Histoire de Servian/Chapitre25

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CHAPITRE XXV



La Garrigue cédée pour être défrichée.

Nous avons vu déjà en 1344, que le peuple de Servian avait acquis en emphythéose le bois du roi. C’était un vaste domaine qui avait appartenu aux Estèves seigneurs de Servian. Ce bois avait été cédé à la population par Guillaume d’Aiguesvives, nommé châtelain de Servian. Nous avons donné, en leur lieu, la liste de ce bien en accapte, moyennant certaines conditions, en payant un cens annuel convenu.

Mais au cours du temps, certains habitants avaient abandonné quelques terres. Un décret de Louis XIV, du 16 janvier 1714, avait ordonné de remettre ces terres en culture, ou si elles étaient abandonnées, de les remettre en accapte. En outre, un décret du 14 juin 1764, accordait des privilèges et exemptions d’impôts à ceux qui défricheraient ces terres incultes. Les communautés qui possédaient des terrains communs pourraient en livrer la totalité ou une portion, à la charge d’une rente annuelle envers ces communautés. Il suffira que l’avis soit affiché à la porte de l’église paroissiale, à l’issue de la Messe de paroisse, afin que chacun en prenne connaissance. (Déclaration du roi concernant le défrichement des terres incultes dans le Languedoc).

Cependant les boulangers qui avaient la charge des coupes du bois pour les fours banaux se déclarèrent lésés. Il fallut sauvegarder ces droits, et le 3 février 1791, les coupes de bois furent mises à l’adjudication. Après des débats mouvementés entre plusieurs habitants, Vialles négociant, demeura acquéreur pour 3399 livres. Le bois devait être coupé le plus tôt possible.

Restait le fonds de terre. Le 21 avril 1792, il fut « question de donner à rente foncière 900 cesterées de la garrigue appelée Bois du Roi, de faire des portions autant que possible, en vue de l’avantage du peuple et de la classe la plus indigente de la population ». On établit 900 sétérées divisées en 50 articles. Il ne se présente d’abord que 23 acquéreurs qui déclarèrent payer l’albergue. La Commune, après s’être assurée que ces acquéreurs tiendraient ferme leur proposition et acquisition, décréta la vente des autres positions. Les choses en étaient là en 1792. Or, l’an XI, 21 frimaire, on jugea que c’était une violation de la propriété communale. « Trois géomètres de Béziers furent chargés d’arpenter le terrain défriché ». On décida de poursuivre les auteurs des défrichements devant un tribunal compétent pour les faire condamner au délaissement des terrains avec restitution des fruits ». Cette usurpation de terrains faisant perdre à la commune de 1.200 à 1.400 francs.

Pendant ce temps, les détenteurs des terrains avaient présenté au préfet une pétition pour garder un terrain qu’ils avaient mis en rapport. L’affaire dura tout le temps de la Révolution : ils étaient 149. Enfin, le 20 avril 1807, le Conseil ayant examiné les titres des cultivateurs, déclara qu’ils ne pouvaient pas être contestés et qu’il acquiesçait aux déclarations faites par les habitants.

« Retirer ces biens, y était-il dit, ne serait d’aucun intérêt pour la Commune, attendu qu’ils retourneraient en garrigues. Que chacun fasse la déclaration de ce qu’il a défriché et qu’il en paye l’albergue à la Commune ». L’albergue supprimée fut changée en redevance annuelle. Encore de nos jours un certain nombre de propriétaires payent cette redevance.