Histoire de Miss Clarisse Harlove/Lettre 351

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Traduction par Abbé Prévost.
Boulé (IIp. 525).


M Belford à M Mowbray.

mercredi, après midi.

Je suis ravi, cher Mowbray, d’apprendre que tu sois à Londres. Au moment que tu recevras cette lettre, jette-toi, s’il est possible, avec Tourville dans le chemin de l’homme qui, de tous les hommes du monde, mérite le moins l’affection d’un bon cœur, mais qui est assez digne de celle de Tourville et de la tienne. Les nouvelles que j’aurai vraisemblablement à lui marquer dans une heure ou deux, lui feront regarder comme son plus grand bonheur d’être annéanti.

Vous le trouverez entre le faubourg et Kensington, probablement à cheval, courant devant lui comme un furieux, et retournant aussi-tôt sur ses traces ; ou descendu peut-être dans quelque hôtellerie, pour observer le retour des courriers qu’il m’envoie.

Will, son valet de chambre m’arrive à l’instant ; il vous remettra ma lettre en chemin, et vous servira de guide. Partez sur le champ, en carrosse, à cheval, n’importe comment. Votre présence sauvera la vie au maître, ou à quelqu’un de ses gens. Voilà, messieurs, les heureux effets du libertinage triomphant ; tôt ou tard ils retombent sur nous, et tout se change en fiel le plus amer. Adieu.

Belford.