Histoire de Marie-Antoinette/Livre III/X

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X

Premier interrogatoire de Marie-Antoinette. — Chauveau-Lagarde et Tronçon-Ducoudray, ses défenseurs. — La Reine devant le Tribunal criminel extraordinaire. — Acte d’accusation. — Les témoins, les dépositions, les demandes du président, les réponses de la Reine. — Réponse de la Reine à l’accusation d’Hébert. — Épuisement physique de la Reine. — Clôture des débats. — Le procès de la Reine par le Père Duchêne. — Marie-Antoinette condamnée et ramenée à la Conciergerie.


Tout à coup Marie-Antoinette est amenée au Palais de Justice et interrogée. C’est un interrogatoire secret, qui n’a pour témoins qu’Herman, président du Tribunal criminel extraordinaire, l’accusateur public Fouquier, le greffier Fabricius[1]. Cependant cette question soudaine n’arrache à la Reine rien d’indigne pour elle-même, rien de compromettant pour les autres. Attaquée à l’improviste, sans conseil, elle ne s’abaisse ni ne se livre ; et de cet interrogatoire, il ne reste aux questionneurs que la colère et la honte de n’avoir pu la surprendre, de n’avoir pu l’intimider.

C’est vainement qu’ils ont fait de leur interrogatoire l’écho stupide des stupidités d’un peuple en enfance ; vainement qu’ils ont été ramasser leurs accusations parmi les fables et les commérages du marché aux herbes ; vainement qu’ils ont promené leurs demandes sur tout ce Credo de la sottise et de la peur, des milliards envoyés par Marie-Antoinette à l’empereur d’Autriche, des balles mâchées par Marie-Antoinette le matin du 10 août ! Ils n’ont fait que préparer de nobles réponses à la victime qu’ils tiennent sur la sellette.

Herman et Fouquier accusaient Marie-Antoinette « d’avoir appris à Louis Capet cet art de profonde dissimulation avec laquelle il a trompé trop longtemps le bon peuple français. »

À quoi Marie-Antoinette répondait : « Oui ! le peuple a été trompé ; il l’a été cruellement, mais ce n’est ni par mon mari, ni par moi. »

Herman et Fouquier l’accusaient « d’avoir voulu remonter au trône sur les cadavres des patriotes ».

À quoi Marie-Antoinette répondait « qu’elle n’avait jamais désiré que le bonheur de la France, » ajoutant : « Qu’elle soit heureuse ! mais qu’elle le soit ! je serai contente. »

Il fallait pourtant que ce premier interrogatoire apportât à l’interrogatoire public, à l’accusation, à la condamnation, un fait, une preuve, ou au moins une parole. Bientôt Herman et Fouquier essayaient de faire cette femme coupable, non d’actes, mais d’intentions ; non de conspiration, mais de regret, mais de sentiment, mais de pensée ; et puisqu’il faut ici l’énergie d’une langue plus forte que la nôtre, disons, avec l’orateur grec, qu’ils tordirent sa conscience pour en tirer des crimes.

Herman et Fouquier demandèrent à cette reine : « Pensez-vous que les rois soient nécessaires au bonheur du peuple ? » Mais la Reine répondait : « qu’un individu ne peut absolument décider telle chose. »

Ils demandèrent ensuite à cette mère de roi : « Vous regrettez sans doute que votre fils ait perdu un trône ? » Mais la Reine répondait : « qu’elle ne regrettera rien pour son fils, tant que son pays sera heureux. »

Ils lui demandaient encore, l’interrogeant comme les Pharisiens interrogeaient le Christ : « quel intérêt elle mettait au succès des armes de la République ? » Mais la Reine répondait : « que le bonheur de la France est toujours celui qu’elle désire par-dessus tout. »

L’interrogatoire fini, Herman et Fouquier reculèrent devant les désirs de la révolution. Ils n’osèrent satisfaire à ces voix, à ces vœux, bientôt déchaînés dans un journal, et demandant à la justice de ne plus faire attendre le bourreau ; demandant des jugements semblables à ces jugements de Rome, où l’on passait du Capitole à la roche Tarpéienne ; appelant l’exécration publique sur les défenseurs officieux, afin que l’agonie « des assassins du peuple » n’eût plus ni secours, ni pitié, ni longueurs[2]. Herman et Fouquier demandèrent à la Reine si elle avait un conseil, et sur sa réponse « qu’elle n’en avait pas et qu’elle ne connaissait personne » Herman et Fouquier lui désignèrent pour conseils et défenseurs les citoyens Chauveau-Lagarde et Tronçon-Ducoudray[3].

Le lendemain, à 9 heures du matin, à l’audience publique, dans la salle du Palais où siégeait le ci-devant tribunal de cassation, une foule immense s’empresse ; la halle emplit les tribunes[4]. Herman président ; Coffinhal, Verteuil et Deliége, juges ; Antoine Quentin, accusateur public ; Fabricius, greffier, sont à leurs siéges.

Entrent les citoyens Antonelle, Renaudin, Souberbielle, Fievé, Bernard, Thoumin, Chrétien, Gamey, Sambaz et Devèze, jurés de jugement, lesquels se placent dans l’intérieur de l’auditoire, aux places indiquées et désignées. Vadier, Amar, Vouland, Moyse Bayle sont derrière Fouquier[5], qui feuillette et interroge encore à l’audience les pièces tardives de ce procès au pas de course, à peine entrées dans son cabinet depuis une heure[6] !

Alors est introduite la Reine Marie-Antoinette, « libre et sans fers, » pour parler la langue du procès-verbal de la séance du vingt-troisième jour du premier mois de l’an II de la République[7]. La Reine est placée sur le fauteuil ordinaire des accusés, de façon à ce que tous la voient. Puis entrent les deux défenseurs officieux de l’accusée.

Tout l’auditoire présent, le président fait prêter individuellement à chaque juré le serment suivant : « Citoyen, vous jurez et promettez d’examiner avec l’attention la plus scrupuleuse les charges portées contre Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, de ne communiquez avec personne jusqu’après votre déclaration ; de n’écouter ni la haine, ni la méchanceté, ni la crainte ou l’affection ; de vous décider d’après les charges et moyens de défense, et suivant votre conscience et votre intime conviction, avec l’impartialité et la fermeté qui convient à un homme libre[8]. » Le serment prêté, le président dit à l’accusée qu’elle peut s’asseoir.

La Reine est en robe de deuil ; elle est assise, attentive et calme. Parfois, comme échappant au présent et berçant sa pensée, elle laisse courir ses doigts sur les bras de son fauteuil, ainsi que sur un forte-piano[9]. Son regard, — c’est tout ce qu’elle a gardé de la couronne, — fait dire aux femmes du peuple : « Vois-tu, comme elle est fière[10] ! »

La Reine a déclaré se nommer « Marie-Antoinette de Lorraine d’Autriche, âgée d’environ 38 ans, veuve du Roi de France, née à Vienne, se trouvant, lors de son arrestation, dans le lieu des séances de l’Assemblée nationale[11]. »

Le greffier donne lecture de l’acte d’accusation[12] :

« Antoine-Quentin Fouquier, accusateur public près le Tribunal criminel révolutionnaire établi à Paris par décret de la Convention nationale du 10 mars 1793, l’an deuxième de la République, sans aucun recours au tribunal de cassation, en vertu du pouvoir à lui donné par l’article 2 d’un autre décret de la Convention de 5 avril suivant, portant que l’accusateur public dudit tribunal est autorisé à faire arrêter, poursuivre et juger, sur la dénonciation des autorités constituées ou des citoyens ;

« Expose que, suivant un décret de la Convention du 1er août dernier, Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, a été traduite au Tribunal révolutionnaire comme prévenue d’avoir conspiré contre la France ; que, par autre décret de la Convention du 3 octobre, il a été décrété que le tribunal révolutionnaire s’occuperoit sans délai et sans interruption du jugement ; que l’accusateur public a reçu les pièces concernant la veuve Capet, les 19 et 20 du premier mois de la seconde année, vulgairement dits 11 et 12 octobre courant mois ; qu’il a été aussitôt procédé, par l’un des juges du Tribunal, à l’interrogatoire de la veuve Capet ; qu’examen fait de toutes les pièces transmises par l’accusateur public, il en résulte qu’à l’instar des Messalines Brunehaut, Frédégonde et Médicis, que l’on qualifioit autrefois de reines de France, et dont les noms, à jamais odieux, ne s’effaceront pas des fastes de l’histoire, Marie-Antoinette, veuve de Louis Capet, a été, depuis son séjour en France, le fléau et la sangsue des François ; qu’avant même l’heureuse Révolution qui a rendu au peuple françois sa souveraineté, elle avoit des rapports politiques avec l’homme qualifié de roi de Bohême et de Hongrie ; que ces rapports étoient contraires aux intérêts de la France ; que, non contente, de concert avec les frères de Louis Capet et l’infâme et exécrable Calonne, lors ministre des finances, d’avoir dilapidé d’une manière effroyable les finances de la France (fruit des sueurs du peuple) pour satisfaire à des plaisirs désordonnés et payer les agents de ces intrigues criminelles, il est notoire qu’elle a fait passer, à différentes époques, à l’empereur, des millions qui lui ont servi et lui servent encore à soutenir la guerre contre la République, et que c’est par ces dilapidations excessives qu’elle est parvenue à épuiser le Trésor national :

« Que, depuis la Révolution, la veuve Capet n’a cessé un seul instant d’entretenir des intelligences et des correspondances criminelles et nuisibles à la France, avec les puissances étrangères et dans l’intérieur de la République, par des agens à elle affidés, qu’elle soudoyoit et faisoit soudoyer par le ci-devant trésorier de la liste ci-devant civile ; qu’à différentes époques elle a usé de toutes les manœuvres qu’elle croyoit propres à ses vues perfides, pour opérer une contre-révolution : d’abord ayant sous prétexte d’une réunion nécessaire entre les ci-devant gardes du corps et les officiers et soldats du régiment de Flandres, ménagé un repas entre ces deux corps, le 1er octobre 1789, lequel est dégénéré en une véritable orgie, ainsi qu’elle le désiroit, et pendant le cours de laquelle les agents de la veuve Capet, secondant parfaitement ses projets contre-révolutionnaires, ont amené la plupart des convives à chanter, dans l’épanchement de l’ivresse, des chansons exprimant le plus entier dévouement pour le trône et l’aversion la plus caractérisée pour le peuple, et de les avoir insensiblement amenés à arborer la cocarde blanche et à fouler aux pieds la cocarde nationale, et d’avoir, par sa présence, autorisé tous ces excès contre-révolutionnaires, surtout en encourageant les femmes qui l’accompagnoient à distribuer les cocardes blanches aux convives ; d’avoir, le 4 du mois d’octobre, témoigné la joie la plus immodérée de ce qui s’étoit passé à cette orgie ;

« En second lieu, d’avoir, conjointement avec Louis Capet, fait imprimer et distribuer avec profusion, dans toute l’étendue de la République, des ouvrages contre-révolutionnaires, de ceux mêmes adressés aux conspirateurs d’outre-Rhin, ou publiés en leur nom, tels que les Pétitions aux émigrans, la Réponse des émigrans, Les émigrans au peuple, Les plus courtes folies sont les meilleures, Le journal à deux liards, L’ordre, la marche et l’entrée des émigrans ; d’avoir même poussé la perfidie et la dissimulation au point d’avoir fait imprimer et distribuer avec la même profusion des ouvrages dans lesquels elle étoit dépeinte sous des couleurs peu avantageuses qu’elle ne méritoit déjà que trop en ce temps, et ce, pour donner le change et persuader aux puissances étrangères qu’elle étoit maltraitée des François, et les animer de plus en plus contre la France ; que, pour réussir plus promptement dans ses projets contre-révolutionnaires, elle avoit, par ses agens, occasionné dans Paris et les environs, les premiers jours d’octobre 1789, une disette qui a donné lieu à une nouvelle insurrection à la suite de laquelle une foule innombrable de citoyens et de citoyennes s’est portée à Versailles le 5 du même mois ; que ce fait est prouvé d’une manière sans réplique par l’abondance qui a régné le lendemain même de l’arrivée de la veuve Capet à Paris et de sa famille ;

« Qu’à peine arrivée à Paris, la veuve Capet, féconde en intrigues de tout genre, a formé des conciliabules dans son habitation ; que ces conciliabules, composés de tous les contre-révolutionnaires et intrigans des Assemblées constituante et législative, se tenoient dans les ténèbres de la nuit ; que l’on y avisoit aux moyens d’anéantir les droits de l’homme et les décrets déjà rendus, qui dévoient faire la base de la Constitution ; que c’est dans ces conciliabules qu’il a été délibéré sur les mesures à prendre pour faire décréter la révision des décrets qui étoient favorables au peuple ; qu’on a arrêté la fuite de Louis Capet, de la veuve Capet et de toute la famille, sous des noms supposés, au mois de juin 1791, tentée tant de fois et sans succès, à différentes époques ; que la veuve Capet convient dans son interrogatoire que c’est elle qui a tout ménagé et tout préparé pour effectuer cette évasion, et que c’est elle qui a ouvert et fermé les portes de l’appartement par où les fugitifs sont passés ; qu’indépendamment de l’aveu de la veuve Capet à cet égard, il est constant, d’après les déclarations de Louis-Charles Capet et de la fille Capet, que la Fayette, favori, sous tous les rapports, de la veuve Capet, et Bailly, lors maire de Paris, étoient présens au moment de cette évasion, et qu’ils l’ont favorisée de tout leur pouvoir ; que la veuve Capet, après son retour de Varennes, a recommencé ses conciliabules ; qu’elle les présidoit elle-même, et que, d’intelligence avec son favori la Fayette, l’on a fermé les Thuileries et privé par ce moyen les citoyens d’aller et venir librement dans les cours du ci-devant château des Thuileries ; qu’il n’y avoit que les personnes munies de cartes qui eussent leur entrée ; que cette clôture, présentée avec emphase par le traître la Fayette comme ayant pour objet de punir les fugitifs de Varennes, étoit une ruse imaginée et concertée dans ces conciliabules ténébreux pour priver les citoyens des moyens de découvrir ce qui se tramoit contre la liberté dans ce lieu infâme ; que c’est dans ces mêmes conciliabules qu’a été déterminé l’horrible massacre, qui a eu lieu le 17 juillet 1791, des plus zélés patriotes qui se sont trouvés au Champ-de-Mars ; que le massacre qui avoit eu lieu précédemment à Nancy, et ceux qui ont eu lieu depuis dans les divers autres points de la République, ont été arrêtés et déterminés dans ces mêmes conciliabules ; que ces mouvemens, qui ont fait couler le sang d’une foule immense de patriotes, ont été imaginés pour arriver plus tôt et plus sûrement à la révision des décrets rendus et fondés sur les droits de l’homme, et qui par là étoient nuisibles aux vues ambitieuses et contre-révolutionnaires de Louis Capet et de Marie-Antoinette ; que, la Constitution de 1791 une fois acceptée, la veuve Capet s’est occupée de la détruire insensiblement par toutes les manœuvres qu’elle et ses agens ont employées dans les divers points de la République ; que toutes ses démarches ont toujours eu pour but d’anéantir la liberté, et de faire rentrer les François sous le joug tyrannique sous lequel ils n’ont langui que trop de siècles ; qu’à cet effet, la veuve Capet a imaginé de faire discuter dans ces conciliabules ténébreux, et qualifiés depuis longtemps avec raison de cabinet autrichien, toutes les loix qui étoient portées par l’Assemblée législative ; que c’est elle, et par suite de la détermination prise dans ces conciliabules, qui a décidé Louis Capet à apposer son veto au fameux et salutaire décret rendu par l’Assemblée législative contre les ci-devant princes, frères de Louis Capet, et les émigrés, et contre cette horde de prêtres réfractaires et fanatiques répandus dans toute la France : veto qui a été l’une des principales causes des maux qu’a depuis éprouvés la France ;

« Que c’est la veuve Capet qui faisoit nommer les ministres pervers, et aux places dans les armées et dans les bureaux, des hommes connus de la nation entière pour des conspirateurs contre la liberté ; que c’est par ses manœuvres et celles de ses agens, aussi adroits que perfides, qu’elle est parvenue à composer la nouvelle garde de Louis Capet d’anciens officiers qui avoient quitté leurs corps lors du serment exigé, de prêtres réfractaires et d’étrangers, enfin de tous hommes réprouvés pour la plupart de la nation, et dignes de servir dans l’armée de Coblents, où un très-grand nombre est en effet passé depuis le licenciement ;

« Que c’est la veuve Capet, d’intelligence avec la faction liberticide, qui dominoit alors l’Assemblée législative, et pendant un temps la Convention, qui a fait déclarer la guerre au roi de Bohême et de Hongrie, son frère ; que c’est par ses manœuvres et ses intrigues, toujours funestes à la France, que s’est opérée la première retraite des François du territoire de la Belgique ;

« Que c’est la veuve Capet qui a fait parvenir aux puissances étrangères les plans de campagne et d’attaque qui étoient convenus dans le conseil, de manière que, par cette double trahison, les ennemis étoient toujours instruits à l’avance des mouvemens que dévoient faire les armées de la République ; d’où suit la conséquence que la veuve Capet est l’auteur des revers qu’ont éprouvés, en différens temps, les armées françoises ;

« Que la veuve Capet a médité et combiné avec ses perfides agens l’horrible conspiration qui a éclaté dans la journée du 10 août, laquelle n’a échoué que par les efforts courageux et incroyables des patriotes, qu’à cette fin elle a réuni dans son habitation, aux Thuileries, jusque dans des souterrains, les Suisses qui, aux termes des décrets, ne doivent plus composer la garde de Louis Capet, qu’elle les a entretenus dans un état d’ivresse, depuis le 9 jusqu’au 10 matin, jour convenu pour l’exécution de cette horrible conspiration ; qu’elle a réuni également, et dans le même dessein, dès le 9, une foule de ces êtres qualifiés de chevaliers du poignard, qui avoient figuré déjà dans ce même lieu, le 23 février 1791, et depuis, à l’époque du 20 juin 1792 ;

« Que la veuve Capet, craignant sans doute que cette conspiration n’eût pas tout l’effet qu’elle s’en étoit promis, a été, dans la soirée du 9 août, vers les neuf heures et demie du soir, dans la salle où les Suisses et autres à elle dévoués travailloient à des cartouches ; qu’en même temps qu’elle les encourageoit à hâter la confection de ces cartouches, pour les exciter de plus en plus, elle a pris des cartouches et a mordu des balles (les expressions manquent pour rendre un trait aussi atroce) ; que le lendemain 10, il est notoire qu’elle a pressé et sollicité Louis Capet à aller dans les Thuileries vers les cinq heures et demie du matin, passer la revue des véritables Suisses et autres scélérats qui en avoient pris l’habit, et qu’à son retour elle lui présenta un pistolet, en disant : « Voilà le moment de vous montrer ! » et qu’à son refus elle l’a traité de lâche ; que, quoique dans son interrogatoire la veuve Capet ait persévéré à dénier qu’il ait été donné aucun ordre de tirer sur le peuple, la conduite qu’elle a tenue, le dimanche 9, dans la salle des Suisses, les conciliabules qui ont eu lieu toute la nuit et auxquels elle a assisté, l’article du pistolet et son propos à Louis Capet, leur retraite subite des Thuileries et les coups de fusil tirés au moment même de leur entrée dans la salle de l’Assemblée législative, toutes ces circonstances réunies ne permettent pas de douter qu’il n’ait été convenu, dans le conciliabule qui a eu lieu pendant toute la nuit, qu’il falloit tirer sur le peuple, et que Louis Capet et Marie-Antoinette, qui étoit la grande directrice de cette conspiration, n’ait elle-même donné l’ordre de tirer ;

« Que c’est aux intrigues et manœuvres perfides de la veuve Capet, d’intelligence avec cette faction liberticide dont il a déjà été parlé, et tous les ennemis de la République, que la France est redevable de cette guerre intestine qui la dévore depuis si longtems, et dont heureusement la fin n’est pas plus éloignée que celle des auteurs ;

« Que, dans tous les tems, c’est la veuve Capet qui, par cette influence qu’elle avoit acquise sur l’esprit de Louis Capet, lui avoit insinué cet art profond et dangereux de dissimuler et d’agir, et promettre par des actes publics le contraire de ce qu’il pensoit et tramoit, conjointement avec elle, dans les ténèbres, pour détruire cette liberté si chère aux François et qu’ils sauront conserver, et recouvrer ce qu’ils appeloient « la plénitude des prérogatives royales » ;

« Qu’enfin la veuve Capet, immorale sous tous les rapports, et nouvelle Agrippine, est si perverse et si familière avec tous les crimes, qu’oubliant sa qualité de mère et la démarcation prescrite par les loix de la nature, elle n’a pas craint… »

L’acte d’accusation est lu. Le président a recommandé à l’accusée d’écouter d’une oreille attentive. Les dépositions commencent, ou plutôt commence une histoire de la Révolution qui, par la bouche des Lecointre et des Hébert, des Silly et des Terrasson, des Gointre et des Garnerin, impute à la Reine les crimes, le sang, la banqueroute, les massacres, la guerre, la famine, les trahisons, les ruines, les veuves, les orphelins, les défaites, les perfidies, les complots, les hontes, les misères, les deuils, — la Révolution ! Ce jour et le lendemain, ils font ainsi remonter le temps à la Reine, la souffletant avec chacun de ses malheurs, avec chacune de leurs victoires, l’arrêtant longuement, comme en des stations de douleur, aux journées d’octobre, à Varennes, au veto, au 10 août, au Temple[13].

Mais dans ce flux de déclamations et de niaiseries, ne cherchez point un fait, ne cherchez point une preuve. Ces deux bons de 80,000 livres signés Marie-Antoinette, vus par Tisset chez Septeuil, signés, dit Tisset, du 10 août ; ces deux bons dont Olivier Garnerin fait un bon de 80,000 livres en faveur de la Polignac ; ces deux bons qui étaient, au rapport de Valazé, une quittance de 15,000 livres, où sont-ils ? On ne les présente pas ! Cette lettre de Marie-Antoinette, que Didier Jourdeuil affirme avoir vue chez d’Affry : Peut-on compter sur vos Suisses ? feront-ils bonne contenance lorsqu’il en sera temps ? où est-elle ? On ne la représente pas ! Et ainsi de tout.

Passez donc, témoins de vérité et de courage ! Passez, gentilshommes qui vous inclinez devant le martyre et devant votre drapeau ! Passez, nobles cœurs, fils de 89, auxquels 93 n’imposera pas une lâcheté ! Qu’importe, la Tour du Pin, que vous retrouviez pour la ci-devant Reine un salut de Versailles, et que vous la défendiez au péril de votre vie contre l’accusation des massacres de Nancy ? Que font, Bailly, votre ferme parole et votre déclaration sans peur, que « les faits contenus dans l’acte d’accusation sont absolument faux » ? Et vous, Manuel, dont la Reine a craint un moment la déposition[14], que sert votre silence ? Que sert, d’Estaing, que vous n’accusiez pas cette Reine, dont tous déclarez avoir à vous plaindre ?… Il ne s’agit pas de l’innocence de la Reine, et ce n’est pas vous que le Tribunal écoute. Les complaisances de ses oreilles sont pour les dépositions qui accusent la Reine d’accaparement de denrées, ou encore de complicité dans une fabrique de faux assignats ; pour la déposition de cette ancienne femme de service de la Reine, à qui M. de Coigny aurait dit à Versailles, à propos des fonds envoyés par la Reine à son frère pour faire la guerre aux Turcs ; « Il en coûte déjà plus de deux cents millions, et nous ne sommes pas au bout ! » Le murmure de faveur de l’auditoire encouragera cette déposition ; que la Reine, voulant assassiner le duc d’Orléans, a été fouillée, trouvée nantie de deux pistolets, et condamnée par son mari à quinze jours d’arrêts. Ce murmure encouragera encore Labenette, ce singe de Marat, affirmant sérieusement que la Reine a successivement envoyé trois hommes pour l’assassiner !

Et qu’étaient les questions posées à la Reine ? « Si elle n’avait pas voulu faire assassiner la moitié des représentants du peuple ? Si elle n’avait pas voulu, une autre fois, avec d’Artois, faire sauter l’Assemblée ? »

La Reine fut admirable de patience et de sang-froid : elle força sa dignité à l’humilité ; elle défendit l’indignation à sa fermeté ; elle répondit à la calomnie par une syllabe de dénégation, à l’absurde par le silence, au monstrueux par le sublime. La Reine ne consentit à se justifier que pour justifier les autres, et, dans ces longs débats, pas une parole ne lui échappa qui pût mettre un dévouement en péril ou la conscience de ses juges en repos.

Quand le président lui demande : Si elle a visité les trois corps armés qui se trouvaient à Versailles pour défendre les prérogatives royales ?

Je n’ai rien à répondre, dit Marie-Antoinette.

Quand le président l’accuse d’avoir fait payer à la France des sommes énormes pour le Petit-Trianon, pour ce Petit-Trianon dont Soulavie lui-même avoue que la dépense ne dépassait pas 72,000 livres par an en 1788[15], Marie-Antoinette répond, parlant, au delà de ce tribunal, à la France : Il est possible que le Petit-Trianon ait coûté des sommes immenses, peut-être plus que je n’aurais désiré ; on avait été entraîné dans les dépenses peu à peu ; du reste, je désire, plus que personne, que l’on soit instruit de ce qui s’y est passé.

Quand le président l’accuse de nier ses rapports avec la femme la Motte : Mon plan n’est pas la dénégation, répond Marie-Antoinette, c’est la vérité que j’ai dite et que je persisterai à dire[16].

Le président n’avait pas osé toucher à l’accusation sans nom qu’Hébert était allé chercher, le 7 octobre, dans la tour du Temple. Un juré la releva : « Citoyen président, je vous invite de vouloir bien observer à l’accusée qu’elle n’a pas répondu sur le fait dont a parlé le citoyen Hébert, à l’égard de ce qui s’est passé entre elle et son fils. »

Si je n’ai pas répondu, dit la Reine, c’est que la nature se refuse à répondre à une pareille question faite à une mère ; et se tournant vers les mères qui remplissent les tribunes : J’EN APPELLE À TOUTES CELLES QUI PEUVENT SE TROUVER ICI[17] !

Immortelle Postérité ! souviens-toi du misérable qui arracha du cœur de Marie-Antoinette ces mots devant lesquels s’agenouillera la mémoire des hommes ! Souviens-toi de cet homme, que blâma Robespierre, et dont rougit Septembre ! Souviens-toi que, violant l’innocence d’une jeune fille, et ses pleurs et ses hontes, Hébert a essayé de lui apprendre à déshonorer sa mère ! Souviens-toi que, menant avec sa main la main d’un enfant de huit ans, il lui a fait signer contre sa mère de quoi calomnier Messaline ! Qu’Hébert te soit voué ! ferme à son nom le refuge de tes gémonies, et que l’immortalité le punisse !

Les séances du Tribunal commencent à 9 heures du matin et ne finissent que bien avant dans la nuit. Quelle Passion surhumaine ! Malade, affaiblie par une perte continuelle, sans nourriture, sans repos, la Reine doit se vaincre, se dominer, ne pas s’abandonner un instant, roidir à tout moment ses forces défaillantes, contraindre jusqu’à son visage et surmonter la nature ! Le peuple demandant à tout moment qu’elle se levât du tabouret pour mieux la voir : Le peuple sera-t-il bientôt las de mes fatigues ? murmurait Marie-Antoinette épuisée[18]. Un moment, agonisante, à bout de souffrance, elle laissa tomber de ses lèvres, comme une lamentation : J’ai soif ! Ceux qui étaient à côté d’elle se regardèrent ; nul n’osait porter à boire à la veuve Capet ! Un gendarme, à la fin, eut la pitié d’aller lui chercher un verre d’eau et le courage de le lui offrir. La Reine sortait du Tribunal brisée, anéantie. Rentrant dans la prison, elle dit dans la cour de la Conciergerie : Je n’y vois plus ; je n’en peux plus ; je ne saurais marcher ; et, sans le bras d’un gendarme, elle n’eût pu descendre sans tomber les trois marches de pierre qui conduisaient au corridor de sa chambre[19]. A 5 heures, cependant, elle retrouvait à l’audience l’énergie morale, l’énergie physique, de nouvelles forces, de nouvelles grâces pour de nouvelles tortures.

La Reine est seule contre les accusateurs ; elle n’a qu’elle pour se conduire et se défendre. Les défenseurs d’office qui lui ont été nommés n’ont été prévenus que le dimanche 13 octobre, à minuit. Du lundi matin au mardi dans la nuit, ils n’ont avec elle que trois courtes entrevues d’un quart d’heure, entrevues dérisoires, écoutées, surveillées par trois ou quatre personnes[20], et qui n’ont point permis à la Reine de concerter la moindre défense, une réponse même ! La Reine, d’ailleurs, ne pouvait, de premier coup, donner toute sa confiance à des conseils choisis par le Tribunal. Elle se rendit pourtant à la convenance de leur intérêt, à la commisération de leurs paroles ; et tourmentée par eux, au nom de ses enfants, pour demander un sursis qui leur donnât le temps d’élaborer leur défense, elle finissait par leur céder, et écrivait au président de la Convention :

« Citoyen président, les citoyens Tronçon et Chauveau, que le tribunal m’a donnés pour défenseurs, m’observent qu’ils n’ont été instruits qu’aujourd’hui de leur mission ; je dois être jugée demain, et il leur est impossible de s’instruire dans un aussi court délai des pièces du procès et même d’en prendre lecture. Je dois à mes enfants de n’omettre aucun moyen nécessaire pour l’entière justification de leur mère. Mes défenseurs demandent trois jours de délai, j’espère que la Convention les leur accordera.

« MARIE-ANTOINETTE[21]. »

Le délai ne fut pas accordé ; mais, le mardi 15 octobre, à minuit, le président du tribunal dit aux défenseurs : « Sous un quart d’heure les débats finiront ; préparez votre défense pour l’accusée. »

Un quart d’heure pour préparer leur défense ! Chauveau-Lagarde convint de défendre la Reine de l’accusation d’intelligences avec les ennemis de l’extérieur ; Tronçon-Ducoudray, d’intelligences avec les ennemis de l’intérieur[22].

L’interrogatoire est terminé.

La Reine répond au président, qui lui demande s’il ne lui reste rien à ajouter pour sa défense :

Hier, je ne connaissais pas les témoins ; j’ignorais ce qu’ils allaient déposer contre moi. Eh bien ! personne n’a articulé aucun fait positif. Je finis en observant que je n’étais que la femme de Louis XVI, et qu’il fallait bien que je me conformasse à ses volontés[23].

Les débats étaient clos.

Fouquier-Tinville prenait la parole, et répétait son acte d’accusation. Cependant il n’osait répéter l’accusation d’Hébert.

Les défenseurs parlaient, et Chauveau-Lagarde osait dans son exorde juger le procès de la Reine : « Je ne suis dans cette affaire embarrassé que d’une seule chose, disait-il : ce n’est pas de trouver des objections[24]. »

Les défenseurs rassis, le président Herman prononce ce que la justice révolutionnaire appelait un résumé. Il évoque contre Marie-Antoinette les mânes de tous les morts, il la charge de toutes les allégations sans preuve, et il finit par déclarer que « c’est tout le peuple français qui accuse Marie-Antoinette[25]. »

Herman n’a pas osé tout dire. Un autre a mieux et plus crûment résumé l’affaire. Et ce n’est point dans l’acte d’accusation, dans le réquisitoire, dans le résumé du tribunal criminel extraordinaire, qu’il faut aller chercher le dernier mot de ce procès et le dernier mot de la Révolution ; c’est dans ce numéro du Père Duchêne, qu’Hébert écrit pendant le ballottage de la tête de la Reine :

« Je suppose… qu’elle ne fût pas coupable de tous ces crimes ; n’a-t-elle pas été reine ? Ce crime-là suffit pour la faire raccourcir ; car… qu’est-ce qu’un roi ou une reine ? N’est-ce pas ce qu’il y a dans le monde de plus impur, de plus scélérat ? Régner, n’est-ce pas être le plus mortel ennemi de l’humanité ? Les contre-révolutionnaires, que nous étouffons comme des chiens enragés, ne sont nos ennemis que de bricole ; mais les rois et leur race sont nés pour nous nuire : en naissant ils sont destinés au crime, comme telle plante à nous empoisonner ; il est aussi naturel aux empereurs, aux rois, aux princes et à tous les despotes, d’opprimer les hommes et de les dévorer, qu’aux tigres et aux ours de déchirer la proie qui tombe sous leurs griffes ; ils regardent le peuple comme un vil bétail dont le sang et les sueurs leur appartiennent ; ils ne font pas plus de cas de ceux qu’ils appellent leurs sujets que des insectes sur lesquels nous marchons et que nous écrasons sans nous en apercevoir. Ils jouent aux hommes comme nous jouons aux quilles, et, quand un monstre couronné est las de la chasse, il déclare une guerre sanglante à un autre brigand de son acabit, sans sujet et souvent contre ses propres intérêts, mais pour avoir un nouveau passe-temps pour se désennuyer : il entend de sang-froid la perte d’une bataille ; il regarde d’un œil sec les monceaux de cadavres qui viennent de périr pour lui, et il est moins affecté que moi… quand je perds une partie de piquet, et qu’un de mes compères m’a fait pic, et repic et capot. C’est un devoir à tout homme libre de tuer un roi, ou ceux qui sont destinés à être rois, ou qui ont partagé les crimes des rois. Une autorité qui est assez puissante pour détrôner un roi commet un crime contre l’humanité si elle ne profite pas du moment pour l’exterminer, lui et sa b… de famille. Que diroit-on d’un benêt qui, en labourant son champ, viendroit à découvrir une nichée de serpents, s’il se contentoit d’écraser la tête du père et qu’il fût assez poule mouillée pour avoir compassion du reste ; s’il disoit en lui-même : C’est dommage de tuer une pauvre mère au milieu de ses enfants ; tout ce qui est petit est si gentil ! Emportons ce joli nid à la maison pour divertir mes petits marmots. Ne commettroit-il pas, par bêtise, un très-grand crime ?… Point de grâce ! Autant qu’il nous tombera sous la main d’empereurs, de rois, de reines, d’impératrices, délivrons-en la terre[26]. »

      *       *       *       *       *

Les questions soumises au jury sont celles-ci :

« 1° Est-il constant qu’il ait existé des manœuvres et intelligences avec les Puissances étrangères et autres ennemis extérieurs de la République ; lesdites manœuvres et intelligences tendant à leur fournir des secours en argent, à leur donner l’entrée du territoire français et à y faciliter le progrès de leurs armes ?

« 2° Marie-Antoinette d’Autriche, veuve de Louis Capet, est-elle convaincue d’avoir coopéré aux manœuvres et d’avoir entretenu ces intelligences ?

« 3° Est-il constant qu’il a existé un complot et conspiration tendant à allumer la guerre civile dans l’intérieur de la République ?

« 4° Marie-Antoinette d’Autriche, veuve de Louis Capet, est-elle convaincue d’avoir participé à ce complot et conspiration[27] ? »

Les jurés restent une heure aux opinions. Ils rentrent à l’audience avec une déclaration affirmative sur toutes les questions qui leur ont été soumises. La déclaration est affirmative à l’unanimité[28].

Après un discours du président au peuple pour lui défendre tout signe d’approbation, Marie-Antoinette est ramenée.

La déclaration du jury lui est lue.

Fouquier se lève et requiert la peine de mort contre l’accusée, conformément à l’article 1er de la première section du titre Ier de la deuxième partie du Code pénal, et encore à l’article 2 de la première section du titre Ier de la deuxième partie du même Code.

Le président interpelle l’accusée de déclarer si elle a quelques réclamations à faire sur l’application des lois invoquées par l’accusateur.

Marie-Antoinette dit non d’un signe de tête.

Le président recueille les opinions de ses collègues, « et, d’après la déclaration unanime du jury, faisant droit sur le réquisitoire de l’accusateur public, d’après les lois par lui citées, condamne ladite Marie-Antoinette, dite Lorraine-d’Autriche, veuve de Louis Capet, à la peine de mort ; déclare, conformément à la loi du 10 mars dernier, ses biens, si aucuns elle a dans l’étendue du territoire français, acquis et confisqués au profit de la République ; ordonne qu’à la requête de l’accusateur public le présent jugement sera exécuté sur la place de la Révolution et affiché dans toute l’étendue de la République. »

La Reine demeure impassible[29]. Elle descend du banc le front haut, et ouvre elle-même la balustrade[30].

Il est 4 heures du matin. On reconduit la condamnée à la Conciergerie.


  1. La Quotidienne ou la Gazette universelle, jeudi 17 et vendredi 18 octobre 1793.
  2. Journal universel, par Audouin, n° 438.
  3. La Quotidienne, vendredi 18 octobre 1793.
  4. Suite du Journal de Perlet, n° 339.
  5. Révélations ou Mémoires inédits de Sénart. Paris, 1824.
  6. Le dossier du Procès de la Reine, conservé aux Archives de l’Empire, contient la lettre suivante de Fouquier : « L’accusateur public du Tribunal révolutionnaire est passé pour prendre les pièces seulement qui ont été trouvées le 25 juin 1791 au château des Tuileries dans l’appartement de la ci-devant Reine. Comme son jugement est fixé à demain lundi neuf heures, le C. Baudin l’obligerait beaucoup de lui envoyer ces pièces demain à sept heures en son cabinet au Palais. »
  7. Archives nationales.
  8. Ibid.
  9. Révolutions de Paris, par Prudhomme, n° 211.
  10. Journal des Débats et Décrets, n° 393.
  11. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire (par Clément), 1793, 2e partie, n° 22.
  12. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire, n° 22 et 23.
  13. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire du n° 22 au n° 33.
  14. Journal des Débats et des Décrets, n° 393.
  15. Mémoires historiques et politiques, par Soulavie, vol. II.
  16. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire, n° 25.
  17. Cette réponse textuelle se trouve au n° 25 du Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire établi au Palais à Paris par la loi du 10 mars 1793 pour juger sans appel les conspirateurs (2e partie, 1793).
  18. Testament de Marie-Antoinette veuve Capet. De l’imprimerie du véritable créole patriote. — Les débats commencèrent à 8 heures du matin, ils continuèrent sans interruption jusqu’à 4 heures de l’après-midi, furent suspendus jusqu’à 5 et reprirent jusqu’au lendemain 4 heures du matin, de manière que sauf, un instant de relâche, ils durèrent environ vingt heures consécutives. (Note historique sur les procès de Marie-Antoinette et de Madame Élisabeth, par Chauveau-Lagarde, Paris, 1816).
  19. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II.
  20. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II.
  21. Affaire des papiers de l’ex-conventionnel Courtois (par Courtois fils), Paris, Delaunay, 1834.
  22. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II.
  23. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire, n° 31.
  24. Histoire de Marie-Antoinette, par Montjoye, vol. II.
  25. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire, n° 31.
  26. Le Père Duchêne, n° 298.
  27. Bulletin du Tribunal criminel révolutionnaire, n° 32. — Gazette des tribunaux et Mémorial des corps administratifs et municipaux, vol. VIII,1793.
  28. Procès-verbal, Archives nationales.
  29. Chauveau-Lagarde, dans sa note historique sur le procès de Marie-Antoinette, dit que la Reine eut comme une surprise du verdict prononcé par le Tribunal révolutionnaire. Elle traversait la salle ne paraissant rien voir, rien entendre, jusqu’à ce qu’elle fût arrivée contre la barrière où était le peuple. « Là, elle relevait la tête avec majesté. » Et l’avocat de la Reine admire ce courage se relevant sous le coup de la plus terrible désillusion.
  30. Le Magicien républicain s’exprime ainsi sous la plume du citoyen Rouy l’aîné, témoin oculaire «…La procédure fut terminée à 4 heures et demie du matin par le jugement du Tribunal qui la condamne à la peine de mort ; elle l’a écouté avec beaucoup de sang-froid, et elle est descendue à la chambre de justice d’un pas aussi léger qu’autrefois, lorsqu’elle se rendait dans les boudoirs de Saint-Cloud et de Trianon… Elle remit alors un anneau d’or et un paquet de ses cheveux à l’un de ses défenseurs pour les donner à une citoyenne nommée Hiary (sic), demeurant à Livry, chez la citoyenne Laborde, qu’elle a dit être son amie. » Il s’agit de la boucle de cheveux et des deux anneaux d’or servant à la Reine de boucles d’oreille et remises par elle à Tronçon-Ducoudray pour Mme  de Jarjayes.

    À propos des deux boucles d’oreilles, disons qu’il existe un grand nombre de reliques fausses dont la possession a été attribuée à Marie-Antoinette. Et ici j’élèverai des doutes sur le fameux soulier du Musée des Souverains, provenant de la succession de M. de Guernon-Ranville, et ramassé, dit-on, par un homme du peuple au pied de l’échafaud au moment où la Reine y montait. Nous avons un témoignage de la surveillance exercée par la police ce jour-là ; c’est le procès fait au gendarme Mingault qui passa au Tribunal révolutionnaire le 25 vendémiaire de l’an II de la République, pour avoir essuyé sous l’échafaud quelques gouttes du sang de la victime avec son mouchoir.