il avait vingt ans. Il était beau et brave.

Il alla en Italie pour conquérir le pays de Milan. Auprès de la petite ville de Marignan, il rencontra les ennemis. On se battit pendant tout l’après-midi.

La nuit arriva et le combat s’arrêta.

Bayard s’était très bien battu. À la nuit, il se trouvait au milieu des ennemis, tout seul.

Il faisait un beau clair de lune. Bayard était donc en danger d’être pris par les ennemis.

Heureusement à cet endroit-là, il y avait des arbres et des vignes qui donnaient de l’ombre.

Regardez Bayard marchant sur les pieds et les mains, à quatre pattes. Le roi fut bien content quand il vit arriver le bon chevalier.

BAYARD, LE SOIR, À MARIGNAN.


Aussitôt qu’il fit clair, la bataille recommença. Et les Français furent vainqueurs.

Alors, le roi François, qui n’avait pas encore été armé chevalier, voulut l’être par Bayard. Bayard n’osait pas. Il disait : « Je suis un trop petit seigneur pour armer chevalier un si grand roi. »

Mais le roi lui dit : « Bayard, mon ami, dépêchez-vous et faites ce que je vous commande. » Bayard obéit.

L’image vous montre le roi à genoux devant Bayard, qui va lui toucher l’épaule avec son épée, en disant : « Par saint Georges, je te fais chevalier. »

Bayard était un bien petit seigneur, et le roi François était le premier roi du monde. Mais le roi voulut faire honneur au chevalier sans peur et sans reproche, et il eut raison.

FRANÇOIS PREMIER ARMÉ CHEVALIER À MARIGNAN.


— 5. Les amusements et les fêtes. — Au temps de François Premier, des grands seigneurs et des grandes dames, qui habitaient dans les provinces, vinrent habiter auprès du roi.

Il fallait donner des distractions à tout ce monde-là. Le roi et les seigneurs jouaient à la balle, au ballon, aux barres. L’hiver, quand il avait beaucoup neigé, ils se battaient à coups de boules de neige.

On chassait beaucoup. Le roi disait que personne n’avait, pour la chasse, d’aussi bons chevaux ni d’aussi beaux chiens que les siens. Le soir, on entendait de belle musique ou bien on dansait. Hommes et femmes portaient des vêtements de velours, de soie, de drap d’argent et de drap d’or. Sur les vêtements étaient cousues des broderies d’or et d’argent, et des perles et des pierres précieuses.

Tous les jours c’était fête. Cette vie-là coûtait cher. Pour la payer, le roi demandait de l’argent à ses sujets. Les pauvres gens trouvaient que le roi dépensait beaucoup trop pour ses plaisirs.


— 6. Les châteaux du roi. — François Premier aimait à vivre dans de beaux châteaux. On en bâtit beaucoup dans ce temps-là, qui ne ressemblaient pas du tout à celui que vous avez vu, page 26.

LE CHÂTEAU DU LOUVRE À PARIS.


Regardez encore une fois ce vieux château-là, entouré de murs si hauts, sans fenêtres. Il est triste comme une prison.

Regardez maintenant l’image de cette page-ci. Elle représente une partie du château du Louvre, où le roi habitait à Paris. Les fenêtres sont hautes et larges, avec de grands carreaux. L’air et la lumière entrent tout à leur aise.

Par endroits, des colonnes encadrent les fenêtres.

Le roi fit aussi bâtir de jolis châteaux dans les provinces, surtout aux bords de la Loire.

Dans les salles des châteaux on mit de beaux meubles, des tapisseries, des tableaux et des statues de marbre ou de bronze. Tout cela était beau à voir.


— 7. Un grand crime. — Au temps de François Premier, des Français ne voulurent plus être catholiques ; ils devinrent protestants. Les catholiques détestèrent les protestants, et les protestants détestèrent les catholiques. Ils se firent beaucoup de mal les uns aux autres.

MORT DE COLIGNY.

En l’année 1572, le roi était Charles Neuf. Sa mère Catherine de Médicis était une méchante femme.

Elle aurait voulu que son fils fît tout ce qu’elle voulait. Elle n’était pas contente parce qu’il écoutait les conseils de Coligny, qui était le chef des protestants.

Elle demanda au roi de faire tuer tous les protestants qui se trouvaient à Paris. Le roi refusa d’abord, puis consentit. Le massacre commença dans la nuit.

Les assassins entrèrent chez Coligny qui dormait tranquillement. Ils le frappèrent à coups d’épée et le jetèrent par la fenêtre. Vous le voyez qui s’accroche à un rebord. Il mourut en tombant.

Dans toute la ville, on tua ; on tua dans les maisons ; on tua dans les rues. Même des femmes et des enfants furent assassinés. On entendait partout des cris, des coups de feu, et les cloches des églises qui sonnaient à toute volée.

La Seine s’emplit de cadavres que les assassins y jetaient. Plusieurs milliers de protestants furent ainsi massacrés. Ce fut un crime abominable et lâche. On l’appelle le massacre de la Saint-Barthélemy, parce qu’il commença le 24 août, jour de la fête de ce saint.


— 8. Le repentir de Charles Neuf. — Le roi Charles se repentit d’avoir laissé commettre un si grand crime. Il ne pouvait plus tenir en place. Il n’osait plus regarder personne en face ; il baissait la tête, fermait les yeux, les rouvrait, puis les refermait. La lumière lui faisait mal.

Pour se distraire, il partait à la chasse. Il courait à travers bois deux et trois jours de suite. Il ne s’arrêtait que pour manger ou pour dormir un moment. Il criait pour commander à ses chiens, ou bien il jouait du cor à se rompre la poitrine. Ses mains, à force de tenir les rênes de son cheval, durcissaient ; on y voyait des coupures et des ampoules.

Il n’écoutait plus ce qu’on lui disait. Quand sa mère, la reine Catherine lui annonçait une nouvelle il disait : « Cela m’est égal, et tout le reste aussi. »

Il tomba malade. Dans ses dernières heures, il était gardé par sa vieille nourrice. Elle l’entendit se plaindre, soupirer et pleurer. Elle s’approcha de lui tout doucement et elle écarta le rideau. Il lui dit : « Ah ! ma nourrice, ma mie, ma nourrice, que de sang et de meurtres ! Ah ! qu’on m’a donné un méchant conseil ! Oh ! mon Dieu, pardonne-moi ; aie pitié de moi, fais-moi miséricorde, s’il te plaît. »



RÉSUMÉ

1. Louis Onze fut un roi très laid et méchant ; mais comme il était très malin, il força les seigneurs à lui obéir et devint très puissant.

2. Après Louis Onze, les rois de France firent la guerre en Italie. C’est là que le brave Bayard défendit à lui tout seul un pont contre les ennemis.

3. Le chevalier Bayard montra à Brescia qu’il était aussi bon qu’il était brave.

4. En 1515 François Premier gagna en Italie la bataille de Marignan. Bayard l’arma chevalier.

5. Au temps de François Premier, le roi et les grands seigneurs bâtirent de beaux châteaux très agréables à habiter.

6. François Premier vivait entouré de seigneurs ; il allait avec eux à la chasse et il leur donnait de très belles fêtes.

7. Au temps de François Premier, des Français se firent protestants. Il y eut des guerres entre protestants et catholiques. Le roi Charles Neuf fit massacrer les protestants le jour de la Saint-Barthélemy, 1572.

8. Charles Neuf se repentit du grand crime qu’il avait commis.


QUESTIONNAIRE

Quelle figure avait Louis Onze ? Comment s’habillait-il ?

Racontez comment Bayard a défendu seul le pont de Garigliano.

Pourquoi la dame de Brescia eut-elle peur quand elle vit arriver Bayard chez elle ? Pourquoi voulut-elle lui donner des pièces d’or ? Et que fit Bayard de ces pièces d’or ?

Racontez ce que fit Bayard la nuit à la bataille de Marignan. En quelle année eut lieu cette bataille ?

Racontez comment Bayard arma chevalier le roi François Premier.

Comment étaient faits les châteaux que l’on bâtit au temps de François Premier ?

Racontez le massacre de la Saint-Barthélemy. Dites la date. Que devint Charles Neuf après le massacre ? Racontez sa mort.

CARROSSE OUVERT AU TEMPS DE CHARLES NEUF.